11 décembre 2011

De la marche de Bretagne à l’évêché de Turin : reconstruction hypothétique de la carrière de Witchar


Dans son récit de l’expédition menée en Bretagne par Louis le Pieux contre un chef local nommé Morvan, qui porte le titre royal, Ermold le Noir fait jouer un rôle important à un certain abbé Witchar, lequel détenait, par concession de l’empereur, des biens situés à proximité du territoire contrôlé par le roi breton ; ainsi, Witchar connaissait-il tout à la fois et ce dernier et l’endroit de sa résidence[1], où, sur l’ordre de Louis, il se rendit pour tenter d’amener Morvan à résipiscence[2].

On continue de s’interroger sur la situation géographique des biens reçus par Witchar ; la localisation de la demeure de Morvan n’est pas non plus assurée, même si Bernard Tanguy a donné de bons arguments pour situer cette dernière à Bonnevel (Botnumel) en Priziac, là où, par la suite, devait également s’installer Nominoë[3]. Prolongeant ce qu’en avait écrit Edmond Faral[4], B. Tanguy indique :
« On ne sait malheureusement pas à quelle abbaye appartenait Witchar, dont le nom, d’origine germanique, est en outre diversement écrit par Ermold : Witchar, Wicchar, Wichart. Sans doute faudrait-il se tourner vers quelque abbaye ligérienne ? »[5]

De son côté, Joëlle Quaghebeur, pour qui Witchar avait sans doute reçu en bénéfice des biens du fisc, souligne « le préfixe Wit/Wic dans le nomen de cet abbé, doté aux confins de la marche de Bretagne alors dirigée par Lambert, fils du préfet Wido/Gui »[6]. Ce rapprochement est tout à fait pertinent au point de vue onomastique : ainsi un acte passé à Tournon en 814 nous fait-il connaître les deux fils d’un certain Wido, qui portent respectivement les noms de Witgerius et Winigisus[7].

Pour notre part, nous pensons que si la prudence de B. Tanguy reste de mise, le constat pessimiste dressé par E. Faral est incontestablement trop sévère : si l’on suit la suggestion de J. Quaghebeur de reconnaître dans Witchar un membre du lignage des Widonides, il nous paraît possible en effet d’identifier ce personnage avec Witchar, ou plus exactement Witgar, évêque de Turin, qui, en 838, exerçait, officiellement cette fois, la fonction de missus imperatoris[8]. Conservée par Dom Mabillon, la signature autographe du prélat (Witgarius), qui figurait sur un acte de 832 relatif à l’abbaye Saint-Denis de Paris, vient confirmer la forme véritable de son nom[9].
En effet, l’épiscopat de Witchar pourrait ainsi constituer la première étape de l’implantation italienne des Widonides, à la suite de Lothaire, fils de Louis le Pieux, qui prit possession du royaume de Lombards en 822. En tout état de cause, le chancelier du roi, depuis 822 et jusqu’à 825 au moins, s’appelle également Witgar[10] : il est tentant là aussi de l’identifier avec le personnage déjà connu et apprécié de Louis le Pieux, qui l’aurait investi d’une nouvelle mission de confiance. A cette époque, le siège de Turin était occupé par Claude, à qui Witchar aurait succédé, après la mort de ce dernier vers 827-828. On a vu plus haut que Witchar exerçait toujours ses fonctions épiscopales en 838 ; mais on ne dispose pas d’éléments chronologiques précis sur sa propre succession.

©André-Yves Bourgès 2011


[1] Ermold le Noir, Poème sur Louis le Pieux et Épîtres au roi Pépin, éd. E. Faral, Paris, 1932 (Classiques de l'histoire de France au Moyen âge, 14), p. 104, livre III, v. 1343-1345 : Notus erat sibimet rex, domus, atque locus/Illius ast propter fines Wiccharius abba/Regis habebat opes munere Caesareo.
[2] Ibidem, v. 1324-1327 : Witchariumque vocat, qui forte advenerat illuc/Vir bonus, atque sagax, et ratione capaxIto celer, Wichart, nostra haec mandata tyranno/Haud dubitanda refer, ordine jussa tibi ».
[3] B. Tanguy, « Autour de l’adoption de la règle bénédictine par l’abbaye de Redon », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 118 (1989), p. 145-146.
[4] Ermold le Noir, Poème sur Louis le Pieux…, p. 105, n. 1 : « Il ne paraît possible de l'identifier avec aucun des personnages de nom analogue (Witgarius ou Wicharius) qu'on rencontre dans les textes de cette époque. Malgré la forme Wichart, qui fournit le vers 1326, il semble qu'il faille distinguer les noms Wicharius et Wichardus ».
[5] B. Tanguy, « Autour de l’adoption de la règle bénédictine par l’abbaye de Redon », p. 145.
[6] J. Quaghebeur, « Raginhard, évêque de Vannes, ou la mémoire oubliée », C. Laurent, B. Merdrignac et D. Pichot [dir.], Mondes de l’Ouest et villes du monde. Regards sur les sociétés médiévales. Mélanges en l’honneur d’André Chédeville, Rennes, 1998, p. 116, n. 9.
[7] A. Bernard et A. Bruel [éd.], Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny, t. 1, Paris, 1876, p. 6.
[8] Monumenti Ravennati de Secoli di Mezzo, t. 2, Venise, 1802, p. 5-7.
[9] Monumenta Germaniae Historica, Legum, III, Concilia, 2, 2, p. 694.
[10] P. Grierson, « Hugues de Saint-Bertin : était-il archichapelain de Charles le Chauve », Le Moyen Âge, t. 44 (1934), p. 248.

09 novembre 2011

« Hagiographie et histoire culturelle de la Bretagne du haut Moyen Âge », conférence de Joseph-Claude Poulin, le 25 novembre prochain à Brest.

Vendredi 25 novembre 2011, de 16h à 18 h, salle A 216, Faculté Victor Ségalen, à Brest (séance ouverte à tous).

Joseph-Claude Poulin, professeur à l’université de Montréal, a consacré ses recherches aux vies des saints bretons du haut Moyen Age. En 2009, il a publié les résultats de 30 ans d’enquête dans son livre L'hagiographie bretonne du Haut Moyen Âge. Répertoire raisonné. Alors que les vies des saints bretons paraissaient particulièrement difficiles à dater, car leurs manuscrits sont assez tardifs et peu nombreux, J.C. Poulin a pu identifier les sources utilisées par les hagiographes bretons, ainsi que les liens de dépendance qui unissent leurs œuvres les unes aux autres. Il vient à Brest présenter les résultats de ses travaux dans une conférence intitulée :
« Hagiographie et histoire culturelle de la Bretagne du haut Moyen Âge ».

(Communiqué par M. Coumert, Université de Bretagne occidentale).




06 novembre 2011

Concurrence entre sanctuaires et sanctoral populaire local : l’exemple du Poudouvre au XIVe siècle


Quand bien même tel saint est doté d’une spécialité qui lui donne un certain ‘monopole’ en matière de protection ou de guérison de ses fidèles, il ne s’en trouve pas moins souvent en compétition avec d’autres thaumaturges, en particulier parmi la catégorie des novi sancti : à vrai dire, cette émulation entre saints reflète avant tout une situation de concurrence entre les sanctuaires ; mais elle a pour effet de nous procurer à l’occasion des informations sur le sanctoral populaire local.
Dans les premiers jours de juillet 1330, alors que siège à Tréguier la commission d’enquête sur la vie et les miracles de l’ancien official du lieu, plusieurs habitants de Pleslin, au diocèse de Saint-Malo, entreprennent d’amener un des leurs parents, un certain Guillaume Chonet, qui était victime depuis dix ou quinze jours d’un accès de folie furieuse, jusqu’au tombeau d’Yves de Kermartin, pour obtenir la guérison du malade : ce dernier avait été voué au thaumaturge trégorois au travers de l’engagement de sa famille de l’amener ou de le faire amener à Tréguier ; mais à peine la petite troupe s’est-elle mise en route que déjà Guillaume recouvre la santé, à une lieue à peine de Pleslin, sur le route de Saint-Brieuc[1]. L’anecdote présente beaucoup d’intérêt, car elle nous donne, à l’échelon d’un petit ‘pays’ de Haute-Bretagne, des informations sur les dévotions qui avaient cours à l’époque parmi la population locale : un des frères de Guillaume, Etienne, qui témoigne devant les commissaires de Tréguier, précise en effet que le malade avait été précédemment voué et amené « à saint Jacut, à saint Lunaire et à saint Guillaume, audit diocèse de Saint-Malo »[2] ; mais ces différents pèlerinages s’étaient révélés vains. Les chef-lieux du culte de saint Jacut et de celui de saint Lunaire, respectivement l’ancienne abbatiale de Saint-Jacut-de-l’Isle, aujourd’hui l’église paroissiale de Saint-Jacut-de-la-Mer, et l’église paroissiale de Saint-Lunaire, faisaient alors partie, tout comme Pleslin, du doyenné du Poudouvre, autrement dit l’ancien pagus aquarum que mentionne la vita de saint Jacut [BHL 4113-4114] du XIIe ou du XIIIe siècle dans son état atuel[3] ; quant à saint Guillaume, évêque de Saint-Brieuc[4], il était honoré dans l’église de Pleurtuit[5], paroisse du même doyenné, qui disputait à celle de Saint-Alban, dans le diocèse de Saint-Brieuc, l’honneur d’avoir vu la naissance du saint[6].
Nous avons donc affaire aux véritables saints tutélaires du Poudouvre : les deux premiers appartiennent à la tradition ancestrale, le troisième est un novus sanctus ; mais la population locale à l’époque les considérait tous les trois comme ses intercesseurs privilégiés. Si l’on est mal renseigné sur le développement au demeurant tardif et restreint du culte de saint Jacut[7], différents indices donnent à penser que celui de saint Lunaire a connu « un regain de vigueur » à partir du milieu du XIIIe siècle, sous l’influence de la dynastie seigneuriale du lieu, les Pontual, et de son plus illustre représentant, Geoffroy, qui occupait alors le siège de Saint-Malo[8]. En 1230, les persécutions de Pierre de Dreux avaient contraint le prélat à l’exil : Geoffroy s’était réfugié, avec ses chanoines, en Normandie, dans la province ecclésiastique de Rouen[9] ; or, les moines cisterciens de Bonport, au diocèse d’Evreux, étaient peut-être dès cette époque en possession d’une vita ancienne de saint Lunaire, que Geoffroy a pu consulter, voire copier, et dont l’essentiel se retrouve dans un légendier de l’abbaye du milieu du XIVe siècle[10]. En tout état de cause, la dynamique du culte de saint Lunaire s’est vue durablement relancée comme en témoigne la concession faite en 1333 par le duc Jean III en faveur d’Alain de Pontual, d’une foire annuelle devant se tenir le jour de la fête du saint[11]. Vers la fin du XIVe siècle, la famille de Pontual et celle de Pontbriand, dont plusieurs membres avaient rallié le camp blésiste pendant la guerre de succession de Bretagne[12], s’étaient même « réservé l’exclusivité des sépultures auprès du cénotaphe du saint » [13] : ainsi, ce monument a toute chance d’avoir été élevé à leur initiative[14] ; du moins « s’inscrit-il dans le mouvement de promotion des saints locaux qui constitue un des thèmes de la propagande des partisans de Charles de Blois (+ 1364) »[15]. Quant à saint Guillaume, on constate que sa renommée locale, peut-être liée là encore à l’influence de la famille de Pontbriand qui revendiquait la fondation de la chapelle du saint dans l’église de Pleurtuit[16], avait suffisamment grossi depuis sa canonisation en 1247 pour que son nom soit donné lors de leur baptême à des enfants nés vers la fin du XIIIe siècle : c’était le cas de Guillaume Chonet, âgé d’environ 40 ans en 1330. La dévotion de ce dernier à l’endroit de son saint patron constitue donc un témoignage précoce d’un type de relation privilégiée qui s’instaure au bas Moyen Âge entre le saint et celui qui porte son nom et dans laquelle ce patronage céleste vient renforcer le parrainage terrestre[17]
Enfin, grâce aux indications données par Etienne Chonet, le frère de Guillaume, nous disposons pour saint Jacut d’une première attestation de sa spécialité thérapeutique, bien connue à l’époque moderne : en effet, « outre que sa fontaine, située dans l’enceinte de l’abbaye, avait la vertu de guérir divers maux, il existait dans l’église abbatiale, à l’endroit présumé de son tombeau, un bassin rempli d’une “eau forte”, où l’on plongeait les démoniaques et les fous »[18] ; mais cette spécialisation n’était pas encore intervenue à l’époque où travaillait l’hagiographe, qui privilégie le rôle joué par le saint lors des épidémies. En ce qui concerne Lunaire, le saint « est surtout invoqué par les marins pour se préserver du naufrage et est essentiellement connu comme intercesseur privilégié pour les maladies oculaires »[19] : cette dernière spécialité — renforcée comme il se voit souvent par un jeu de mots tardif, en l’occurrence sur Lunaire/lunettes — paraît découler du miracle de nature évangélique rapporté dans la vita du saint[20].

©André-Yves Bourgès 2011


[1] Monuments originaux de l’histoire de saint Yves, publiés par A. de la Borderie, J. Daniel, R.P. Perquis, et D. Tempier, Saint-Brieuc, 1887, p. 174-175.
[2] Ibidem, p. 176 : « ad sanctum Jagu et ad sanctum Leonorium et ad sanctum Guillelmum dicte Macloviensis diocesis ».
[3] « Vita ss. Jacuti et Guethenoci », Catalogus codicum hagiographicum latinorum antiquorium saeculo XVI qui asservantur in bibliotheca nationali Parisiensi, t. 1, Paris-Bruxelles, 1889, p. 583 : « Illud quoque non debet fidelium memoriam effugere, quod in vicinia territorii quod dicitur aquarum, eo quod duobus fluminibus cingitur, scilicet Rinetio et Arganona, dicitur evenisse ».
[4] A.-Y. Bourgès, « Le dossier hagiographique de Guillaume, évêque de Saint-Brieuc », Mémoires de la Société d'émulation des Côtes d'Armor, t. 140 (2012) [Mémoires de l'année 2011], p. 22.
[5] A. Guillotin de Corson, Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, t. 5, Rennes-Paris, 1884, p. 495.
[6] J. Arnault, Saint Guillaume, évêque de Saint-Brieuc 1184-1234. Son temps, son œuvre, son culte, Saint-Brieuc, 1934, p. 53-54.
[7] M. Debary, « Saint Jacut et les origines de l’abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 49 (1969), p. 149-157.
[8] A. Carrée et B. Merdrignac, La Vie latine de saint Lunaire. Textes, traduction, commentaires, s.l. [Landévennec], 1991 (= Britannia Monastica, vol. 2), p. 22.
[9] B. Pocquet du Haut-Jussé, Les papes et les ducs de Bretagne. Essai sur les rapports du Saint-Siège avec un État, 2e édition, Spézet, 2000, p. 77.
[10] Ms Paris, BNF, lat. 5317, f. 67-f. 79 v.
[11] A. Carrée et B. Merdrignac, La Vie latine de saint Lunaire…, p. 22.
[12] J.-Y. Copy, Art, société et politique au temps des ducs de Bretagne. Les gisants haut-bretons, Paris, 1982, p. 95.
[13] A. Carrée et B. Merdrignac, La Vie latine de saint Lunaire…, p. 76.
[14] J.-Y. Copy, Art, société et politique au temps des ducs de Bretagne…, p. 96.
[15] A. Carrée et B. Merdrignac, La Vie latine de saint Lunaire…, p. 76.
[16] A. Guillotin de Corson, Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, t. 5, Rennes, 1884, p. 496.
[17] Cette réflexion résulte de discussions avec P. Y. Quéméner, dont le travail en cours sur les rapports entre ‘prénomination’ et culte des saints devrait constituer un apport très important pour les études hagiologiques.
[18] B. Tanguy, Dictionnaire des noms de communes, trêves et paroisses des Côtes-d’Armor, s.l. [Douarnenez], 1992, p. 291. Le folkloriste P. Sébillot, « L’eau et la fontaine de Saint-Jacut », Revue des traditions populaires, t. 27 (1912), p. 252, mentionne au nombre de ces maux divers la rage et la folie, en s’appuyant sur le témoignage de dom Noël Mars, historien de l’abbaye au XVIIe siècle.
[19] G. Pain, Actualisation du Mémento des sources hagiographiques de l’histoire de Bretagne de l’abbé Duine. Première partie : les fondateurs et les primitifs Ve-Xe siècles. Chapitre 3 : textes postérieurs à l’exode général du Xe siècle. Section 2 : Abbés, moines ou autres munis d’une vita, notices 72 à 86 [dactylographié], Rennes, 1996 (mémoire de maîtrise d’histoire sous la direction de B. Merdrignac, université de Haute-Bretagne), p. 131.
[20] A. Carrée et B. Merdrignac, La Vie latine de saint Lunaire…, p. 82-84, 145-147 (texte latin) et 145*-147*.

Les spécialisations thérapeutiques des saints bretons : le cas précoce de Maudez

Le phénomène de spécialisation thérapeutique est une des caractéristiques de la religion populaire à la fin du Moyen Âge : la protection des hommes et du bétail de telle ou telle maladie ou, s’ils en sont atteints, leur guérison sont obtenues par l’intercession de tel ou tel saint, qu’il convient donc de prier spécifiquement. Au delà de ce premier constat, qui dépasse évidemment la seule problématique bretonne, il faut prendre en compte « la richesse du dossier : quelque sept cents spécialités thérapeutiques ont être relevées à l’échelle de la province, au net avantage de la Basse-Bretagne »[1]. S’il convient de souligner « l’étonnante présence statistique de saints autochtones »[2], « la majorité revient toujours, même au plus profond du pays bretonnant, aux saints de l’Église universelle »[3]. En outre, il existe de pseudo-indigènes, dont les spécialisations reproduisent celles de leurs modèles : saint Cornély « en dépit d’une réelle autochtonie d’allure, n’est que le nom bretonnisé du pape Corneille dont la spécialisation comme patron des bovins n’a rien de spécifiquement local »[4] ; concurrent de saint Herbot sur ce terrain, son culte est attesté depuis le XIe siècle au moins en Bretagne, où il patronnait trois églises paroissiales, Gourlizon et Tourc’h, dans l’ancien diocèse de Cornouaille, et surtout, dans l’ancien diocèse de Vannes, Carnac qui « se désigne comme son principal foyer »[5].

A l’inverse « le cas peut aussi exister de saints d’apparence universelle mais dont le culte breton recèle un véritable particularisme. Le culte breton de saint Jean-Baptiste révèle ainsi des surprises : alors qu’il exerce d’ordinaire sa compétence sur les maladies nerveuses et plus particulièrement l’épilepsie — dite dans la plupart des régions françaises “mal saint Jean” —, le Léon, l’ouest du Trégor et le nord de la Cornouaille ne l’invoquent que pour la vue, alors que le Vannetais et le sud de la Cornouaille prolongent l’invocation courante pour les maux de tête »[6] ; peut-être, s’interroge G. Provost, faut-il reconnaître derrière cette spécificité bretonne l’influence du sanctuaire trégorois de Saint-Jean-du-Doigt, « qui aurait diffusé sa propre spécialisation oculaire aux régions qui le fréquentaient le plus régulièrement »[7]. Cependant, l’activité ophtalmologique de saint Jean-Baptiste se retrouve ailleurs, notamment en Tchécoslovaquie où elle est associée à l’armoise, l’une des herbes du saint : ainsi, regarder un feu de la Saint-Jean au travers d’une guirlande d’armoise ou encore placer cette guirlande sur sa tête préserverait des troubles oculaires[8]. Au XVIIe siècle encore, certains en Bretagne se mettaient de l’herbe de saint Jean autour de la tête la veille de la fête, pour se préserver du mal de tête, tradition expressément condamnée en 1659 par le père Maunoir[9] : sans doute ce dernier y voyait-il — comme avant lui le prêtre léonard Euzen Guéguen au sujet de la collecte de « l’herbe d’or » la nuit de la Saint-Jean — des pratiques empreintes de sorcellerie[10].

La spécialisation thérapeutique des saints aboutit à ce que chaque maladie soit désignée par le nom du thaumaturge concerné. Ainsi, en Basse-Bretagne, outre droug sant Briag, « mal de saint Briac », et droug sant Koulm, « mal de saint Colomban », qui, à l’instar de droug sant Yann, « mal de saint Jean », désignent les différentes maladies nerveuses, depuis l’épilepsie jusqu’à la démence, on peut relever les noms de : droug sant Anton, « mal de saint Antoine », l’érysipèle ; — droug sant Fieg, « mal de saint Fiacre », la fistule anale ; — droug sant Itrop, « mal de saint Eutrope », l’hydropisie ; — droug sant Kado, « le mal de saint Cado », les écrouelles ; — droug sant Kirio, « mal de saint Kirio », les furoncles ; — droug sant Tujan, « mal de saint Tujan », la rage ; — droug sant Urlou, « mal de saint Urlou », la goutte ; — droug sant Vaode, « mal de saint Maudez », l’enflure du genou ; — droug sant Weltas, « mal de saint Gildas », la rage, etc. Cette liste ne prétend nullement à l’exclusivité et on pourrait sans doute l’allonger par de nombreux autres noms de saints. De surcroît, elle est établie d’après une source relativement tardive[11], ce qui peut expliquer par exemple que le « mal saint Antoine » désigne ici l’érysipèle et non plus l’ergotisme gangreneux comme c’était le cas aux XIe-XIIe siècles[12] ; mais il faut souligner que, chez les Coptes d’Egypte, saint Antoine était également invoqué à l’encontre de l’érysipèle[13].

Cependant, il faut rappeler avec M. Bloch que de nombreux saints restèrent longtemps dépourvus de spécialisations thérapeutiques, jusqu’à ce que leur soit attribuée, sur la base d’un de ces à peu près linguistiques dont on a beaucoup d’exemples jusqu’à l’époque actuelle, « une aptitude particulière à guérir » telle ou telle maladie[14] : ces spécialisations ont parfois procédé de rapprochements entre le nom du saint et celui de la maladie : en Basse-Bretagne, saint Kirio guérissait les furoncles et saint Urlou la goutte, maladies qui sont respectivement appelées en breton ar goriou et an urlou ; en Haute-Bretagne, les populations francisantes invoquaient saint Méen contre la gale des mains et saint Clair contre les problèmes oculaires ; enfin saint Eutrope était invoqué contre l’hydropisie des deux côtés de la limite linguistique.

Saint Maudez

Par une heureuse disposition, on peut suivre jusqu’à nos jours l’évolution de la spécialité thérapeutique de Maudez depuis l’époque de la rédaction de la première vita du saint, dans les dernières années du XIe siècle ou au plus tard dans les premières années du siècle suivant. Cet ouvrage traite sur le mode utilitaire plusieurs questions qui étaient alors d’actualité : outre procurer aux pèlerins le guide des bonnes pratiques du sanctuaire de l’Île-Modez, il s’agissait pour l’hagiographe d’affirmer la légitimité de la dynastie ducale issue du duc Hoël face aux prétentions de la branche cadette de la maison de Rennes incarnées par Éon de Penthièvre et de rappeler le caractère sacré des biens ecclésiastiques face aux empiètements et aux exactions des laïcs. Le tout est empreint d’un certain « juridisme », qui ne tient pas seulement aux formules que l’hagiographe a reprises de la vita moyenne de saint Tugdual[15] : le soin avec lequel est rapporté comment l’oratoire de saint Maudez avait été régulièrement consacré[16] s’inscrit dans le courant de la pré-réforme grégorienne, initiée par le légat Hildebrand lors du synode tenu à Tours en 1054[17]. A peine si l’épisode d’un démon perturbateur vient introduire un peu de fantaisie dans le récit ; mais là encore l’anecdote n’est pas gratuite et vise essentiellement à « recadrer » quelque tradition populaire, relative peut-être à la vénération d’une « pierre de foudre », aérolithe ou bien pierre taillée de l’époque préhistorique. Enfin, considérant que son ouvrage était un peu court, l’hagiographe l’a complété avec les traditions locales relatives à saint Bothmaël et présenté ce dernier comme un des disciples de saint Maudez.

L’hagiographe explique que les malades souffrant d’infirmités diverses, et plus particulièrement d’infestations de vers, qui viennent sur l’île de Gueldenes où avait été enseveli le saint, doivent prélever dans les fondations de son sépulcre de la terre qu’ils mélangent avec de l’eau et cette mixture qui guérit et fait mourir les vers. A ce stade, nous sommes encore loin de l’invocation contre l’enflure du genou dont il a été fait mention plus haut, même s’il est impossible de préjuger de ce que l’hagiographe rangeait dans la catégorie assez vague des « infirmités diverses ». Quant au procédé par lequel les malades obtenaient leur guérison, il s’agit d’une pratique ancienne et assez commune : Grégoire de Tours déjà cite plusieurs exemples de saints dont on grattait le tombeau pour en recueillir de la poussière ; les textes hagiographiques relatifs à saint Hubert, saint Girard, saint Benoît et saint Bénigne nous apprennent que, pour être administrée aux malades, cette poussière était dissoute dans de l’eau ou bien dans du vin[18], pratique très similaire à celle du vinage[19]. A Poitiers, les mères de famille avaient l’habitude de gratter le tombeau d’un saint réputé guérir des vers et d’administrer la poussière ainsi recueillie à leurs enfants ; une barrière en bois ayant été érigée par le clergé pour empêcher cette pratique, ce fut la poussière grattée sur les barreaux qui servit désormais à la préparation du remède[20].

Les reliques de saint Maudez étaient gardées, nous dit le texte de la première vita, dans une sorte de « monstrance » (custodia), en même temps que la pierre lancée par Maudez contre un démon venu perturber la petite communauté monastique insulaire : ces précisions confortent l’idée que le tombeau était vide ; de plus, il s’agit d’un intéressant témoignage sur la façon dont les populations bretonnes, longtemps frustrées de la présence de reliques corporelles, avaient reporté leur dévotion sur des reliques représentatives et adapté leurs pratiques en conséquence.

Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, les miracles de saint Maudez continuaient de bénéficier principalement à ceux qui étaient infestés de vers, mais également aux fistuleux. C’est du moins ce que rapporte son second hagiographe, dans lequel il faut peut-être reconnaître, comme nous l’avons dit, le jeune Yves de Kermartin, alors étudiant à Orléans, et qui confirme la présence sur l’île des reliques de Maudez, conservées en même temps que le projectile dont le saint s’était servi pour chasser le démon.

Un siècle plus tard, vers les années 1365-1370, deux nouveaux témoignages viennent apporter un éclairage précieux mais partiel sur la dévotion dont saint Maudez faisait l’objet au bas Moyen Âge. A l’occasion de l’enquête préalable à la canonisation de Charles de Blois et tandis que le parti de Blois-Penthièvre, fort de son enracinement dans le Trégor, disputait aux ducs de la dynastie de Montfort le monopole du culte des saints locaux, une famille de Ploumagoar et une autre de Ploubezre déclarèrent aux enquêteurs avoir obtenu du défunt prince, à l’invocation de son nom, une intervention miraculeuse[21]. Les bénéficiaires sont des enfants, victimes d’une infection désignée dans les deux cas sous le nom de « mal de saint Maudez » (infirmitas sancti Maudeti) : Yves Hamonou, de Ploumagoar, âgé d’un an, et Guillaume Judicaël, de Ploubezre, douze ans. Les témoins du premier miracle n’ont pas donné de description clinique de la maladie, sans doute parce qu’ils estimaient qu’elle était suffisamment connue par son nom ; mais il n’est pas trop hasardeux de continuer à y reconnaître une infestation de vers, pathologie à laquelle sont particulièrement sujets les enfants en bas âge. On a plus de détails en ce qui concerne le jeune Guillaume Judicaël : il est question d’un mal horrible, ulcéreux et gangreneux, dont les plaies laissaient s’écouler des flots de sang corrompu ; l’aggravation de l’infection avait occasionné chez le petit malade un état de démence, puis finalement la mort[22]. Cette description assez terrifiante rend compte d’un élargissement des pathologies dont Maudez était réputé le saint guérisseur : le second de ses hagiographes ayant évoqué le cas des fistules, on en était arrivé tout naturellement à invoquer le saint à l’encontre de divers abcès d’origine infectieuse.

Au début du XVIIe siècle, perdurait l’usage de diluer dans l’eau un peu de terre prélevée auprès du sanctuaire ; mais, aux dires d’Albert Le Grand en 1636, cette opération avait désormais pour objet de constituer un « antidote et remède très souverain contre les morsures ou piqûres des serpents et toutes sortes de bêtes venimeuses »[23]. Dom Lobineau, qui a travaillé plusieurs décennies après Albert Le Grand, s’en tient pour sa part à l’action vermifuge de cette mixture, laquelle était donnée en traitement aux enfants[24]. Cependant l’Île-Modez n’avait déjà plus à cette époque le monopole d’une telle pratique : à Trans-sur-Erdre, en 1686, dans la chapelle qui lui est consacrée, le mauvais état du cul-de-lampe de la statue du saint, honoré sur place sous le nom de Mandé[25], ayant attiré l’attention de l’archidiacre de Nantes, ce dernier apprit alors du clergé local que « les femmes qui venaient faire voyage en ladite chapelle pour obtenir la guérison du mal de ventre de leurs enfants (…) emportaient avec elles la raclure de ladite pierre pour leur faire prendre avec leur bouillie »[26].

Ces différentes approches permettent de rendre compte de l’élargissement du domaine d’intervention de saint Maudez « à la plupart des plaies, à l’enflure du genou et aux rhumatismes moyennant un rite complexe, l’un des rares qui soient réellement propres à la Bretagne : l’application sur le mal d’un ver et d’un cataplasme de terre prélevée sous l’autel ou la statue du saint, ou encore aux abords de sa fontaine »[27] ; pratique qui était attestée au XIXe siècle dans de nombreux lieux où saint Maudez recevait un culte, en Goëllo, en Trégor, en Léon et en Cornouaille[28].

Les Bretons rendaient un culte à saint Maudez dans de très nombreux sanctuaires (au moins une cinquantaine) : on a déjà mentionné l’église de Henvic, dans le diocèse de Léon ; en Cornouaille, Maudez était le second patron de l’église du Juch, intéressante précision qui renvoie aux origines familiales d’Yves de Kermartin[29] et à ses travaux hagiographiques[30]. Dans le diocèse de Vannes, saint Maudez avait remplacé à Lanvaudan, en qualité de patron de l’église, l’éponyme de la paroisse, saint Maudan. Saint Maudez était également le patron, dans le diocèse de Saint-Malo, de l’église de l’ancien prieuré-cure qui portait son nom, près de Corseul ; mais c’est à la Croix-Helléan qu’il faisait l’objet d’un culte assidu, marqué à l’époque moderne par l’existence d’un pèlerinage[31]. Enfin l’abbaye de Beauport, au diocèse de Saint-Brieuc, conservait au bas Moyen Âge la relique insigne du crâne de saint Maudez, laquelle a passé depuis dans le trésor de l’église paroissiale de Plouézec.

En indiquant qu’il leur avait fallu conduire le nourrisson « à l’église de ce saint » (ad ecclesiam ejusdem sancti) [32], les parents du petit Yves Hamonou faisaient-ils allusion à la chapelle édifiée par les religieux de Bégard sur l’Île-Modez, ou bien à un autre sanctuaire trégorois où Maudez faisait l’objet d’une vénération particulière ? Tel était le cas de l’église paroissiale de Hengoat : endommagée lors de la guerre de succession de Bretagne, elle avait fait l’objet en 1380 d’une bulle d’indulgences du pape, destinée à favoriser sa restauration en encourageant la venue de pèlerins[33] ; en 1437, puis à nouveau en 1450, les prélats qui siégeaient alors à Tréguier ont confirmé le caractère d’obligation à Hengoat de la fête de saint Maudez[34]. Ce dernier paraît avoir été également vénéré dans la paroisse de Quemperven : l’église conserve un très original livre-reliquaire, daté 1425, contenant douze reliques, dont une de saint Maudez[35] ; et un hameau, associé à une mystérieuse chapelle placée sous l’invocation du Christ, porte encore le nom de Saint-Maudez[36]. Le souvenir de ces traditions anciennes fut ravivé à l’époque moderne par le culte populaire dont a fait l’objet un prêtre particulièrement estimé, Maudez-René Le Cozannet (1666-1720), que les Trégorois ont confondu dans une même dévotion avec son saint patron, au point d’attribuer à la terre de son tombeau les mêmes vertus thérapeutiques[37].

©André-Yves Bourgès 2011



[1] G. Provost, La fête et le sacré. Pardons et pèlerinages en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1998, p. 54.

[2] Ibidem, p. 55.

[3] Ibid., p. 57.

[4] Ibid., p. 60-61.

[5] B. Tanguy, « Saint Herbot », [« Chronique de langue et de littérature bretonne (année 1998) »], Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 127 (1998), p. 245.

[6] G. Provost, La fête et le sacré. Pardons et pèlerinages en Bretagne…, p. 63.

[7] Idem, « Saint-Jean-du-Doigt, haut lieu du Trégor occidental : le pèlerinage du XVIe au XVIIIe siècle », Saint-Jean-du-Doigt des origines à Tanguy Prigent. Actes du colloque (23-25 septembre 1999) réunis par Jean-Christophe Cassard, Brest, 2001 (Études sur la Bretagne et les pays celtiques, Kreiz 14), p. 284.

[8] J. Cizmár, Lidové lékarství v Ceskoslovensku, Brno, 1946, vol. 2, p. 139 (renseignement procuré par la BDD de l’Université de Californie).

[9] F. Postic, « Quelques aspects particuliers des feux de la Saint-Jean en Basse-Bretagne », Saint-Jean-du-Doigt des origines à Tanguy Prigent…, p. 311. Voir les développements donnés par A. Van Gennep, Le folklore français, 4e édition, Paris, 1999, vol. 2, p. 1623-1625. Pour sa part, F. Postic indique au sujet de cette pratique : « il s’agissait probablement de se protéger ainsi de l’épilepsie qui est “ le mal de saint Jean” ».

[10] Ibidem, p. 313.

[11] Nouveau dictionnaire breton-français du dialecte de Léon, avec les acceptions diverses dans les dialectes de Vannes, Tréguier et Cornouailles, par A.-E. Troudé, Brest, 1876.

[12] P.-A. Sigal, L’homme et le miracle dans la France médiévale (XIe-XIIe siècle), Paris, 1985, p. 250.

[13] L. Kanner, « The Folklore and Cultural History of Epilepsy », Medical Life, t. 37 (1930), p. 207 (renseignement procuré par la BDD de l’Université de Californie).

[14] M. Bloch, Les rois thaumaturges, Paris, 1983, p. 266-267.

[15] H. Guillotel, « Le dossier hagiographique de l’érection du siège de Tréguier », Bretagne et pays celtiques. Langues, histoire, civilisation. Mélanges offerts à la mémoire de Léon Fleuriot 1923-1987, Saint-Brieuc-Rennes, 1992, p. 225.

[16] A. de la Borderie, « Saint Maudez. Texte latin des deux Vies les plus anciennes de ce saint et de son très-ancien office avec notes et commentaire historique », Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, t. 28 (1890), p. 204, (c. 6) : « qualiter domus illa in Dei omnipotentis nomine aedificata, per authenticos hujus terrae praelatos dedicari et sanctificari posset consilium requisivit. Denique, accepto consilio secum commorantium, ac per litteras deprecatorio modo transmissas ecclesiarum hujus Britanniae praesules convocavit, atque supra memoratum oratorium dedicare fecit ». La mention de prélats considérés comme « authentiques » sous-entend-elle qu’il existait à l’époque un débat sur l’authenticité de certains autres ? Faut-il y voir une allusion à la querelle métropolitaine ?

[17] O. Guillot, Le comte d’Anjou et son entourage au XIe siècle, t. 1, Paris, 1972, p. 181 et n. 219, 220 et 221.

[18] P.-A. Sigal, L’homme et le miracle…, p. 46 : « l’origine de cet usage est probablement antérieur au christianisme ».

[19] Ibidem, p. 49-53.

[20] F. Cowan, Curious Facts in the History of Insects, Including Spiders and Scorpions, Philadelphie, 1865, p. 363 (renseignement procuré par la BDD de l’Université de Californie) : il doit s’agir du tombeau de saint Thaumaste, à propos duquel Grégoire de Tours rapporte l’existence de pratiques analogues. La mise en place d’une barrière pour limiter les exactions des pèlerins se retrouve également en Bretagne, à Saint-Malo, autour de la sépulture de saint Jean de Châtillon ; du coup, le saint fut honoré sous le nom de saint Jean de la Grille (celle qui entourait son tombeau).

[21] A. de Sérent, Monuments du procès de canonisation du Bienheureux Charles de Blois, Saint-Brieuc, 1921, p. 365-366 et 420.

[22] Ibidem : « Infirmus fuisset quadam infirmitate horribili, que vocatur infirmitas seu egritudo beati Maudeti, ulcerosa et putrefactuosa sanguinem putrefactum indesinenter per quedam vulnera reddens, et ex gravamine huiusmodi infirmitatis demens dictus filius effectus fuisset, ac etiam ex huiusmodi infirmitate et continuatione eiusdem, usque ad mortem deductus fuisset, ac mortuus de facto, adeo quod astantes circa [eum] ipsum in sudario, sicut moris est sepelire mortuos, involutum sepelissent ».

[23] A. Le Grand, Vies des saints de la Bretagne armorique, 4e édit., Paris-Brest, 1837, p. 724. - Sur Maudez, saint protecteur à l’encontre des serpents, voir D. Giraudon, « Le serpent en Trégor, croyances et superstitions », Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-d’Armor, t. 119 (1990), p. 65-71.

[24] Dom G. A. Lobineau, Les Vies des saints de Bretagne, Rennes, 1725, p. 84.

[25] A l’instar de ce qui s’est passé à Paris, la réduction romane de la diphtongue accompagnée d'une nasalisation (remarque communiquée par J.-Y. Le Moing) s’est également opérée à Trans-sur-Erdre.

[26] G. Provost, La fête et le sacré. Pardons et pèlerinages en Bretagne…, p. 80.

[27] Ibidem, p. 64. Cependant, nous sommes en désaccord avec G. Provost quand il écrit : « du coup, le même saint s’est trouvé invoqué contre les serpents et les vers intestinaux » ; comme nous venons de le montrer, c’est le contraire qui s’est passé. Par ailleurs, A. Van Gennep, op.cit, p. 1662, signale le recours au ver de saint Jean (ver luisant) pour des pratiques divinatoires.

[28] Ibid., p. 76, n. 1 ; G. Provost souligne que « l’absence d’attestation vannetaise paraît curieuse… ».

[29] A.-Y. Bourgès, « Antécédents familiaux d’Yves de Kermartin : un lignage d’origine cornouaillaise ? », Hagio-historiographie médiévale [En ligne], mis en ligne le 29 mars 2006, URL : http://andreyvesbourges.blogspot.com/2006/03/antcdents-familiaux-dyves-de-kermartin.html

[30] Idem, « Yves de Kermartin hagiographe et la seconde vita de saint Maudez », Armorik. Lettres, arts, traditions, n°1 (mai 2003), p. 75-89.

[31] G. Provost, La fête et le sacré. Pardons et pèlerinages en Bretagne…, p. 65, 413-414.

[32] A. de Sérent, Monuments du procès de canonisation du Bienheureux Charles de Blois, p. 365.

[33] B. Tanguy, Dictionnaire des noms des communes, trèves et paroisses des Côtes d’Armor, s.l. [Douarnenez], 1992, p. 85.

[34] Y.-M. Lucas, « Le culte de saint Maudet et de saint Rion », Revue historique de l’Ouest, année 1892, p. 711.

[35] Trésors secrets des Côtes-d’Armor : 1000 ans d’art et d’histoire. Château de La Roche-Jagu, 1er juillet-31 octobre 1991. Catalogue de l’exposition, p. 106-107. Les autres reliques sont celles de sainte Anne, saint Yves, saint Antoine, sainte Marie-Madeleine, saint Gilles abbé, saint Tugdual, saint Sylvestre, saint Thébaud, sainte Catherine et sainte Marguerite, ainsi qu’un fragment de linge d’autel (de saint Yves ?).

[36] B. Tanguy, Dictionnaire des noms des communes… des Côtes d’Armor, p. 250.

[37] G. Provost, La fête et le sacré. Pardons et pèlerinages en Bretagne…, p. 339.