La mémoire de Jean-Yves Guiomar, disparu au début de ce mois d’octobre,
doit être ici saluée, car, en marge ou plus exactement en arrière-plan de ses
recherches sur le bretonisme, –
« dont les deux composantes majeures sont la littérature et la philologie
(La Villemarqué) et l’histoire (La Borderie) », selon sa propre définition[1],
– la contribution de cet historien
contemporanéiste aux études hagiologiques bretonnes s’avère particulièrement importante,
sinon même décisive : en soulignant le rôle central que les saints locaux
ont joué dans l’historiographie bretonne du XIXe siècle, en
désignant à l’attention du public la place primordiale et prépondérante qu’ils
ont occupée dans la démarche historienne d’Arthur de la Borderie, la thèse pour
le doctorat d’État soutenue en 1986 par Guiomar[2]
a mis en évidence, – en prolongeant et en approfondissant la réflexion menée par Bernard Tanguy, quelques années auparavant[3],
à partir de questions de doctrine et de méthode toponymiques posées par
François Falc’hun[4], – la
véritable spécificité du bretonisme.
Son « itinéraire d’historien »[5],
jalonné de nombreuses publications[6],
a donné l’occasion à Guiomar d’apporter depuis 1969 différents éclairages sur
la question centrale de la « nation », dont on sait qu’elle demeure
d’une actualité brûlante, bien au-delà du cercle des historiens. En revanche, sa carrière professionnelle dans
l’édition, pourtant riche d’expériences intéressantes, notamment celle qui
concerne l’aventure de Champ Libre,
n’a pas suscité sa plume ; mais nul doute que les documents déposés par
ses soins à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine[7]
devraient contribuer à une meilleure connaissance de cet épisode.
[1] J.-Y. Guiomar, Peuple,
région, nation (recueil de travaux), Brest, 2015, p. 181.
[2] Thèse dont l’essentiel a été publié avec une préface
de Michel Denis sous le titre Le Bretonisme. Les historiens bretons au XIXe
siècle, Mayenne, 1987.
[3] B. Tanguy, Aux
origines du nationalisme breton, t. 1 : Le renouveau des études bretonnes
au XIXe siècle, Paris, 1977.
[4] F. Falc’hun, Les
noms de lieux celtiques, 2e série : Problèmes de doctrine et de
méthode. Noms de hauteurs, Rennes, 1970, en particulier p. 43-90.
[5] Peuple, région,
nation, p. 7-22.