22 avril 2019

En marge de la vita ancienne de Samson [BHL 7478-7479], le « royaume double » de Domnonée des deux côtés de la Manche : un faux débat mais de vraies interrogations


Magali Coumert a développé naguère sur la Cornouaille et la Domnonée de part et d’autre de la Manche aux premiers siècles du Moyen Age[1], une série d’hypothèses reposant sur le constat que ces désignations géographiques ne sont apparues en Bretagne continentale qu’à l’époque carolingienne ; ce constat n’est pas original, car il avait été déjà effectué avant les années 2000 par Pierre-Roland Giot, comme il apparait dans une contribution posthume de ce chercheur[2].
Si nous adoptions au moins partiellement le point de vue de Coumert, – s’agissant en particulier du mirage hagio-historiographique que constitue à ses yeux l’existence d’une Domnonée continentale[3], – il nous semble que l’identification de Commor avec son homonyme insulaire, le fameux roi Marc, en sortirait renforcée, de même que s’en trouverait éclairée la carrière du personnage, dont le pouvoir exercé des deux côtés de la Manche était, selon nous, avant tout lié au contrôle du trafic maritime[4].

I
Selon Coumert qui, en l’occurrence, conteste la traduction proposée par Pierre Flobert[5], « Britannia désigne la Grande-Bretagne et Romania et Europa le continent » sous la plume de l’auteur de la vita ancienne de Samson[6] : si l’on retient cette suggestion, il apparaît que Judual, héritier légitime de la Domnonée, un temps retenu par Childebert à sa cour, puis libéré à l’instigation de Samson, était allé dans l’île combattre et finalement vaincre, grâce à l’intercession du saint, l’usurpateur Commor, lequel avait, pour sa part, bénéficié jusque-là du soutien du roi franc. Nous nous accordons bien volontiers avec Coumert quand elle croit reconnaître dans cette anecdote une illustration de ce que, à l’époque, les souverains mérovingiens exerçaient « une réelle tutelle sur le sud de l’Angleterre » : il existe quelques témoignages indirects contemporains de cette situation, que l’archéologie vient confirmer dans la partie orientale de la zone en question[7] ; mais, si la principauté revendiquée par Judual était effectivement la Domnonée insulaire, une telle situation ne serait pas pour autant exclusive d’une extension territoriale de cette dernière sur le continent.
Car, – quel que fût son statut, quel que fût le nom qu’il portait, – c’est bien à un territoire continental, ainsi qu’à ses habitants, que fait longuement allusion l’hagiographe dans son récit, juste après avoir rapporté l’installation de Samson à Dol[8]. Le saint ayant interrogé les « gens de la région » (homines regionis) sur les raisons de leur accablement, « ils lui dirent qu’un chef étranger, injuste et despotique, était venu sur eux » (dicunt ei iniustum super eos ac uiolentum externumque iudicem uenisse), après qu’il eût fait périr « leur prince nommé Jonas, lequel tenait leur terre de manière héréditaire » (eorum presulem, Ionam nomine, hereditario ritu illorum terram tenentem) ; cet usurpateur « avait aussi livré à la captivité et à la mort le fils de ce dernier, Judual » (necnon et filium eius Iudualum captiuitati dedisse et morti). Tout cela avait été rendu possible « par des présents illégitimes remis illégitimement entre les mains du roi et surtout de la mauvaise reine » (per iniqua munera in manu regis et maxime malae eius reginae inique data) ; mais s’agissant de Judual, les habitants « assuraient qu’il était encore en vie » (sed adhuc uiuere confirmabant). Samson, apitoyé par ce qu’il avait entendu, s’en fut trouver aussitôt le roi Childebert pour l’entretenir du sort du jeune prince[9].
Il est extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, de suivre Coumert quand elle prétend rompre sans donner de raison le déroulement chronologique du récit et rapporter en conséquence les tenants de cet épisode avant l’arrivée de Samson à Dol[10] : au demeurant, la qualité d’externus judex donnée à l’usurpateur confirme que nous avons affaire à un personnage « étranger » à la « région », ce qui s’accorderait bien avec un « chef » insulaire.
C’est donc tout un : ou bien il faut renoncer à l’hypothèse d’une victoire remportée sur l’usurpateur par Judual dans l’île et rapporter l’ensemble de l’épisode en question à la seule Bretagne armoricaine, conformément à l’opinion historiographique  traditionnelle[11], à laquelle Caroline Brett, dans son article sur les migrations bretonnes[12], déclare adhérer sur ce point précis[13] ; ou bien, il faut supposer que les princes de la Domnonée insulaire disposaient sur le continent, à proximité de Dol, d’une terra, d’une regio, dont ils avaient été chassés, de même que dans l’île, par Commor : cette hypothèse s’accorde avec l’idée « qu'au sommet de sa prospérité l'élite de la Domnonée ait cherché à conquérir ou à prendre le contrôle de terres en petite Bretagne, région relativement vaste, en s'en servant comme police d'assurance en quelque sorte »[14]. Conséquemment, Commor se trouvait lui aussi dans la position d’exercer un pouvoir des deux côtés de la Manche au nom de Childebert. En outre, l’interprétation de la vita ancienne de Samson par Coumert outrepasse les limites fixées par le texte lui-même : dans l’ouvrage dont nous disposons aujourd’hui, issu d’une tradition littéraire complexe[15], Britannia paraît en effet désigner tantôt l’île, tantôt la péninsule armoricaine, voire même constituer « une appellation générique attribuée au monde breton dans son ensemble »[16], à l’instar de ce qui s’observe chez l’hagiobiographe de Colomban, Jonas de Bobbio, qui « pourrait bien utiliser la notion de Bretagne dans un sens “ethnique” couvrant aussi bien l’ancienne Bretagne romaine que la Bretagne armoricaine »[17]. Difficile en conséquence de se montrer aussi affirmatif que Coumert, quand celle-ci s’en tient exclusivement, comme on l’a dit, à la Bretagne insulaire. Pour autant, l’hypothèse développée par cette chercheuse, certes affaiblie, ne s’en trouve pas totalement invalidée ; en revanche, elle est viciée par la pétition de principe qui préconise que, si Judual était bien l’héritier légitime de la Domnonée insulaire, il ne pouvait l’être d’un territoire continental. S’il se confirme que ce dernier n’était pas appelé Domnonée, nous proposons de le désigner comme la « terre des Jud- », eu égard au préfixe qui figure à plusieurs reprises dans les noms de ses princes[18] : c’est notamment le cas de Judicaël, qualifié « roi des Bretons » par le pseudo-Frédégaire, qui rapporte sa rencontre avec Dagobert à Clichy en 635[19].

II
Parmi toutes les conséquences que Coumert s’interdit dès lors de tirer de son hypothèse, il faut envisager la possibilité que le comte Commor, dont l’intervention dans les affaires politico-dynastiques en Bretagne armoricaine vers le milieu du VIe siècle est bien attestée par Grégoire de Tours[20], ait été le même que le « roi Marc » insulaire, dont l’inscription sur la stèle dite de Tristan confirme la présence dans les parages de Castle Dore (Cornwall) à la même époque[21] : personnage qui, au dire de Wrmonoc dans sa vita de Paul Aurélien, datée 884, exerçait la « puissance impériale », au point que les quatre langues de différents peuples étaient soumises à son seul pouvoir[22]. Cette identification se voit confirmée tardivement, indirectement et fortuitement vers 1070 par l’hagiographe de Mélar, qui situe à la Boissière (Castel Beuzit) en Lanmeur, la résidence du comte Commor[23] : en effet, à proximité immédiate de ce « château », le toponyme  Rumarc, « le tertre de Marc », conserve le souvenir d’un tumulus associé à la mémoire de ce puissant personnage[24]. Cependant, selon la vita de Paul Aurélien, les restes mortels de Marc Commor reposaient à proximité de sa résidence insulaire, dont le nom, Banhedos, que nous a transmis Wrmonoc, signifie quelque chose comme « la hauteur des cerfs ». Le toponyme Castle Dore, connu depuis John Leland, qui l’a transcrit Castledour, paraît, lui aussi, renvoyer à un endroit peuplé de cervidés, puisque deor signifie « cerf » en saxon ; mais c’est le nom ancien du lieu, Dirford, transmis par William de Worcester[25], qui vient confirmer que nous avons bien affaire à Banhedos : en effet Dirford est ici pour Durfold, deorfald en saxon, qu’il convient de traduire « le parc au(x) cerf(s) ».
Jean-Christophe Cassard avait proposé en 1993 de reconnaître dans Marc Commor, un « chef britto-romain » qui, « auréolé de ses succès dans l’île », aurait « tenté d’étendre son pouvoir en direction des Bretons établis sur la côte nord de l’Armorique, et ce avec l’appui des Francs de Childebert »[26] : de telles opérations nécessitaient, – en particulier pour d’éventuels passages de troupes, – des moyens maritimes conséquents ; à moins que ce ne fût l’existence de moyens maritimes conséquents qui n’encourageât à tenter de telles  opérations. Ce constat nous a amené en 1996 à proposer de reconnaître dans le personnage l’héritier « d'une dynastie princière dont l'instrument essentiel d'exercice du pouvoir aurait été la maîtrise du mare Britannicum, depuis le Bas Empire jusqu'au haut Moyen Age »[27] ; maîtrise rendue possible, supposions-nous alors, par le contrôle de ce qui pouvait subsister localement de l’ancienne classis Britannica, dont la destinée, à partir du IIIe siècle de notre ère, échappe hélas presque complètement à l’historien[28].
Cette hypothèse, dont nous ne nous sommes jamais dissimulé la fragilité, a été jugée en son temps « séduisante »[29] et a même reçu un certain écho chez les spécialistes des origines bretonnes, en particulier parce qu’elle permettait de donner un « état-civil » à Marc Commor[30]  et de le situer dans la continuité d’une lignée de « préfets de la flotte », les Marci Aurelii, laquelle serait issue du fameux Carausius[31] : elle éclaire le rôle que le plus ancien hagiographe de Hervé fait jouer à Commor dans l’organisation du retour en Grande-Bretagne du père du saint, Hoarvian[32], et renvoie à une indication conservée dans les Triades galloises à propos de Marc[33] ; elle nous a semblé en outre confortée par le fait que les résidences anciennement attribuées à Commor sur le continent et à Marc dans l’île sont toutes situées à quelques kilomètres seulement d’un port d’estuaire, comme c’est le cas à Lanmeur (estuaire du Douron), à Gouesnou (estuaire de la Penfeld)[34] et, de manière un peu oblique, à Dirinon, – avec la ria de l’Elorn, sorte de fjord où la marée remonte jusqu’à Landerneau[35], – ainsi bien sûr qu’à Castel Dore (estuaire de la Fowey). En revanche, les autres résidences, généralement « terriennes », attribuées à Commor en Bretagne continentale, notamment dans le centre de la région, relèvent d’informations tardives ou indirectes, en lien avec des spéculations érudites[36] ; mais ce dernier constat doit au demeurant nous inciter à la plus grande prudence, car un processus similaire a peut-être été à l’œuvre chez les auteurs médiévaux s’agissant des attributions plus anciennes.

III
Un aspect essentiel de l’épisode de la vita ancienne de Samson à propos la reconquête par Judual de ses droits héréditaires sur la Domnonée concerne le rôle géo-stratégique joué par les îles du Cotentin, plus précisément Jersey et Guernesey. Outre qu’elles ont constitué des étapes durant le périple maritime accompli ensemble par le prince et par le saint (Lesiam Angiamque marinas insulas prospero nauigio petierunt), – qu’il se soit agi de passer dans l’île de Bretagne ou bien dans la péninsule armoricaine, – c’est sur place que des hommes bien connus de  Samson ont été encouragés par ce dernier à rejoindre Judual (atque homines multi sancto Samsoni satis cogniti eius hortatu unanimes cum Iudualo uenerunt ad Britanniam)[37]. Cette proximité doloise avec les îles du Cotentin ne constitue pas en soi une découverte ; mais l’interprétation de ces événements nous semble pouvoir être renouvelée par une lecture hypothético-intuitive du texte : ainsi, l’atterrage de Samson dans les parages de Dol peut-il, du point de vue de l’hagiographe, s’expliquer aussi par la présence de populations bretonnes dans la presqu’île du Cotentin et dans les îles voisines. Par ailleurs, on note que, si le saint s’efforce de réparer l’injustice dont lui ont fait part les habitants de la région où il a abordé, c’est moins en s’impliquant localement qu’en allant chercher à Jersey et à Guernesey les soutiens nécessaires à la cause de Judual. De même, l’auteur de la vita ancienne de Marcouf entérine à son tour la présence bretonne à Jersey, mais ne veut pas laisser au seul Samson le mérite de l’évangélisation des populations concernées. Tout cela est donc antérieur à la période où les rois de Bretagne ont étendu leur pouvoir sur l’Avranchin et le Cotentin, essentiellement durant le dernier tiers du IXe siècle : à cette dernière époque, l’hagiographe de Magloire nous montre l’île de Serq en arrière-plan de plusieurs épisodes de la vie du saint, lui aussi présenté comme évêque de Dol ; mais, dès la fin du siècle précédent, le Cotentin avec ses îles, en particulier Jersey,  était déjà passé sous le contrôle de Bretons, avec à leur tête un certain Anowarith. Ce personnage influent, est décoré du titre de dux par l’hagiographe de Wandrille et, selon cet écrivain, il se voit même adresser une ambassade par « Charles Auguste » (Charlemagne)[38] : on imagine mal en conséquence que son pouvoir ait été limité à celui d’un « centenier », comme le propose Éric Van Torhoudt[39],  et qu’il ait été confiné au seul territoire de l’île de Jersey, comme l’indique Cassard[40]  à la suite d’Arthur de la Borderie[41], lequel n’hésite pas , comme d’habitude, à interpoler le texte pour renforcer son interprétation[42]
Il convient donc d’envisager, dès l’époque supposée de l’épisode rapporté dans la vita ancienne de Samson, au surplus d’un prolongement continental de la Domnonée insulaire à l’est de la péninsule armoricaine, la présence de « colonies » bretonnes dans la presqu’île du Cotentin et l’archipel adjacent. Cette situation était en tout cas avérée au moment de l’érection de l’évêché  de Dol, sans doute au tournant des VIIIe-IXe siècles ; mais, dès cette époque, s’exerce sur le nouveau siège une influence tout autant franque que bretonne, comme on peut le voir, sous le règne de Louis le Pieux, avec l’évêque Jean, lequel était également à la tête de l’abbaye de la Croix(-Saint-Leufroy)[43] : ce monastère, richement doté, figurant au nombre des grands établissements astreints aux dons et au service militaire[44], la nomination de son abbé à l’évêché de Dol constitue bien une marque d’intérêt de la part de l’empereur. De manière générale, les prélats qui siégèrent en Bretagne continentale depuis la normalisation carolingienne étaient évidemment des agents du pouvoir impérial ; mais le cas de Dol, dont le statut épiscopal est venu se greffer sur une situation de « confinité » entre les Bretons de la péninsule armoricaine et ceux de la presqu’île du Cotentin, semble avoir été assez spécifique  au regard de l’organisation des pouvoirs locaux : une telle situation impliquait-elle en particulier l’appartenance de Dol au missaticum initialement confié à Nominoë ? Ou bien ce dernier et, à sa suite, Erispoë et Salomon auront-ils transposé sur le terrain ecclésiastique leur conception du ducatus des Bretons ? Quoi qu’il en soit, l’ultime descendante de Judicaël avait officiellement adopté ce même Salomon, qui de jure se retrouvait l’héritier de la dynastie issue de Jonas et Judual[45].
***
Si le potentiel heuristique de l’hypothèse proposée par Coumert nous semble incontestable, nous pensons que ce potentiel réside moins dans les prolongements de cette hypothèse que dans ses à-côtés, que nous espérons avoir pu mettre, au moins partiellement, en évidence ; mais nous n’adoptons pas, pour le moment, l’hypothèse en elle-même. Au-delà de l’appellation inadéquate de « royaume double » pour désigner la Domnonée insulaire et son prolongement continental, cette donne territoriale ne semble pas en effet fondamentalement remise en cause par un retour au texte de la vita ancienne de Samson, dont, à la manière d’un jeu d’ombres et de lumières, la formulation à la fois ambigüe et précise apporte un éclairage diffus mais constant sur une situation complexe.

André-Yves Bourgès


[1] Magali Coumert, « Le peuplement de l'Armorique : Cornouaille et Domnonée de part et d'autre de la Manche aux premiers siècles du Moyen Age », Magali Coumert et Hélène Tétrel [dir.], Histoires des Bretagnes. 1. Les mythes fondateurs, Brest, 2010, p. 15-42.
[2] Pierre-Roland Giot, « Le peuplement des VIIIe-Xe siècles », Pierre-Roland Giot, Philippe Guigon, Bernard Merdrignac, Les premiers Bretons d’Armorique, Rennes, 2003, p. 57.
[3] M. Coumert, « Le peuplement de l'Armorique… », p. 27-35.  L’expression « mirage hagio-historiographique » nous a été suggérée par le titre de l’article où le regretté Jean-Christophe Cassard s’interrogeait sur « Le Tro-Breiz médiéval : un mirage historiographique ? », Gaël Milin, Patrick Galliou (dir.), Hauts lieux du sacré en Bretagne, Brest, 1997 (Kreiz. Études sur la Bretagne et les pays celtiques, 7), p. 93-119.
[4] André-Yves Bourgès, « Commor entre le mythe et l’histoire : profil d’un ‘’chef’’ breton du VIe siècle »,  Mémoires de la Société historique et archéologique de Bretagne, t. 74 (1996), p. 419-427.
[5] Pierre Flobert, La Vie ancienne de saint Samson de Dol, Paris, 1997 (Sources d’histoire médiévale publiées par l’Institut de recherche et d’histoire des textes).
[6] M. Coumert, « Le peuplement de l'Armorique… », p. 31.
[7] Ibidem, p. 32-33.
[8] P. Flobert, La Vie ancienne de saint Samson, I, 52, p. 222 (texte latin), p. 223 (traduction française).
[9] Ibidem, I, 53,  p. 224 (texte latin). Nous avons adapté à notre propos l’impeccable traduction française, qui figure à la p. 225.
[10] M. Coumert, « Le peuplement de l'Armorique… », p. 31-32.
[11] Dernier état de la question chez Bernard Merdrignac dans les deux travaux suivants : « Présence et représentations de la Domnonée et de la Cornouaille de part et d’autre de la Manche », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 117 (2010), n°4, p. 83-119, et « Des ′′royaumes doubles′′ de part et d’autre de la Manche au VIe siècle?», Jean-Claude Meuret, Dominique Le Page et Michel Catla (dir.), Frontières oubliées, frontières retrouvées. Marches et limites anciennes en France et en Europe, Rennes, 2012 (Centre de recherches en histoire internationale et atlantique, Enquêtes et documents, 41), p. 43-78, ainsi que dans son ouvrage, D’une Bretagne à l’autre. Les migrations bretonnes entre histoire et légendes, Rennes, 2012, p. 127-131.
[12] Caroline Brett, « Soldats, saints et États ? Un nouveau regard sur les migrations bretonnes ;  Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 141 (2013), p.227-261 ; t. 142 (2014), p. 157-175. Cet article est présenté comme la traduction française de l’étude parue en anglais sous le titre  « Soldiers, Saints and States ? The Breton Migrations Revisited », Cambrian Medieval Celtic Studies, t. 61 (2011), p. 1-56 ; mais un examen minutieux permet de relever quelques modifications, qui montrent que le texte a été actualisé  (voir note suivante).
[13] Ibidem, p. 162, n. 23 : « Pour moi, Bernard Merdrignac a clairement prouvé que les mentions de ‘’Britannia’’ et de ‘’Domnonia’’ dans la Vita prima Samsonis font référence à la Bretagne continentale (B. Merdrignac, D’une Bretagne à l’autre, op.cit., p. 126-131) ». Cette remarque ne figure pas dans l’article original en anglais.
[14] Ibid., p. 168.
[15] Joseph-Claude Poulin, « La Vie ancienne de Saint Samson de Dol comme réécriture », Analecta Bollandiana, t. 119 (2001), p. 261-313.
[16] Ibidem, p. 290.
[17] Bruno Judic, « La notion d'Europe chez saint Colomban: de la romanité à la chrétienté »,  Odile Wattel de Croizant [dir.], D'Europe à Europe III. La dimension politique et religieuse du mythe de l'Europe de l'Antiquité à nos jours, Tours, 2002 (Caesarodunum hors-série), p. 141.
[18] B. Merdrignac, D’une Bretagne à l’autre…,  p. 243, évoque « le clan des « *Kon- » (= « chien », « guerrier », « chef » [ ?]: Chonomor, Chonober, Chanao) et celui des « *Jud- » (= iudex [ ?] : Judwal, Judael, Judicael, etc.) ».
[19]Chronique de Frédégaire, IV, 78.
[20] Grégoire de Tours, Dix livres d’histoires, IV, 4.
[21] […..VS] HIC IACIT CVNOɯORI FILIVS («  Ci-gît […..VS] fils de Cunomor »). La lecture du nom du gisant n’est pas assurée : la leçon dRVSTAVS, souvent proposée, permettrait, si elle était assurée, d’apporter un certain éclairage sur les circonstances qui ont présidé à l’apparition du roi Marc et de Tristan en tant que personnages romanesques. Lors du premier relevé (fallacieux) de cette inscription par John Leland vers 1540, la stèle se trouvait située à 1 mile environ de Castle Dore : voir Lucy Toulmin Smith (éd.), The Itinerary of John Leland in or about the years 1535-1543, [vol. I], Londres, 1907, p. 207 ; elle a depuis été déplacée à cinq reprises au moins, mais sans s’éloigner véritablement de son premier emplacement connu.
[22] Charles Cuissard (éd.), «Vie de saint Paul de Léon en Bretagne», Revue Celtique, t. 5 (1883), p. 431 (§ 8) : fama ejus [Paul  Aurélien] regis Marci pervolat ad aures, quem alio nomine Quonomorium vocant. Qui eo tempore amplissime producto sub limite regendo moenia sceptri, vir magnus imperiali potentiae atque potentissimus habebatur, ita ut quatuor linguae diversarum gentium uno ejus subjacerent imperio.
[23] André-Yves Bourgès, Le dossier hagiographique de saint Mélar. Textes, traduction, commentaires,  Landévennec-Lanmeur, 1997 (Britannia monastica, 5), p. 65 : de Cornubia cum alumno suo in Dompnoniam fugit, ubi ejus amita filia Budici cum Commoro comite viro suo morabatur in pago castelli sui quod Bocidus appellatur.
[24] Léon Fleuriot, Les origines de la Bretagne, Paris, 1980, p. 118.
[25] John Harvey (éd.), William Worcestre Itineraries, Oxford, 1969, p. 20 : « C. Dirford dirutum prope Golonant villa ».
[26] J.-C. Cassard, « La mise en texte du passé par les hagiographes de Landévennec au IXe siècle », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 122 (1993), p. 380.
[27] A.-Y. Bourgès, « Commor entre le mythe et l’histoire… », p. 426
[28] Michel Reddé, Mare Nostrum. Les infrastructures, le dispositif et l’histoire de la marine militaire sous l’Empire romain, Rome, 1986 (BEFAR, 260), p. 439-440, 622-623 et 657-658.
[29] André Chédeville, « Francs et Bretons pendant la première moitié du VIe siècle : avant la rupture », M. Rouche [dir.], Clovis, histoire et mémoire. Actes du Colloque International d'Histoire de Reims, du 19 au 25 septembre 1996, vol. 1, Paris, 1997, p. 906, n. 38.
[30] B. Merdrignac, « Les listes généalogiques insulaires et continentales », Les premiers Bretons d’Armorique, p. 99-100.
[31] Sur le personnage de Carausius, voir Patrick John Casey, Carausius and Allectus: The British Usurpers, 2nde édition, Londres, 2005.
[32] Arthur de la  Borderie, « Saint Hervé », Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, 1891, t. 29, p. 256 (§ 2) : Hoarvian quittant la cour de Childebert pour regagner son pays natal, la Bretagne insulaire, se voit remettre des « lettres royales » chargeant Commor, qualifié « préfet du roi », de lui faire traverser la Manche (transmissus est cum regalibus litteris ad Commorum, praefectum regis, ut eum navigio transveheret ad terram suae nativitatis) ; cette mission pourrait s’inscrire dans le contexte plus large et plus politique que nous avons évoqué, bien au-delà donc de l’explication simpliste et d'ailleurs falla­cieuse donnée par le narrateur qui écrit que « la traversée est courte entre notre Domnonée et la Bretagne de l’autre côté [de la mer] » (brevis est transitus maris inter nostram Domnoniam et ulteriorem Britanniam). Sur la chronologie relative des trois textes (au moins) qui sont entrés en composition dans la vita Hoarvei, voir A.-Y. Bourgès, « Le bestiaire hagiographique de saint Hervé », Britannia monastica, vol. 7 (2003), p. 75-97.
[33] Rachel Bromwich, Trioedd Ynys Prydein. The Welsh Triads, Cardiff, 1961, p. 25, n°14 : March mab Meirchyavn y est désigné comme l'un des « tri Llyghessavc Enys Prydein », c'est à dire l'un des « trois chefs de flotte de l'île de Bretagne ».
[34] Ms Rennes, Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 1F 1003, p. 49 (In legenda sancti Goeznovei) : Erat tunc temporis Comorus comes temporale habens dominium in finibus Occismorum. Qui habebat domum quasi tribus stadiis distantem ab Antello, a parte australi, cujus domus adhuc vestigia restant. Qui locum sancti Goeznevoi aptum monasterii  et amplum concessit et expensas structure monasterii pro parte maxima erogavit.
[35] On trouve cité en 1448 à Lesquivit en Dirinon, un certain « Nicolas an Rest metayer à Jehan Kerguiziau à cause du chasteau Roy Conmeur » : il s’agit sans doute de l’enceinte trapézoïdale de 50 à 60 mètres de côté, avec double retranchement, visible à proximité et dont Patrick Kernévez, Les fortifications médiévales du Finistère. Mottes, enceintes et châteaux, Rennes-Saint-Malo, 1997, p. 75, indique : « la fonction et la datation de cette enceinte restent indéterminées ».
[36] II faudrait ainsi ajouter Carhaix(-Plouguer), si l’on en croit, au tournant des XVe-XVIe siècles, Pierre Le Baud, Histoire de Bretagne, Paris, 1638, p. 73 : « Et en Legionense le comte dessus nommé [p. 67 : « Comorus, comte de Legionense »], duquel le siège estoit à Krhoes ... (...) ». Chef-lieu du culte de Trémeur, que la tradition présente comme le fils de la malheureuse princesse Trifine et de Commor, il y avait sur place un petit prieuré placé sous l’invocation du saint et assez renommé dès la fin du XIIe siècle pour que Béroul fît jurer le roi Marc par saint Tresmor de Cahares.  De son côté, A. de La Borderie, Histoire de Bretagne, t. 1, Rennes-Paris, 1896, p. 403 et 412, a identifié d'autres résidences possibles du personnage, à savoir Montafilant en Corseul, et Castel Finans en Saint-Aignan ; mais les vitae de saint Lunaire et de saint Gildas, respectivement sollicitées pour justifier ces localisations, n’en disent rien de précis. La motte de Comore en Tréglamus, au pied du Mené Bré, déjà signalée par Bertrand D’Argentré, Histoire de Bretagne, Paris, 1588, f. 118 v°, est peut-être à mettre en relation avec l’épisode du supposé concile où, selon l’hagiographe le plus tardif de Hervé, Commor aurait été excommunié par les évêques de Bretagne.
[37] P. Flobert, La Vie ancienne de saint Samson, I, 59, p. 232 (texte latin), p. 233 (traduction française).
[38] AAS Julii, t. V (1727), p. 282 : Is autem abba [Geroaldus abbas Fontanellensis] jussu Caroli Augusti quadam legatione fungebatur in insula, cui nomen est Angia, quam Britonum gens incolit, et est adjacens pago Constantino, cui tempore illo præfuit dux, vocabulo Anowarith.
[39] Éric Van Torhoudt, « Les Bretons dans les diocèses de Coutances et d’Avranches (950-1200 environ) : une approche onomastique de la question de l’identité », J. Quaghebeur et B. Merdrignac (dir.), Bretons et Normands au Moyen Âge. Rivalités, malentendus, convergences. Actes du colloque de Cerisy, 5-9 octobre 2005, Rennes, 2008, p. 126
[40] J.-C. Cassard, Les Bretons de Nominoë, 1e édition, Brasparts, 1990 (Les bibliophiles de Bretagne, 7), p. 88.
[41] A. de la Borderie, Histoire de Bretagne, t. 2, Rennes-Paris, 1898, p. 299.
[42] Ibidem, n. 4 : A. de la  Borderie transcrit le passage en intercalant insulae entre crochets après cui (in insula cui nomen est Angia, quam Brittonum gens incolit, et est adjacens pago Constantino ; cui [insulae] tempore illo præfuit dux, vocabulo Anowarith).
[43] « Vita Leutfredi », Bruno Krusch et Wilhelm Levison (éd.), Monumenta Germaniae historica, Scriptorum rerum merovingicarum, t. 7, Hanovre-Leipzig, 1920, p. 16 (§ 25). Résumé de la question chez François Duine, « Un second manuscrit de la Chronique de Dol. – Les archevêques Baudry et Roland. – Le catalogue des archevêques », Annales de Bretagne, t. 35 (1921), n° 1, p. 97, n. 1.
[44] Emile Lesné, « Les ordonnances monastiques de Louis le Pieux et la Notitia de servitio monasteriorum », Revue d'histoire de l'Église de France, t. 6 (1920) n°33, p. 490.
[45] Aurélien de Courson, Cartulaire de l’abbaye de Redon en Bretagne, Paris, 1863, p. 82-83.