22 avril 2024

Considérations sur le dossier hagiographique de Similien de Nantes

Le dossier hagiographique de Similien de Nantes, au demeurant fort mince, est essentiel à connaître, avec ceux de Clair et de Félix, pour qui s’intéresse notamment aux prétentions de l’Église nantaise en termes d’antiquité et d’apostolicité. En dehors d’un épisode miraculaire rapporté par Grégoire de Tours, on ne connaît pas d’ouvrage ancien relatif à Similien, mais seulement un bref récit de deux miracula, probablement composé au Moyen Âge central, dont le texte a été conservé par une legenda tardive et ses abrégés ; même si ces quelques pièces s’avèrent aujourd’hui plus faciles d’accès qu’autrefois, il nous a paru utile de signaler aux chercheurs leurs caractéristiques principales[1].

 

Hagio-homonymie

Les différents répertoires ont conservé le souvenir d’au moins trois saints distincts ayant porté le nom Similin (Similinus) alias Similien (Similianus). En Bigorre, le prêtre Similin est associé par Grégoire de Tours à un certain Justin, également revêtu de la prêtrise : après la mort de Similin, son tombeau à Tarbes était devenu le lieu de nombreux miracles, à l’instar de celui de Justin[2]. Peut-être le nom du saint avait-il vocation à souligner la proximité, pour ne pas dire la parenté spirituelle entre les deux personnages[3] ; mais, au Bas Moyen Âge, Similin était désormais fêté localement sous le nom de Mesclin[4]. 

Les deux autres saints concernés partagent le même dies natalis, fixé au 16 juin : l’un est mentionné dans la vita du breton Id(i)unet/Ethbin [BHL 2621], qui rapporte que ce dernier avait fait sa profession religieuse au monastère de *Taurac, sous la direction d’un abbé Similien (ad sanctum Similianum abbatem pervenit, monachalemque habitum de manu ejus suscepit et sub jugo Domini cervicem suam inclinavit, in monasterio qui Tauracus nuncupatur)[5]. Peut-être s’agit-il de Locquénolé (Finistère), ancienne dépendance de Taulé (*Taulac < *Taurac), dont l’éponyme est Guénolé : en effet, selon l’hagiographe, le monastère comprenait au nombre de ses religieux un personnage de ce nom dont Idiunet/Ethbin était devenu le disciple[6] . L’autre Similien est désigné episcopus et confessor par Usuard (Civitate Namnetis, sancti Similiani, episcopi et confessoris)[7], en conformité avec le récit miraculaire sorti là encore de la plume de Grégoire de Tours et dans lequel le saint, qualifié magnus confessor et antistes, est associé aux Enfants nantais[8] : à l’exception de leur dies natalis, le saint de *Taurac et celui de Nantes n’ont donc rien en commun.

L’anecdote narrée par Grégoire est précieuse, notamment parce qu’elle évoque un siège de Nantes (par les Saxons ? [9]) au temps de Clovis : le narrateur rapporte à cette occasion le nom du chef des assiégeants, un certain Chillo, lequel, à la suite du prodige en question, devait renoncer à son entreprise et se convertir[10] ; mais surtout elle permet de fixer vers l’an 500 environ le terminus ad quem des cultes respectifs dont les saints en question faisaient l’objet à Nantes. Cette dernière information paraît d’autant plus fiable que les événements dont il s’agit, évidemment très embellis dans la perspective hagiographique que nous avons rappelée, ne sont cependant pas très éloignés de l’époque de Grégoire, deux, trois générations au maximum  : bien sûr, l’historicité de Similien continue d’échapper largement à l’historien ; mais les traditions qui entouraient son nom étaient déjà bien établies à une période suffisamment ancienne pour justifier sa troisième place dans les catalogues épiscopaux collationnés par Louis Duchesne[11].

 

Des livres liturgiques de Nantes à l’ouvrage d’Albert Le Grand

Dressant en 1263 la liste des saints propres au diocèse de Nantes, le chantre Hélie a pris soin de préciser, dans un ouvrage à vocation liturgique qu’il appelle un « Ordinaire » (Ordinarium)[12], les personnages pour lesquels il existait à cette date des acta : sont concernés les Enfants nantais, l’évêque Gohard, ainsi que Martin, fondateur de Vertou[13] ; mais, comme dans le cas de Clair et celui de Félix, Hélie se contente, s’agissant de Similien, de renvoyer au commun d’un confesseur pour les leçons de l’office[14]. Ensuite, nous disposons, pour les XIVe et XVe siècles, de plusieurs bréviaires manuscrits à l’usage de Nantes qui, à leur tour, indiquent si les offices des saints appartiennent au Propre ou au Commun et qui, dans le premier cas, offrent les leçons correspondantes : si dans un bréviaire diocésain manuscrit de la première moitié du XIVe siècle[15], notre saint n’a toujours pas d’office propre, une legenda abrégée apparaît dans un autre ouvrage dont le copiste est connu, un certain Raulet Chappel (« chappelain »[16] ?) qui  travaillait vers le milieu du XVe siècle[17] ; il faut également tenir compte de la version de la legenda qui figure dans un troisième bréviaire manuscrit daté des années 1470[18].  

Enfin, un texte un peu plus étendu se lisait dans le bréviaire diocésain imprimé de 1518, dont on ne connaît malheureusement plus aucun exemplaire ; mais à l’occasion des travaux de la Commission Liturgique pour la réforme du propre du diocèse de Nantes, l’un des membres de cette commission, François-Marie Richard, promis à une brillante carrière ecclésiastique[19], avait pris copie des leçons de cet office, qu’il a publiées en 1885[20]. Eu égard à son unité, qui apparaît nettement à l’examen de son texte, l’office de Similien imprimé en 1518 ne saurait résulter de la combinaison adroite de passages appartenant aux textes distincts qui l’ont précédé : au contraire, ce sont bien les auteurs des bréviaires manuscrits du XVe siècle qui, malgré les différences que présentent leurs abrégés respectifs, ont emprunté leur matière commune à une même source ; et celle-ci figurait nécessairement dans les « anciens légendaires mss de l’église cathédrale de Nantes » allégués par le dominicain de Morlaix Albert Le Grand[21] dans les sources de sa propre compilation sur Similien (en français)[22], puisque cet auteur distingue nettement les « légendaires » [23] en question des « anciens bréviaires à l’usage de l’Église de Nantes ». Naturellement, la question se pose de la confiance à accorder à Le Grand attendu que l’œuvre de cet hagiographe[24],  amplement célébrée au point de vue littéraire, – et d’ailleurs digne de l’être, –   ne présente, de l’avis presque unanime des spécialistes[25], aucune garantie pour l’historien ? 

Cependant, Mme Dominique Aupest-Conduché[26] et Bernard Merdrignac[27] ont montré en leur temps le rôle essentiel joué par Le Grand dans la transmission de nombreuses vitae médiévales disparues, telles que son œuvre en a gardé les vestiges ou du moins le souvenir ; nous avons d’ailleurs eu l’opportunité, dans plusieurs de nos travaux[28], d’insister sur cette dimension méconnue, ou du moins minorée, de la production littéraire du dominicain. Dans l’introduction de La vie, gestes, mort et miracles des saincts de la Bretaigne armorique, Le Grand a indiqué en quoi consistait principalement la documentation qu’il a utilisée : sa « curiosité », écrit-il, l’avait amené « à visiter les anciens bréviaires imprimez, légendaires et martyroles[29] manuscrits, offices particuliers et semblables antiquitez, et  tirer extraicts de la pluspart d'iceux »[30] ; mais, de cette collecte que l’on peut supposer avoir été très abondante à en croire les nombreuses références qui figurent dans les sources des différentes notices de son ouvrage, il ne subsiste malheureusement qu’un seul carnet de notes, daté des années 1634-1635, majoritairement formé de textes qui ont été copiés ex veteri legendario manuscripto Namnetensi[31]. Or, figure justement parmi eux une legenda de Similien[32].

 

La legenda médiévale de Similien

Dans ce texte, partiellement repris par les compilateurs des bréviaires des XVe-XVIe siècles et largement paraphrasé par Le Grand, figurent deux épisodes miraculaires dont l’un est plus particulièrement destiné à illustrer la virtus du saint, à défaut de pouvoir rapporter son existence[33]. L’hagiographe avait pour seule indication biographique la qualité d’antistes donnée à Similien par Grégoire de Tours ; mais il voulait absolument faire de son héros un martyr. Il rapporte en conséquence la guérison d’une femme nommée Hildegarde, qu’il dit avoir vécu de son temps (quaedam mulier, nomine Hildegardis, temporibus nostris extitit) ; celle-ci avait été frappée de cécité pour avoir témoigné une trop grande curiosité à l’égard d’un puits situé dans l’église Saint-Similien et dont l’eau rendait la santé à ceux qui en buvaient :  la tradition voulait en effet qu’après la décapitation de l’évêque par les païens, sa tête eût été jetée dans ce puits, lequel aurait ainsi acquis une merveilleuse sainteté[34]. On voit ailleurs que l’eau de la source dans laquelle on a lavé la tête d’un saint décapité devient miraculeuse, par exemple dans le cas de Julien de Brioude ou dans celui d’Oricle[35] ; tandis que la tête de Géréon, aux dires de l’hagiographe de Norbert, archevêque de Magdebourg, avait été elle aussi jetée dans un puits par les païens[36].

L’autre miracle, en revanche, ne se rapporte à Similien que de manière indirecte : il s’inscrit dans le prolongement de la donation de cette église par l’évêque Gautier à ses chanoines, à charge pour ces derniers de procéder à la restauration de l’édifice. Lors d’une procession des reliques de la cathédrale à travers la ville à des fins de collecte pieuse, on fait ouvrir leur châsse et un sourd-muet recouvre l’ouïe et la parole après avoir bu un peu de vin mis en contact avec elles[37] ; mais le miraculé, au lendemain de la guérison de son infirmité, s’étant mis à fréquenter les serviteurs du comte Budic, avait, à leur contact, versé dans la débauche : derechef privé de la parole, mais pas de l’ouïe, il lui avait fallu revenir à résipiscence pour qu’à nouveau sa langue se trouvât miraculeusement « déliée ». Par la suite, il entreprit un pèlerinage à Jérusalem, durant lequel il mourut.

L’examen des différents bréviaires fait état d’un véritable processus de déconstruction de la legenda. La version du bréviaire de Raulet consiste presque toute entière dans la reprise partielle de l’anecdote de la cécité d’Hildegarde : type bien connu d’anecdote miraculaire à double détente, – punition d’abord, guérison ensuite,lequel témoigne, en l’occurrence, de la persistance, sous des formes plus ou moins édulcorées, de l’interdiction faite aux femmes de pénétrer dans certains sanctuaires[38]. Le compilateur du bréviaire plus tardif, vers 1470, ignore absolument cette histoire de puits[39] et lui préfère l’autre épisode miraculaire : cette fois, ce sont donc trois séquences (guérison, punition, guérison) qui viennent scander le récit, dans lequel le bénéficiaire est cette fois un homme[40]. Le bréviaire imprimé de 1518 reprend l’ensemble de la legenda, mais en abrège significativement le texte[41].

 

Epoque de composition de la legenda sancti Similiani

Le terminus a quo de la composition de ce texte nous est fourni par les mentions de l’évêque Gautier et du comte Budic, qui figurent ensemble dans la première anecdote ; l’hagiographe mentionne également deux chanoines, un certain Le Grand, qui, lors de la procession, portait les clés de la châsse des reliques (Tunc unus ex senioribus, nomine Magnus, portans claves reliquiarum) et un nommé Durand (unus ex canonicibus nomine Durandus). Attendu qu’il parle de Gautier au passé (Walterio tunc temporis episcopo), c’est donc que notre écrivain a écrit après la mort du prélat, intervenue en 1041 et donc nécessairement après la mort de Budic en 1038 ; nous disposons de diverses attestations diplomatiques jusqu’en 1064 s’agissant de Durandus[42] et jusqu’en 1065 s’agissant de Magnus[43] : il n’est pas impossible que l’hagiographe ait entendu de la bouche même de ces deux chanoines le récit des faits miraculeux intervenus plusieurs décennies auparavant.

 S’agissant du terminus ad quem, l’auteur évoque, entre autres reliques dont les chanoines de la cathédrale avaient la garde, le clou ayant servi à fixer la main droite de l’apôtre Pierre à la croix ; mais il ne dit rien de sa provenance, alors que la tradition nantaise, attestée pour la première fois en 1263, attribuait à Clair, supposé premier évêque du lieu, de l’avoir amené depuis Rome en témoignage de la mission évangélisatrice qui lui avait été confiée par le pontife romain[44] : il paraît assez improbable que cette tradition prestigieuse aurait pu être passée sous silence par l’hagiographe, si elle existait à son époque. Par ailleurs, lors du second épisode miraculaire, intervenu du temps de notre auteur, qui déclare avoir assisté au prodige[45], la bénéficiaire s’appelait, ainsi que nous l’avons indiqué, Hildegarde : compte tenu de l’évolution chronologique de ses attestations, ce nom, au demeurant rarissime au Moyen Âge dans la documentation bretonne en général, nantaise en particulier, constitue un indice assez sûr en faveur d’une datation plus précoce encore, des XIe-XIIe siècles.

Malgré son imprécision, ce terminus ad quem offre la possibilité d’un rapprochement avec l’époque de la composition du Livre des miracles et chronicques de l’église de Nantes, ainsi désigné par Pierre Le Baud[46], ouvrage depuis reconstitué par René Merlet[47], en grande partie grâce aux emprunts faits à ce « Livre » par Le Baud[48] ; mais, dans son état actuel, la dimension miraculaire de la Chronique de Nantes s’avère singulièrement modeste : à part de deux prodiges en relation avec la dévotion mariale du duc Alain Barbetorte[49], elle s’aperçoit principalement au travers des quatre anecdotes publiées en appendice par Merlet sous le titre Miracula ecclesiae Namnetensis[50], lesquelles pourraient avoir originellement formé un ensemble distinct[51]. Sur ce total de six récits, il est significatif que la moitié concerne des épisodes mettant en scène la lutte contre les Normands au Xe siècle, dont deux faisant intervenir Donatien et Rogatien, véritables « saints poliades » à l’instar de Similien[52]. Au reste, il serait sans doute plus opportun de parler de « miracles des églises de Nantes », car la plupart des prodiges concernés se rattache à un sanctuaire particulier ou à son cimetière (église Sainte-Marie, église des Saints-Donatien-et-Rogatien, cimetières de Saint-Cyr et de Saint-André, église Saint-Jean-Baptiste) : la legenda de Similien correspond donc parfaitement à ce projet, car c’est moins du saint que de son sanctuaire dont il est question dans le texte. De plus, même divisée en neuf leçons, mais sans aucune invocation, ni doxologie, elle ne présente guère l’apparence d’une pièce liturgique : elle pourrait donc tout aussi bien avoir appartenu à ce recueil de miracles ou du moins être sortie de la même plume.

 

Vocabulaire et expression : le style de l’hagiographe

Cette hypothèse sort renforcée par différents détails de lexique et de formulation[53]. Si l’emploi, sous la forme de « décalque », des mêmes tournures et expressions, plus ou moins banales, – qu’il s’agisse d’aspects de chronologie et de tempistique (tunc temporis ; quadam die ; die nocteque ; temporibus nostris ; per totam noctem), – ou bien d’attitudes mentales, en particulier ce qui touche à l’anxiété (valde anxii), reflet de la dureté des temps, ainsi que les réponses à y apporter, empruntées le plus souvent à la religiosité populaire, fermes prières (precibus obnixis), gestes habituels du recours (ut sui misereri dignaretur) afin d’obtenir l’intercession des saints (per quorum intercessione) et enfin action de grâces à eux rendues (gratias Deo referens et sancto Similiano)[54], ou encore d’activités sociales tels les déplacements, dont la dimension essentielle consiste alors pour le voyageur, comme ce sera encore le cas aussi tard que le XIXe siècle[55],  dans le retour à ses pénates (regressi sunt ; ad domum suam […] rediit),– si donc ces différentes formules ne permettent pas de décider de manière définitive d’une éventuelle parenté entre les textes, en revanche, du côté de l’adverbe, – qui parfois, dans l’utilisation systématique, voire redondante, qu’en fait l’écrivain, joue moins un rôle de « mot plein » que de « mot-outil », plus susceptible conséquemment de porter la marque de l’auteur, par exemple quand il se substitue à une ponctuation fruste ou inexistante pour permettre au texte de « respirer », – les différentes composantes de notre corpus ont en commun un  échantillon (bene, certissime, confestim, devotissime, honorifice, igitur, illico, minime, mirabile, modo, omnino, postea (vero), quomodo, sane, tandem, tunc, usque modo, valde, vero), dont l’examen révèle des caractéristiques intéressantes : par exemple, igitur et tunc offrent ici la particularité d’être placés en début de phrase, pratique qui s’observe également avec les conjonctions attamen, postquam autem et unde. De plus, l’écrivain utilise l’adverbe minime dans un passage[56] qui fait écho à une formulation « parallèle » des Miracula ecclesiae Namnetensis[57]. Enfin, à l’instar du chroniqueur, on voit que l’hagiographe de Similien « emploie l’expression usque modo non dans le sens de usque nunc, jusqu’aujourd’hui, mais comme synonyme de usque tunc »[58] : cette acception confirme qu’il convient d’abaisser assez nettement après l’épiscopat de Gautier l’époque à laquelle la legenda a été composée.

La communauté stylistique entre ces différents textes ressort également de l’emploi de mots pleins véritables, notamment des adjectifs assez précieux tels adnullatus, idoneus, incolumis, miserimmus. Un autre indice consiste dans la proximité de certaines expressions, comme c’est par exemple le cas avec ingentem donariorum copiam, dans la legenda de Similien et ingentem navium copiam, dans la Chronique, ou bien avec Nor(t)mannorum vastitate qui, dans les deux textes, rappelle le souvenir de la dévastation scandinave. Enfin, il faut relever dans la legenda la désignation d’une croix contenant des reliques des saints Pierre et Paul, par l’expression « signe du Christ » (signum Christi), également employée dans la Chronique, en conformité avec l’inscription que le donateur de ce reliquaire, l’évêque Hermengarius, mort vers 880, y avait fait apposer[59].

 

Une lecture « ménardesque » de la legenda de Similien ?

Si notre hypothèse sur l’époque de composition de ce texte était acceptée, encore faudrait-il s’interroger, puisqu’il est absent des livres liturgiques de Nantes des XIIIe et XIVe siècles, sur les raisons de son introduction tardive dans ceux du XVe siècle, en particulier ce qui a motivé le recours à une œuvre ancienne plutôt qu’à une composition nouvelle : peut-être la célèbre nouvelle de Jorge Luis Borges, « Pierre Ménard, auteur du Quichotte », est-elle de nature à apporter des éléments de réponse à ces interrogations ? On se souvient en effet que l’auteur de Fictions s’était efforcé de montrer à cette occasion, sur un mode qui balance entre l’absurde et l’humour, séduisant tout autant le lecteur que le chercheur, comment « la plus littérale des récritures est déjà une création par déplacement du contexte »[60].

Or, un tel « déplacement du contexte », – en l’occurrence politico-religieux, interpénétré de considérations relatives à la régale de l’évêché et au serment de fidélité réclamé par le duc aux évêques, – s’observe nettement au XVe siècle à Nantes, où les titulaires du siège épiscopal revendiquent pour ce dernier l’ancienneté et l’apostolicité de sa fondation[61] : c’est plus particulièrement le cas d’un prélat de caractère, Guillaume de Malestroit (1443-1461)[62]. Sachant que « l’œuvre, en se redoublant en un autre lieu et un autre temps, est à la fois la même et une autre, récriture et création »[63], on peut donc conjecturer (au carré) que l’introduction du texte concerné dans les « légendaires » et bréviaires était  destinée, sans même qu’il fût besoin d’en changer un mot, ou de l’interpoler, pour qu’il semblât nouveau, – à conforter cette revendication qui, à l’époque, s’exprimait sans retenue dans les leçons ad hoc de l’office de Clair[64] :  le clou de Pierre, inconnu à Nantes avant la composition du récit des miracles de l’église Saint-Similien, était devenu entretemps, ainsi que nous l’avons dit, le marqueur de la mission confiée à Clair ; mais surtout on n’hésitait plus désormais à affirmer, pour les besoins de la cause, que le premier évêque supposé de Nantes avait « vécu dans la compagnie des saints apôtres », sous-entendu Pierre et Paul, dont la cathédrale portait le titre et conservait des reliques.

On dispose d’un autre témoignage sur le renouveau du culte de Similien à cette époque, même s’il convient d’être prudent à l’égard d’une source que nous ne pouvons plus contrôler  : il s’agit en l’occurrence  de l’ouvrage (perdu) consacré à trois saints de la tradition léonarde, Riok, Derrien et Néventer[65] ; à noter que cette composition, – à l’instar des deux vitae de Bié[66] et en contradiction avec le discours qui prévalait à Nantes à cette époque, – insistait sur la modestie des débuts du christianisme dans la cité ligérienne[67].

 

Conclusion provisoire

Au terme de ce rapide examen du dossier hagiographique de Similien de Nantes, plus particulièrement de son dossier littéraire, – lequel doit encore être resitué, ainsi que nous l’avons annoncé, dans le cadre plus large de la production hagiographique nantaise à l’époque médiévale, – nous sommes amené à formuler, sous forme d’hypothèses, les propositions suivantes :

1°) La fourchette chronologique de la composition de la legenda de Similien ainsi que différents éléments de style et de lexique, permettent de conjecturer que ce texte pourrait être sorti de la même plume que celle de l’auteur de la Chronique de Nantes et des Miracula ecclesiae Namnetensis.

2°) Sa nature même incline à penser que, le cas échéant, ce texte aurait plutôt appartenu au recueil de Miracula, dont nous supposons avec Merlet qu’il a été composé après la Chronique proprement dite.

3°) Dans tous les cas de figure, rien ne s’oppose à ce que l’auteur de la Chronique et des Miracula ait été un chanoine de Nantes ; mais cet écrivain travaillait peut-être  plus tard que ne le pensait Merlet : attendu que la Chronique contient une copie de l’Indiculus de episcoporum Britonum depositione, texte sorti d’une officine qui travaillait pour Tours dans la seconde moitié du XIe siècle[68], nous supposons même que sa mise en forme définitive a pu intervenir à la toute fin de ce siècle seulement, voire au début du siècle suivant

4°) Le récit des miracles de l’église Saint-Similien fut introduit sous forme de legenda dans les livres liturgiques nantais au milieu du  XVe siècle, quand les  évêques du lieu, encouragés par certaines formules ambigües, voire imprudentes du Saint-Siège, ont revendiqué l’ancienneté et l’apostolicité de leur siège : la nature même de ce texte, sollicité parce qu’il mentionne un clou qui aurait servi au supplice du prince des apôtres, nécessitait d’autant moins d’être remanié, ou réécrit, qu’il pouvait être lu en l’occurrence de manière nouvelle dans un contexte nouveau.

 

André-Yves Bourgès

 



[1] A l’instar de celle que nous avons consacrée au dossier de Martin de Vertou, Hagio-historiographie médiévale (1er février 2024), en ligne : http://www.hagio-historiographie-medievale.org/2024/02, la présente notule doit être considérée comme un travail préparatoire à une étude plus large sur l’hagiographie nantaise à l’époque médiévale. Les liens Internet ont été (re)vérifiés le 23 juin 2024.

[2] Wilhelm Arndt & Bruno Krusch (éd.), Gregorii Turonensis Opera, t. 2, Miracula et opera minora, Hanovre, 1885, p. 777 [Liber in gloria confessorum, § 48] : Infra terminum autem Beorretanae urbis in vico Sexciacensi sanctus Iustinus presbiter quiescit. Qui cum multis virtutibus polleat, saepius ad sepulchrum eius inergumini declamantes mundantur, [illuminantur caeci, paralitici diriguntur.] Huius merita ac sanctitate propinquus est Similinus, qui eiusdem ordinis officium in eclesia habuit. Qui apud Tarvam vicum huius territurii quiescit, similibus florens virtutibus. Sur l’interprétation géonomastique de ce passage, voir Xavier Ravier, « Entre Astarac et Bigorre, le Pardiac : sur l'éponyme du comté de même nom », Nouvelle revue d'onomastique, 49-50 (2008), p. 116-121.

[3] Ce nom est en effet dérivé du latin similis, « semblable ».

[4] La date de sa fête est le 24 mai, qui se trouve être également le dies natalis des Enfants nantais, les martyrs Donatien et Rogatien. Parmi les autres variantes locales du nom Similin figurent les formes Missilin, Misselin ou encore Missolin.

[5] Ms Quimper, Bibliothèque municipale, 16, f. 136. 

[6] Le dernier état de la question a été dressé par nous, dans une notule intitulée « ‘’Beati Idiuneti confessoris vitam scripturus… Explicit vita sancti Ethbini confessoris Christi’’ : retour sur la vita d'Id(i)unet/Ethbin [BHL 2621] », Hagio-historiographie médiévale (22 févier 2023), en ligne : http://www.hagio-historiographie-medievale.org/2023/02.

[7] Jacques Dubois, Le martyrologe d’Usuard. Texte et commentaire, Bruxelles, 1965 (Subsidia hagiographica, 40), p. 248.

[8] Gregorii Turonensis Opera, p. 528-529, Liber in gloria martyrum, § 59 :  Apud urbem vero Namneticam duo sunt martyres pro Christi nomine iugulati, quorum unus Rogatianus, alter Donatus est vocitatus. Habetur ibid etiam et Similinus magnus confessor. Igitur cum supra dicta civitas tempore Chlodovechi regis barbarica vallaretur obsidione, et iam sexaginta dies in hac aerumna fluxissent, media fere nocte apparuerunt populis viri cum albis vestibus, radiantibus cereis, a basilica beatorum martyrums egredi ; et ecce alius chorus huic similis de basilica procedere antestitis Similini. Cumque coniungentes se, data salutatione, orationi incubuissent, recesserunt unusquisque ad locum unde progressus fuerat, ac protinus omnis phalanga hostilis inmenso pavore exterrita, ita subito impetu a loco discessit, ut facta luce nullus ex his repperiri possit. Apparuit ante dicta virtus Chilloni cuidam, qui tunc huic exercitus praeerat. Qui necdum erat ex aqua et Spiritu sancto renatus ; qui statim conpunctus corde, conversus ad Dominum, iterata nativitate progenitust, Christum esse filium Dei vivi, clara voce testatus est. C’est évidemment l’apparition de Donatien et Rogatien, conjointement avec celle de Similien, qui a déterminé l’inclusion de cet épisode dans le recueil consacré aux martyrs.

[9] Ferdinand Lot, « Les migrations saxonnes en Gaule et en Grande-Bretagne du IIIe au Ve siècle », Revue historique, 110 (1915), p. 19. Le recours par Grégoire à l’adjectif barbaricus, qui, à notre connaissance, ne se retrouve nulle part dans l’œuvre de cet écrivain n’est pas de nature à permettre de trancher la question.  

[10] A noter la présence d’un autre Chillo, désigné « comte » en 693 dans un acte de Clovis III, ce qui pourrait constituer l’indice que cette lignée de chefs de guerre païens avait intégré, après la conversion de leur ancêtre, l’aristocratie franque récemment christianisée. Et voir à la note précédente l’observation au sujet de l’adjectif barbaricus.

[11] Louis Duchesne, Fastes épiscopaux de l’Ancienne Gaule, t. 2, 2e édition, Paris, 1910, p. 360-371.

[12] Ms Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, 1251 : Ego igitur Helyas, cantor humilis ecclesie memorate [Namnetensis], in nomine sancte et individue Trinitatis, anno Domini Mo CCo LXIIIo, de ordine divini officii presentem libellum composui, quem Ordinarium appellavi ; in quo quid per totum anni circulum qualiter sit psallendum lector diligens poterit invenire (d’après le catalogue en ligne Calames, https://calames.abes.fr/pub/#details?id=BSGB10001).

[13] François-Marie Richard, Étude liturgique sur la légende de saint Clair, Nantes, 1885 (Supplément à la Semaine religieuse du diocèse de Nantes), p. 38-40.

[14] Ibidem, p. 43.

[15] Ms Nantes, Bibliothèque municipale, 2376.

[16] C’est la lecture proposée par Victor Leroquais, Les Bréviaires manuscrits des bibliothèques publiques de France, t. 2, Paris, 1934, p. 281 ; mais il faut noter qu’il existait un patronyme Chappel, assez bien attesté en Haute-Bretagne sous l'Ancien Régime, à l'instar du nom Chapelle : dans l'ancien comté nantais, on retrouve une famille Chappel, possessionnée dans les parages de Châteaubriant, où un notaire-passe porte ce nom en 1545, ainsi que dans les parages de Casson, Grandchamp-des-Fontaines et Sucé-sur-Erdre.

[18] Il s’agit du ms Nantes, Bibliothèque municipale, 26, dont on conserve le sanctoral d’été et qui n’a pas fait l’objet d’une numérisation.

[19] Il fut en effet cardinal et archevêque de Paris.

[21] Philippe Lahellec, Approche de la vie et de l’œuvre du fondateur de l’hagiographie bretonne : Albert Le Grand de Morlaix et La Vie des saincts de la Bretaigne armorique (1637), mémoire de maîtrise d’histoire, Brest, Université de Bretagne occidentale, 1996 ; Albert le Grand de Morlaix : sources et méthode. Étude de La Providence de Dieu sur les justes en l’histoire admirable de saint Budoc archevesque de Dol (1640), mémoire de DEA d’histoire, Brest, Université de Bretagne occidentale, 1997. Nous remercions vivement ce chercheur de nous avoir donné accès à ses travaux.

[22] Albert Le Grand, La vie, gestes, mort et miracles des saincts de la Bretaigne armorique, Nantes, 1637, p. 143. Le succès de cet ouvrage a été considérable, comme en témoignent ses rééditions successives, en 1659, 1680, 1837 et 1901. 

[23] Ce terme a depuis été abandonné au profit de « légendier » ; mais, eu égard au découpage en leçons de la legenda de Similien, nous avons sans doute affaire en l’occurrence à un « lectionnaire ».

[24] En plus de l’ouvrage mentionné à la note précédente, Le Grand a publié La providence de Dieu sur les justes, en l'histoire admirable de saint Budoc, archevesque de Dol, et la princesse Azénor de Léon, sa mère, comtesse de Tréguer et Goëlo, suivi de : Admirable providence de Dieu sur un pauvre homme miraculeusement délivré du naufrage ; histoire approchante de la précédente tirée du latin de S. Paulin, Evesque de Nole, Rennes, 1640.

[25] Voir par exemple le jugement particulièrement sévère de François Duine, dans une étude parue sous l’anonymat intitulée « Origines bretonnes. Etudes des sources », Annales de Bretagne, 30 (1914), n°1, p. 1-2 : « Notre ancêtre en recherches hagiographiques est le dominicain Albert Le Grand, de Morlaix, qui, en 1636, publia ses Vies des saints. Le premier, il essaya de composer un corpus d'hagiographie bretonne et de lui donner l'autorité d'un recueil historique. Cet ouvrage obtint un réel succès au XVIIe siècle. L'auteur fait état de faux manifestes et crée une chronologie fantaisiste. Il soutient l'apostolicité des diocèses de Rennes, Nantes, Vannes et Tréguier. Le pseudo-roi Conan Mériadec est une cheville ouvrière de son livre. ‘’Le roy Grallon en la superbe cité d'Is’’ et ‘’la princesse Dahut, fille impudique du bon roy’’ font partie de son credo d'historien. Frère Albert modifie les légendes anciennes dans le sens de ses doctes combinaisons. Bref, il a fabriqué le plus mauvais volume qu'un critique puisse consulter, mais il ne manque pas d'un certain charme vieillot, et il mérite d'être le patron de l'école romantique dans notre province ».

[26] Dominique Aupest, « Méthodes de travail d'Albert Le Grand, hagiographe breton », Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1610) du Comité des travaux historiques et scientifiques, année 1966 (Actes du 91e Congrès national des Sociétés savantes tenu à Rennes), volume 2, p. 661-671.

[27] Bernard Merdrignac, « La transmission des vitae médiévales (perdues) par Albert Le Grand, hagiographe du XVIIe siècle : questions de méthode », Alicja Karlowska-Kamzowa et Jacek Kowalski, J. [éd.], Bretagne-Pologne. La tradition médiévale aux temps modernes, Poznán, 1997, p. 47-53.

[28] André-Yves Bourgès, « Archéologie du Mythe : hagiographie du bas Moyen Age et origines fabuleuses de quelques lignages de la noblesse bretonne », Études sur la Bretagne et les pays celtiques, Kreiz 4, 1995, p. 5-28 ; Idem, « Les origines fabuleuses de la famille du Chastel », Yves Coativy (dir.), Le Trémazan des Du Chastel, du château-fort à la ruine. Actes du colloque de Brest, juin 2004, Brest-Landunvez, 2006, p. 29-44 ; Id., « Albert Le Grand et la production hagiographique de Landévennec », Britannia monastica, 18 (2016), p. 33-62 ; id., Le dossier littéraire de saint Goëznou et la controverse sur la datation de la vita sancti Goeznovei [suivi en annexe de la vita de saint Ténénan], Morlaix, 2020, passim.

[29] Cette orthographe se voit sous la plume d’auteurs du temps.

[30] A. Le Grand, La vie … des saincts de la Bretaigne armorique, non paginé. Les « semblables antiquitez » dont il s’agit désignent sans doute les ouvrages autres que liturgiques, en particulier ceux dont l’attribution, voire l’existence sont problématiques : c’est le cas de la Descriptio utriusque Britanniae attribuée à Conrad de Salisbury, de la Chronique manuscritte de Jean le Conquérant attribuée à Guillaume Gruel l’aîné ou encore des Mémoires et recherches des antiquitez des Eglises du diocèse de Léon, attribuée à Yves Le Grand.

[31] Ms Rennes, Bibliothèque municipale, 267. Ce vestige est particulièrement important à consulter, attendu que les monuments de l’hagiographie nantaise à l’époque médiévale n’ont guère laissé de traces.

[32] Ibidem, p. 13-14.

[33] F. Richard, Étude liturgique sur la légende de saint Clair, p. 44 : : « les leçons de son office, dans notre ancien bréviaire nantais, ne nous donnent pas de détails sur sa personne, ni sur son épiscopat ».

[34] Ms Rennes, Bibliothèque municipale, 267, p. 14 : Habetur enim in hac eadem ecclesia puteus mire sanctitatis, de cujus aqua multi infirmi bibentes recipiunt sanitatem Ibidem. Nec mirum quia, ut plurimi referunt, caput hujus sancti antistitis a paganis decollati, ibi jacet projectum.

[35] Edina Bozoky, « Têtes coupées des saints au Moyen Âge. Martyrs, miracles, reliques », Babel, 42 (2020), http://journals.openedition.org/babel/11516.

[36] Idem, « Invention de reliques – Invention de saints », Sylvie Peperstraete et Monique Weis (éd.), Des saints et des martyrs. Hommage à Alain Dierkens, Bruxelles, 2018, p. 62.

[37] Cette pratique, connue sous le nom de « vinage », figure à de nombreuses reprises dans les récits miraculaires : l’exemple le plus connu est sans doute celui du « saint vinage » obtenu par le contact de vin avec les reliques de saint Antoine, efficace dans la guérison du mal des ardents. 

[38] A.-Y. Bourgès, Le dossier littéraire de saint Goëznou et la controverse sur la datation de la vita sancti Goeznovei, suivi en annexe de la vita de saint Ténénan, Morlaix, 2020, p. 204-205.

[39] F. Richard, Étude liturgique sur la légende de saint Clair, p. 50, n. 2.

[40] Ibidem, p. 49-50.

[41] Ibid., p. 49-52.

[42] Cyprien Henry, ‘’Cujus diocesis, ejus diplomatica’’ ? Pouvoirs diocésains et diversité des pratiques d’écrit diplomatique en Bretagne 990-1215, mémoire de doctorat, Paris, École doctorale de l’École pratique des hautes études, janvier 2018, vol. 2, t. 2, p. 1436-1438. Nous remercions vivement ce chercheur de nous avoir donné accès à son travail.

[43] Ibidem, p. 1439-1442.

[44] Ms Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, 1251 : Iste Clarus fuit primus episcopus ecclesiae Nannetensis ; qui, missus a Romano pontifice ad eamdem ecclesiam, clavum quem beatus Petrus ad dexteram habuit in passione secum detulit, quem in maxima veneratione habemus. Facimus autem de S. Claro festum cum cappis in crastinum S. Dionysii (d’après F.-M. Richard, Étude liturgique sur la légende de saint Clair…, p. 31).

[45] Voir infra n. 56.

[46] Pierre D’Hozier (éd.), Histoire de Bretagne, avec les chroniques des maisons de Vitré et de Laval, par Pierre Le Baud… Ensemble quelques autres traités servant à la même histoire. Et un recueil armorial... Le tout nouvellement mis en lumière, tiré de la bibliothèque de Mgr le marquis de Molac..., Paris, 1638, p. 143.

[47] René Merlet (éd.), La Chronique de Nantes (570 environ-1049), Paris, 1896.

[48] Ibidem, p. xii-xiv.

[49] Ibid., p. 90-91 et 105-107.

[50] Ibid., p. 143-148.

[51] Ibid., p. xviii-xix.

[52] Voir supra n. 8.

[53] R. Merlet (éd.), La Chronique de Nantes, p. 143, n. 1 : « Les quatre chapitres, qui sont édités ici pour la première fois sous le titre de Miracula ecclesiae Namnetensis, n'ont été conservés que grâce à ce fait qu'ils ont été insérés dans la compilation connue sous le nom de Chronique de Saint-Brieuc. Le style seul de ces chapitres permettrait de reconnaître en leur auteur le même écrivain qui a rédigé la Chronique de Nantes tout entière ; on y trouve d'ailleurs des allusions à certains événements qui ne se trouvent relatés nulle part ailleurs que dans la Chronique de Nantes elle-même. De plus, Le Baud témoigne incidemment que le Chroniqueur de Nantes avait joint à son œuvre le récit de plusieurs miracles ».

[54] Ibidem, p. 146, où se lisent des formules « parallèles », respectivement ut eorum miseriae misereri dignaretur, ut eorum intercessione et gratias Deo et suis sanctis martiribus.

[55] Le voyage de Monsieur Perrichon, acte III, scène 2 : « Ah ! qu’il est doux de rentrer chez soi, de voir ses meubles, de s’y asseoir ».

[56] Ms Rennes, Bibliothèque municipale, 267, p. 14 :  Postquam autem referentes haec ad memoriam ecclesiae Beatissimi Similiani, urbis Namneticae antistitis, devenimus, minime alia scribere voluimus donec miraculum quod ibi de quadam muliere vidimus factum notificemus.

[57] René Merlet (éd.), La Chronique de Nantes, p. 147 : In urbe Namnetica miraculum grande factum est, quod minime oblivioni tradere voluimus, sed, sicut videntes illud nobis scribentibus enarraverunt, huic paginae scriptum commendare studuimus.

[58] Ibidem, p. 64, n. 1.

[59] Ibid., p. 65 : Hermengarius vero, diligentissime ecclesiam suam regens, et de ornamentis et aliis instrumentis eam honorificans, reperit in quadam capsa vetere reliquias de pilis barbae et capitis apostolorum Petri et Pauli, et in signo Domini argenteo eas honorifice reposuit ; quod de tam praeclarissimis signis Domini solummodo post devastationem Normannorum in ecclesia Namnetensi usque hodie habetur , et nomen suum ibi scriptum imposuit , sicut hic scribitur : HERMENGARIUS, SACERDOS, FECIT HOC SIGNUM IN HONORE PETRI et PAULI. Qui vero, postea minime vivens longo tempore, ad patres suos appositus est.

[60] Gérard Genette, Palimpsestes. La littérature au second degré, Paris, 1982, p. 29.

[61] A.-Y. Bourgès, « Vicissitudes de la mémoire hagiographique bretonne au bas Moyen Âge : la fondation des évêchés en Bretagne », Hélène Bouget, Amaury Chauou, Cédric Jeanneau (éd.), Histoires des Bretagnes. 4. Conservateurs de la mémoire, Brest, 2013, p. 45-46.

[62] Ibidem, p. 46 : le prélat « frappa un grand coup en 1453, à l’occasion du procès qui l’opposait à l’un de ses vassaux, en faisant développer par son avocat devant le parlement que ‘’l’Église nantaise était la première fondée en Occident sous le vocable de saint Pierre, qu’elle datait de l’an 47 de [la Passion de] Notre Seigneur et qu’elle avait reçu son temporel de l’empereur Constantin’’».

[63] Cécile Kovacshazy, Simplement double. Le personnage double, une obsession du roman au XXe siècle, Paris, 2012, p. 320.

[64] Ms Nantes, Bibliothèque municipale, 25, f. 402r. : Lectio VII. — Clarissimus vero caritate, quia in dilectione Dei et proximi fervidus, tocius caritatis opera fideliter adimplevit. Hic sanctorum apostolorum consorcia consecutus, Divino Spiramine (f. 402v.) Neumatis est imbutus. Lectio VIII. — Hic a Romano Pontifice ad Gallie partes missus est, ut verbum Domini predicaret suaque predicacione fidem catholicam incredulos erudiret. Qui secum clavum deferens beati Petri pendentis in cruce dexteram perforantem in Britanniam, Domino ducente, pervenit, urbis Nannetice, divina inspirante gracia, primus pontifex est effectus.

[65] A. Le Grand, La vie (…) des saincts de la Bretaigne armorique, p. 141 et 144 ; René Couffon, « Un directeur Léonard du Grand Guignol au XVe siècle », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 97 (1971), p. 167-170.

[66] L’auteur d’une des deux vitae de Bié [BHL 1066] présente les chrétiens de la cité ligérienne tels que les découvre son héros « comme un maigre troupeau de quelques brebis au milieu de loups en nombre » (in qua, velut pauculas oves in medio luporum multorum, pusillum christianissimorum gregem reperit) ; mais, à l’instar de l’autre vita du saint [BHL 1064-1066], qui, elle aussi, affirme que ce dernier fut accueilli sur place « par un petit nombre de chrétiens » (ubi a paucis christianis exceptus est), nous avons affaire à un texte tardif qui, de surcroît, n’est pas d’origine locale.

[67] A. Le Grand, La vie (…) des saincts de la Bretaigne armorique, p. 25.

[68] A.-Y. Bourgès, « Les origines de l’évêché de Tréguier : état de la question », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 96 (2018), p. 33-37.