Un fragment méconnu du Livre des Faits d'Arthur et les prétentions généalogiques des vicomtes de Léon.
Déjà A. de
Cette perte occasionne de surcroît un problème corollaire de datation : ce qui est conservé du poème est précédé dans le manuscrit qui le contient par un texte qui sonne comme la dédicace du poème en question [6] ; or cette dédicace s'adresse sans conteste au duc Arthur II (1305-1312) et, pour A. de
Sans entrer dans le débat de fond, car il a pu effectivement exister un poème plus ancien remanié tardivement, nous croyons pouvoir apporter un élément susceptible de nourrir valablement la discussion. Il s'agit en l'occurrence de la mise en relation de deux textes connus depuis longtemps auxquels, à notre connaissance, personne n'a porté véritablement attention.
Le premier est une brève notation contenue dans la seconde version de la compilation de Le Baud :
« L'acteur du Livre des faits d'Artur appelle les vicomtes de Léon Conanigènes, c'est à dire qu'ils sont du lignage Conan » [10].
Le second texte, en fait 5 vers isolés que Dom Morice met en relation avec la cession faite en 1239 (1240 n. st.) au duc de Bretagne Jean 1er de la ville de Brest par Hervé, vicomte de Léon, est rapporté par le bénédictin qui le dit extrait d'un recueil manuscrit de l'église de Nantes (ex coll.mss.ecclesiae Namnet.) [11] : cette description et cette localisation de la source constituaient a priori l'indice de la parenté de celle-ci avec le carnet de notes attribué à Pierre Le Baud[12], où se trouve bien le texte en question (p. 187), précisément entre la dédicace et les vers subsistants du LFA, mais présenté comme de la prose. Nous restituons les vers correspondants, comme l’a fait en son temps Dom Morice :
"Tantus honor patriae, te praesule, contigit urbi
Olim quantus honor illustri quantaque creuit
Laus Conanigenae cum Sancte Ronane lutoso
Ponte Trio Britonum Ducis, inclytus ille, phalangas
Fregit et obtinuit, gladio mediante, triumphum".
Ces vers ne manquent pas d'une certaine tenue et appartiennent sans nul doute au LFA ; d’ailleurs le nom Conanigena, substantif masculin formé par le poète sur le modèle classique indigena, ae et qui, d'après Dom Morice, désigne le vicomte de Léon, se retrouve, comme on l'a vu, dans un passage de Le Baud qui l'attribue expressément à « l'acteur du Livre des Faits d'Artur ».
Autant dire que l'origine « conanique » des vicomtes de Léon était tradition établie au moins depuis l'époque de (re)composition de ce poème (début du XIVe siècle ?), sans pouvoir être pour l'instant assuré que son auteur a effectivement travaillé d'après des documents plus anciens qui auraient mentionné cette origine.
André-Yves Bourgès
[1] A. de
[2] Gw. Le Duc, « L'Historia Britannica avant Geoffroy de Monmouth », dans Annales de Bretagne, t. 79 (1972), p. 819-835.
[3] L. Fleuriot, Les Origines de
[4] Voir l'édition de la seconde rédaction de la compilation de Le Baud par C. de
[5] Cette attribution, suggérée par A. de
[6] Ms ADIV,
[7] A. de
[8] Gw. Le Duc, « L'Historia Britannica… », p. 825 et 833, ainsi que la lettre que nous a adressée Gw. Le Duc le 7.10.1994.
[9] L. Fleuriot, Histoire littéraire et culturelle de
[10] Le Baud, p. 85.
[11] Dom Morice, Mémoires pour servir de preuves à l'histoire… de Bretagne, t. 1, Paris, 1746, col. 911.
[12] Voir l'Introduction à