27 octobre 2014

A propos de la publication de la thèse de doctorat du professeur Hubert Guillotel : « la célèbre donation de Lanmeur Mélar » et celle de Penvénan



La publication, plus de quarante ans après sa soutenance, de la thèse de doctorat du regretté Hubert Guillotel[1] est un événement d’importance tant sur le plan affectif que sur le plan scientifique ; car, s’il s’agit d’abord d’un vibrant hommage à un véritable Maître, prématurément disparu en 2004, dont nombre de chercheurs, en Bretagne notamment, mais pas seulement, ont gardé le souvenir ému et admiratif, comme le rappelle dans sa préface Mme Christine Plessix-Buisset[2], l’entreprise, à bien des égards colossale et qui jusque-là avait découragé tous les efforts, constitue désormais l’édition de référence des actes des deux premiers siècles de pouvoir ducal en Bretagne et l’inscrit dans une perspective dynamique qui permet de suivre l’évolution de la pensée du professeur Guillotel au cours des années qui ont suivi la soutenance de sa thèse[3].

Cette dimension véritablement ‘historiographique’ est peut-être la plus intéressante de l’ouvrage en question et elle est manifeste dès le premier acte publié, qui montre Juhel Bérenger tenant sa cour à Lanmurmeler (Lanmeur, commune du Finistère) et donnant à l’abbaye Saint-Sauveur de Redon l’île d’Enesmur (généralement identifiée avec l’îlot côtier de l’Île-Grande, commune de Pleumeur-Bodou, Côtes d’Armor) ; acte antidaté 804, c’est-à-dire plus de vingt-cinq ans avant la fondation de l’abbaye et près d’un siècle et demi avant le floruit de Juhel Bérenger ; acte à tout le moins falsifié donc, pour lequel les éditeurs ont fait le choix judicieux de donner les deux notices que lui a consacrées H. Guillotel[4] : la première est celle qui figure dans son manuscrit de 1973, la seconde date, au témoignage de Ph. Guigon, des années 1985-1986[5]. Or, plusieurs indices laissent à penser qu’une troisième version était en germe après les recherches effectuées par H. Guillotel sur les origines de l’évêché de Tréguier dans le contexte de sa contribution aux Mélanges Léon Fleuriot[6] : ainsi en est-il du regard qu’il posait alors sur le passage de la  vita de saint Cunwal où il est question d’une autre donation faite en Trégor par le comte Juhel et qui, soulignait-il, « contribue à démêler dans la célèbre donation de Lanmeur Mélar ce qui peut être retenu et ce qui doit être rejeté comme une invention des moines de Redon »[7]. Malgré le respect que nous portons au Maître, nous verrons à la fin de cette notule que la situation nous semble au contraire plus emmêlée encore.

Texte et contexte
Au-delà de son caractère anecdotique, l’acte en question s’inscrit certainement, comme l’avait suggéré H. Guillotel, dans le contexte du conflit entre l’abbaye de Redon et celle de Quimperlé au sujet de la possession de Belle-Île-en-Mer : il s’agissait pour Saint-Sauveur d’opposer à l’incontestable dimension maritime de la puissance économique des moines de Sainte-Croix, dont témoignait notamment le droit de bris exercé par ceux-ci à Belle-Île[8], le catalogue de ses propres possessions insulaires assorti de droits analogues ; mais le compte n’y était pas, d’autant que plusieurs des revendications en question apparaissaient largement matière à discussion. Cependant Sainte-Croix crut bon de répondre à Saint-Sauveur sur le même terrain « miné », avec des arguments similaires et donc tout aussi controuvés : H. Guillotel a ainsi montré que ce conflit, qui culmina dans la seconde décennie du XIIe siècle et ne trouva de règlement définitif qu’en 1172, fut sans doute à l’origine de la disparition des actes originaux anciens dans les archives des deux monastères, les religieux craignant de chaque côté que ces titres « ne fussent utilisés pour montrer le travail de falsification »[9].

De toutes les pièces d’archives des deux abbayes relatives à leurs établissements insulaires, la supposée donation d’Enesmur est la seule qui concerne la côte septentrionale de la Bretagne, et plus précisément, comme nous l’avons souligné, la côte trégoroise, si du moins l’identification traditionnelle avec l’Île-Grande est avérée : cette singularité signale particulièrement à notre attention l’acte en question, lequel, en outre, est l’un des rares attribués à Juhel Bérenger. Le fait que cette pièce ne soit pas authentique per se ne préjuge nullement de l’authenticité de certains éléments de ses parties constitutives. En tout état de cause, sa teneur fait écho à la revendication du bien concerné par les moines de Redon, qui avaient obtenu la reconnaissance officielle de cette possession, comme il se voit dans la bulle donnée en faveur de l’abbaye le 24 juin 1147[10] ; mais avaient-ils effectivement reçu ce bien de Juhel Bérenger ? « C’est possible », admettait prudemment H. Guillotel à l’occasion de son second examen de l’acte, en précisant que « pourrait être sinon authentique dans la forme du moins acceptable quant au fond le début jusqu’à la proposition sicuti eam libere possidebat »[11].

Divina providencia
La suite du texte rapporte une anecdote somme toute assez commune, destinée à illustrer comment la providence divine pourvoit aux besoins des justes, surtout si ces derniers savent en rendre la contrepartie aux hommes de Dieu :
Quadam vice, dum ex more supradictus comes cum obtimatibus tocius Britanniae in plebe quę vocitatur Lanmurmeler curiam suam teneret, et de communi utilitate sui regni cum ipsis tractaret, legati comitis Andegavorum, viri illustrissimi a suo comite publica legacione transmissi, plurima donaria secum deferentes, ad eum venerunt. In quorum adventu nobilissimus comes plurimum gavisus, accuratissime illos recepit, et ad hospicium duci precepit. Tristabatur tamen admodum quod in adventu tantorum virorum vinum non habebat, quamquam medonem et cervisam habundantissime haberet, nec in tota terra reperiri poterat. Quid faceret, quo se verteret, nesciebat. Tandem in se reversus, ad salubre refugium confugit, nomen Salvatoris toto corde invocans, ut sui misereretur oravit, et de suo illius locum honorare spopondit. Cumque haec sepe et sepius repeteret, et nomen Salvatoris acclamaret, divina Providencia nunciatum est sibi a quodam rustico, in portu illius supradicte insule quoddam vas mire magnitudinis, vini meri plenum, esse inventum, quod vulgo tonna noncupatur. Quod comes audiens, admodum gaudens, simulque Dei clemenciam tacite considerans, equos sibi preparari jussit. Sed, priusquam ascenderet, cujus esset illa insula [sicut eam possidebat][12] ubi Dominus tantum beneficium sibi prestiterat, requisivit. Cui dictum est a quodam suo dapifero quod sui juris esset propria. At ille, cirotecam dextere manus extrahens, dedit illam insulam, sicut eam possidebat, Sancto Salvatori suisque servientibus in perpetuum, sicuti superius dictum est, coram multis nobilibus, et ipsius terrę qui donum firmavit, et basilicam in ipsa insula, sine alicujus viventis calumnia, fabricari jussit, et cimiterium ipse baculo, faventibus clericis et laicis, mensuravit.

Faut-il vraiment parler de « miracle vinaire », selon la gracieuse formule employée par Philippe Guigon ?[13] Ici, en effet, pas de transformation d’eau en vin, pas de remplissage surnaturel d’un contenant, comme il se voit ailleurs dans la littérature hagiographique[14] : tandis que Juhel Bérenger, tenant sa cour à Lanmeur comme on l’a dit et contrarié de ne pouvoir offrir de vin aux émissaires que lui a adressés le comte d’Anjou, prie d’abondance le Sauveur, voici qu’on lui annonce la découverte au port d’Enesmur d’un récipient empli de vin ; aussitôt, Juhel Bérenger ordonne de s’en saisir et procède, en action de grâces, à la donation de l’île à l’abbaye Saint-Sauveur de Redon. L’épisode, narré sur un ton particulièrement vif et plaisant, rend un incontestable son de vraisemblance, renforcé par l’emploi, qualifié « populaire » par l’écrivain, du mot « tonne » (vulgo tonna noncupatur), pour désigner le contenant du vin, sinon même sa contenance[15], et qui renvoie au fait que l’annonce de cette découverte au prince a été faite par un  « plouc » (nunciatum est sibi a quodam rustico)[16]. La présence à la cour de Juhel Bérenger d’envoyés du puissant voisin angevin s’explique très facilement par les circonstances politiques de l’époque[17] ; nous savons par ailleurs que les échouages de tonneaux de vin étaient fréquents sur les côtes bretonnes, comme l’attestent notamment au Bas Moyen Âge les comptes rendus au duc par ses receveurs qui en indiquent l’appropriation par le prince au travers de l’exercice de son droit de bris[18]. De plus, au-delà de l’intérêt évident des moines de Redon à mettre en avant le patrocinium de leur abbaye, la dévotion particulière de Juhel Bérenger à l’égard du Saint Sauveur ne peut être révoquée en doute a priori, car elle se retrouve à la même époque chez d’autres membres de la haute aristocratie, les comtes de Flandre, par exemple, qui perpétuaient les modèles hagio-idéologiques de la dynastie carolingienne[19] : nous y revenons rapidement un peu plus bas et plus longuement dans un travail en cours[20]. Enfin, aucune des étapes de la donation dont il est question ne laisse à penser que celle-ci, si elle était avérée, ait pu être entachée d’irrégularité, car elle comprend :  1°) la vérification par le prince auprès de son sénéchal de la possession régulière du lieu ; 2°) l’investiture du donataire par le donateur, sa main droite dégantée ; 3°) les instructions et, on le devine, les moyens matériels du prince pour la construction d’une église, « sans que nul ne puisse s’y opposer » ; 4°) la délimitation, au moyen d’un bâton, par le donateur, « avec l’approbation des membres du clergé et des laïcs », de l’espace du cimetière, dont on connaît la double nature, sacrée mais aussi immunitaire. Tout au plus l’historien pourrait-il se plaindre que la mariée est finalement un peu trop belle !

Le lieu, la date et les témoins
La troisième et dernière partie de l’acte fournit les indications de date de lieu et de temps, ainsi qu’une liste de témoins :
Hoc factum est in plebe quę vocatur Lanmurmeler, coram multis nobilibus, anno ab incarnacione Domini octingentesimo quarto. luna. xiiii. indictione. iii. epacte. xi. Cujus rei testes sunt ipse comes qui donum dedit ; et episcopus prefatus, qui confirmavit, testis ; Menki, vicecomes, testis ; Alfredus Bluch, testis ; Holedrus, testis ; Hili, vicecomes, testis ; Herveus Crassa Vaca, testis ; et plures alii ; Ritcandus, abbas, testis, qui donum accepit ; Liosoc, monachus, testis ; Rainaldus Kendlama, monachus, testis ; et de laicis : Stephanus, testis; Gurian, testis ; Willelmus, testis, et alii complures.

La date de lieu indique l’endroit où Juhel Bérenger est supposé avoir tenu sa cour, à savoir Lanmeur : la leçon Lanmurmeler, faisant référence au jeune prince martyr Mélar, honoré sur place, paraît avoir été assez coutumière à Dol[21], qui comptait cette paroisse au nombre de ses enclaves trégoroises. Conséquemment, la même forme apparaît dans les actes pontificaux dont les auteurs ont ‘rescrit’ les documents qui leur avaient été communiqués par la chancellerie doloise : c’est très probablement le cas, aux années 1154-1159, de la première attestation de ce toponyme, dissimulé derrière la cacographie Murmiralio[22]. Ailleurs en Bretagne, et plus particulièrement dans les actes issus par des laïcs[23], mais là encore sans caractère systématique puisque sa plus ancienne attestation en 1163 figure dans une bulle du pape Alexandre III en faveur de l’abbaye Saint-Jacut[24], prédomine la forme simple Lanmur, Lanmeur.

Concernant la date de temps, outre le millésime précis, mais aberrant, de 804, figurent l’indiction et l’épacte, ainsi que l’âge de la lune dont il est impossible de « vérifier l’exactitude puisqu’aucune autre indication ne précise le mois et son quantième »[25]. Personne, semble-t-il, n’a fait remarquer jusqu’à maintenant que les mêmes données d’indiction et d’épacte figurent avec un millésime tout aussi précis, mais tout aussi incompatible, à savoir 1104, dans un autre acte redonais, dont l’authenticité ne paraît pas devoir être remise en cause[26] : une cacographie de scribe est naturellement envisageable[27] ; mais l’hypothèse d’un malencontreux ‘copié/collé’ à l’occasion de travaux parallèles de ‘forgerie’ est également possible. En fait, sur la période des Xe, XIe et XIIe siècles, les indications en question ne concordent que pour les seules années 1065 et 1140. Or la première de ces deux dates de temps a pu être reprise de l’acte qui avait fourni au rédacteur de la supposée donation les noms de plusieurs témoins employés dans cette pièce : en effet, comme l’a fait remarquer H. Guillotel, le floruit de certains d’entre eux tourne autour du deuxième quart du XIe siècle[28]. C’est en particulier le cas en ce qui concerne Herveus Crassa Vacca, lequel figure en compagnie d’un certain Audren (Aldroenus), qualifié filius Holedri dans un acte en faveur de Saint-Georges de Rennes en 1040[29] ;  mais nous ne nous éloignons pas vraiment de cette période avec une pièce de 1081-1084, qui traite des dispositions ultimes et des derniers moments de Renaud fils de Kendalaman[30]. Si les deux personnages portant le titre vicomtal, Hili, mentionné es-qualité dans le nécrologe-obituaire de l’abbaye de Landévennec[31], et Menki, ont, pour l’instant résisté aux tentatives d’identification, il nous semble possible en revanche de rattacher Alfred Bluch à la famille des Bloc alias Blot, seigneurs de la Chapelle-Saint-Aubert et de Vendel, dont la généalogie à l’époque concernée peut être partiellement reconstituée[32] : alliés et peut-être apparentés aux seigneurs de Fougères, ils apparaissent avant tout comme des bienfaiteurs de l’abbaye de Marmoutier, à laquelle ils ont donné d’ailleurs deux membres importants de la communauté monastique[33].

Quelques éléments de formulaire et de vocabulaire
Le juridisme de la supposée donation d’Enesmur est illustré par des formules assez générales (ad utilitatem tam presentium quam posterorum, litteris mandare placuit, ut memoriter possit teneri, sine alicujus viventis calumnia, nichil sibi nec alicui mortalium reservans, de communi utilitate sui regni). Cependant, à l’instar de celle qui se rapporte spécifiquement à l’abbaye (Sancto Salvatori suisque servientibus in perpetuum), ces formules paraissent caractéristiques de l’ « écritoire » de Redon à la charnière des XIe-XIIe siècles[34] : elles ont d’ailleurs également été employées dans d’autres pièces forgées du cartulaire[35]. La formule coram multis nobilibus se présente même comme un véritable cas d’école : sur les 65 occurrences données par la base de données Chartae Galliae, riche de quelques 40000 chartes, 53, soit plus de 80 %, figurent dans les diplômes de Redon (46 authentiques et 7 forgés ou douteux). La désignation des émissaires du comte d’Anjou (viri illustrissimi a suo comite publica legacione transmissi) paraît quant à elle démarquée d’un passage d’une lettre du pape Gélase à l’empereur Anastase (viri illustres atque eorum comites publica legatione fungentes[36]).

Au point de vue littéraire, il convient de relever la formule quid faceret, quo se verteret, nesciebat : empruntée à son modèle[37] par le « cicéronien » Jérôme[38], elle figure dans l’introduction de la vita Pauli, où elle sert à exprimer le désarroi d’un martyr, soumis à un type de torture assez particulier[39]. Par la suite, cette formule a connu un grand succès au Moyen Âge, comme il se voit chez de nombreux auteurs, de Grégoire de Tours à Syméon de Durham et Guillaume de Malmesbury, en passant par l’hagiographe de Fintan et celui de Baudri de Liège[40] ; mais ce qui doit surtout retenir notre attention, car il s’agit d’un indice de sa popularité en Bretagne au sein du milieu monastique, c’est qu’elle figure dans la notice (vers 1112-1124) relatant la fondation de l'église de la Trinité de Fougères, à laquelle justement assiste un moine de Redon, Hamelin[41].

Le passage qui nous décrit Juhel Berenger en prière, et son attitude après avoir été exaucé, est lui aussi très instructif, car il paraît s’inspirer de la pratique ; au surplus, comme nous l’avons déjà indiqué, la prière du comte est explicitement adressée au Saint Sauveur : 
« Enfin, étant rentré en lui-même, il eut recours à un refuge salutaire : invoquant de tout son coeur le nom du Sauveur, il lui demanda de le prendre en pitié et promit qu’il ferait don de ce lieu, qui était sien. Tandis qu'il répétait et répétait encore ces mots, en louant le nom du Sauveur, un paysan vint lui annoncer que, grâce à la providence divine, on avait trouvé, dans le port de l’île susdite, un récipient de taille prodigieuse, une tonne comme on le dit populairement, rempli de vin pur. Entendant cela, le comte se réjouit fort, en même temps qu’il considérait silencieusement la bonté de Dieu ; puis il ordonna de préparer ses chevaux ».

« Etant rentré en lui-même » (in se reversus) est certainement un emprunt à Luc, XV, 17 : emprunt d’autant plus intéressant que, combiné à l’image du « refuge salutaire » dont font également usage les hagiographes[42], il révèle dans ce portrait d’un laïc dressé par un moine, sans doute au tournant des XIe-XIIe siècles, une incontestable intériorisation de la prière qui constitue un nouvel indice du développement à cette époque de la conscientia individuelle mis en évidence par des chercheurs comme P. Henriet[43]. Cette impression est encore renforcée par le silence dont Juhel Bérenger entoure ses considérations sur la bonté divine : la formule tacite considerans s’avère d’ailleurs elle aussi appréciée des hagiographes[44] ; mais cette conception assurément plus « spirituelle » de l’oraison ne remet pas en cause l’habituelle pratique du don/contre-don qui est au cœur de la demande d’intervention divine, même si cette pratique dépasse de beaucoup le trivial « donnant-donnant » auquel on a voulu parfois le réduire[45].

Une information capitale
Au cœur de ce passage, figure en outre un élément capital sur la supposée donation d’Enesmur : la désignation supradicte insule renvoie incontestablement à l’île mentionnée dans la première partie de l’acte. Conséquemment, quand Juhel Bérenger, dont on précise que ce lieu est sien (de suo illius locum), promet d’en faire la donation avant même la découverte providentielle du tonneau de vin, cela sous-entend nécessairement qu’il se trouve déjà sur place, ou du moins à proximité immédiate : il faut donc en bonne méthode chercher Enesmur non loin de Lanmeur ; mais il n’y a pas d’îles sur la côte dans ces parages. Nous devons dès lors supposer que Juhel Bérenger ne tenait pas sa cour à Lanmeur, mais plutôt à Pleumeur-Bodou, par exemple, si l’on retient l’hypothèse très probable qu’Enesmur soit à identifier avec l’Île-Grande. Notons au passage que le nom de Pleumeur et celui de Lanmeur ont pu être confondus facilement par l’auteur de la forgerie ; mais si la confusion existe, elle a été faite sciemment, car il n’est pas question ici d’un quelconque lanmeur, lanveur, comme il en existe plus d’une vingtaine en Bretagne, principalement dans le Finistère[46], mais bien de « Lanmeur Mélar ». Pourquoi l’emploi de ce toponyme ? Sans doute parce qu'à l'époque de la forgerie, au tournant des XIe-XIIe siècles, le lieu bénéficiait d’une renommée à laquelle avaient grandement participé la (re)construction du martyrium et la mise par écrit de la légende hagiographique de Mélar[47]. Peut-être était-ce aussi l’occasion pour le comte Eudon et ses descendants, dont l’autorité s’exerçait incontestablement à cette époque en Trégor[48], de revendiquer un ancien lieu de pouvoir de leurs ancêtres, les comtes de Rennes, et d’essayer de capter l’héritage symbolique des fabuleux princes de la Domnonée, dont la basilique martyriale de Lanmeur pouvait être considérée comme le mausolée[49]. A propos d’Eudon, il convient également de signaler qu’il avait obtenu contre son neveu Conan, au milieu du XIe siècle, le soutien du comte d’Anjou, Geoffroy Martel[50], situation dont la nomination du chapelain de ce dernier, Martin, à l’évêché de Tréguier pourrait constituer l’illustration la plus éclatante[51] ; à noter enfin que cette alliance s’est prolongée entre les enfants des deux princes[52].

Cependant l’hypothèse qui fait l’économie de la présence de Juhel Bérenger à Lanmeur ne résout pas tous les problèmes posés par la supposée donation à Redon de l’île d’Enesmur, car si l’identification de celle-ci à l’Île-Grande est, comme nous l’avons indiquée, très vraisemblable, elle n’est pas absolument avérée et, là encore, il est donc nécessaire de s’interroger sur les autres lieux désignés par un nom similaire. Cet examen sera vite fait car, à l’exception du rocher d’Enes Veur, au large de Plouescat, et de la commune de Lillemer – dont les formes anciennes du nom (Lellermuer insulam en 1104, Islemoc en 1181, Islemou en 1182, insula que dicitur Lillemuer en 1184, Insula Muer au XIIIe siècle et Insula Meur au XIVe siècle)[53], si elles décrivent bien la topographie locale de ce « Mont Dol en miniature » évoqué cum grano salis par le regretté Marc Deceneux, ne permettent pas en revanche de se prononcer sur l'hypothèse qui consiste à reconnaître l'adjectif breton meur, dans le second terme entrant dans sa composition –  nous n’avons repéré qu’un seul toponyme qui pourrait convenir. Cependant, comme à Lillemer, le site concerné est terrestre, ce qui ne convient pas à l’échouage du tonneau de vin ; mais il se trouve seulement à quatre kilomètres de la côte, sur le territoire de la commune de Penvénan, ancienne paroisse dont on a vu que les origines remontent, selon l’hagiographe de Cunwal, à une donation effectuée au profit du saint par le comte Juhel. Le toponyme en question se présente sous la forme Lislegrant en 1426[54], qui paraît être sa plus ancienne attestation ; on trouve Lislemeur tout au long des XVIe-XVIIIe siècles, forme dont découlent celles du cadastre de 1834 (L’Isle Meur) et de la carte d’État-Major au début du XXe siècle (L’Île Meur), tandis que l’actuelle carte IGN porte Enez Veur.

Une telle coïncidence nous paraît de nature à envisager l’hypothèse d’une confusion généralisée, liée à une série de « téléscopages » chronologiques, dont la supposée donation de Penvenan pourrait bien constituer une ultime étape. Comme nous l’avons souligné naguère, la structure de l’ouvrage présenté comme la vita de Cunwal se révèle en effet plus complexe qu’il n’y paraît à première lecture et sa critique textuelle suggère qu’un recueil de miracula du saint, composé à Tréguier peu de temps après l’érection du siège épiscopal, a pu faire l’objet d’un remaniement tardif[55]. En tout état de cause, le passage qui met en scène le comte Juhel semble avant tout destiné à rendre compte du démembrement de la paroisse de Plougrescant, démembrement qui a donné naissance à celle de Penvénan[56] ; et son côté « confus », comme l’a qualifié H. Guillotel[57], s’éclaire si l’on admet qu’il s’agissait de rendre compte également  de l’appartenance de l’église du lieu à une communauté monastique, en l’occurrence l’abbaye Saint-Jacut. Une telle démonstration, appuyée par le récit d’une donation comtale qui figurait déjà dans la tradition trégoroise, à Pleumeur-Bodou sans doute, peut-être à Lanmeur où cette abbaye était possessionnée, se comprend fort bien dans le contexte un peu houleux de la restauration de l’autorité épiscopale sur les églises paroissiales détenues par les abbayes dans les différents diocèses bretons[58] : en effet, si d’après une confirmation donnée par le pape Alexandre III, l’église de Penvénan faisait partie des biens trégorois de l’abbaye Saint-Jacut dès 1163[59], il semble bien que la régularité de cette possession fut par la suite contestée. En 1188, une nouvelle bulle papale fait explicitement mention d’un accord passé au sujet de l’église de Penvénan entre l’abbé de Saint-Jacut et l’évêque de Tréguier[60] : le prélat l’aurait alors donnée aux moines[61] ; mais finalement, l’église de Penvénan et les dîmes de Plougrescant devaient être réunies à la mense épiscopale, peut-être en 1222, au plus tard en 1228[62].

« C’est avec beaucoup d’hésitation que nous nous sommes résolu à utiliser ce passage de la vie de saint Cunwal pour inférer l’existence d’une donation faite par le comte Juhel Bérenger », écrivait H. Guillotel au moment de reprendre l’examen de la supposée donation d’Enesmur[63] : nous aurions été heureux et honoré de tenter de le faire éventuellement revenir à sa réticence initiale ; mais la disparition prématurée de ce grand érudit ne nous en a pas laissé la possibilité. 


André-Yves Bourgès



[1] H. Guillotel, Actes des ducs de Bretagne (944-1148), édités par Ph. Charon, Ph. Guigon, C. Henry, M. Jones, K. Keats-Rohan et J.-Cl. Meuret, avec une préface de Ch. Plessix-Buisset, PUR-SHAB, Rennes, 2014 (coll. Sources médiévales de l’histoire de Bretagne), 608 p.
[2] Ibidem, p. 7-8.
[3] Ibid., p. 16-17 (sous la plume de C. Henry).
[4] Ibid., p. 147-150 (et voir également la première page du cahier de document inséré entre les pages 144 et 145).
[5] Ph. Guigon, « La donation d’Enesmur à l'abbaye Saint-Sauveur de Redon », J. Quaghebeur et S.Soleil (dir.), Le pouvoir et la foi au Moyen Age, en Bretagne et dans l'Europe de l'Ouest. Mélanges en mémoire du professeur Hubert, Rennes, 2010 (= Britannia monastica, 13-14), p. 225.
[6] H. Guillotel, « Le dossier hagiographique de l’érection du siège de Tréguier », Bretagne et pays celtiques. Langues, histoire, civilisation. Mélanges offerts à la mémoire de Léon Fleuriot 1923-1987, Saint-Brieuc-Rennes, 1992, p. 213-226.
[7] Actes des ducs…, p. 151.
[8] Droit confirmé par la duchesse Constance à la fin du XIIe siècle : J. Everard & M. Jones (éd.), The Charters of Duchess Constance of Brittany and her family, 1171-1221, Woodbridge, 1999, p. 58.
[9] Actes des ducs…, p. 137.
[10] J. Ramackers, Papsturkunden in Frankreich, 5, Göttingen, 1956 (Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Göttingen. Philologisch-historische Klasse. Dritte Folge, 35), p. 358 : le nom Enesmur figure sans désignation particulière.
[11] Actes des ducs…, p. 149. Voici le passage concerné : Ad utilitatem tam presentium quam posterorum, litteris mandare placuit, ut memoriter possit teneri, qualiter Juhel Berenger, consul, nutu Dei a quo cuncta bona procedunt correptus, pro salute animę suae suorumque filiorum necnon ut sibi cuncta prospere succederent, tradidit Sancto Salvatori suisque monachis in perpetuum insulam quandam parvam in Brintanniam, quae nuncupatur Enesmur, liberam et sine alicujus viventis calumnia, nichil sibi nec alicui mortalium reservans, sicuti ipse eam libere possidebat.
[12] Les mots entre crochets ont été poncés sur le manuscrit. La restitution proposée, à partir de notre propre lecture du fac-simile publié en 1998 à Rennes (f. 148v), est donc de notre entière responsabilité : elle préconise que le copiste avait alors sauté plusieurs lignes du texte, jusqu’à dedit illam insulam ; mais il s’est presqu’aussitôt rendu compte de sa méprise.
[13] Ph. Guigon, « La donation d’Enesmur… », p. 227.
[14] Voir les exemples donnés dans l’article de P. Tomea, « Il vino nell’agiografia: elementi topici e aspetti sociali », G. Archetti [éd.], La civiltà del vino. Fonti, temi e produzioni vitivinicole dal Medioevo al Novecento (Atti del convegno, Monticelli Brusati - Antica Fratta, 5-6 ottobre 2001), Brescia, 2003, p. 341-364 [En ligne] http://fermi.univr.it/rm/biblioteca/volumi/archetti/Tomea.zip.
[15] Ph. Guigon, « La donation d’Enesmur… », p. 228.
[16] Ce qualificatif de « populaire » appliqué au mot tonna, tunna est fréquent en hagiographie et se retrouve notamment dans la vita Agerici, la vita Sadelbergae et la vita Sori. L’hagiographe de Cybard ou celui de Philibert, qui emploient également ce terme, n’ont pas les mêmes préventions à son égard et ne signalent pas son appartenance au vocabulaire du peuple.
[17] Actes des ducs…, p. 149.
[18] A. de la Borderie, Nouveau recueil d'actes inédits des ducs et princes de Bretagne (XIIIe et XIVe siècles), Rennes, 1902, p. 82, 95, 100, où il est explicitement question de pec(z)ey.
[19] Ch. Mériaux, Gallia irradiata. Saints et sanctuaires dans le nord de la Gaule du haut Moyen Âge, Stuttgart, 2006 (Beiträge zur Hagiographie, 4), p. 147.
[20] « Origines et développement du patrocinium du Sauveur dans la Bretagne médiévale ».
[21] Ph. Guigon, « Les fouilles d’avril 1985 à Lanmeur », Landévennec et le monachisme breton dans le Haut-Moyen Âge. Actes du colloque du XVe centenaire de l’abbaye de Landévennec 25-26-27 avril 1985, Landévennec, 1986, p. 239.
[22] B.-A. Pocquet du Haut-Jussé, « "Murmiralio" et Lanmeur-Mélar », Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, 8/2 (1927), p. 217-220.
[23] Ph. Guigon, Les églises du Haut Moyen Âge en Bretagne, 2, Saint-Malo, 1998, p. 120.
[24] J. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy, Anciens évêchés de Bretagne, 4, Saint-Brieuc-Paris, 1864,  p. 278.
[25] Actes des ducs…, p. 147.
[26] Cartulaire de l’abbaye de Redon (fac-simile), f. 144v : Anno ab incarnatione Domini .m.c.iiii. mense julio .xvi. kal. augusti. luna .ix. feria .v. epacta .xi. indicione .iii. Papa Paschasio. Philippo Francorum rege. Alano et Mathia comitibus Britannię.
[27] « Est-ce le quantième de l’année qui est faux, est-ce l’indiction ? », s’interroge l’abbé G. Allard, L’ancien port de Prigny et le grand prieuré des Moutiers (dépendance du Ronceray), Angers, 1893, p. 93, avant de conclure qu’il faut « probablement… retenir l’année 1104 ; un copiste a pu changer XII [qui est le chiffre de l’indiction de l’année en question] en III ».
[28] Actes des ducs…, p. 148.
[29] P. de La Bigne-Villeneuve [éd.], Cartulaire de l'abbaye de Saint Georges de Rennes, Rennes, 1876, p. 119.
[30] A. de Courson, Cartulaire de l’abbaye de Redon en Bretagne, Paris, 1863, n° 295. Voir également, p. 427, la notice d’Almodus (1062-1074) dans la chronique des abbés.
[31] Ms Paris, BnF, 22337, f. 57v.
[32] M. Brand’honneur, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes. Habitat à motte et société chevaleresque (XIe au XIIIe siècles), Rennes, 2001, p. 270.
[33] Ces deux religieux portaient le même nom de Gingomar : le premier est à l’origine de la fondation du prieuré de Carbay, situé dans le Maine, juste sur la frontière du duché de Bretagne ;  le second est devenu abbé de St-Fuscien, en Picardie.
[34]  A. de Courson, Cartulaire de l’abbaye de Redon…, n° 290, 313, 314, 338, 339, 340, 352,364, 368, 371.
[35] Ibidem, n° 296, 341, 370, 373.
[36] Patrologia latina, 59, col. 41.
[37] M.T. Cicero, Actionis in Verrem Secundae, Lib. 2, cap. 30, § 74 : Quid ageret, quo se verteret nesciebat.
[38] Voir dans la lettre de Jérôme à Eustochium le récit de la vision onirique de sa comparution devant le tribunal divin : « On me demanda ma condition : je répondis être chrétien ; alors celui qui présidait me dit : “Tu mens, c’est cicéronien que tu es, non pas chrétien : où est ton trésor, là est ton coeur” » (Interrogatus condicionem, Christianum me esse respondi. Et ille qui residebat : « Mentiris », ait, « Ciceronianus es, non Christianus : ubi thesaurus tuus, ibi et cor tuum).
[39] Le texte mérite d’être cité dans son intégralité, car il témoigne de l’absence de pudibonderie chez Jérôme : Alium juvenili aetate florentem in amoenissimos hortulos praecepit abduci, ibique inter candentia lilia et rubentes rosas, cum leni murmure aquarum juxta serperet rivus, et molli sibilo arborum folia ventus præstringeret, superexstructum plumis lectum resupinari jussit ; et, ne se inde posset excutere, blandis sertorum nexibus irretitum relinqui. Quo cum, recedentibus cunctis, meretrix speciosa venisset, coepit delicatis stringere colla complexibus ; et (quod dictu quoque scelus est) manibus attrectare virilia ut, corpore in libidinem concitato, se victrix impudica superjaceret. Quid ageret Miles Christi, et quo se conserret, nesciebat. Quem tormenta non vicerant, superabat abominata voluptas. Tandem caelitus inspiratus, praecisam morsu linguam in osculantis se faciem expuit ; ac sic libidinis sensum succedens doloris magnitudo superavit (Acta Sanctorum Julii,  6, Anvers, 1729, p. 544).
[40] Dom P. Antin, « Notes sur le style de saint Grégoire de Tours et ses emprunts (?) à Philostrate », Latomus, 22/2 (1963), p. 277 ; Doms L. D’Achéry et J. Mabillon (éd.), « Vita sancti Findani », Acta Sanctorum Ordinis Sancti Benedicti, 4, 1, Paris, 1677, p. 379 ;  G.H. Pertz (éd.), « Vita Balderici episcopi Leodiensis auctore monacho s. Jacobi Leodiensis », Monumenta Germaniae Historica. Scriptores, 4, Berlin, 1841, p. 733 ; Symeonis Dunelmensis Opera et Collectanea, 1, Durham, 1868, p. 200 ; T. Duffus Hardy (éd.), Willelmi Malmesbiriensis monachi Gesta regum Anglorum atque historia novella, 1, Londres, 1840, p. 332.
[41] F. Mazel et A. Le Huërou, « Actes de l’abbaye de Marmoutier concernant le prieuré de la Trinité de Fougères, XIe-XIIe siècles : édition et traduction », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 113/3 (2006), p. 161-165.
[42] Salubre refugium figure par exemple dans la lettre apocryphe de Cyrille à Augustin sur les miracles de Jérôme, mais également dans la vita de saint Kentigern.
[43] P. Henriet, La parole et la prière au Moyen Âge, 2000, p. 14 et passim.
[44] Elle est notamment utilisée par Goscelin (vita de Wihtburge) et par Giraud de Cambrie (vita d’Ethelbert).
[45] Ce constat avait été fait un peu hâtivement sur la base d’exempla, parfois empreints de facétie lorsqu’il s’agit pour le demandeur de solliciter l’intercession d’un saint. Une correction s’avérait donc nécessaire ; pour autant, il nous semble qu’il existait peut-être une certaine distance mentale entre la pratique dont il est question et  l’opération de  « spiritualisation des biens offerts qui les transmutent en réalités spirituelles plus utiles que les biens matériels » dont parle J. Baschet, La civilisation féodale, de l’an mil à la colonisation de l’Amérique, Paris, 3e édition, 2006.
[46] Cléder, Clohars-Fouesnant, Combrit, Fouesnant, Guissény, Lanhouarneau, Lannilis, Loperhet, Plouénan, Plounéour-Trez, Plounéventer, Riec-sur-Belon, Rosporden, Saint-Ségal, Scaër, Tréflaouenan (Finistère) ; Plougonver, Pluzunet et Pommerit-le-Vicomte (Côtes-d’Armor) ;  Languidic et Ploemeur (Morbihan).
[47] Voir par exemple A.-Y. Bourgès, Le dossier hagiographique de saint Melar. Textes, traduction, commentaires, Landévennec-Lanmeur, 1997 (= Britannia monastica, 5), p. 187-198.
[48] C’est le cas notamment à Plestin : voir Dom H. Morice, Mémoires pour servir de preuves à l'Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, 1, Paris, 1742, col. 460.
[49] Ph. Guigon, « Les fouilles d’avril 1985 à Lanmeur », p. 241.
[50] J.-P. Brunterc’h, « Geoffroy Martel, Conan II et les comtes bretons Eudes et Hoël de 1055 à 1060 », C. Laurent, B. Merdrignac et D. Pichot (éd.), Mondes de l'Ouest et villes du monde. Regards sur les sociétés médiévales. Mélanges en l'honneur d'André Chédeville, Rennes, 1998, p. 311-324.
[51] H. Guillotel, « Le dossier hagiographique… », p. 215-217.
[52] J.-P. Brunterc’h, « Geoffroy Martel, Conan II… », C. Laurent, B. Merdrignac et D. Pichot (éd.), p. 313.
[53] E. Vallerie, Traité de toponymie historique de la Bretagne. Corpus, Le Relecq-Kerhuon, 1995, p. 102.
[54] Information communiquée par Hervé Torchet que nous remercions bien vivement.
[55] A.-Y. Bourgès, « La production hagiographique du scriptorium de Tréguier au XIe siècle. Des miracula de saint Cunwal aux vitae des saints Tugdual, Maudez et Efflam », Britannia monastica, 9  (2005), p. 58-62.
[56] A. Certenais, B. Merdrignac, H. ar Bihan, La vie de saint Cunual. Buhez Konwal, Ploemeur, 1999, p. 24.
[57] Actes des ducs…, p. 151.
[58] G. Devailly, Histoire religieuse de la Bretagne, Chambray, 1980, p. 61-62 ; A. Chédeville et N.-Y. Tonnerre, La Bretagne féodale (XIe-XIIIe siècle), s.l. [Rennes], 1987, p. 251-253.
[59] J. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy, Anciens évêchés…,  p. 278.
[60] Ibidem, p. 281.
[61] Ibid., p. 280.
[62] R. Couffon, « Un catalogue des évêques de Tréguier rédigé au XVe siècle », Mémoires de la société d’émulation des Côtes du Nord, 61 (1929), p. 48, n. 25.
[63] Actes des ducs…, p. 151.

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