Billet d'humeur
Notre époque est celle de la facilité : les publics auxquels on souhaite faire passer des messages culturels (étudiants, apprenants,...) sont désormais en situation d'exiger que l'on s'adapte à leurs besoins et ne cherchent pas nécessairement, en ce qui les concerne, à faire l'effort d'adaptation nécessaire. Or, nous considérons que le métier d'historien est exigeant et nous ne pouvons le concevoir sans une certaine déontologie, qui ne permet pas cette réduction au plus petit dénominateur commun (le "truc", la "recette", l'anecdote, voire l'anecdotule).
Ainsi, "raconter l'Histoire" aux gens sans prendre le temps et les moyens de leur expliquer que la façon même dont on raconte l'Histoire au travers des sujets retenus est lourde de conséquences sur la représentation idéologique de l'objet historique auquel on s'intéresse, c'est, pour nous, renoncer à entreprendre une véritable démarche d'historien ; et c'est la menace qui, nous semble-t-il, pèse désormais sur les études historiques bretonnes, par exemple, quand ces dernières s'attachent à des sujets comme la venue des Bretons insulaires en Armorique, le Tro Breiz, l'hagiographie, le mythe arthurien, etc.
En effet, la "marchandisation" touristique qui est associée à plusieurs de ces sujets requiert la caution des historiens mais enlève par avance à ces derniers le droit de procéder à la nécessaire mise au point historiographique qui viendrait fort à propos relativiser la pertinence des problématiques concernées. "Dites-nous qu'Arthur est vivant ! réclamaient déjà les Bretons du XIIe siècle à leurs chroniqueurs ; mais ne nous dites point pourquoi nous voulons absolument croire qu'Arthur est vivant !" : l'attente de leurs descendants du XXIe siècle ne paraît pas être très différente...
André-Yves Bourgès
Notre époque est celle de la facilité : les publics auxquels on souhaite faire passer des messages culturels (étudiants, apprenants,...) sont désormais en situation d'exiger que l'on s'adapte à leurs besoins et ne cherchent pas nécessairement, en ce qui les concerne, à faire l'effort d'adaptation nécessaire. Or, nous considérons que le métier d'historien est exigeant et nous ne pouvons le concevoir sans une certaine déontologie, qui ne permet pas cette réduction au plus petit dénominateur commun (le "truc", la "recette", l'anecdote, voire l'anecdotule).
Ainsi, "raconter l'Histoire" aux gens sans prendre le temps et les moyens de leur expliquer que la façon même dont on raconte l'Histoire au travers des sujets retenus est lourde de conséquences sur la représentation idéologique de l'objet historique auquel on s'intéresse, c'est, pour nous, renoncer à entreprendre une véritable démarche d'historien ; et c'est la menace qui, nous semble-t-il, pèse désormais sur les études historiques bretonnes, par exemple, quand ces dernières s'attachent à des sujets comme la venue des Bretons insulaires en Armorique, le Tro Breiz, l'hagiographie, le mythe arthurien, etc.
En effet, la "marchandisation" touristique qui est associée à plusieurs de ces sujets requiert la caution des historiens mais enlève par avance à ces derniers le droit de procéder à la nécessaire mise au point historiographique qui viendrait fort à propos relativiser la pertinence des problématiques concernées. "Dites-nous qu'Arthur est vivant ! réclamaient déjà les Bretons du XIIe siècle à leurs chroniqueurs ; mais ne nous dites point pourquoi nous voulons absolument croire qu'Arthur est vivant !" : l'attente de leurs descendants du XXIe siècle ne paraît pas être très différente...
André-Yves Bourgès
Je souscris... en livrant une anecdotule à l'appui de ce billet d'humeur. Voici quelques années, il m'a été demandé si je connaissais quelques passages de Vies de saints susceptibles de donner ses lettres de noblesse au Wisky breton, alors en promotion.
RépondreSupprimerComme je ne disposais que de la piquette de saint Guénolé, je n'ai hélas pas pu rendre le service demandé par mon correspondant!