"L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat, parce que l’Histoire, et au-delà les sciences humaines, est menacée par la posture utilitariste dominante dans notre société, pour laquelle seul ce qui est économiquement et immédiatement rentable est légitime : le reste n’est que gaspillage de temps et de deniers publics. Dans cette situation, l’Histoire médiévale est dans une situation paradoxale puisque s’ajoute à ce déficit général de légitimité des sciences humaines un détournement généralisé du Moyen Âge à des fins variées, jouant tantôt sur le caractère irrationnel et sauvage prêté à la période, tantôt sur la valeur particulière des « racines » médiévales. Le Moyen Âge devient ainsi un réservoir de formules qui servent à persuader nos contemporains d’agir de telle ou telle manière, mais n’ont rien à voir avec une connaissance effective de l’Histoire médiévale." J. MORSEL, L'Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat...

25 février 2012

D'une Bretagne à l'autre : le nouveau livre de B. Merdrignac


Prolongeant le recueil d'articles paru en 2008 sous le titre Les saints bretons entre légendes et histoire. Le glaive à deux tranchants, dont il a été rendu compte notamment dans les Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. 86 (2008), p. 365-374 [manuscrit auteur en ligne ici] , B. Merdrignac nous propose aujourd'hui d'examiner avec lui la manière dont les auteurs des textes hagiographiques médiévaux ont inscrit "les migrations bretonnes entre histoire et légendes".

Le propos de l'ouvrage et ses implications ambitieuses, dont témoigne une table des matières très détaillée, est résumé en 4e de couverture :
"Durant tout le Moyen Âge les lettrés n’ont cessé de puiser dans un fond historico-légendaire commun à la Bretagne et à la Grande-Bretagne. Entre les lignes des Vies de saints réécrites d’un siècle à l’autre se décèle le système de représentations des laïques dont les hagiographes reprennent des éléments afin de les recharger de sens au service de leurs commanditaires et pour la gouverne de leurs destinataires. En brossant l’épopée des saints fondateurs de la chrétienté bretonne, les clercs médiévaux qui monopolisaient alors l’écrit se sont acharnés, délibérément ou non, à occulter ce qu’il est convenu d’appeler la «première migration bretonne», organisée militairement par l’Empire romain (IIIe-Ve siècle).
L’historicité des bribes de légendes recyclées dans les sources hagiographiques est sujette à caution. Bernard Merdrignac s’emploie à recouper ces données avec d’autres indices obtenus indépendamment grâce aux méthodes spécifiques à d’autres disciplines (archéologie, épigraphie, toponymie, généalogie, etc.). Il propose ainsi des hypothèses hardies, quoique solidement étayées, sur cette période méconnue du très haut Moyen Âge.
La liberté d’écriture de cet essai historique réjouira les amateurs d’histoire pour qui la rigueur de la recherche ne va pas forcément de pair avec une fastidieuse cuistrerie dans l’exposé de ses résultats".

André-Yves Bourgès

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