Au témoignage de Jonas, qui le présente comme le fils
d’un certain « prêtre de paroisse », nommé Winioc, lui-même proche de la
communauté de Luxeuil[1],
le troisième successeur de Colomban à la tête du monastère de Bobbio s’appelait
Bobolène (Bobolenus). Avec ses
différentes variantes, ce nom, porté notamment par un dux armoricain qui exerça la charge de référendaire de la reine
Frédégonde[2],
était particulièrement répandu aux temps mérovingiens : pour rester dans
la sphère hagio-ecclésiastique, outre plusieurs bénéficiaires laïques de
miracles obtenus par l’intercession de saints contemporains, notamment
limousins – Yriex, Pardoux – ou bien encore de saint Germain de Paris, on
connaît l’existence à cette époque de différents membres du clergé nommés
Bobolène, dont un diacre à la destinée tragique, célébré par Venance Fortunat,
un ou plusieurs abbés de Saint-Bénigne de Dijon, un abbé de Stavelot et deux
évêques de Vienne. On a estimé que ce nom avait « été particulièrement en vogue
chez les moines colombaniens »[3] :
ce serait la raison pour laquelle l’interpolateur de l’office de saint
Babolein, fondateur de l’abbaye des Fossés, a imaginé de faire venir celui-ci
de Luxeuil, ce qui n’est nullement assuré. Il n’est pas non plus certain que le
Bobolène qui, vers les années 680-690, a composé l’hagiographie de saint
Germain de Grandval [BHL 3467], appartenait à la communauté luxovienne[4] ;
plusieurs chercheurs n’ont pas hésité cependant à l’identifier avec l’abbé de
Bobbio[5] :
il faudrait alors imaginer pour ce dernier un scénario de démission de sa charge
abbatiale, de retour dans sa communauté monastique d’origine et surtout admettre
une exceptionnelle longévité du personnage. Enfin, notons que cette popularité
anthroponymique a évidemment trouvé un écho dans la toponymie[6] .
Le nom de Winioc (Winiocus)
semble quant à lui britonnique : en tout
état de cause, c’est le même nom qui est entré en composition en Bretagne dans
les toponymes Lanvignec et Tréguignec, succursales d’enclaves de l’évêché de
Dol dans celui de Tréguier ; à noter qu’en dépit de leçons qui figurent dans
certains manuscrits, son assimilation au
nom Win(n)oc n’est nullement acquise du point de vue philologique. Par ailleurs,
comme le souligne Gérard Moyse à propos des deux miracles du fondateur de
Luxeuil qui mettent en scène le père de Bobolène, « ces faits se déroulaient
bien après l'installation de Colomban à Luxeuil et il est impossible de savoir
si ce Winiocus au nom celtique était là avant 570-590, ou s'il arriva dans les
bagages de Colomban »[7].
Jonas au demeurant ne nous dit rien des origines du personnage – dont le nom
pouvait après tout être indépendant de son appartenance ethno-géographique – ni
du lieu où il exerçait son presbyteratus.
Il n’est même pas sûr que la paroisse en question fût située dans les parages
immédiats de Luxeuil : Jonas, en effet, indique que Winioc, à l’occasion
de sa deuxième visite sur place, était resté passer la nuit au monastère[8],
ce qui est peut-être l’indice que sa demeure en était assez éloignée.
***
Nous disposons d’un éloge versifié sous forme
abécédaire de l’abbé de Bobbio [BHL 1387][9],
texte que Dag Norberg[10],
suivi par Michael Richter[11],
a daté du VIIe siècle, mais dont de nombreux autres chercheurs,
depuis son premier éditeur scientifique, Ernst Dümmler, ont situé l’époque de la
composition au IXe, voire même au Xe siècle[12] ;
cet éloge indique que Bobolène était Atticorum
ex genere oriundus nobili. Ecartée l’hypothèse qu’il soit fait ici référence
aux Athéniens, ou aux Grecs de manière générale[13],
demeurent, selon l’acception retenue pour traduire nobilis gens (« le noble peuple » ou « la noble
lignée »), deux interprétations principales de l’indication donnée par le
poète : ce sont ces deux possibilités que nous allons examiner rapidement.
*
En 1957, Eugen Ewig, qui, sur l’avis que lui en avait donné
Norberg, retenait la date haute de composition des Versus de Boboleno, a proposé d’identifier les Attici avec le peuple germanique des Chattuarii[14]
établis à l’origine dans la basse vallée du Rhin : en effet, une longue
tradition historiographique rapporte qu’après avoir été défaits par Constance
Chlore, les Chattuarii (alias Atthuarii[15])
furent installés en tant que laeti sur
le territoire du pagus At(t)oariorum[16],
qui leur aurait emprunté son nom et que l’on trouve mentionné dans les actes de
la pratique à partir du début de la seconde moitié du VIIe
siècle ; ce pagus, également
appelé Attoariensis, s’étendait primitivement
entre les rivières de la Vingeanne et de la Vouge jusqu’à leur confluent
respectif avec la Saône[17].
Richter, qui préfère « this ingenious
interpretation to a Greek origin of Bobulenus », en conclut que le
futur abbé de Bobbio était donc probablement originaire du diocèse de Langres[18].
Cette hypothèse n’a, a priori, rien d’invraisemblable et, là encore, il n’y a
pas de véritable difficulté à supposer que le nom porté par le père de
Bobolène, Winioc, pouvait être indépendant de son appartenance
ethno-géographique : il convient alors de considérer que l’influence
britonne, nettement perceptible dans les parages de Luxeuil avant l’arrivée sur
place de Colomban[19],
s’étendait également à la cité des Lingons[20].
En revanche, la question de la solidité de la tradition historiographique sur
laquelle ont fait fond Ewig et Richter n’est toujours pas tranchée de manière
satisfaisante : l’indéniable homophonie des ethnonymes Atthuarii et At(t)oarii n’établit pas de facto leur filiation, d’autant qu’une
longue solution de continuité – quelques
trois siècles – sépare leurs attestations respectives. Tout repose donc sur une
simple hypothèse, très séduisante, résumée en son temps par Maurice Chaume dans
son étude sur les tribus franques déplacées sur les bords de la Saône[21]
: « Les Chamaves du Hamaland,
les Hattuariens du pagus Hattuaria,
et les Rurigi du Ruricgowe sont de très proches voisins ; et l'on comprend fort bien
qu’ils aient pu être, de la part de l’autorité impériale, l'objet de mesures
communes. C'est ainsi que l'on peut imaginer une guerre malheureuse contre Rome,
à la suite de laquelle une partie des tribus ripuaires aurait été transportée
dans les régions à demi-désertes de la Saône moyenne (…)… Cette transplantation
nous paraît voisine de l'an 300, et nous croyons que c'est à elle que font
allusion plusieurs passages des Panégyriques prononcés alors »[22].
Cependant, une cinquantaine d’années après ces événements supposés, on voit en
360 Julien passer le Rhin pour s’emparer du territoire des Chattuarii, lequel, de mémoire d’homme, n’avait jamais été envahi,
ce qui rend plus douteuse encore la supposée défaite de cette tribu au temps de
Constance Chlore[23] :
peut-être conviendrait-il en conséquence d’abaisser l’époque de leur
installation sur la Saône après l’expédition victorieuse de Julien ? Ou
bien s’agissait-il « plus simplement », comme l’avait d’ailleurs
alternativement conjecturé M. Chaume, « d'aventuriers, partis en campagne
au temps de la révolte de Carausius, et que Constance aurait cueillis quelque
part en Belgique » ? Nous laissons de côté, pour le moment, la
problématique de la dualité de désignation At(t)oariensis/At(t)oariorum, aussi ancienne que les
premières attestations du pagus
concerné, ainsi que celle du rapprochement implicite des Attoarii burgondiens avec les Chattuarii
de la Frise, tel qu’il figure sous la plume de l’auteur du Liber historiae Francorum : les développements que nécessitent
ces deux questions dépassent en effet de loin le cadre de cette notule.
*
Si, à l’instar de ce qui s’observe dès le VIIIe
siècle sous la plume de l’auteur de la Chronique
de Frédégaire à propos des Agilolfides[24],
il convient de traduire nobilis gens
par « noble lignée », quelle était celle qui, à l’époque de la composition
du poème, pouvait se voir attribuer avec assez de pertinence le surnom Atticus ? En effet, au-delà de son
« classicisme », sans doute apprécié du poète, Atticus renvoie à l’évidence à une tradition d’origine luxovienne,
dont les moines de Bobbio avaient conservé le souvenir. Cependant, l’hypothèse
d’une filiation entre telle ou telle gens
antique ayant adopté ce surnom et la famille à laquelle appartenait Bobolène ne
paraît guère envisageable, d’autant que les attestations relatives à d’éventuels
degrés intermédiaires se limitent à deux : la mention de l’épouse du
patrice Felix Magnus, préfet du
prétoire, Attica, qualifiée clarissima conjunx dans une inscription
(disparue) du dernier tiers du Ve siècle, et celle d’Atticus, dans une épitaphe composée par
Venance Fortunat. En revanche, il n’est peut-être pas fortuit que ce nom se
retrouve porté au sein de la puissante maison dont les membres, « vers 640
et pour un siècle (…)… se virent attribuer le titre de ducs en Alsace. Délégués
par le souverain, ils devaient assurer la responsabilité militaire,
administrative et missionnaire des personnes et non d'un territoire (le terme
de duché n'apparaît pas dans les textes) »[25].
Ceux que la critique érudite appelle depuis le XVIIIe
siècle les Etichonides – nous allons voir immédiatement pour quelle raison –
apparaissent en pleine lumière à partir du dernier tiers du VIIe
siècle et s’incarnent alors dans un personnage flamboyant dont les origines, de
même que le réseau de parenté, discutés depuis longtemps, ne sont pas encore
établis avec certitude – même s’il est vraisemblable, comme l’a récemment
synthétisé Michèle Gaillard, qu’il était le fils du dux du pagus Attoariensis[26],
ce qui nous ramène indirectement à l’hypothèse précédente – et dont le nom exact
se dissimule derrière un grand nombre de formes. L’une des plus anciennes, Chatalricus et, par diminution, Caticus[27], figure
dans la vita de Germain de Grandval, composée,
comme on l’a dit, vers les années 680-690, tandis que l’on trouve Chadalricus dans le texte de la passio Leodegarii [BHL 4849][28],
un peu plus tardive : « l’alternance entre le t et le d dans les deux
formes s’explique par le fait que le dialecte alémanique ne distingue pas ces
deux consonnes »[29].
De plus, les populations romanes faisant précéder d’une aspiration la première
syllabe de ces noms francs un peu gutturaux, l’hypocoristique Caticus, que privilégie l’auteur de la vita Germani, devait rapidement évoluer
vers Aticus, Atic : c’est peut-être
à l’occasion de cette évolution qu’il a servi à désigner les membres de la
nouvelle dynastie locale, devenus ainsi les Attici.
Cependant, dès le IXe siècle, on était passé à une forme Etih « par suite de l’inflexion du a sous l’influence de l’i de la syllabe suivante. Puis le mot
fut latinisé par l’adjonction d’un o
final conformément à une mode dont il y a de nombreux exemples pour les
anthroponymes germaniques : à Moyenmoutier, au Xe siècle, on
dénomme le duc d’Alsace “Hetico”,
faisant au génitif “Heticonis” ; au XIIe siècle, Herrade, la célèbre
abbesse de Hohenbourg, utilise la forme “Eticho” » [30].
L’auteur de la vita Odiliae [BHL 6271], supposée avoir été composée au Xe
siècle, connait lui aussi le nom Etih,
qu’il emploie comme un doublet d’Adalricus[31].
Pour sa part, le chroniqueur d’Ebersmunster,
vers le milieu du XIIe siècle, emploie de préférence Athicus, ou plus souvent encore Atticus, qui, une nouvelle fois, apparaît
moins comme un hypocoristique que comme une forme « classicisante », à
l’instar du nom Altitona utilisé par
le même écrivain pour désigner le mont de Hohenbourg[32] ;
mais les documents plus anciens dans lesquels figurent le nom Atticus ou ses variantes, qu’il s’agisse
d’actes de la pratique, de chroniques ou de textes hagiographiques, ont fait dans
de nombreux cas l’objet, à tout le moins d’interpolations, sinon même de
réfections, quand il ne s’agit pas de véritables falsifications[33].
Rien ne s’oppose en revanche à ce que, dans le souvenir qui en était conservé à
Bobbio, Bobolène, quelle que fût sa véritable origine, ait été considéré comme
un membre de la puissante famille du duc Atic, d’autant que ce dernier, dont le
portrait dans la vita de Germain de
Grandval était si peu édifiant, avait finalement acquis au travers du développement
de la légende de sa fille, Odile, mais
aussi des prolongements donnés à l’histoire de saint Deodatus (Dié), un statut beaucoup plus respectable de fondateur de
monastères : sa parenté avec Bobolène, assumée, sinon même revendiquée par
les moines de Bobbio, se comprend mieux dans la perspective de la
sanctification de la lignée des Attici
découlant du culte de sainte Odile à partir du Xe siècle, qui
pourrait avoir été, par conséquent, l’époque de la composition des Versus de Boboleno.
***
Ces quelques réflexions ont vocation à susciter
d’autres pistes de recherche que celles de l’origine « britonne » ou
« bretonne » de la famille de Bobolène. Quelle que soit
l’interprétation qui est faite de la formule Atticorum ex genere oriundus nobili, il apparaît clairement que
l’auteur des Versus de Boboleno,
inclinait pour un enracinement de la famille de son héros dans l’aire supposée
d’une vaste mouvance luxovienne, couvrant une grande partie de l’est de la
Gaule ; ce qui, bien sûr, renvoyait à la mémoire monastique telle qu’elle
s’était transmise à Bobbio, sans que nous puissions préjuger de la réalité
factuelle.
André-Yves Bourgès
* Le sujet de cette notule nous a été inspiré par nos
récents échanges avec le Professeur Ian Wood ; mais évidemment le texte publié
ici relève de notre seule responsabilité.
[1]Jonas,
Vie de Colomban, I, 15 : quidam presbiter ex parrochianis, pater
Boboleni, qui nunc Ebobiensi cenubio praeest, nomine Winiocus. –
L’expression « prêtre de paroisse » qui figure dans la traduction
d’A. de Voguë en 1988, est donnée par J.-F. Niermeyer et C. van de Kieft, Mediae latinitatis lexicon minus. Lexique
latin médieval-français-anglais. A Medieval Latin-French-English Dictionary,
Leiden, 1976, p. 765.
[2]
Grégoire de Tours, Dix livres
d’histoire, V, 30 ; VI, 16 ; VIII, 31-32, 42; IX, 13 ; X, 9
et 11. – G. Durville, « Blain et Bobelen au VIe siècle », Bulletin de la Société archéologique de Nantes et de la
Loire-Inférieure, t. 29 (1890), p. 57-83. – J.-P. Brunterc’h, « Le
duché du Maine et la marche de Bretagne », H. Atsma (dir.), La Neustrie. Les Pays au nord de la Loire de
650 à 850, t. 1, Sigmaringen, 1989, p. 39-40 (n. 60), distingue le duc
Beppolène et le référendaire Bobolène : nous y reviendrons dans un
prochain travail sur « Bobolène l’Armoricain ».
[3]
P. Gillon et J.-P. Thoretton, « Recherche sur les églises mérovingiennes
des abbayes de Chelles et de Saint-Maur-des-Fossés », Mémoires de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de
Paris et de l’Ile-de-France, 32 (1981), p. 67 (n. 57).
[4]
Il dédie son ouvrage à trois abbés, dont l’un est effectivement celui de
Luxeuil, Ingofridus ; mais le
texte publié par B. Krusch sous le titre « Vita Germani abbatis Grandivallensis », Passiones vitaeque sanctorum aevi merovingici, t. 3, Hanovre, 1910
(Monumenta Germaniae Historica, 5),
p. 25-40, ne permet pas de conclure que Bobolène appartenait à cet établissement,
non plus d’ailleurs qu’à celui de Grandval, d’autant qu’il déclare s’être
documenté auprès de ceux qui avaient connu Germain et cite nommément Chadoaldus et Aridius. Peut-être, comme il apparaît assez nettement dans sa dédicace,
était-ce son seul talent littéraire qui
l’avait fait solliciter par les religieux du lieu pour la composition de cette hagiographie. Par
ailleurs, il semble assez bien informé
de la succession des ducs d’Alsace (cf. infra n. 6).
[5]
Voir par exemple M. Gaillard, « Les Vitae
des saintes Salaberge et Anstrude de Laon, deux sources exceptionnelles pour
l'étude de la construction hagiographique et du contexte socio-politique », Revue du Nord vol. 391-392 (2011), n°
3-4, p. 657. On trouvera un avis contraire chez G. Moyse, « Les origines
du monachisme dans le diocèse de Besançon (Ve-Xe
siècles) », Bibliothèque de l'école
des chartes, t. 131 (1973), 1, p. 49.
[6]
A cet égard, il est intéressant de noter l’existence d’un lieu appelé Bobolinocella, identifié avec l’actuelle
commune de La Vancelle (Bas-Rhin), dont l’origine pourrait être la retraite
érémitique d’un certain Bobolenus,
qui, en 649, instrumente un acte à Échery, à moins d’une quinzaine de kilomètre
de La Vancelle (A.J. Stoclet, Autour de
Fulrad de Saint-Denis, Genève-Paris, 1993, p. 95-97, 498-499) : voici
donc, au milieu des solitudes alsaciennes, un « écrivant », sinon
même un écrivain, contemporain de l’hagiographe homonyme de Germain de Grandval
(cf. supra n. 4).
[7]
G. Moyse, « Les origines du monachisme dans le diocèse de Besançon (Ve-Xe siècles) », Bibliothèque de l'école des chartes, t. 131 (1973), n°1, p. 85.
[8]
Jonas, Vie de Colomban, I, 17 : Moransque alia vice penes Luxovium Columba Winiocus presbyter, cujus
superius fecimus mentionem, ad eum venit … (…) Manente denique nocte illa ibi Winioco…
[9]
« Versus de Bobuleno abbate »,
B. Krusch (éd.), Monumenta Germaniae
Historica, Scriptores rerum merovingicarum, t. 4, Hanovre, 1902, p. 153-156.
[10]
D. Norberg, « Une hymne de
type irlandais en
Italie », Paradoxos politela.
Studi patristici in onore di
Giuseppe Lazzari, Milano, 1979, p. 347-357 ; Idem, L'accentuation des mots dans le vers latin
du Moyen Âge, Stockholm, 1985, p.
99.
[11]
M. Richter, Bobbio in the Early Middle
Ages: The Abiding Legacy of Columbanus, Dublin, 2008, p. 65.
[12]
E. Dümmler, « Lateinische Gedichte des neunten bis elften Jahrhunderts », Neues Archiv der Gesellschaft für ältere
deutsche Geschichtskunde, t. 10 (1885), p. 333.
[13]
C’est néanmoins l’interprétation qui semble encore retenue par P. Blanchard, «
La Règle du Maître et la Règle de Saint Benoit », Revue bénédictine, t. 60 (1950), p. 52. Au XIe siècle, l’hagiographe
bisontin de saint Maimboeuf rappelle, en parallèle du souvenir des saints
irlandais qui contribuèrent à l’évangélisation des campagnes burgondiennes,
celui des saints « grecs » qui les avaient précédés dans les mêmes
parages.
[14]
E. Ewig, « Volkstum und Volksbewusstsein im Frankenreich des 7.
Jahrhunderts », Caratteri del secolo
VII in Occidente : 23-29 aprile 1957, t. 2, Spoleto, 1958 (Settimane di
studio del Centro italiano di studi sull'alto medioevo, 5), p. 592-593 et n.
17.
[15]
Voir infra n. 23.
[16]
Le dernier état de cette tradition, qui demeure largement infondée, figure,
avec les approximations habituelles, sur Wikipedia (version française,
consultée le 21 février 2016). La notice consacrée aux pagi de Bourgogne (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pagi_bourguignons) évoque en note : « Au terme de sa campagne
contre les Francs de 293-295, Constance Chlore avait installé des lètes
hattuaires sur une partie du territoire des Lingons dépeuplée par les ravages
des Alamans et une épidémie de peste. Établie sur la marge orientale du Plateau
de Langres et ses vallées ainsi que dans la plaine de la Vingeanne et la partie
lingonne de celle de la Saône, la colonie de peuplement hattuaire est à
l'origine du Pagus Attoariensis,
l'Attouar, ancien nom de l'Atuyer. In Ferdinand Lot, La Gaule, fondements ethniques, sociaux et politiques de la nation
française, Fayard, Paris, 1947 ». On peut lire sensiblement la même
chose (avec la même référence à Lot) Dans la notice consacrée aux Hattuaires (https://fr.wikipedia.org/wiki/Hattuaires)
: « Au terme de sa campagne contre les Francs de 293-295, Constance Chlore
installa des lètes hattuaires sur une partie du territoire des Lingons
dépeuplée par les ravages des Alamans et une épidémie de peste. Établie sur le
Plateau de Langres et ses vallées ainsi que dans la plaine de la Vingeanne
(notamment à Heuilley-sur-Saône) et la partie lingonne de celle de la Saône, la
colonie de peuplement hattuaire est à l'origine du Pagus Attoariensis, l'Attouar, qui devint l'Atuyer de la Bourgogne
carolingienne ». En réalité rien de tout cela ne figure dans la source
alléguée, où Lot s’est contenté d’écrire (p. 295): « Au cours de l’été de cette
même année (360), il [l’empereur Julien] soumit un petit peuple franc, celui
des Chattuarii, qui ont laissé leur
nom longtemps à un pagus au Nord de
Cologne, pendant que les débris des Chamaves finissaient par s’installer vers
Nimègue, entre Mense et Rhin, dans la région qui garda assez longtemps leur nom
: Hamalant. Une autre bande dut aller
repeupler un canton dévasté qui prit leur nom : le pays d’Amous (écrit Amour à
l’époque moderne), le long de la Saône ».
[17]
Voir les chartes relatives aux débuts de l’abbaye de Bèze. – G. Chouquer, « Les
pagi de la région de Dijon du VIIe au Xe siècles. Dossier cartographique », Observatoire des formes du foncier dans le
monde, [en ligne http://www.formesdufoncier.org/pdfs/263-PagiDijon.pdf,
p. 5]
[18]
M. Richter, Bobbio in the Early Middle
Ages…, p. 63 et n. 87.
[19]
Jonas, Vie de Colomban, I, 7, mentionne abbatem quendam nomine Carantocum qui monasterio cui Salicis nomen est
preerat. Le nom Carantoc paraît d’origine bretonne. La localisation de ce
monastère n’est pas connue : de toutes les hypothèses proposées, nous
privilégions Montessaux, à moins d’une douzaine de km d’Annegray ; mais il
manque à ce sujet la confirmation –
essentielle – de l’archéologie.
[20]
La carte des établissements irlandais et bretons entre Loire et Monts Jura,
dressée par F. Kerlouégan, J.-M. Picard (éd.), L’Aquitaine et l’Irlande au Moyen Âge, Dublin, 1995, p. 188, laisse
apparaître un vide entre l’Yonne et la
Saône.
[21]
M. Chaume, « Les Roringi :
contribution à l'histoire des tribus d'origine franque transplantées sur les
bords de la Saône aux environs de l'an 300 », Annales de Bourgogne, t. 3 (1931), n°1, p. 66-70.
[22] Ibidem, p. 69.
[23]Ammien
Marcellin, Histoire de Rome, XX,
10 : Rheno exinde transmisso
regionem subito pervasit Francorum, quos Atthuarios vocant, inquietorum hominum
licentius etiam tum percursantium extima Galliarum. quos adortus subito nihil
metuentes hostile nimiumque securos, quod scruposa viarum difficultate arcente
nullum ad suos pagos introisse meminerant principem, superavit negotio levi.
[24] Chronique de Frédégaire, IV, 52 : Quidam ex proceribus de gente nobili
Ayglofinga, nomine Chrodoaldus, in offensam Dagoberti cadens.
[25]
B. Vogler, O. Kammerer, Nouvelle histoire
de l'Alsace: une région au cœur de l'Europe, Privat, 2003, p. 60-61.
[26]
M. Gaillard, « Erhard, évêque de Ratisbonne, un saint aquitain en Bavière ? »,
E. Bozoky (dir.), Saints d’Aquitaine,
missionnaires et pèlerins du haut Moyen Âge, Rennes, 2010, p. 163. Sur les
différentes hypothèses proposées au sujet de l’origine des Etichonides, on
consultera les travaux de Ch. Pfister, L. Levillain, F. Vollmer, L. Dupraz, Ch.
Wilsdorf, H. Ebling, H.J. Hummer, etc.
[27]
«Vita Germani abbatis Grandivallensis
», p. 37.
[28]
« Passiones Leudegarii episcopi et
martyris Augustodunensis », B. Krusch (éd.), Passiones vitaeque sanctorum aevi merovingici, t. 3, Hanovre, 1910
(Monumenta Germaniae Historica, 5), p.
307. – L’examen à nouveaux frais du dossier hagiographique médiéval de Léger
d’Autun a été entrepris et poursuivi de 2008 à 2012 par un groupe de recherche
dont les membres ambitionnaient de travailler « sur le personnage
historique de Léger, mais aussi d’aborder, à partir d’un cas précis, les
problèmes de la réécriture hagiographique ». Au nombre des résultats de
ces travaux, on lira avec intérêt l’étude de Ch. Mériaux sur « Le culte de
saint Léger d’Autun, Saint-Vaast d’Arras et les Pippinides à la fin du VIIe
siècle », Revue du Nord, vol. 391-392
(2011), n° 3-4, p. 691-710.
[29] Ch.
Wilsdorf, «Les Étichonides aux temps carolingiens et ottoniens », Bulletin philologique et historiques
(jusqu'à 1610) du Comité des travaux historiques et scientifiques. Année 1964.
Actes du 89e congrès des Sociétés savantes tenu à Lyon, Paris,
1967, p. 1.
[30] Ibidem, p. 1-2.
[31]
«Vita Odiliae abbatissae Hohenburgensis
», W. Levison (éd.), Passiones vitaeque sanctorum aevi merovingici,
t. 4, Hanovre, 1913 (Monumenta Germaniae Historica,
6), p. 37. – La vita Odiliae n’a pas
suscité ces dernières années le même intérêt que les pièces du dossier
hagiographique de Léger d’Autun (cf. supra n. 28). On se reportera néanmoins
avec profit aux articles suivants :
F. Cardot, « Le pouvoir aristocratique et le sacré au haut moyen-âge:
sainte Odile et les Etichonides dans la Vita
Odiliae », Le Moyen Âge, t.
89 (1983), n° 2, p. 173-193 ; R. Bornert, « Qui était sainte Odile ? », Annuaire de la Société d'histoire et
d'archéologie de Dambach-la-Ville, Barr et Obernai, t. 31 (1997), p.
105-118 ; O. Kammerer, « Odile (c.660-720) », A. Vauchez, R.B. Dobson, M.
Lapidge (dir.), Encyclopedia of the
Middle Ages, Chicago, 2000, Part 2, p. 1041. L’approche proposée par E. Cerf-Horowicz,
qui a notamment donné lieu à un article intitulé « La légende de sainte Odile.
Un récit de la montagne alsacienne », Le
Monde alpin et rhodanien, t. 10 (1982), p. 81-87, ouvre des perspectives
intéressantes sur l’arrière-plan « mythèmique » de la légende, dont le
motif principal se retrouve dans les dossiers hagiographiques de plusieurs
autres saintes, notamment Salaberge.
[32]
L. Weiland (éd.), « Chronicon
Ebersheimense », L. Weiland (éd.),
Monumenta Germaniae Historica, Scriptores, t. 23, Stuttgart, 1874, p. 434.
[33]
Ainsi en est-il, indique X. Ohresser, Histoire
de l’abbaye d’Ebersmunster, 2e édition, Sélestat, 1963, p. 5, de
« tout un ensemble impressionnant de diplômes ou de chartes qui remontent
apparemment aux époques mérovingienne et carolingienne, mais qui, en réalité,
ne sont que des originaux falsifiés au cours du XIIe siècle ».
– En ce qui concerne la période moderne, il y a le cas de P.A. Grandidier
(1752-1787), dont les forgeries ont été dénoncées au tournant des XIXe-XXe
siècles par des chercheurs majoritairement allemands (H. Bloch, H. Bresslau, A.
Dopsch, A. Brückner, etc.), ce qui à l’époque apparaissait rédhibitoire aux historiens
alsaciens.
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