"L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat, parce que l’Histoire, et au-delà les sciences humaines, est menacée par la posture utilitariste dominante dans notre société, pour laquelle seul ce qui est économiquement et immédiatement rentable est légitime : le reste n’est que gaspillage de temps et de deniers publics. Dans cette situation, l’Histoire médiévale est dans une situation paradoxale puisque s’ajoute à ce déficit général de légitimité des sciences humaines un détournement généralisé du Moyen Âge à des fins variées, jouant tantôt sur le caractère irrationnel et sauvage prêté à la période, tantôt sur la valeur particulière des « racines » médiévales. Le Moyen Âge devient ainsi un réservoir de formules qui servent à persuader nos contemporains d’agir de telle ou telle manière, mais n’ont rien à voir avec une connaissance effective de l’Histoire médiévale."

J. MORSEL, L'Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat... (ouvrage téléchargeable ici).

02 août 2008

La connaissance du grec à Redon au IXe siècle : Condeloc et l’apodix tourangelle


En marge de la controverse née de la publication de l’ouvrage de S. Gouguenheim, il nous a semblé intéressant de faire le point sur ce que nous savons de la culture hellénique des hagiographes bretons de l’époque carolingienne : un bon exemple nous paraît être celui de l’auteur des Gesta sanctorum Rotonensium [BHL 1945], parce que cet ouvrage, à l’avis des meilleurs experts — l’abbé Duine hier, F. Kerlouégan, P. Riché et B. Merdrignac aujourd’hui, sans oublier le dernier éditeur du texte, Mme C. Brett est d’une latinité très correcte, sans la recherche stylistique excessive qui caractérise les productions de la Bretagne occidentale ; cette absence de maniérisme permet à coup sûr d’écarter l’éventuelle influence de la littérature hispérique, dont on s’efforce, sans toujours de succès, de retrouver les traces dans les textes hagiographiques bretons. En outre, la vita sancti Benedicti Maceracensis [BHL 1145] nous apprend que Benoît (Euloge ?) était originaire de Patras (Grèce) et qu’aux temps carolingiens, il s’était établi à Massérac, à proximité immédiate de Redon, en compagnie de sa sœur et de neuf autre compagnons.

La connaissance de la langue grecque par les clercs occidentaux à cette époque, au premier chef par les moines, s’accorde avec une évidente disparité de niveaux — depuis de véritables maîtres comme l’Irlandais Jean Scot Erigène jusqu’à des traducteurs incontestablement plus besogneux comme Hilduin de Saint-Denis — disparité renforcée par une plus ou moins grande proximité à l’égard du pouvoir : les grandes fondations monastiques, de même que la structuration du réseau des écoles, en particulier celui des écoles épiscopales, qui vient affermir l’organisation diocésaine, découlent de l’action du souverain, laquelle s’exerce évidemment de manière plus systématique dans la sphère d’attraction palatine ; mais paradoxalement la péninsule bretonne, malgré son éloignement de la cour, semble avoir fait l’objet d’une grande attention de la part des Pippinides, surtout Charlemagne et Louis le Pieux, non pas seulement d’un point de vue militaire — on dénombre en effet sous le règne de ces derniers plusieurs campagnes des armées franques en Bretagne sous le règne — mais aussi dans une véritable perspective d’acculturation des Bretons, à l’instar de ce qui était pratiqué avec les Anglo-Saxons, les Wisigoths ou les Lombards.


Les moines et la roseraie

Ce sont ces circonstances décrites à plusieurs reprises, notamment par H. Guillotel ou J.H.M. Smith, qui ont présidé à la fondation en 832 de l’abbaye de Redon, dont l’auteur des Gesta, qui travaillait aux années 868-876, nous fait un compte rendu vivant et détaillé, lequel cependant n’échappe pas aux lieux-communs du genre. Figure ainsi en bonne place (lib. I, cap. 3) le motif littéraire du locus amoenus, assorti pour le nom de Roton d’un de ces à peu-près étymologiques, comme les affectionnaient les hagiographes médiévaux, qui renvoie manifestement au grec rhodon, « la rose » : Nam et de nomine loci et de actu ejus, ut reor, melius est pauca perstringere. Vere digna etymologia nominis Roton nuncupatur, quia diverso vernat more gemmarum decore (« et je pense qu’il est mieux de donner quelques détails sur le nom de ce lieu et sur son emplacement. Il est appelé Roton conformément à l’étymologie appropriée de ce nom, parce qu’en divers endroits, [la rose] fleurit magnifiquement sous la forme de bourgeons »). Le texte se poursuit avec la description annoncée : hinc frondium coma silvestris, hinc multiplices arborum fruges, illinc placet uberrima tellus, istinc virentia prata graminibus, hinc hortorum odoriferi flores, hinc vinearum abundant butriones; cuncta undique aquis irrigata; inclita coespis pastui pecorum congrua fundens frugem laetiferam; nunc ascendens mare eructat, nunc ad sinum rediens aquarum impetus manat; compendia navium apta; nihil paene indigens ex eo quicquid ministratur vehiculis pedestribus, plaustris equinis etiam atque ratibus. Ibi adstant in acie milites Christi, ubi suspirantes pro desiderio paradisi gemunt, dicente Domino in Evangelio : « Beati qui nunc fletis, qui postea ridebitis ». Bienheureux aussi ceux qui n’iront pas chercher dans ce texte une description du paysage de Redon au IXe siècle, car l’ensemble du passage a été démarqué de la peinture du site de Jumièges telle qu’elle figure dans la vita de saint Philibert [BHL 6805] ; nous indiquons en gras ce que les deux textes ont en commun :

Vere digna etymologia nominis Gemeticum nuncupatum, qui diverso vernat decore more gemmarum. Hinc frondium coma silvestris, hinc multiplices arborum fruges; illinc placet uberrima tellus, illinc virentia prata graminibus, hinc hortorum odoriferi flores, hinc vinearum abundant botriones, qui in turgentibus gemmis lucentes rutilant in salernis. Cinctum undique aquis miratur inclyta cespis, pastui pecorum congrua, fundens frugem lactiferam, diversis venatibus apta, avium canora melodia. Sequana in parte trina milia gyrat, in quino bisque quaterno stadio, quod non ictu pristino vergit cursum, unum tantomodo commeantibus dans ingressum. Nunc ascendens mare eructuat, nunc ad sinum rediens aquarum impetus manat, compendia navium, commercia plurimorum, nihil paene indigens quidquid ministratur vehiculis pedestribus et equinis plaustris, etiam atque ratibus. Ibidem castrum condiderant antiqui. Ibi adstant in acie nobilia castra Dei, ubi suspirantes prae desiderio paradisi gemunt, qui gementes rorantibus oculis, in flammis ultricibus gementuri non erunt.

Cet emprunt manifeste, déjà signalé par W. Levison et qui témoigne de la popularité bretonne de la vita Philiberti peu d’années après l’exode des moines de Jumièges devant les incursions scandinaves, constitue un argument en faveur de la présence à Redon d’un manuscrit en provenance de l’abbaye normande, à l’instar de l’antiphonaire apporté à Saint-Gall par un presbyter quidam de Gimedia, nuper a Nordmannis vastata, d’après le célèbre témoignage de Notker le Bègue ; mais on ne peut évidemment exclure que la vita de saint Philibert était déjà connue en Bretagne avant ces événements. Quoi qu’il en soit, l’emprunt fait à ce texte par l’auteur des Gesta sanctorum Rotonensium serait plutôt de nature à encourager l’hypothèse que cet écrivain avait une connaissance assez approfondie du grec, car le passage concerné a été manifestement choisi à dessein et la phrase en question subtilement adaptée pour permettre l’explication du nom Roton. D’autres exemples peuvent-ils contribuer au renforcement de cette hypothèse ? Il faut abandonner ce qui concerne l’étymologie du terme « hydropique » (lib. 2, cap. 4) qui, pour le coup, comme l’a montré Mme Brett, constitue un emprunt littéral au traité de Bède In Lucae Evangelium Expositio ; quant à l’intéressant cothurnicus, utilisé à deux reprises (lib. 1, cap. 6 ; lib. 2, praefatio) avec le sens de « pompeux, emphatique », il pourrait s’agir d’un doublet de cothurnatus, « tragique, imposant », lui-même formé à partir de cothurnus, « style élevé, sublime », et il n’est donc pas nécessaire de remonter au grec. En revanche, l’élégant et mystérieux apodix (lib. I, cap. 9) paraît avoir conservé jusqu’à aujourd’hui, sinon le mystère de son étymologie, du moins celui de son origine.

Le passé enfoui de Condeloc

Le contexte, introduit par quatre citations scripturaires, est le suivant : à l’occasion d’un déplacement à Tours dans l’espoir d’une rencontre avec Louis le Pieux, le fondateur de Redon, Conwion, s’était fait accompagner par un membre de sa communauté, Condeloc, lequel apportait un gâteau de cire en guise de présent pour l’empereur ; mais ce dernier ayant refusé de recevoir les deux moines, Conwoion demanda à Condeloc de se rendre aux foires (ad nundinas) de la ville afin d’y vendre le présent désormais inutile. Or, comme il se trouvait sur le marché, Condeloc fut abordé par une apodix, autoglosé id est meretrix, « c’est-à-dire prostituée », qui lui tint ce langage : « D’où viens-tu, ami très cher, où donc étais-tu caché durant toutes ces années ? Dis moi : n’es-tu pas mon esclave (servus) et moi ta maîtresse (domina) ? Rappelle toi : nous avons été élevés ensemble dans la même demeure (in una domo), au sein de la même maisonnée (in una familia) ; souvent ma mère a lavé tes cheveux et souvent nous nous étendions dans le même lit ». A l’écoute de ces paroles que l’hagiographe présente comme inspirées par le démon, Condeloc d’abord rougit, puis son visage passe par différentes couleurs ; et comme « la prostituée » (le texte porte à nouveau le terme meretrix) veut l’entrainer de force à son logis (hospitium), Condeloc est heureusement tiré de ses mains par des prêtres du monastère de Saint-Martin, qui le connaissaient bien auparavant (qui eum bene ante noverant). Ceux-ci alors admonestent vertement « la prostituée » (troisième occurrence de meretrix) et lui intiment l’ordre de ne plus faire une telle tentative en direction des saints de Dieu (in sanctos Dei), de sorte que Condeloc se trouve ainsi dégagé du « filet du diable » (laqueus diaboli). Deux nouvelles citations scripturaires servent de conclusion à cet épisode.

Les différents commentateurs de ce passage, même les plus récents, ont, de façon volontaire ou non, constamment adopté le point de vue de l’hagiographe : P. Riché parle ainsi d’« une technique bien classique », qui consiste pour la prostituée à prétendre reconnaître un ami d’enfance dans celui qu’elle cherche à racoler ; une lecture différente nous paraît cependant possible, éclairée précisément par le terme apodix, dont nous cherchons à reconnaître l’origine.

Aucun des différents termes imagés par quoi on désignait une prostituée dans l’Antiquité romaine (bustuaria, diobolaria, limax, lupa, meretrix, quadrantaria, nonaria, noctiluca, scortum, scortillum, spurca,..) ne s’apparente de près ou de loin à celui d’apodix. Mme Brett dans son édition des Gesta évoque une possible contamination du mot grec latinisé apodixis, qui signifie « preuve irréfragable, démonstration », par le terme podex, (« anus, derrière ») ; mais il faut bien constater que ce rapprochement audacieux et un peu trivial — atténué dans le compte rendu paru dans les Études celtiques, où le recenseur propose de reconnaître dans apodix une forme cacographique du nom de la déesse de l’amour, Aphrodite — n’est pas vraiment très explicite. A l’occasion d’une collecte de « monstres lexicographiques » trouvés dans les dictionnaires médiolatins, G. Cremascoli signale apodisocia, qu’il rencontre pour la première fois chez Hugutius Pisanus, au XIIIe siècle, et qu’il rapporte, tout comme apodix, à une forme originelle adpendix ; celle-ci d’ailleurs aurait sans doute assez bien convenu à la situation : adpendix désigne en effet, comme on le voit chez Apulée à propos de Psyché s’accrochant à Eros, « celle qui est (physiquement) suspendue » à quelqu’un ! Cependant on trouve chez Papias, dès le milieu du XIe siècle (voir édition de 1496) le terme apodix, assorti de la glose socia, comes, (« compagne »), que cite notamment Du Cange d’après un manuscrit de l’Église de Bourges. Un rapport avec adpendix, appendix n’est évidemment pas à exclure, d’autant qu’il existait également un mot appendex qui a le sens de servus dans un texte de la fin du Xe siècle ; mais il est probable qu’il s’agit là de contaminations postérieures à la collecte effectuée par Papias.

La glose socia, comes s’accorde assez bien à la description de la familiarité dans laquelle s’étaient trouvés Condeloc et l’apodix, aux dires de cette dernière ; en revanche le terme meretrix revêt une signification forte, brutale et précise, qui n’est pas exactement celle de « compagne ». Ce double niveau du langage dans les Gesta est particulièrement intéressant, car l’hagiographe, s’il qualifie les propos de l’apodix de « diaboliques » (verba diabolica), ne dit pas expressément qu’ils sont mensongers : le silence de Condeloc et son émotion pourraient être d’ailleurs assez facilement interprétés comme une reconnaissance de ce passé enfoui. Au reste, il n’y a finalement rien de très compromettant dans les souvenirs qui sont évoqués : Condeloc aurait passé une partie de sa jeunesse à Tours, au sein d’une sorte de famille d’accueil, dont la fille, séduite par la simplicité et la prestance de l’adolescent, s’était imaginé pouvoir devenir un jour sa maîtresse. Or, P. Riché a proposé de reconnaître dans apodix un terme formé à partir du verbe grec apodixomai, apodichomai, qui signifie précisément « accueillir » : le mot désignerait donc bien « celle qui accueille » ; quant au séjour tourangeau de Condeloc, il est confirmé, au moins en partie, par les moines de Saint-Martin.

Maîtrise du double langage et des deux langues grecque et latine, comme on le voit par la fabrication du mot apodix et surtout par sa mise en œuvre subtile dans un discours susceptible d’une double grille de lecture, factuelle et spirituelle : comme le souligne B. Merdrignac, « le “discours englobant” (ici, les citations [scripturaires]) sert de référence et vérifie l’évènement : celui-ci ne prend sa consistance que parce qu’il est cautionné par la Bible ». L’auteur des Gesta sanctorum Rotonensium et la singularité de son œuvre — ouvrage dont nous ignorons l’intitulé primitif et qui ne rentre pas véritablement dans la catégorie des gesta abbatum définie par M. Sot — méritent donc bien l’intérêt que lui ont témoigné par le passé de nombreux d’auteurs, sans véritablement épuiser la question ; de même, la courte vita de saint Benoît de Massérac, jadis étudiée par A. Oheix et elle aussi littéralement cousue de citations scripturaires utilisées dans une démarche analogue à celle des Gesta, viendrait-elle sans doute enrichir notre connaissance du scriptorium de Redon, si l’on procédait à un nouvel examen de ce texte.


André-Yves Bourgès

© André-Yves Bourgès 2008. L’article intitulé « La connaissance du grec à Redon au IXe siècle : Condeloc et l’apodix tourangelle » est la propriété exclusive de son auteur qui en détient la version complète avec apparat critique.

5 commentaires:

AYB a dit…

Le Professeur P.-Y. Lambert nous a transmis la note suivante que nous nous faisons un plaisir de porter à la connaissance des lecteurs de ce blog :

"La note concernant l’apodix tourangelle est particulièrement bien venue, et je ne vois rien à objecter, sauf une chose : en quoi est-ce un hellénisme ? Puisque l’on n’arrive pas à trouver un mot grec qui soit la source vraisemblable d’apodix, je pense qu’il serait plus raisonnable d’abandonner la piste grecque. Même si le début de mot « fait grec ».



Pour les informations tirées des glossaires latins, je suis en mesure d’apporter quelques précisions. Le même manuscrit, Vatican 3321, édité par Goetz au début du t. IV du Corpus Glossariorum Latinorum (1889), donne sur la même page de l’édition :

Apodixen, ostensio (C.Gl. L. IV, 19.4) – clairement, le mot grec apodeixis -,

Et :

Appodix, socia come – à lire come[s] (C.GL.L. IV, 19.16), - qui est le mot qui nous intéresse.



Selon les reconstitutions de Lindsay, la première entrée fait partie du glossaire « Abstrusa », et la seconde (absente de certains manuscrits) du glossaire Abolita. Le mot grec apodeixis se retrouve dans plusieurs autres glossaires :

- un glossaire issu d’un centre hiberno-latin, Bobbio : le Saint-Gall 912, qui donne : apodixen, ostensio, probatio uel exemplum (C.Gl.L. IV, 207.17),

- et un glossaire issu d’un centre anglo-saxon, le ms. d’Erfurt n°1 (Amplonianum primum) : apodixis probatio vel exemplum (C.Gl. L. V, 338.44), cf. encore, ibid., apodixen fantasia (337.1).

Néanmoins, un glossaire issu d’un centre anglo-saxon vient d’être publié par une universitaire italienne, Luisa Mucciante, qui commence précisément par la notice apodix socia :le ms. de Londres, British Library, Royal 7 D II (paru en 2007, à Alessandria, Edizioni dell’Oro). Je n’ai pas encore eu accès à cette édition, presque toutes les bibliothèques étant actuellement fermées.



Il n’est pas prudent de se prononcer avant d’avoir vu ce livre, qui doit probablement étudier le mot sous toutes ses coutures. Le Dictionary of Non Classical Latin from Celtic Sources (Brepols) cite ap(p)odix sans commentaire, avec la seule référence aux Gesta Sanctorum Rotonensium.

Il y a clairement deux mots différents, le mot grec apodeixis, qui est traduit de façon exacte (probatio, ostensio), et le nom de la compagne, apodix ou appodix, dont l’origine ne m’apparaît pas. Nous ne savons même pas si le sens premier est « compagne » ou « courtisane » - comme semblerait le suggérer Ratvili. - Je ne crois pas possible de tirer apodix d’apodeixis : aucun des deux sens possibles d’apodix ne le permet. A moins de tirer sur la ficelle, en comparant les conhospitae de Lovocat et Catigern, les agapetae, subintroductae et autres mulierum consortia dont se délecte Louis Gougaud dans un article fameux d’Eriu IX 1921-25, 147-156 ; ces compagnes féminines que recherchaient encore les ermites du début du XIIe s, comme Robert d’Arbrissel, étaient certainement une « mise à l’épreuve » de leur chasteté, mais je doute qu’on ait pu leur donner précisément ce nom de « mise à l’épreuve ». De toute façon apodeixis et apodix / appodix n’ont pas le même nombre de syllabes. L’étymologie d’appodix me paraît obscure.



Pierre-Yves Lambert"

Bernard Merdrignac a dit…

J’attire l’attention sur le bref article que vient de publier mon ami Jean-Luc Leservoisier, conservateur du Centre des manuscrits du Mont Saint-Michel d’Avranches, « Aristote traduit au Mont-Saint-Michel: révélation ou fiction romanesque? », Les Amis du Mont-Saint-Michel, Bulletin n° 113, année 2008, p. 69-72 dans laquelle il fait ressortir les « aspects fantaisistes » de l’ouvrage de Sylvain Gouguenheim, "Aristote au Mont Saint Michel". Outre le fait qu’aucun document n’a gardé trace du séjour mystérieux de Jacques de Venise au Mont, les objections autorisées qu’il apporte aux affirmations de l’auteur valent d’être prises en compte :
1) « L’absence des manuscrits en langue grecque dans la bibliothèque du Mont. Pour traduire, il est nécessaire de disposer de sources » […] « Auraient-ils tous disparus au cours des siècles alors que seuls subsisteraient des exemplaires en latin ».
2) « Un scriptorium du Mont actif au début du XIIe siècle ? » Deux manuscrits montois seulement sont attribués avec certitude à la période 1100-1154, alors que l’abbatiat de Richard de Méré (1124-1131) est catastrophique et qu’à partir de 1135, la guerre entre Mathilde et Etienne de Blois perturbe l’abbaye (incendiée en 1138). Ce ne sont guère des conditions propices à l’étude et à la traduction d’Aristote !
La conclusion de Jean-Luc Leservoisier qui qualifie, sans polémique gratuite, d’ « histoire romanesque » le livre de Sylvain Gouguenheim me semble emporter la conviction.
Bernard Merdrignac

AYB a dit…

Merci à Bernard Merdrignac pour cette information. Je suis pour ma part assez surpris que l'article fondateur, documenté et absolument pas polémique de Coloman Viola, intitulé précisément "Aristote au Mont-Saint-Michel", paru il y a plus de quarante ans dans le 2nd volume du Millénaire monastique du Mont Saint-Michel, sous la dir. de R. Foreville, Paris,1967, p.289-312, ne soit (pour ainsi dire) jamais mentionné dans le cadre de "l'affaire Gougenheim", alors que ce dernier a emprunté au travail de Viola l'essentiel de ses informations relatives au rôle éventuel de la célèbre abbaye normande dans la transmission culturelle dont il est question.

André-Yves Bourgès

Piercol a dit…

Bonjour

Vous aviez, en février dernier, laissé une question sur http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article104#forum612

La réponse vient de vous d'être donnée par l'un des rédacteurs du site, car la numérisation des sources anciennes progresse un peu tous les jours.

Cordialement

Pierre
http://www.histoirepassion.eu
le site vous intéressé(e) ? faites-le connaître

Yves a dit…

Bonjour

Je ne suis pas français, mais mes ancêtres patronymiques étaient bretons (Arn goff).
Je n'ai pas de formation en histoire mais je sais lire et je sais faire mes recherches pour comprendre, saisir qui et comment je suis.
Je sais que Constantin avec sa devise "un Dieu, un empereur, un empire, une religion, une langue" a condamné le grec et l'hellénisme dans tout l'empire. Trouver un texte en grec du VIe siècle est impossible, je défie quiconque d'en produire un seul.
Je sais que le grec était pratiquement une langue morte à la mort de Mahomet. Pourtant au moment de l'Âge d'Or de l'Islam la langue et l'écriture grecques étaient enseignées dans les grandes universités de Syrie, de Perse, de Samarkand, etc. C'est de là que des étudiants grecs purent réintroduire la langue et l'écriture grecques parmi le peuple grec, selon la volonté du Basiléus et de l'Église d'Orient.
Jean-Luc Leservoisier a raison l'affaire Gougenheim est une supercherie.
Par ailleurs au XXIIe siècle, plusieurs apports de la culture arabe et mahométane trouve une expression en Bretagne dans tous les domaines, dont les textes de l'antiquité.
Je vous prie de faire les vérifications d'usage, vérifiez les textes grecs que trnsportent les transfuges et exilés grecs du XIIIe et XIVe siècle, ce sont des copies de textes de l'antiquité commentés abondamment par les maîtres arabes ou musulmans. Allez à Bologne, allez au Vatican. L'histoire est la fille la plus pauvre des sciences aujourd'hui.

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