"L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat, parce que l’Histoire, et au-delà les sciences humaines, est menacée par la posture utilitariste dominante dans notre société, pour laquelle seul ce qui est économiquement et immédiatement rentable est légitime : le reste n’est que gaspillage de temps et de deniers publics. Dans cette situation, l’Histoire médiévale est dans une situation paradoxale puisque s’ajoute à ce déficit général de légitimité des sciences humaines un détournement généralisé du Moyen Âge à des fins variées, jouant tantôt sur le caractère irrationnel et sauvage prêté à la période, tantôt sur la valeur particulière des « racines » médiévales. Le Moyen Âge devient ainsi un réservoir de formules qui servent à persuader nos contemporains d’agir de telle ou telle manière, mais n’ont rien à voir avec une connaissance effective de l’Histoire médiévale." J. MORSEL, L'Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat...

02 mai 2015

Quia fratres vestri hic in vicinia Brittonum sunt : une communauté colombanienne dans le voisinage des Bretons armoricains au début du VIIe siècle ?



En 610 ou 611, Colomban est en exil à Nantes, ou dans les parages de la cité ligérienne : il attend son embarquement forcé à destination de l’Irlande et, compte tenu des difficultés auxquelles risquent d’être confrontés les moines de la communauté de Luxeuil, il envisage pour eux la solution d’un repli local, « attendu », leur écrit-il, « que vos frères sont ici dans le voisinage des Bretons » [1] ; mais de quels « frères » s’agit-il, comment faut-il entendre cet « ici »  et où doit-on localiser les Bretons ?

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Commençons par ce dernier point consistant à déterminer la partie du territoire de la Gaule qui, à l’époque où écrit Colomban, était passée sous le contrôle des Bretons : c’est justement dans les dernières décennies du VIe siècle, que le nom Britannia qui désignait originellement l’actuelle Grande-Bretagne « en vient, simultanément dans les œuvres de Grégoire de Tours († 594), Marius d’Avenches († 594), voire Fortunat († 600), à désigner aussi la partie de la péninsule armoricaine occupée par les Brittani (ou Britones) »[2]. Il faut remarquer que Grégoire emploie indifféremment Britannia au singulier – c’est le cas le plus fréquent – ou au pluriel, ce dernier « étant sans doute justifié par la division de la Bretagne armoricaine en plusieurs États jouissant d'une indépendance complète l'un vis-à-vis de l’autre »[3]. Faute d’une hypothèse plus péremptoire[4], la conjecture ancienne d’Auguste Longnon garde toute sa validité et Joëlle Quaghebeur a récemment proposé de lui trouver un prolongement dans l’histoire bretonne à l’époque carolingienne[5]. C’est encore Grégoire de Tours qui nous permet de fixer assez de vraisemblance sur la Vilaine, en particulier sur son cours inférieur[6], la frontière sud-orientale entre les Bretons et les populations gallo-franques : attestée sur le territoire de Rieux par le toponyme Tréfin (trifinium), qui marque les confins des cités des Vénètes, des Riedones et des Namnètes[7], cette limite devait être violée à plusieurs reprises par les Bretons durant le dernier quart du VIe siècle. Au nord, la frontière entre les cités des Coriosolites et des Riedones, sur laquelle nous ne disposons pas de témoignage probant[8], a elle aussi fait l’objet à la même époque de transgressions de la part de Bretons apparemment installés dans les parages de Corseul depuis le début du VIe siècle[9] : Grégoire de Tours mentionne aux années 578-579 et 588-590 des pillages à l’entour non seulement de la ville de Nantes, mais également de celle de Rennes (circa urbem… Namneticam atque Redonicam, circa urbis namneticam utique et Redonicam) ainsi que dans leurs « territoires » (terraturium Namneticum Redonicumque)[10]. Les dévastations dont il est question reflètent, au sud comme au nord de la péninsule, une incontestable « poussée » des Bretons[11] et témoignent d’une vraisemblable collaboration militaire entre ceux du Vannetais, lesquels obéissent à un prince du nom de Waroch, et ceux du nord, dont le leadership paraît avoir été assuré par un membre du clan des « Jud- »[12], un certain *Juthmaclus[13], Judmaël: lui et Waroch sont en tout cas placés sur un pied d’égalité par Grégoire dans son récit des négociations avec les envoyés du roi Gontran à propos de Nantes. Un raid dans la région de Rennes amène les Bretons jusqu’au chef-lieu du pagus des Carnutes locaux, à moins de dix kilomètres des murs de la cité épiscopale (Brittani quoque graviter regionem Redonicam vastaverunt incendio, praeda, captivitate ; qui usque Cornutium vicum debellando progressi sunt)[14] : peut-être cette opération constitue-t-elle  une  illustration de la coordination des troupes bretonnes que nous venons d’évoquer[15].
Quoi qu’il en soit, nous proposons de tracer sensiblement en ligne droite, depuis le fond de l’estuaire de la Rance jusqu’à celui de l’estuaire de la Vilaine, cette « frontière des Bretons » (Britannorum limes) évoquée par Frédégaire[16], tout en gardant à l’esprit que de nombreux dépassements, plus ou moins pérennes, de cette limite sont  intervenus sur les confins occidentaux du Nantais, du Rennais et sans doute de l’Avranchin. Peut-être même le territoire contrôlé par les Bretons s’est-il étendu, au moins temporairement, à une partie du Cotentin[17] ; mais, le cas échéant, il faudrait sans doute envisager une alliance entre des immigrés locaux et ceux de la côte nord de la péninsule armoricaine plutôt qu’une expansion de ces derniers. Le dépassement le moins mal connu concerne la partie occidentale du Nantais, assimilée à la presqu’ile guérandaise, entre la Vilaine au nord, la Brière à l’est, la Loire au sud et l’océan à l’ouest : la présence de Bretons dans cet espace peut se déduire de la toponymie locale, qui présente un profil onomastique similaire à celle de la zone située immédiatement au nord de la Vilaine, ce qui assurément dénote une colonisation précoce et durable[18] ; mais l’implantation bretonne est surtout connue par le rôle joué par l’évêque de Nantes, Félix, dans le règlement des nombreux conflits qu’elle semble avoir occasionnés[19].

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Passons maintenant à l’adverbe « ici » (hic) que Colomban applique à la localisation de ceux qu’il présente comme les frères des moines de Luxeuil : il s’agit à l’évidence d’un lieu qui ne saurait être véritablement éloigné de celui où séjourne le saint ; mais comment doit-on entendre cet adverbe ? Au sens strict, il convient sans doute de ne pas aller beaucoup plus au-delà des quelques milles qui formaient la defensaria de Nantes[20] : auquel cas, c’est à l’intérieur même de ce périmètre que se trouvait également l’endroit où séjournait Colomban. En revanche, au sens large, l’indication donnée par le saint doit probablement être comprise comme une référence à un territoire plus étendu, d’autant plus que cette précision était destinée à des religieux expressément désignés comme appartenant à la  Burgondie ou à l’Austrasie[21], qui a priori ne connaissaient pas Nantes et qui en étaient éloignés de plus de six cent cinquante kilomètres. A cette distance, le terme « ici » ne saurait en effet avoir la même acception que lorsqu’il est utilisé par des correspondants géographiquement proches et c’est ce sens large que nous pensons devoir retenir.

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Venons enfin aux « frères » (fratres) des moines de Luxeuil  dont il est question dans la lettre adressée par Colomban à ces derniers : un premier séjour du saint dans les parages de son débarquement pourrait expliquer que certains de ses disciples avaient alors fondé ou rejoint une communauté monastique locale[22] ; à moins que Colomban n’ait voulu désigner les moines qui l’avaient accompagné sur la route de l’exil et qui, dans l’attente de son départ, se seraient alors regroupés dans un établissement existant. Quoi qu’il en soit, il paraît exclu que Saint-Colomban, actuelle commune de la Loire-Atlantique, à 25 km au sud de Nantes, puisse conserver le souvenir d’une telle communauté, implantée, au dire de Colomban lui-même, dans le voisinage des Bretons[23]. En revanche, il existait bien un monastère, au demeurant le seul à notre connaissance, situé à proximité immédiate des populations bretonnes, aux confins orientaux de leur territoire du Broérec : nous voulons parler de *Tincillac, aujourd’hui la commune de Théhillac[24], sur la rive gauche de la Vilaine ; de l’autre côté du fleuve, se trouve le site antique de Rieux, où, comme nous l’avons dit, le toponyme Tréfin doit être considéré comme le vestige d’un point de rencontre (trifinium) aux confins des anciennes civitates des Namnètes, des Vénètes et des Coriosolites[25]. Venance Fortunat, dans sa biographie de saint Aubin, nous montre ce dernier, originaire du Vannetais[26], entré en religion à *Tincillac[27], dont il devint rapidement l’illustration, puis prenant la tête du monastère à l’âge de trente-cinq ans pour un abbatiat de quelques vingt-cinq années, avant d’être finalement appelé sur le siège épiscopal d’Angers pour un pontificat dont l’hagiographe nous indique qu’il a duré vingt ans et six mois.
Compte tenu de sa proximité avec Aubin, qu’il avait représenté au concile d’Orléans en 549[28], on peut supposer qu’un certain Sapaudus avait remplacé le saint comme abbé à *Tincillac. Grégoire de Tours rapporte que l’abbé Sabaudus, personnage important car il avait été jadis minister de Clotaire[29], avait, en compagnie d’un nommé Secondel, rejoint le reclus Friard pour tenter, sur l’île Vindunitta[30], une expérience cénobitique ; mais il avait fini par renoncer et, de retour à son monastère, il fut peu après passé par l’épée pour des raisons demeurées obscures[31]. Le lieu de la retraite érémitique de Friard faisait indiscutablement partie du territoire namnète[32] et son caractère explicitement insulaire, outre l’Océan, oriente les recherches du côté de la Loire ou bien des marais de la Brière : la localisation la plus fréquemment retenue est le bourg de l’actuelle commune de Besné, d’autant que Friard et Secondel font depuis le début du XIIe siècle au moins l’objet d’un culte local ; mais les formes anciennes du nom de Besné (Beene en 1116, Bethene, vers 1120) paraissent irréductibles à Vindunitta. D’autres sites sont sans doute envisageables, comme par exemple Venet en Cordemais, sur la Loire, attesté en 1198 et 1216 sous la forme Venez : dans ce cas, la distance avec Théhillac aurait été encore suffisamment courte et le réseau viaire suffisamment développé pour que Sabaudus pût sans difficulté garder le contact avec ce monastère, si du moins il s’agissait bien du sien.

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Naturellement, la part faite belle à l’hypothèse dans les lignes qui précèdent ne permet pas de conclure formellement sur la localisation de la communauté monastique à laquelle fait allusion Colomban ; mais la critique textuelle nous oriente vers la basse vallée de la Vilaine où les religieux concernés ont pu trouver refuge au sein du monastère qui conservait le souvenir de saint Aubin. Le culte vannetais de saint Colomban, certes attesté tardivement, mais vigoureux, qui se déploie de Malansac à Pluvigner en passant par Loyat et bien sûr Locminé, a-t’il essaimé à partir de Théhillac ?


André-Yves Bourgès





[1] W. Gundlach, « Columbae Sive Columbani Abbatis Luxoviensis et Bobbiensis Epistolae », Monumenta Germaniae Historica, Berlin, 1892 (Epistolae Merowingici et Karolini Aevi, 3), p. 169 : Quia fratres vestri hic in vicinia Brittonum sunt. La lettre 4 dont ce passage est extrait est datée par son éditeur des années 610-611.

[2] B. Merdrignac, « Présence et représentations de la Domnonée et de la Cornouaille de part et d’autre de la Manche », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 117-4 (2010), p. 83-84

[3] A. Longnon, Géographie de la Gaule au VIe siècle, Paris, 1878, p. 170.

[4] Dans son article, « Soldiers, Saints, and States? The Breton Migrations Revisited », Cambrian Medieval Celtic Studies 61 (Summer, 2011), p. 1-56, C. Brett examine (p.34-43) la question de l’existence, dans l’ouest de la péninsule armoricaine, d’États bretons que, selon cette chercheuse, la ‘vulgate’ historiographique continentale décrit sans preuves comme organisés sous la forme de « monarchies territoriales » (p. 36). Cette position est aussitôt révoquée en doute par C. Brett (p. 37-41), sans trop de difficultés d’ailleurs eu égard au déficit documentaire ; mais ses appels à la prudence, certes justifiés, finissent par conduire à une véritable sous-interprétation des sources, laquelle favorise un recours excessif aux arguments a silentio, que cette chercheuse dénonce chez les historiens des origines de la Bretagne.

[5] J. Quaghebeur, « Structures politiques et institutionnelles de la Bretagne au temps de Grégoire de Tours », Les saints bretons du pays vannetais Supplément au Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, Vannes (2003), p. 11-38 ; Eadem, « Princeps et Principatus dans les actes du cartulaire de Saint-Sauveur de Redon au IXe siècle », G. Constable et M. Rouche (dir.),  Auctoritas. Mélanges offerts au Professeur Olivier Guillot, Paris, 2006, p. 301. 

[6] J.-C. Cassard, « La basse Vilaine, une marche de guerre au haut Moyen Âge », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 110-1 (2003), p. 29-47.

[7] A.-Y. Bourgès, « 'Buttes-témoin’ toponymiques aux confins des anciennes civitates de la péninsule armoricaine : les noms composés avec le terme *trifin », L’Armorique gallo-romaine (avril 2015) [en ligne :] http://www.armorique-gallo-romaine.com/2015/04/buttes-temoin-toponymiques-aux-confins.html (consulté le 16 avril 2015).

[8] Voir cependant ci-dessous la seconde partie de la n.13.

[9] En 1984 (« Des cités et diocèses chez les Coriosolites et les Osismes », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 113, p. 98-99), puis à nouveau en 1988 (« Les paroisses bretonnes primitives », Histoire de la paroisse, Angers, p. 17-20) et encore en 1994 (« De l’origine des évêchés bretons », Britannia monastica, vol. 3, p. 13-16) le regretté B. Tanguy, que son expertise en matière de toponomastique désignait tout naturellement pour ce type de recherche, a renouvelé, dans trois études particulièrement pénétrantes, notre approche de la fameuse « affaire » touchant aux pratiques de Lovocat et Catihern (vers 507-511) : il a ainsi montré que ces deux prêtres, dont les noms sont indiscutablement bretons, étaient sans doute installés à proximité de Corseul, à Languedias,  « l’ermitage de Catihern ». Ce toponyme, noté Langadiar aux XIVe et XVe siècles,  fut lui-même probablement à l’origine de celui de Plélan, « la paroisse de l’ermitage », constituée, selon B. Tanguy, au détriment de Corseul. Dès 1986 (Communes bretonnes et paroisses d’Armorique, s.l. [Brasparts], p. 131), E. Vallerie avait de son côté conjecturé, en s’appuyant sur l’étude du maillage paroissial médiéval, que le territoire originel de Corseul pouvait avoir couvert une vaste étendue de près de 15 km de long sur quelques 10 de large, dont le démembrement  serait consécutif à l’action des immigrants bretons : ce territoire originel aurait été formé de Corseul, Quévert, Aucaleuc, Vildé-Guingalan (moitié nord), Saint-Maudez, Saint-Michel-de-Plélan, Saint-Méloir-près-Bourseul (moitié nord), Bourseul (moitié nord), (Nazareth), Languenan (moitié sud).

[10] Gregorius Turonensis, Decem Libri Historiarum, V, 31 ; X, 9 ; IX, 24.

[11] Réponse à un accroissement brutal de la population, volonté affichée de conquête territoriale renforcée par les rivalités politiques au sein de la dynastie mérovingienne, ou bien tout simplement goût prononcé pour le pillage et la rapine, particulièrement en ce qui concerne l’approvisionnement en vin, les motivations sans doute multiples des chefs bretons restent difficiles à démêler.

[12] B. Merdrignac, D’une Bretagne à l’autre. Les migrations bretonnes entre histoire et légendes, Rennes, 2012, p. 243, évoque « le clan des « *Kon- » (= « chien », « guerrier », « chef » [ ?]: Chonomor, Chonober, Chanao) et celui des « *Jud- » (= iudex [ ?] : Judwal, Judael, Judicael, etc.) ».

[13] Ce nom est noté fallacieusement Vidimaclus dans la plupart des manuscrits.  A l’instar d’un autre membre, plus célèbre, du même clan, Judicaël, il est possible que ce Judmaël ait fait l’objet d’une « canonisation » par la vox populi : voir le nom de la commune costarmoricaine de Saint-Juvat (E. Vallerie, Traité de toponymie historique de la Bretagne, Le Relecq-Kerhuon, 1995, p. 237). – La situation géographique de Saint-Juvat, sur la rive gauche de la Rance, est intéressante à remarquer, car le cours inférieur de ce fleuve pourrait bien avoir constitué à haute époque la limite entre la civitas des Coriosolites et celle des Riedones : c’est du moins ce que suggère le nom d’Evran, déjà souligné par F. Merlet et R. Sancier. A noter également le toponyme Le Levran, en Iffendic, « qui semble bien montrer que la frontière quittait la Rance à partir d'Evran pour se diriger droit vers le sud, dans la direction » de cette commune,  comme l’a écrit R. Sancier en 1968 ; mais l’hypothèse n’était supportée à cette époque que par l’étymologie d’Iffendic qui, contrairement à ce que pensait ce chercheur, ne peut s’expliquer par le terme fines.

[14] Gregorius Turonensis, Decem Libri Historiarum, V, 28.  – Il nous semble que cette localité, dont le nom paraît avoir été formé à partir de celui du pagus Carnutenus, doit être identifiée avec Chartres-de-Bretagne plutôt qu’avec Corps-Nuds.

[15] Cf. L. Pietri, « Grégoire de Tours et les Bretons d’Armorique : la  chronique d’un double échec », », J.-C. Cassard, P.-Y. Lambert, J.-M. Picard et B. Yeurc’h (dir.), Mélanges offerts au professeur Bernard Merdrignac (= Britannia monastica, 17), Landévennec, 2013, p. 127-128.

[16] Fredegarius Scholasticus, Chronicum, § 20 : « Anno 5 regni Theuderici, iterum signa quae anno superiore visa fuerant, globi ignei per coelum currentes, et ad instar multitudinis hastarum ignearum ad occidentem apparuerunt. Ipsoque anno Theudebertus et Theudericus reges contra Chlotharium regem movent exercitum, et super fluvium Aroannam, nec procul a Doromello vico, praelium confligentes junxerunt. Ibique exercitus Chlotharii gravissime trucidatus est. Ipsoque cum his qui remanserunt in fugam verso, pagos et civitates ripae Sigonae, qui se ad Chlotharium tradiderant, depopulantur et vastant. Civitates ruptae, nimis pluritas captivorum ab exercitu Theuderici et Theudeberti exinde ducitur. Chlotharius oppressus, vellet nollet, per pactionis vinculum firmavit, ut inter Sigonam et Ligerem usque mare Oceanum et Britannorum limitem pars Theuderici haberet; et per Sigonam et Isaram Ducatum integrum Dentelini usque Oceanum mare Theudebertus reciperet. Duodecim tantum pagi inter Isaram et Sigonam et mare littoris Oceani Chlothario remanserunt ».

[17] P. Lajoye, « De quelques notables bretons en ‘Normandie’ au haut Moyen Âge », Mélanges offerts au professeur Bernard Merdrignac, p. 147-152 croit pouvoir déceler dans la documentation la présence  d’ « un comte breton à Coutances » à la charnière des VIe-VIIe siècles ; mais la finesse de ses arguments, tant du point de vue historique que philologique, ne donne pas suffisamment de force à sa démonstration pour emporter véritablement l’adhésion. En revanche, ce chercheur a raison de rappeler « que l’immigration bretonne sur le continent ne s’est pas cantonnée à l’actuelle Bretagne, mais a touché à des degrés plus ou moins variés toute la côte sud de la Manche ».

[18] J.-Y. Le Moing, Les noms de lieux bretons de Haute-Bretagne, Spézet, 1990, p. 30-32, 296, 317-318 et p. 446 la carte 2.

[19] Venantius Fortunatus, Carminum Epistularum Expositionum, III, 5, 8 ; Gregorius Turonensis, Decem Libri Historiarum, IV, 4 ; V, 31.

[20] L’existence d’une telle defensaria est attestée sous le nom de quinte (quinta, quintana) pour les chef-lieux des autres cités gallo-franques de la province de Tours (Tours, Angers, Le Mans et Rennes).

[21]Le roi Thierry ne leur donne pas licence de quitter les lieux pour accompagner leur abbé en exil à raison de leur origine gauloise : B. Krusch [éd.], « Vitae Columbani abbatis discipulorumque ejus libri II », Ionae Vitae sanctorum Columbani, Vedastis,  Iohannis, Hanovre, 1905 (Scriptores rerum germanicarum in usum scholarum  ex Monumentis Germaniae historicis separatim editi), p. 196.

[22] J.-M. Picard, « L'Irlande et la Normandie avant les Normands (VIIe-IXe  siècles) », Annales de Normandie, 47-1 (1997), p. 6 ; mais ce chercheur, qui fait fond sur la tradition d’un premier débarquement de Colomban  dans la vallée de la Rance, situe en conséquence cet hypothétique monastère dans les parages de Saint-Malo [= Alet].

[23]A.-Y. Bourgès, « Sur l’itinéraire aller de Colomban, depuis l’Irlande jusqu’en Burgondie », Hagio-historiographie médiévale (mai 2015) [en ligne :]  http://www.hagio-historiographie-medievale.org/2015/05/sur-litineraire-aller-de-colomban.html (consulté le 2 mai 2015).

[24] Cette identification, proposée par L. Maître dès 1893 a été depuis confirmée par E. Vallerie, Traité de toponymie historique de la Bretagne, Le Relecq-Kerhuon, 1995, p. 256-257, sur la base d’une argumentation philologique serrée qui ne laisse plus guère de place au doute.

[25] Voir supra n. 7.

[26] Venantius Fortunatus, Vita sancti Albini, I : Veneticae regionis, oceani britannici confinis, indigena.

[27] Ibidem : Mox autem in Tincillacensi monasterio tanta animi humilitate domino placiturus se subdidit.

[28] J. Gaudemet et B. Basdevant, Les canons des conciles mérovingiens (VIe-VIIe siècles), 1, Paris, 1989 (Sources chrétiennes, 353), p. 326 : Sapaudus abbas directus a domno meo Albino episcopo ecclesiae Andicauensis subscripsi.

[29] Gregorius Turonensis, Vitae Patrum, X, 2 : Abbas Sabaudus, qui quondam regis Clotarii minister fuerat.

[30] Ibidem : Vindunitensem Namnetici territorii insulam.

[31] Ibid. : Ad monasterium rediit, nec multo post, occultis de causis, gladio est peremptus. Nous sommes enclin, pour notre part, à mettre cette fin tragique en rapport avec la situation politico-géographique de l’abbaye sur la frontière souvent transgressée par les Bretons du Vannetais : nous y reviendrons à l’occasion d’un travail intitulé : « Un monastère mérovingien des confins gallo-bretons : *Tincillac nunc Théhillac » (en préparation).


[32] Voir supra n. 30.

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