"L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat, parce que l’Histoire, et au-delà les sciences humaines, est menacée par la posture utilitariste dominante dans notre société, pour laquelle seul ce qui est économiquement et immédiatement rentable est légitime : le reste n’est que gaspillage de temps et de deniers publics. Dans cette situation, l’Histoire médiévale est dans une situation paradoxale puisque s’ajoute à ce déficit général de légitimité des sciences humaines un détournement généralisé du Moyen Âge à des fins variées, jouant tantôt sur le caractère irrationnel et sauvage prêté à la période, tantôt sur la valeur particulière des « racines » médiévales. Le Moyen Âge devient ainsi un réservoir de formules qui servent à persuader nos contemporains d’agir de telle ou telle manière, mais n’ont rien à voir avec une connaissance effective de l’Histoire médiévale."

J. MORSEL, L'Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat... (ouvrage téléchargeable ici).

12 mai 2019

Disparition de Fanch Morvannou (1931-2019)


Parmi tous les hommages mérités rendus à Fanch Morvannou au lendemain de la disparition de ce chercheur, on ne trouve pas de développement particulier sur ses travaux concernant l’hagiographie médiévale bretonne : certes, les travaux en question ne sont pas les plus nombreux au sein d’une œuvre abondante, principalement consacrée à la langue bretonne, à la foi chrétienne et aux rapports que l’une entretient avec l’autre ; mais le talent  littéraire de Fanch Morvannou, ses compétences de latiniste et son intérêt pour les saints bretons de l’époque héroïque ont été à l’origine de précieuses recherches sur le dossier hagiographique de Guénaël, dont il avait présenté les grandes lignes dès 1974 dans un article sur « Guénolé et Guénaël », paru dans les Annales de Bretagne, avant d’en donner l’édition savamment commentée en 1997 sous le titre Saint Guénaël. Etudes et documents (Britannia monastica, 4).



  A cette dernière occasion, Fanch Morvannou était venu entretenir le public de la journée d'étude annuelle du CIRDoMoC à Landévennec d’un point précis de ses recherches, en posant la question de savoir si un « écritoire » monastique avait existé à Locunel, dans la commune de Lanester : disert, affable, érudit, - comme à l’habitude, - le ton de cette intervention avait beaucoup marqué les auditeurs par l’art consommé de l’orateur à multiplier les interrogations et les hypothèses, avant de conclure par la négative.  

Incontestablement, quelque adepte forcené de l’usage du rasoir d’Ockham en aurait-il terminé plus vite ; mais c'eût été au détriment de cette démarche itérative qui rend si plaisante et si enrichissante la recherche dans le domaine des sciences molles. Grande leçon à méditer !


André-Yves Bourgès







 

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