"L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat, parce que l’Histoire, et au-delà les sciences humaines, est menacée par la posture utilitariste dominante dans notre société, pour laquelle seul ce qui est économiquement et immédiatement rentable est légitime : le reste n’est que gaspillage de temps et de deniers publics. Dans cette situation, l’Histoire médiévale est dans une situation paradoxale puisque s’ajoute à ce déficit général de légitimité des sciences humaines un détournement généralisé du Moyen Âge à des fins variées, jouant tantôt sur le caractère irrationnel et sauvage prêté à la période, tantôt sur la valeur particulière des « racines » médiévales. Le Moyen Âge devient ainsi un réservoir de formules qui servent à persuader nos contemporains d’agir de telle ou telle manière, mais n’ont rien à voir avec une connaissance effective de l’Histoire médiévale."

J. MORSEL, L'Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat... (ouvrage téléchargeable ici).

22 février 2023

« Beati Idiuneti confessoris vitam scripturus… Explicit vita sancti Ethbini confessoris Christi » : retour sur la vita d’Id(i)unet/Ethbin [BHL 2621]

« The Lives of Ethbin and Guenael pose unsolved questions as to their circumstances of composition and the actual relations of their saints' cults to that of Winwalloe ; the adoption of their cults at Landévennec seems to be related to the expansion of that abbey's influence into Léon and the Vannetais, and a desire for a broadening of the sacred history which, in the ninth century, had been concentrated exclusively on the figure of their founder » [1].

 

Une lecture attentive de la vita d’Id(i)unet/Ethbin [BHL 2621][2] (qu’Yves Morice, qui nous avait sollicité à ce sujet dès 2006, en soit ici tardivement remercié !)  nous alors avait permis naguère d’en mesurer toute la complexité ; mais, dans les récents traitements auxquels nous avons soumis ce texte[3], – outre réduire l’anecdote où un saint du nom de Guénolé joue un rôle prééminent à une simple illustration du motif du « baiser au lépreux », en passant sous silence sa dimension explicitement christique de l’épisode, – nous aurions laissé de côté, nous dit-on, la question de l’époque et des circonstances de sa composition. Il nous a semblé nécessaire de répondre à ces critiques, qui ne sont pas sans fondements : c’est l’occasion de reconsidérer, au surplus de la question de la datation de la vita, celle du lieu de sa rédaction, pour lequel nous avons naguère indiqué, sans véritablement prendre parti, qu’il se situait « à Landévennec ou à Montreuil-sur-Mer »[4] ; de surcroît, cette alternative doit être dépassée si nous voulons progresser sur la question.

Il est patent que notre analyse de l’épisode de la rencontre avec le lépreux s’avère par trop sommaire ; mais, en renvoyant expressément à différentes reprises à la passionnante étude de Dominique Barbet-Massin[5], nous pensions justement pouvoir faire l’économie des aspects développés par cette chercheuse, en particulier l’attention qu’il convient de porter à la vision dont bénéficie Ethbin à l’occasion du miracle du lépreux, au moment même où ce dernier, transfiguré en Christ, s’élève dans les cieux : il nous aura donc manqué, par précipitation sans doute, par négligence peut-être, d’indiquer le lien entre notre propos et les solides conclusions de l’étude en question.

Quant aux circonstances, à l’époque et au lieu de composition de la vita, nous nous sommes contenté, en effet, de quelques généralités, sans reprendre la question au fond. Or, dans le cadre d’un travail en cours[6], il nous a paru impossible de procéder à un nouvel évitement, même si ces interrogations ne concernent qu’à la marge notre sujet ; au reste, Barbet-Massin ayant donné à l’occasion de son étude un status quaestionis des plus satisfaisants[7], il s’agira simplement pour nous de proposer quelques hypothèses, dont la nouveauté n’est d’ailleurs pas toujours avérée.

 

 I

Comme le rappelle le titre de la présente notule, le texte de la vita tel qu’il figure dans le manuscrit du « cartulaire » de Landévennec [8], – reflet de la tradition locale vers le milieu du XIe siècle, – nous fait entrer dans le récit avec les débuts de l’existence terrestre d’Id(i)unet ; mais nous en sortons avec la naissance au ciel et la sépulture d’un certain Ethbin. Le problème dépasse de beaucoup celui de la seule binymie du héros : si au XIe siècle Id(i)unet figurait déjà dans le « panthéon » hagiographique de l’abbaye de Landévennec, notamment dans un acte qui souligne sa fraternité avec Guénolé[9],  Ethbin en était, quant à lui, absent et même la transcription de sa vita dans le cartulaire à cette époque n’a pas suscité l’émergence de son culte ; au reste, son nom est resté inconnu en Cornouaille et, plus généralement, en Bretagne, à l’époque médiévale.

 Id(i)unet, né en Bretagne, fils d’Eut[(h)ic]ius et d’Eula, est d’abord présenté comme un disciple de Samson de Dol auprès duquel il séjourne quelques temps : il rencontre sur place à cette occasion un certain diacre Baumerus ; puis il rejoint l’abbé Similien (Similianus), qui dirige le monastère de Tauracus, où il prend l’habit monastique et devient bientôt le compagnon d’un prêtre et moine du lieu, nommé Guénolé. Le miracle du lépreux fait intervenir principalement ce dernier, comme nous l’avons indiqué ; quant à Id(i)unet, il porte désormais le nom Ethbin dans la suite du récit. Bientôt, fuyant les Francs qui dévastent la Bretagne (sic), le saint se réfugie en Irlande où, après avoir élevé une église dédiée au martyr Silvain (in honore sancti Silvani martyris aecclesiam fabricavit)[10] et obtenu plusieurs miracles, dont l’un où son intervention s’est avérée plus efficace que l’invocation de Brigitte, il meurt au terme d’une longue vie quasi-érémitique.

Que le scribe ait souhaité, en conservant les deux noms dans sa transcription, informer le lecteur de l’identité qu’il établissait entre les deux saints[11] ; ou, à l’inverse, que ce soit son manque de rigueur qui dénonce, malgré lui, la falsification à laquelle il s’est livré[12], peu importe en fait pour notre propos : ce qui est net et remarquable, c’est que la vita traite de saints dont l’origine doloise est explicite. Cette attribution constitue un indice assez sûr que, non seulement il a exsité un culte dolois de Guénolé, mais encore que ce culte était rendu à un homonyme distinct du fondateur de Landévennec[13] : nulle part en effet il n’est fait allusion dans la vita au monastère cornouaillais.

 

II

Sous réserve d’un approfondissement, l’examen du texte auquel nous avons procédé ne nous a pas permis de déceler des variations lexicométriques significatives entre les trois parties de l’ouvrage, à l’exception donc de la présence du nom du nom Id(i)unet au lieu d’Ethbin dans la première d’entre elles, du moins dans la version qui nous a été conservée par le cartulaire de Landévennec ; il n’y a pas non plus, semble-t-il, de véritables ruptures stylistiques qui permettraient de repérer aisément une pluralité d’auteurs.

En revanche, la narration est assez accidentée et révèle en creux certains traits de son époque  : ainsi l’engouement de l’hagiographe pour l’Ile des Saints témoigne-t-il de l’influence de la « mode » irlandaise qui culmine dans l’hagiographie continentale au XIe siècle[14] ; dans la vita, outre une référence au tombeau, d’ailleurs non localisé, de sainte Brigitte, il est question de l’installation d’Ethbin in silva quae Nectensis dicitur, inconnue en Irlande[15], pour laquelle on a récemment proposé une identification assez peu convaincante avec le « puits de Nechtan », à la naissance de la Boyne[16]. En fait, il s’agit plus probablement du terme ethno-géographique Silvanectensis (« senlisien »), défiguré par une fausse coupe étymologique[17]. Il est donc évident que l’hagiographe ne connaissait pas plus Senlis que l’Irlande ; mais il a pu utiliser pour composer la dernière partie de son ouvrage une documentation d’origine senlisienne, provenant de l’église collégiale Saint-Frambourg, fondée au tournant des Xe-XIe siècles par la reine Adélaïde[18], où, entre autres reliques, étaient vénérées celles de saint Baumer, abbé et confesseur, et celles de saint Silvain, évêque et confesseur[19] (ce dernier identifié dans un martyrologe ancien de Saint-Rieul avec l’évêque homonyme de Thérouanne au VIIIe siècle)[20].

Quant au compagnonnage entre Ethbin et Guénolé, on a supposé que l’hagiographe avait été influencé par la tradition qui avait cours à Montreuil-sur-Mer, où les deux saints faisaient l’un et l’autre l’objet d’un culte, renforcé par la présence de leurs reliques respectives[21] : on en a même parfois déduit que la biographie d’Ethbin, en particulier le miracle du lépreux, avait été composée sur place par un membre de la communauté de Landévennec, à l’époque de son exil (entre 913 et les années 940) ; mais, – outre que cette hypothèse implique que la composition de la vita brevior de Guénolé [BHL 8956d] soit antérieure à la rédaction longue par Wrdisten [BHL 8957-8958], opinion définitivement abandonnée suite à la démonstration péremptoire de Joseph Claude Poulin[22], – il ne parait guère envisageable qu’il se soit trouvé  parmi les moines bretons exilés à Montreuil-sur-Mer l’auteur d’un texte qui renversait « d’une façon aussi formelle ce que la tradition leur apprenait sur leur patron saint Guénolé » [23].  En outre, il faut envisager que les reliques attribuées à Ethbin aient été en fait celles d’Id(i)unet, amenées par les moines de Landévennec[24] : si cette possibilité était retenue, Montreuil-sur-Mer ne devrait l’importance de son rôle dans la tradition hagiographique qui unit le saint à Guénolé, attestée par un manuscrit (disparu) de l’abbaye Saint-Saulve[25], que par son statut de relais régional de cette tradition, souligné par Poulin[26] et dont témoignent notamment deux manuscrits appartenant autrefois aux abbayes d’Anchin et de Marchiennes[27].

 

III

La candidature de Senlis de même que celle de Montreuil-sur-Mer se trouvant disqualifiées, et a fortiori celle de Landévennec, – même si à l’occasion de son intégration dans le « patrimoine hagiographique » de l’abbaye cornouaillaise, la vita d’Ethbin a fait l’objet d’une interpolation, au moins aussi tardive que l’époque à laquelle le cartulaire a été compilé, –  nous sommes pour notre part tenté de  localiser la mise en forme  de ce texte, en particulier ce qui concerne sa première partie, à l’abbaye Saint-Jacut de l’Isle, originellement Landoac (alias Landoar, Landouar) [28], laquelle, dès 1024-1034, relevait de l’évêque de Dol[29].

En effet, à l’époque de la compilation du cartulaire de leur abbaye, les moines de Landévennec revendiquaient la possessioncula dite villa Lancolvett qui est à l’origine de Locquénolé et qui s’étendait alors sur un territoire plus vaste (a mare usque ad mare)[30], par quoi il faut entendre la presqu’île de Taulé entre la rade de Morlaix et l’estuaire de la Penzé ; mais, dès 1163, Locquénolé est mentionné parmi les dépendances de Saint-Jacut de l’Isle[31] : le regretté Erwan Vallerie a évoqué, dans un travail par ailleurs très convaincant, « le seul point où soient attestées successivement l’influence de Landévennec et celle de Dol »[32]. Il nous semble que c’est moins l’influence de Dol que celle de Saint-Jacut qui s’est manifestée sur place : si le lieu était effectivement considéré sous l’Ancien Régime comme une enclave de l’évêché de Dol dans celui de Léon, Locus Guennolay est encore compté vers 1330 au nombre des paroisses du Léon[33] ; mais le plus important pour notre propos consiste dans la possible identification du nom de Taulé avec celui de Tauracus, dont le rocher du Taureau, verrou de la rade de Morlaix, constituerait le vestige toponymique[34].

Par ailleurs, les incontestables emprunts au dossier hagiographique de Guénolé qui figurent dans l’ouvrage consacré à la vie et aux miracles des saints Jacut et Wethenoc, composé pour aider à la substitution du vocable primitif du monastère[35] dans les années 1090[36], permettent de postuler l’existence d’échanges entre les scriptoria des deux abbayes[37] : la vita d’Ethbin, appropriée à Landévennec au profit d’un saint cornouaillais du nom d’Idunet, a pu ainsi être transférée depuis Saint-Jacut de l’Isle, en même temps, par exemple, que les éléments de la tradition relative à saint Balai/Valai[38]. L’examen des plus anciens manuscrits des différentes pièces du dossier hagiographique de Guénolé ne crée pas d’obstacle à cette hypothèse : aucun d’entre eux n’est antérieur à la fin du Xe siècle au plus tôt, leur datation étant généralement rapportée aux XIe-XIIe siècles ; celui dans lequel on trouve la vita de Jacut et Wethenoc est un peu plus tardif (XIIIe siècle). Poulin suppose que l’auteur de ce dernier texte s’est inspiré de la vita brevior de Guénolé, pour composer son propre ouvrage[39] ; quant à l’abréviateur de la vita de Guénolé, précurseur relativement habile du « couper-copier-coller », il avait eu lui-même à sa disposition la vita d’Id(i)unet/Ethbin, conservée ensemble avec l’ouvrage de Wrdisten dans le cartulaire de Landévennec.

On constate ainsi que la chronologie de ces différentes compositions se trouve être resserrée sur la seconde moitié du XIe siècle, laquelle constitue une période-pivot de l’hagiographie bretonne : véritable entreprise de recyclage des traditions antérieures, avec d’opportunes inventions de reliques comme celles qui furent découvertes sur l’île de Groix vers 1066-1079[40], les productions littéraires de l’époque sont les vecteurs d’une propagande très efficace au service des ducs de la maison de Cornouaille, notamment en ce qui concerne leur reconquête du pouvoir dans la partie septentrionale du duché.

 

IV

Il reste à envisager comment Ethbin a pu intégrer le « patrimoine hagiographique » de l’abbaye Saint-Jacut de l’Isle : nous avons en effet souligné qu’il n’existait pas de tradition relative à ce saint en Bretagne, sauf sa vita transcrite dans le cartulaire de Landévennec et nous avons en outre disqualifié Montreuil-sur-Mer comme le possible lieu originel de son culte, en dépit de sa popularité locale au bas Moyen Âge ; mais il convient préalablement de rappeler les quelques éléments, –  très conjecturels puisqu’il faut renoncer à tout espoir d’une confirmation de nature codicologique[41], – dont nous disposons sur le scriptorium de Saint-Jacut.

Dans un travail qui s’apparente davantage à une recension d’ouvrage qu’à une étude dédiée[42], nous avons proposé que soient comptées au nombre des productions de cet écritoire, – outre l’hagiographie du saint éponyme, – la vita de Cunwal [BHL 2018b], la vita IIa de Lunaire [BHL 4880] et la vita « clermontoise » de Turiau [BHL 8342d][43]. Peut-être même ce rapide inventaire doit-il inclure, comme nous l’avons envisagé à l’époque, la vita brève de Tugdual [BHL 8350][44] : celle-ci en effet se distingue assez nettement à plusieurs reprises des versions moyenne et longue de l’hagiographie du saint, notamment en ce qu’elle s’inscrit dans une sorte de « logique ‘cartographique’ des paroisses données au saint dans les différents pagi de la Bretagne septentrionale », laquelle « fait irrésistiblement penser à celle des enclaves de Dol. Or, pour plusieurs de ces dernières, leurs origines et leur développement paraissent liés à l’action des moines de Saint-Jacut, comme l’avait fait remarquer en son temps R. Largillière »[45].  Poulin, de son côté, a mis en évidence l’influence de la vita IIa de Lunaire sur la vita brève de Tugdual[46]. Enfin, « il faut également noter dans ce dernier texte la présence miraculeuse d’un ange qui participe au fractionnement de l’hostie lors de la messe célébrée devant Childebert : là encore, cet épisode est absent de la rédaction moyenne ; en revanche, il figure dans la rédaction longue, de même que dans la vita de saint Cunwal [BHL 2018b], transmise à l’instar de la vita IIa de saint Lunaire, par un manuscrit du XIIIe siècle. Comme le souligne J.C.P. [Joseph Claude Poulin], les dossiers de ces deux saints dans ce manuscrit ‘’étaient destinés dès l’origine à être liés, car le fol. 1 débute, de première main, par la rubrique Officium in vigilia beati Leonorii et similiter beati Cunuali confessoris’’ »[47]. Il est donc loisible de supposer que la composition de ces trois vitae est intervenue dans le même milieu, probablement monastique, pour qui le souvenir des saints concernés était important. Or, non content de fêter le dies natalis de Lunaire et même la translatio de ses reliques[48], la communauté de Saint-Jacut, dans le cadre des possessions trégoroises de l’abbaye, notamment Penvenan, avait tout intérêt au point de vue mémoriographique à s’approprier les traditions ayant cours sur Cunwal ; de même, il était plus efficace de justifier par les donations dont Tugdual aurait été le bénéficiaire les possessions de l’abbaye dans les diocèses de Léon, Tréguier, Saint-Malo et ainsi compléter partiellement le réseau des enclaves doloises, voire le recouvrir à l’occasion[49].

Le cas de la vita clermontoise de Turiau nous semble témoigner de manière plus décisive encore de sa composition à Saint-Jacut : l’hagiographe en effet transporte de manière explicite l’école monastique de Budoc, attestée au moins depuis l’époque de la composition de la vita de saint Guénolé par Wrdisten à l’île Lavret, dans l’archipel de Bréhat[50], jusqu’à l’île des Ebihens[51], à quelques encablures de l’abbaye. Sans doute s’agissait-il de rendre compte de la tradition doloise des XIe-XIIe siècles qui, en plus de lui attribuer un pèlerinage à Jérusalem, présentait Budoc comme le second successeur de Samson après Magloire sur le siège métropolitain[52] : peu importe si, en l’occurrence, ceux qui ont canalisé la tradition ont probablement confondu ou amalgamé plusieurs personnages homonymes ; quant à Turiau, il figure également dans la lignée archiépiscopale[53], en conformité avec les éléments les plus anciens de son dossier hagiographique[54].

 

V

La dévotion de la communauté de Saint-Jacut à l’égard de Turiau ouvre une nouvelle piste à propos de la captation locale de la légende d’Ethbin. Cette piste est celle de la Normandie, renforcée par l’appartenance doloise de l’abbaye : en plus de ses enclaves de l’embouchure de la Seine, voisines de l’actuelle commune de Saint-Thurien (Sanctus Turianus au XIIe siècle), Dol entretenait en effet un lien particulier avec le monastère de la Croix-Saint-Leufroy (ci-devant La Croix-Saint-Ouen), dont un des abbés, Jean, avait occupé le siège épiscopal sous le règne de Louis le Pieux[55]  et où les restes mortels de Turiau avaient été précocement apportées ; par la suite, accompagnées de celles de Leufroy, ces reliques avaient connu, lors des incursions vikings, une nouvelle translation, jusqu’à Saint-Germain-des-Prés, avant d’être en partie rétrocédées à l’abbaye normande[56]. Or cette dernière est située à une quinzaine de kilomètres seulement de l’endroit qui,  aujourd’hui encore, est appelé le « tombeau de saint Ethbin », à Port-Mort, de l’autre côté de la Seine, mais à l’époque directement accessible par le passage de la Garenne : il s’agit d’une sorte de cénotaphe qui, vers 1870, a remplacé un monument plus frustre (un dolmen ?) que la tradition désignait comme la sépulture du saint. L’église paroissiale Saint-Pierre détenait une partie importante des reliques de ce dernier, qui furent reconnues en 1837[57] ; mais ce trésor était, semble-t-il, conservé avant la Révolution dans l’église semi-troglodyte Saint-Martin[58], au pied du piton calcaire de Châteauneuf[59]. Ethbin faisait également l’objet d’un culte à la collégiale de Vernon[60], en amont du fleuve, à une vingtaine de kilomètres de La Croix-Saint-Leufroy : on conservait sur place des reliques du saint, qui ont depuis disparu[61]. Dans les deux cas, Ethbin était fêté sur place le 20 octobre, c’est-à-dire le lendemain de son dies natalis. Enfin, sensiblement à mi-chemin entre Port-Mort et Vernon, dans la commune actuelle de Pressagny-l’Orgueilleux, le lieu-dit Le Chien Saint Ebin, bien oublié aujourd’hui, conservait sans doute le souvenir de notre personnage[62]. C’est dans ces parages que se trouvait à la fin du Moyen Âge un manuscrit (du XIe siècle) dont une partie, contenant deux fragments de textes, l’un extrait de la Passio Pauli par le pseudo-Lin, l’autre de la vita d’Ethbin, a servi à couvrir le manuscrit du récit du voyage de Vernon à Jérusalem composé par le prêtre vernonais Pierre Barbatre[63].

*

Il faut conclure notre propos, très discursif et marqué, comme toujours, au coin de l’hypothèse. Il nous semble qu’il existe de bonnes raisons pour qu’aux XIe-XIIe siècles le scriptorium de Saint-Jacut ait connu une activité importante en matière hagiographique : nous pouvons d’ailleurs mentionner avec une assez grande probabilité plusieurs de ses productions. Il nous semble également que s’éclaireraient les circonstances dans lesquelles s’est élaborée l’histoire d’Id(i)unet/Ethbin, avec en particulier la captation de traditions doloises, si l’on admettait là encore que la composition de la vita du saint est intervenue à cette époque et en ce lieu ; mais nous pouvons craindre de ne jamais disposer des éléments qui permettraient de confirmer cette hypothèse de manière irréfragable.

 

André-Yves Bourgès



[1]  Caroline Brett, Fiona Edmonds, Paul Russell, Brittany and the Atlantic Archipelago, 450-1200. Contact, Myth and History, Cambridge, 2022, p. 221. Nous n’examinerons pas ici le cas de Guénaël, qui mérite une étude à part entière : cf. Fañch Morvannou, Saint Guénaël, Landévennec-Brest, 1997 (Britannia monastica, 4 et Cahiers de Bretagne occidentale, 16), qui donne une édition des vitae du saint avec traduction et commentaires.

[2] Le travail presque centenaire de René Largillière, « Saint Ethbin et saint Idunet », Mélanges d’hagiographie bretonne, Brest, 1925, p. 3-29, est encore à ce jour la seule étude d’ensemble sur notre sujet et, malgré son âge, elle reste utile à consulter ; à l’instar des pages vieillies de Jourdan de la Passardière, parues dans le Bulletin diocésain et d’archéologie. Année 1923, p. 15-23 et 77-83, il s’agissait d’une réponse à Robert Latouche, « La Vie de saint Idunet », Mélanges d’histoire de Cornouaille (Ve-XIe siècle), Paris, 1911, p. 41-46.

[3] André-Yves Bourgès, « Les Irlandais et la Bretagne armoricaine dans la production hagiographique bretonne médiévale (IXe-XIIe siècles) », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 128 (2021), n° 2, p. 33 ; Idem, « Épidémies, pandémies et endémies en Bretagne au Moyen Âge : des sources hagiographiques très discrètes », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 99 (2021), p. 44.

[4]  Idem, « Les Vikings dans l’hagiographie bretonne », Magali Coumert et Yvon Tranvouez (dir.), Landévennec, les Vikings et la Bretagne. En hommage à Jean-Christophe Cassard, Brest, 2015, p. 224.

[5] Dominique Barbet-Massin, « Le miracle du lépreux dans l’hagiographie irlandaise et bretonne », Jean-Christophe Cassard, Pierre-Yves Lambert, Jean-Michel Picard, Bertrand Yeurc’h (dir.), Mélanges offerts au professeur Bernard Merdrignac, Landévennec, 2014 (Britannia Monastica, 17), p. 27-52.

[6] A.-Y. Bourgès, « Un aspect du monde littoral breton au Moyen Âge : L’avant-pays maritime de Morlaix » (présentation à venir lors du colloque Morlaix 1522. Les 500 ans de la descente des Anglais).

[7]  D. Barbet-Massin, « Le miracle du lépreux… », p. 28-29 et 40-42 ; cf. également les sources et la bibliographie, p. 49-52. La (trop) courte notice de Joseph Claude Poulin, L'hagiographie bretonne du Haut Moyen Âge. Répertoire raisonné, Ostfildern, 2009 (Beihefte der Francia, 69), p. 452-453, offre une commode synthèse des éléments concernant les relations entre Id(i)unet/Ethbin et Guénolé dans le dossier hagiographique de ce dernier (p. 408, 410, 411, 427-428, 430, 438-440) ; mais, de notre point de vue, elle ne rend pas suffisamment justice à la vita, dont le caractère composite, longtemps décrié, constitue précisément l’intérêt.

[8]  Ms Quimper, Bibliothèque municipale, 16, f. 135v-140r, publié en fac-similé à Rennes en 2015 sous la direction de Stéphane Lebecq. Ce manuscrit a fait l’objet à deux reprises d’une édition scientifique sous le titre de « Cartulaire » de Landévennec : tout d’abord, sans sa partie hagiographique, par René-François Le Men et Emile Ernault dans le 5e volume de la Collection de documents inédits sur l’histoire de France, Paris, 1886, p. 533-600 ; puis, dans son intégralité, par Arthur de la Borderie à Rennes en 1888.

[9]  Il s’agit de l’acte auquel les éditeurs du cartulaire ont donné le n°2.

[10] L’existence de plusieurs saints Silvain en Irlande, selon la coutume habituelle du pays où l’on multiplie les homonymes, n’est pas douteuse ; mais leur éventuelle connexion avec Ethbin n’est nulle part établie.

[11] Erwan Vallerie, « Saint Idunet et le monastère de Tauracus », Etudes celtiques, t. 24 (1987), p. 316.

[12] Hubert Guillotel, « Les origines de Landévennec », Marc Simon [éd.], Landévennec et le monachisme breton dans le haut Moyen âge. Actes du Colloque du 15eme centenaire de l'abbaye de Landévennec, 25-26-27 avril 1985, s.l. [Landévennec], 1986, p. 102.

[13] A l’instar du texte qui figure dans la Nova legenda Angliae, publiée par Winkin De Worde en 1513 (nouvelle édition par Carl Horstman, vol. 2, Oxford, 1901, p. 464-465), la tradition doloise tardive indiquait d’ailleurs que ce Guénolé était mort au monastère de Tauracus.

[14] A.-Y. Bourgès, « Les Irlandais et la Bretagne armoricaine… », p. 30.

[15] C. Brett, F. Edmonds, P. Russell, Brittany and the Atlantic Archipelago…, p. 221-222 : « Ethbin allegedly spent the last part of his life as a hermit at 'Nectan's Forest' (silva Nectensis, unidentified) in Ireland ».

[16] Ibidem, p. 222 : « Silva Nectensis may suggest that the author knew of the Irish divinity Nechtan and his 'Well', a mythological designation of the source of the River Boyne ».

[17] R. Latouche, « La Vie de saint Idunet », p. 44-45 (sans reprendre à notre compte le jugement excessif porté sur l’« interprétation stupide » de l’auteur de « ce misérable document hagiographique »).

[18] Helgaud de Fleury, Vie de Robert le Pieux. Epitoma vitae Regis Rotberti Pii, éd. et trad. Robert-Henri Bautier et Gillette Labory, Paris, 1965, p. 82-83 : : Mater quoque ejus supradicta Adhelaidis, admiranda satis in sancta devotione regina, fecit monasterium sancti Frambaldi in civitate Silvanectensi, ubi duodecim ad serviendum Domino clericos misit et de quibus viverent abunde subministravit.

[19] L’inventaire détaillé de la riche collection des reliques de Saint-Frambourg en 1177 a fait l’objet, au contraire du texte qui figure dans l’édition de Philippe Labbé, Novae bibliothecae manuscript. librorum, t. 2, Paris, 1657, p. 560,  d’une transcription complète par le chanoine Charles-François Afforty (1706-1786), dans son Tabularium Silvanectense, t. 14, p. 552-553, conservé à la bibliothèque municipale de Senlis, en ligne https://www.armarium-hautsdefrance.fr/document/51168 (vérifié le 22 février 2023).

[20] XV° cal. Martii sancti Silvini Tarvaneusis episcopi et confessoris cujus corpus in ecclesia Sancti Frambaldi Silvanectis deportatum est : cf. Eugène Müller, « Essai d’une monographie des rues, places et monuments de Senlis », Comité archéologique de Senlis. Comptes-rendus et mémoires, 2e série, t. 7 (1881), p. 165 (n. 1).

[21]  André Oheix, « Les reliques bretonnes de Montreuil-sur-Mer », Bulletin archéologique de l’Association bretonne, 3e série, t. 24 (1906), p. 140-157, a donné la synthèse des éléments disponibles sur le culte et les reliques des deux saints à Montreuil-sur-Mer.

[23] R. Largillière, « Saint Ethbin et saint Idunet », p. 19.

[24] A. Oheix, « Les reliques bretonnes de Montreuil-sur-Mer », p. 154, évoquant la confusion anthroponymique sur le double nom d’Ediunet/Ethbin, s’interroge « : « Ne serait-ce pas cette même confusion qui aurait fait attribuer à saint Ethbin les reliques conservées à Montreuil alors qu’elles appartiendraient en réalité à saint Idunet ? » ; la question est d’autant plus pertinente que ces reliques ne sont pas attestées sur place avant le XVe siècle, à une époque où le nom d’Ethbin s’était imposé dans les différentes productions hagiographiques régionales.

[25]  C. Brett, « L’hagiographie de saint Guénolé de Landévennec : le témoignage du manuscrit de Cardiff », Landévennec et le monachisme breton dans le haut Moyen âge…, p. 265.

[26] J.-C. Poulin, L'hagiographie bretonne du Haut Moyen Âge…, p. 440.

[27]  C. Brett, « L’hagiographie de saint Guénolé de Landévennec… », p. 265.

[28] C’est le nom qui figure à trois reprises dans l’unique manuscrit (normand), daté du XIIIe siècle, de la vita de Jacut et Wethenoc [BHL 4113-4114], ainsi que dans le martyrologe du Mont-Saint-Michel, de la même époque (VI Id. Febr. In Britannia minori, monasterio Landoaco, sancti lacuti abbatis, fratris beati Wingaloei confessoris) et dans celui de Landévennec, avec la même formulation, mais cacographié Landoato (voir infra n. 38) ; au XVIe siècle, on trouve les formes Landoal en 1574, Landoual en 1590, qui désignent la paroisse du lieu : cf. Bernard Tanguy, Dictionnaire des communes, trèves et paroisses des Côtes d’Armor, s.l. [Douarnenez], 1992, p. 290.

[29] H. Guillotel, Actes des ducs de Bretagne (944-1148), Rennes, 2014, p. 223.

[31] Jules Geslin de Bourgogne et Anatole de Barthélemy, Anciens évêchés de Bretagne, t. 4, Paris-Saint-Brieuc, 1864, p. 278 (acte III : bulle d’Alexandre III en faveur de Saint-Jacut).

[32] E. Vallerie, « Saint Idunet et le monastère de Tauracus », p. 317.

[33] Auguste Longnon, Pouillés de la province de Tours, Paris, 1903 (Recueil des historiens de la France. Pouillés, t. 3), p. 334. Curieusement, Taulé est absent de ce compte : la célébrité du sanctuaire de Locquénolé avait-il occulté à l’époque le souvenir de la « paroisse primitive » ?

[34] E. Vallerie, « Saint Idunet et le monastère de Tauracus », p. 317. Yves Le Bolc’h, Étude comparative gaulois-breton (avec une préface de Francis Favereau), s.l., 2020, p. 87, signale la présence à Taulé d’un toponyme Roz an Taro, que nous n’avons pas pu localiser.

[35]  H. Guillotel, « Les origines du ressort de l’évêché de Dol », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 54 (1977), p. 54-55 : « aux années 1024-1034, elle était appelée abbatia sancti Jacobi et non Jacuti. La conséquence est que la vie de saint Jacut est non seulement légendaire, mais que le nom même du saint est une invention. Ne faudrait-il pas plutôt identifier dans le saint patron de l'abbaye Jacques le Mineur l'un des trois apôtres qui auraient consacré miraculeusement Samson évêque ». Voir contra B. Tanguy, « De Budoc à Budogan ou de l’île Lavret à l’île des Ebihens et des origines de l’abbaye de Saint-Jacut », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 124 (1995), p. 285-286, qui privilégie le patronage initial de l’abbaye par Jacques le Majeur et rappelle en outre que le nom Jacut est déjà « largement représenté dans les actes de Redon au IXe siècle ».

[36] J. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy, Anciens évêchés de Bretagne, t. 4, p. 276-277 (actes I et II : donations à l’abbaye).

[37] A.-Y. Bourgès, « Propagande ducale, réforme grégorienne et renouveau monastique : la production hagiographique en Bretagne sous les ducs de la maison de Cornouaille », Joëlle Quaghebeur et Sylvain Soleil [dir.], Le pouvoir et la foi au Moyen Âge en Bretagne et dans l'Europe de l'Ouest. Mélanges en mémoire du professeur Hubert Guillotel, Rennes, 2010, p. 163-164.

[38] Ibidem, p. 164-165, n. 94. De plus, dans le martyrologe (perdu) de Landévennec, figuraient les éléments suivants, connus par une copie d’érudit du XVIIe siècle, qui confirment l’influence locale de Saint-Jacut (VI id. Feb. In Britannia minori, monasterio Landoato, depositio beatissimi Jacuti, confessoris et abbatis, fratris s. Wingualoei. / IV Non. Julii, S. Balai, confessoris. / III Nonas Julii, in Britannia minori, SS. Confessorum Jacuti et Guethenoci, fratrum S. Wingualoei. / III Idus Julii, in minori Britannia sancti Turiani Episcopi et Confessoris, mirae simplicitatis et innocentiae viri) : cf. Jean-Luc Deuffic, Inventaire des livres liturgiques de Bretagne. Livres d’heures, de piété, de dévotion et ouvrages associés, antérieurs à 1790, Saint-Denis, 2014 (CD-Rom. Introduction et inventaire Quimper), p. 225 ; la formulation relative à Turiau est empruntée au martyrologe d’Usuard.

[39] J.-C. Poulin, L'hagiographie bretonne du Haut Moyen Âge…, p. 458.

[40] Cet important trésor comprenait des reliques de Guénolé, Paul Aurélien, Symphorien, Ténénan, Gouzien et Idiunet, ainsi que de Gurthiern et Guenaël : cf. Léon Maître et Paul de Berthou (éd.), Cartulaire de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé. Deuxième édition revue, corrigée et augmentée, Rennes-Paris, 1904, p. 45.

[41] Il ne subsiste pas, à notre connaissance, pour l’époque qui nous intéresse, de manuscrit hagiographique en provenance de cette abbaye.

[42] A.-Y. Bourgès, « Joseph-Claude Poulin, À propos d’un livre récent sur l’hagiographie bretonne : la production du scriptorium de l’abbaye de Saint-Jacut au Moyen Âge », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 117 (2010), n°2, p. 151-155.

[43] Le manuscrit qui la contient est en effet conservé à Clermont-Ferrand, Bibliothèque municipale, n° 149.

[44] A.-Y. Bourgès, « Les origines de l’évêché de Tréguier : état de la question », Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. 96 (2018), p. 50.

[45] Idem, « Joseph-Claude Poulin, À propos d’un livre récent sur l’hagiographie bretonne… », p. 155.

[47] A.-Y. Bourgès, « Joseph-Claude Poulin, À propos d’un livre récent sur l’hagiographie bretonne… », p. 154.

[48]  André Carrée et Bernard Merdrignac, La vie latine de saint Lunaire. Textes, taduction, commentaires, s.l. [Landévennec], 1991 (Britannia monastica, 2), p. 22-23.

[49]  Comme c’est le cas à Lanmeur, à Locquénolé et à Saint-Méloir-des-Bois.

[50] B. Tanguy, « De Budoc à Budogan, ou de l’île Lavret à l’île des Ebihens… », p. 281-282.

[51] Ibidem, p. 282-283.

[52] François Duine, La Métropole de Bretagne. Chronique de Dol composée au XIe siècle et catalogues des dignitaires jusqu’à la Révolution, Paris, 1916, p. 43.

[53]  Ibidem, p. 45.

[54]  J.-C. Poulin, L'hagiographie bretonne du Haut Moyen Âge…, p. 357-360.

[55] « Vita Leutfredi », Bruno Krusch et Wilhelm Levison (éd.), Monumenta Germaniae historica, Scriptorum rerum merovingicarum, t. 7, Hanovre-Leipzig, 1920, p. 16 (§ 25). Résumé de la question chez François Duine, « Un second manuscrit de la Chronique de Dol. – Les archevêques Baudry et Roland. – Le catalogue des archevêques », Annales de Bretagne, t. 35 (1921), n° 1, p. 97, n. 1.

[56] Michel Debary, « Pental, saint Samson et saint Thuriau », Louis Lemoine, Bernard Merdrinac et Annick Calarnou (éd.), Corona Monastica. Mélanges offerts au père Marc Simon, Rennes, 2004, p. 86-89.

[57] Le procès-verbal de reconnaissance des reliques de saint Ethbin par l’évêque d’Evreux (25 avril 1837) a été publié par R. Largillière, « Saint Ethbin et saint Idunet », p. 25-26.

[58] A. Oheix, « Les reliques bretonnes de Montreuil-sur-Mer », p. 156.

[59] Le mariage du futur Louis VIII et de Blanche de Castille aurait été célébré dans cette église, en tout cas à Port-Mort le lundi 23 mai 1200, lendemain de la signature du traité du Goulet : cf. Nicole Pons (éd.), L'Honneur de la couronne de France. Quatre libelles contre les Anglais (vers 1418-vers 1429), Paris, 1990, p. 54.

[60] R. Largillière, « Saint Ethbin et saint Idunet », p. 23-25.

[61] Une troisième église normande détenait des reliques d’Ethbin, celle de Roncherolles-en-Bray (Seine-Maritime).

[62] Ernest Poret de Blosseville, Dictionnaire topographique du département de l'Eure, Paris, 1877, p. 56.

[63] Catalogue Aguttes. Vente inaugurale, mercredi 20 décembre 2017, Paris, p. 148-149.   Sur le site https://inlibris.com/item/bn48453/ figurent en ligne plusieurs photographies, dont l’examen permet de vérifier que la couverture supérieure est effectivement formée par la partie du manuscrit contenant le fragment de la Passio Pauli ; mais, hélas, elles ne donnent pas accès au fragment de la vita d’Ethbin (vérifié le 22 février 2023).

 

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