"L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat, parce que l’Histoire, et au-delà les sciences humaines, est menacée par la posture utilitariste dominante dans notre société, pour laquelle seul ce qui est économiquement et immédiatement rentable est légitime : le reste n’est que gaspillage de temps et de deniers publics. Dans cette situation, l’Histoire médiévale est dans une situation paradoxale puisque s’ajoute à ce déficit général de légitimité des sciences humaines un détournement généralisé du Moyen Âge à des fins variées, jouant tantôt sur le caractère irrationnel et sauvage prêté à la période, tantôt sur la valeur particulière des « racines » médiévales. Le Moyen Âge devient ainsi un réservoir de formules qui servent à persuader nos contemporains d’agir de telle ou telle manière, mais n’ont rien à voir avec une connaissance effective de l’Histoire médiévale."

J. MORSEL, L'Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat... (ouvrage téléchargeable ici).

19 novembre 2013

Deux livres sur saint Patrick... Much ado about nothing ?



 Nous sommes heureux de publier ci-dessous la recension par notre ami Frédéric Kurzawa, spécialiste de saint Patrick, des deux livres controversés de Marcus Losack sur le même sujet.

Marcus LOSACK, Rediscovering Saint Patrick, The Columba Press, Dublin, 2013 ; Marcus LOSACK, Saint Patrick and the Bloodline of the Grail, Céile Dé, Castlekevin, Annamoe, County Wicklow, 2011.

Après avoir fait paraître un premier ouvrage controversé, Saint Patrick and the Bloodline of the Grail, Marcus Losack récidive avec un second volume, Rediscovering Saint Patrick, tout aussi controversé que le premier.
Alors que la majorité des spécialistes font naître saint Patrick en Grande-Bretagne, soit aux environs de l’estuaire de la rivière Severn, au Pays de Galles, soit plus au nord, dans la région de Carlisle, au nord-ouest de l’Angleterre, comme l’a suggéré récemment Charles Thomas1, l’auteur propose une nouvelle hypothèse qui situerait le lieu de sa naissance en Bretagne armoricaine, non loin de Saint-Malo. L’hypothèse est séduisante, mais malheureusement elle ne tient pas la route.
D’autres avant lui avaient déjà envisagé pour saint Patrick une naissance continentale, à commencer par John Lanigan (1758–1825)2. Ensuite, il y eut le petit ouvrage de William Fleming3. Ce dernier situait le lieu de naissance de saint Patrick à Boulogne-sur-Mer à partir d'une res­semblance entre le nom du lieu de naissance de Patrick, tel qu'il se rencontre dans la Confession, Bannauem Ta­burniae, et l'an­cienne forme de Boulogne, Bo­nonia. Par ailleurs, il identifiait le nom de la ville natale de Patrick rapporté par l'Hymne de Fíacc, Nemthur, avec une tour située dans la banlieue de Boulogne. Cette ancienne tour, ap­pelée « Turris Or­dinis », avait été construite sous le règne de l'empereur Caligula.
Même s’il est vrai que le lieu précis de la naissance de saint Patrick a donné lieu à de nombreuses suppositions, faute de données géographiques suffisantes dans ses propres écrits, la Confession et la Lettre aux soldats de Coroticus, la Bretagne armoricaine ou tout autre lieu du continent doivent être écartés à partir des données que fournissent ces deux écrits.
La famille de Patrick était bretonne, romanisée et christianisée. Elle possédait une villa romaine à proximité d'un vicus, un hameau du nom de Ban­nauem Taburniae. De son côté, Marcus Losack emploie l’orthographe Bannavem Tiburniae pour désigner ce lieu. À partir de cette orthographe fautive, l’auteur échafaude toute une théorie selon laquelle Patrick serait né à proximité de Saint-Malo parce qu’il a trouvé un curieux texte dans le château de Bonaban qui comporte des éléments qui lui font penser au contenu de la Confession. Certes, il y a des rapprochements, mais ils sont loin d’être concluants. L’auteur est tellement persuadé d’avoir trouvé là un document original qu’il ne se pose même pas la question de son authenticité, ou du moins de son antiquité.
À partir de ces minces éléments, il va s’échiner à démontrer en utilisant des arguments tirés par les cheveux la justesse de sa théorie. Alors que penser de cette théorie ?
 En dehors du fait que ces ouvrages sont exaspérants par la volonté de l’auteur de nous asséner de manière répétitive que Patrick est né en Bretagne armoricaine, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est loin d’être convaincant. Je passe sur le caractère fantaisiste de ses étymologies et sur les ouvrages anciens qui servent à asseoir son argumentation4. Ajoutons que toutes les citations en français qu’il dissémine dans ses livres sont truffées d’erreurs ; ce qui laisse supposer qu’il maîtrise mal notre langue5. Comment a-t-il pu lire des ouvrages en français sans commettre d’erreurs ? On est en droit de se poser la question.
Concernant sa méthode de travail, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a de nombreuses contradictions. Il dit (Rediscovering…, p. 223) qu’il faut se méfier des sources secondaires tardives qui ne peuvent être considérées comme des preuves historiques. Et pourtant, tout au long de son exposé, il se sert de ces traditions tardives, du moins de celles qui servent à justifier son hypothèse. Un peu plus loin (p. 240), il ajoute que les origines de la Bretagne ou de la Proto-Bretagne restent entourées d’incertitudes. Cela ne l’empêche pas de formuler des hypothèses à partir de ces mêmes sources qu’il a dénoncées plus haut. En d’autres termes, il opère des sélections dans les sources anciennes, retenant ce qui lui convient, écartant ce qui ne lui convient pas. Cela n’est pas très scientifique…
Il accorde une importance particulière à la Vita Patricii de Probus (11e siècle), à la Vita Quarta de Colgan (11e siècle) et à l’hymne de Saint Fiacc (8e siècle) et justifie son hypothèse à partir des données de ces traditions tardives qui n’ont guère de valeur historique pour la biographie patricienne.
Il rapproche la forêt de Quokelunde de la forêt de Voclute par un tour de force étymologique. Il oublie que cette forêt est mythique et que ce toponyme n'a pas de rapport avec une dénomination forestière, puisqu'il s'agit vraisemblablement de celui d'un fundus ou d'une villa gallo-romaine caractéristique par sa suffixation en -(i)-acum, d'origine gauloise -acon (-*āko(n)) marquant le lieu à l'origine, puis la propriété.
Se basant sur un ouvrage ancien de Robidue, paru en 1852, il fait de Calpornius, le père de saint Patrick, un prince écossais et il ajoute qu’il était le cousin de Conan Mériadec, roi du Pays de Galles.
Il fait de Concessa, la mère de saint Patrick, la nièce de saint Martin de Tours. Devenu veuf, Conan Mériadec aurait épousé en secondes noces Darerca, une des filles de Calpornius, et donc sœur de Patrick.
Il établit donc un lien de parenté entre Calpornius et Conan Meriadec et partant de là, il va même jusqu’à envisager que Coroticus et Patrick appartenaient à deux importantes branches de la même lignée royale. Pire encore, il ajoute que ces deux lignées seraient associées à la descendance de sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin par l’intermédiaire de Magnus Maximus.
Il justifie la noblesse de Patrick parce qu’il dit dans la Lettre aux soldats de Coroticus (chap. 10) qu’il a vendu sa noblesse. Mais cette formule signifie surtout qu'il a renoncé à devenir décurion comme son père, et non pas qu'il appartenait à la noblesse proprement dite. Rappelons que la situation de décurion octroyait des privilèges, comme entre autres, l'exemption des taxes.
Selon lui, Patrick aurait été tonsuré dans la communauté de saint Martin de Tours6. Or, Patrick n’a jamais été un moine. Toute son activité missionnaire en Irlande le présente comme un évêque romain et non pas comme un moine. La confusion vient des traditions tardives écrites deux siècles ou plus après la mort de Patrick. C’est donc un anachronisme que de faire de Patrick un moine. Quant à la prétendue relation de parenté entre Patrick et Martin de Tours, elle n’est pas crédible, provenant également de traditions tardives.
Bien sûr, Patrick mentionne les fils de Scots et les filles de petits rois qui sont devenus des moines et des vierges du Christ, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il était lui-même moine. Toute la Confession ne comporte aucune référence à des pratiques monastiques que Patrick aurait introduites en Irlande. À lire ce texte, on ne peut considérer Patrick comme un moine ; ce sont les traditions tardives qui le présentent ainsi. Certes, il connaissait le monachisme, mais il ne semble pas y avoir attaché une importance particulière. Ses écrits n'ont rien à voir avec ceux de Colomba, de Colomban ou des autres grands moines irlandais du haut Moyen Âge. Ces moines étaient en réalité des ermites, l'équivalent des vierges du Christ. Sinon, à quel monastère appartenaient-ils ?...
Un autre exemple du manque de pertinence de ces deux livres concerne la transformation opérée par l’auteur du substantif latin seniores qui désigne les supérieurs de saint Patrick en un nom propre, Senior, premier évêque de Dol.
L’auteur argumente en faveur de la Bretagne armoricaine à partir du fait qu’après son évasion d’Irlande, Patrick a voyagé pendant trois jours et qu’il n’aurait mis qu’une seule journée pour se rendre d’Irlande en Grande-Bretagne. Donc pour lui, cela ne fait aucun doute, Patrick n’a pas pu se rendre en Grande-Bretagne parce que trois jours seraient trop longs pour un si court trajet. Seulement, il oublie la signification biblique du chiffre trois. Trois, en langage biblique, veut dire « un petit nombre de… » Donc, ce n’est pas forcément trois ; cela peut être moins. Et puis, l’exemple fourni par la mort de Jésus aurait dû l’éclairer. Elle est survenue le troisième jour, c’est-à-dire le vendredi soir + le samedi en entier + le dimanche matin. Cela fait trois jours. Dans le cas de Patrick, cela pouvait aussi faire une soirée + une journée entière + une matinée. Ces trois jours se ramènent en réalité à un peu plus d’un jour. Donc son argument tombe à l’eau7.
Autre invraisemblance : Il envisage (Rediscovering…, p. 259) que Patrick a peut-être subi le martyre. Je ne sais pas où il a pêché une telle information, mais c’est une parole gratuite et sans fondement. D’ailleurs, il y a beaucoup de choses dans ces livres qui sont sans fondement…
En voici la preuve. Les rois mérovingiens seraient des descendants du roi David et de Jésus. Le navrant Da Vinci Code n’est pas loin. D’ailleurs, il cite souvent Dan Brown, ce qui confère à ses ouvrages un parfum sulfureux.
Partant du fait que la réputation de Patrick a décliné pendant les deux siècles qui ont suivi sa mort, l’auteur imagine qu’il a été volontairement oublié pour des raisons politiques ou religieuses qu’il est bien en peine de clarifier. Il suggère même la théorie du complot pour expliquer ce silence. Là, on croit rêver. Mais ce n’est pas tout. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
Il voit dans la mort du roi Dagobert II, un complot mérovingien, a Merovingian Conspiracy. Décidément, il voit des complots partout. Il accuse l’Église catholique, par anti-catholicisme primaire, d’être responsable de tous ces complots. « The Church is accused of betraying not only the Merovingian Dynasty but also the original teachings of Jesus and his true legacy » (Saint Patrick and the Bloodline of the Grail, p. 100). Non contente d’avoir falsifié la dynastie mérovingienne, voilà maintenant que l’Église aurait falsifié l’enseignement originel de Jésus et son héritage.
Quant à la reine Elizabeth II, elle sera heureuse d’apprendre qu’elle est une descendante – lointaine of course ! – de Jésus par l’intermédiaire de Godefroy de Bouillon.
Et voilà un scoop ! Patrick serait d’origine juive d’après la Vita Quarta. L’auteur ajoute que des familles juives, dont celle de Patrick, serait venues se fixer sur des îles de la Mer Tyrrhénienne qu’il situe pour les besoins de la cause, non loin de la baie du Mont Saint-Michel. Comme il n’est pas à une contradiction près, il avait commencé par dire que les traditions contenues dans la Vita Quarta n’étaient pas fiables, puis il se ravise et ajoute que certaines informations tirées de cet ancien document peuvent être authentiques (Saint Patrick and the Bloodline of the Grail, p. 120). Une fois de plus, il choisit dans les traditions tardives ce qui l’arrange pour étayer sa théorie. Monsieur Losack pratique le tri sélectif des informations comme d’autres pratiques le tri sélectif des déchets.
On apprend également que le roi Arthur serait un descendant de Coroticus et, plus surprenant encore, voilà que Patrick et le roi Arthur seraient de la même lignée et tous deux seraient parents de l’empereur Magnus Maximus.
Là où l’on sombre franchement dans le ridicule, c’est lorsque l’auteur se demande s’il n’y aurait pas une relation étymologique entre l’épée Excalibur et Calpornius. Il va même jusqu’à émettre l’hypothèse qu’une partie du trésor des Templiers ou l’épée Excalibur pourraient être ensevelis sous le château de Bonaban.
Pour résumer sa théorie, l’auteur présente son Patrick comme « the real saint Patrick, not the ‘virtual’ saint Patrick ».
En réalité, il a surtout décrit « a fictitious saint Patrick »...

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Que penser de ces deux ouvrages à la lecture de ce qui précède ?
Il est clair que les écrits de saint Patrick ne fournissent pas suffisamment d’informations pour établir le lieu exact de sa naissance. Mais ce manque d’informations ne doit pas pour autant donner lieu à des hypothèses farfelues comme celle que soutient Marcus Losack.
Si l’on en croit cet auteur, Patrick serait apparenté à saint Martin de Tours du côté de sa mère Concessa. Cela semble difficile à prouver, mais on peut encore à la rigueur lui faire crédit de cette affirmation. Par contre où cela devient invraisemblable, c’est quand il établit des liens de parenté avec Conan Meriadec, le roi Gradlon, Magnus Maximus, Dagobert II, le roi Arthur et pour couronner le tout, même avec Jésus.
Il évoque la théorie du complot à deux reprises. Il mêle les Templiers et les récits arthuriens qui tournent autour du Graal, du roi Arthur et d’Excalbur. Bref, la famille de Patrick et parente avec beaucoup de monde. Peut-être qu’il arrivera à démontrer dans un prochain opuscule une parenté avec Bouddha ou Mahomet…
Quant à sa méthode, elle consiste à recourir à des traditions tardives qui sont loin d’être fiables et visent à glorifier la personne de Patrick à des fins pastorales. Ces traditions sont fortement marquées par les procédés de l’hagiographie – a fortiori l’hagiographie irlandaise qui n’a pas toujours bonne presse auprès des historiens. Dans cette quête d’informations dans les traditions tardives, l’auteur sélectionne tout ce qui va dans le sens de sa démonstration. En revanche, il élimine ce qui lui déplaît. Il écarte en particulier l’influence de saint Germain d’Auxerre sur lequel les traditions tardives mettent l’accent, tout simplement parce qu’il n’a pas de place dans sa théorie. L’auteur lui préfère la figure de saint Martin de Tours car elle lui permet d’établir un lien avec la Bretagne armoricaine. On voit comment l’auteur pratique le tri sélectif des données contenues dans ces traditions anciennes.
Enfin, le document qui lui a servi de point de départ, ce fameux texte qu’il a trouvé dans le château de Bonaban, rien n’indique qu’il remonte à une haute antiquité. Cela peut être un faux où un texte tardif basé sur le contenu de la Confession et/ou de l’une ou l’autre des traditions tardives. La Bretagne connaissait l’histoire de saint Patrick comme en témoigne un Mystère breton en trois actes Buez sant Patrice arc’hescob Hiberny8. Par conséquent, le texte du château de Bonaban a pu être rédigé à n’importe quelle époque.
Bref, le lecteur l’aura compris, ces livres ne présentent aucun intérêt pour la connaissance de saint Patrick. À les lire, on se prend à regretter feu Jean Markale…


 Frédéric KURZAWA



1. Charles Thomas, Christianity in Roman Britain to AD 500, Batsford, Londres, 1981, p. 312-314.
2. John Lanigan, Ecclesiastical History of Ireland, 4 vols, Dublin, 1829, vol. I, p. 80ss.
3. William Canon Fleming, Boulogne-sur-Mer : Saint Patrick’s Native Town, R. and T. Washbourne, Londres, 1907.
4. Exemple d’étymologie farfelue : Nemthor = Naem Tours ou Tours la sainte (la ville de Tours) ou le Mont Saint-Michel.
5. Dans Saint Patrick and the Bloodline of the Grail, à la page 69, il traduit belle-sœur par beautiful sister au lieu de sister-in-law. Cela laisse planer quelques doutes sur ses capacités à traduire la langue française en anglais.
6. Saint Martin est mort le 11 novembre 397. À cette date, Patrick était âgé de 8 ou 9 ans – car il est né en 389 ou 390 et non pas en 385 comme l’écrit Marcus Losack. Donc lorsque saint Martin est mort, Patrick était un enfant qui s’amusait avec ses camarades quelque part en Bretagne insulaire.
7. Contrairement à ce qu’écrit l’auteur, le voyage n’a pas duré trois jours et trois nuits, mais seulement trois jours (Confession, 19).
8. Le manuscrit du Mystère de saint Patrice, Buez Sant Patrice arc’hescob Hiberny, appartenait à Arthur de la Borderie (1827-1901). Il s’agit d’un petit in-folio de 29 cm sur 19 cm et comportant 140 pages. Il a sans doute été écrit à la fin du 18e siècle ou dans la première moitié du 19e siècle à partir d’un original beaucoup plus ancien. Voir mon article intitulé « Buez sant Patrice, un Mystère breton en trois actes sur saint Patrick », à paraître dans les Mélanges Cassard.

13 octobre 2013

Bis in eodem anno



A dix mois d’intervalle, 2013 aura donc vu disparaître deux maîtres des études médiévales bretonnes, Jean-Christophe Cassard en tout début d’année et maintenant Bernard Merdrignac, chef de file incontesté des études hagiologiques régionales.


Comme beaucoup d'entre nous, j’ai fait la connaissance de Bernard au colloque organisé en 1985 à  Landévennec pour le 15e centenaire de l’abbaye, colloque dont l’historiographie aura un jour à restituer la véritable mesure tant il a contribué au renouveau des études sur la Bretagne au Moyen Âge ; mais c’est surtout à partir du début des années 1990, dans le cadre du CIRDoMoC, que mes échanges avec Bernard sont devenus chaque jour plus féconds : marqués au coin de la courtoisie, de l’humour, de la modestie et de la générosité dont ce chercheur exceptionnel a toujours fait preuve dans ses relations avec ceux qui bénéficiaient de son immense savoir, ils ont largement contribué, tout comme ceux que j’entretenais avec Gwenaël Le Duc, à la définition de ma propre démarche de recherche définie avant tout comme un traitement heuristique du matériau hagio-historiographique.


En 1995, sur la recommandation du regretté André Chédeville, Bernard avait accueilli dans la prestigieuse revue des Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, dont il était à la fois le secrétaire du conseil d’administration et l’un des membres du comité de rédaction, mon travail sur « Guillaume le Breton et l'hagiographie bretonne aux XIIe et XIIIe  siècles ».  Non content de m’avoir ainsi précocement témoigné sa bienveillance en tant qu’éditeur, Bernard par la suite me fit, à plusieurs reprises, l’honneur et l’amitié de montrer de l’intérêt pour les différentes hypothèses développées à cette occasion et depuis. En 1996, nous étions ensemble, en compagnie de son épouse et de Gwenaël Le Duc, au colloque sur l’hagiographie irlandaise organisé à Cork où nous fûmes accueillis avec chaleur par Jean-Michel Picard. Des liens forts se sont alors tissés entre nous ; mais la première déchirure est intervenue une dizaine d’années plus tard avec la disparition précoce de Gwenaël, en décembre 2006. Peu après, en 2009, sensiblement à l’époque où Bernard se préparait à recevoir de l’Université un éméritat bien mérité, il me fit part, avec la pudeur qui le caractérisait, de ses propres problèmes de santé : les dernières années se sont cependant avérées aussi laborieuses que studieuses et le livre-testament de notre ami, D’une Bretagne à l’autre, paru en 2012, dont j’ai eu l’honneur de rendre compte pour les Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, témoigne de son insatiable appétit de recherche : jusqu’au dernier moment, comme le montre son ultime notule sur son blog, Bernard aura travaillé.


La Faucheuse est sans pitié, mais surtout sans discernement : non bis in eodem anno ! avons-nous été nombreux à lui crier, quand les amis de Bernard furent au courant de la situation de celui-ci. Nous n’avons malheureusement pas été entendus…

André-Yves Bourgès


Quelques semaines avant la disparition de Bernard,  ses amis lui ont remis la pré-maquette et les textes du volume de Mélanges qu'ils avaient préparé pour lui : Bernard a donc pu prendre connaissance des différentes contributions qui lui étaient offertes et c'est lui qui a proposé le plan destiné à les répartir de manière harmonieuse entre cinq parties dont il a suggéré les thématiques. Cet ouvrage est ainsi chargé d'une émotion particulière.

Plus d'informations en cliquant ici.

Ouvrage en souscription : Aristocratie et mécénat en Bretagne au XVe siècle



Colloque Jean de Châtillon à Saint-Malo le 19 octobre 2013



La Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Saint-Malo organise un colloque consacré à Jean de Châtillon, évêque d’Alet/Saint-Malo, à l’occasion du 850e anniversaire de la mort de ce prélat.



Lieu : Salle Chateaubriand Saint-Malo

Date : 19 octobre 2013

Programme des conférences


- 9h 00 – Café-Accueil

- 9 h30 « Jean, dit de la Grille, second saint fondateur de Saint-Malo », par M. Cyprien Henry (Archives Nationales)

- 11h 00 « La Cathédrale médiévale de St-Malo », conférence par M. Philippe Petout, Conservateur des Musées de St-Malo, lequel assurera aussi, à 13h 30, la visite guidée de la cathédrale.

- 14h 30 « L’apport des recherches archéologiques à l’histoire médiévale d’Alet », par M. le professeur Loïc Langouët

- 16h00 « Trois siècles d’histoire littéraire : le dossier hagiographique médiéval de Malo. » par M. André-Yves Bourgès (CIRDoMoC)

- 17h 00 Débat de clôture réunissant les conférenciers autour de M. Jean-Luc Blaise, docteur en anthropologie historique.

- 18h 00 Pot offert à la Tour des Moulins.

Quimper, la grâce d'une cathédrale


Sous la direction de Mgr Jean-Marie Le Vert, évêque de Quimper et Léon
Direction scientifique et coordination : Philippe Bonnet, Yann Celton, Jean-Paul Larvol, Jean Marc


  
Point de rassemblement de tous les Quimpérois, qu’ils soient croyants ou non, la cathédrale Saint-Corentin, est un édifice chargé de symboles. Elle compte parmi les monuments pionniers du règne du duc Jean V, au XVe siècle, considéré comme l’âge d’or de la Bretagne. Le style gothique flamboyant breton s’y révèle dans toute sa richesse à l’issue des restaurations récentes.  La cathédrale a ainsi retrouvé sa polychromie chatoyante – des tons ocre et rouge qui lui donnent un charme si particulier –, l’originalité de son splendide portail en pierres de deux couleurs et deux textures, le leucogranite et le kersanton. L’éclat des lumières filtrées par les vitraux, les peintures de Yan’ Dargent, la chaire et son intensité dorée, les sculptures originales et les deux autels comme deux blocs d’or forment la magie de ce lieu de foi et de recueillement.
Si la cathédrale accueille avec joie le touriste, elle perpétue la tradition des cérémonies fastueuses comme le pardon de saint Corentin, les ordinations spectaculaires, déployant alors ses trésors d’orfèvrerie, ses vêtements liturgiques de toute beauté, sa musique grandiose et la ferveur qui anime l’assemblée des fidèles sous le regard ébloui des visiteurs. 


TABLE
Avant-propos – La beauté de la Grâce – Mgr Jean-Marie Le Vert
Préfaces
– « Burzud »- miracle – J.M.G. Le Clézio
 – La halte merveilleuse – Philippe Le Guillou
Témoignage – La cathédrale, la ville et le silence – Bernard Poignant

Première partie – Un chantier permanent (sous la direction de Philippe Bonnet)
Un édifice chargé de symboles – Philippe Bonnet
Les origines de Quimper et de ses cathédrales avant l’An mil – Jean-Paul Le Bihan
Les cathédrales du confluent et le développement urbain – Jean-Paul Le Bihan
Les comtes de Cornouaille et leurs sanctuaires dynastiques – Joëlle Quaghebeur
Le chantier de construction à l’époque gothique – Yves Gallet
Les pierres sacralisées – Louis Chauris
Le palais épiscopal – Nolwenn Rannou
Les travaux de restauration au XIXe siècle – Nolwenn Rannou
Les travaux de restauration à la fin du XXe siècle – Jean-Michel Leniaud
Les phases de la reconstruction contemporaine – Benjamin Mouton
Le rôle de l’architecte des bâtiments de France – Pierre Alexandre

Deuxième partie – Les beautés de la cathédrale (sous la direction de Philippe Bonnet et Jean Marc)
Une cathédrale lumineuse et harmonieuse – Yann Celton
Saint-Corentin et le développement du style gothique en Bretagne – Philippe Bonnet
Maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre – Philippe Bonnet
La sculpture médiévale – Christiane Prigent
Les vitraux de la cathédrale – Françoise Gatouillat
Le mobilier – Yann Celton et Isabelle Gargadennec
Le Monument aux prêtres et séminaristes morts pour la France de Maurice Denis – Fabienne Stahl
Les peintures murales de Yan’ Dargent – Dominique Radufe
Le patrimoine mobilier dispersé – Philippe Bonnet
Le trésor d’orfèvrerie – Yves-Pascal Castel
Le trésor d’ornements – Jeanie Kernec
Les orgues – Olivier Struillou
Les cloches – Yann Celton
Les réalisations contemporaines – Jean Marc

Troisième partie – La cathédrale en son diocèse (sous la direction de Yann Celton et Jean-Paul Larvol)
Vivante cathédrale ! – Yann Celton et Jean-Paul Larvol
Saint Corentin : vie et légende – Job An Irien
Le dossier hagiographique de Corentin – André-Yves Bourgès
La cathédrale médiévale et son clergé – Jean-Michel Matz
Les évêques, la cathédrale et le diocèse d’Ancien Régime – Isabelle Berthou-Bray
La cathédrale dans la Révolution – Bruno Le Gall
La « chrétienne ville de Quimper » au XIXe siècle – Marie-Thérèse Cloître
La cathédrale au XXe siècle – Yann Celton
Le chapitre cathédral – Olivier Charles
Le chapitre cathédral aujourd’hui – Olivier Abgrall
Regards de lettrés et d’artistes – Philippe Bonnet et Catherine Puget
La cathédrale et le tourisme – Gusti Hervé
Les ferveurs de la cathédrale. Du pardon de saint Corentin à Santik Du – Georges Provost
Cathédrale, poème de l’âme – Gilles Baudry
Sept siècles de musique au chœur – Gwenaël Riou
Le bréviaire quimpérois – Gwenaël Riou
Église paroissiale et cathédrale diocésaine – Michel Mazéas
La cathédrale, un lieu théologique – Michel Berder

Postface – Une espérance riche et vivante – Jean-Paul Larvol

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