"L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat, parce que l’Histoire, et au-delà les sciences humaines, est menacée par la posture utilitariste dominante dans notre société, pour laquelle seul ce qui est économiquement et immédiatement rentable est légitime : le reste n’est que gaspillage de temps et de deniers publics. Dans cette situation, l’Histoire médiévale est dans une situation paradoxale puisque s’ajoute à ce déficit général de légitimité des sciences humaines un détournement généralisé du Moyen Âge à des fins variées, jouant tantôt sur le caractère irrationnel et sauvage prêté à la période, tantôt sur la valeur particulière des « racines » médiévales. Le Moyen Âge devient ainsi un réservoir de formules qui servent à persuader nos contemporains d’agir de telle ou telle manière, mais n’ont rien à voir avec une connaissance effective de l’Histoire médiévale."

J. MORSEL, L'Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat... (ouvrage téléchargeable ici).

21 février 2016

A propos d’une formule des 'Versus de Bobuleno abbate' : quelques réflexions sur les origines de Bobolène, abbé de Bobbio



Au témoignage de Jonas, qui le présente comme le fils d’un certain  « prêtre de paroisse »,  nommé Winioc, lui-même proche de la communauté de Luxeuil[1], le troisième successeur de Colomban à la tête du monastère de Bobbio s’appelait Bobolène (Bobolenus). Avec ses différentes variantes, ce nom, porté notamment par un dux armoricain qui exerça la charge de référendaire de la reine Frédégonde[2], était particulièrement répandu aux temps mérovingiens : pour rester dans la sphère hagio-ecclésiastique, outre plusieurs bénéficiaires laïques de miracles obtenus par l’intercession de saints contemporains, notamment limousins – Yriex, Pardoux – ou bien encore de saint Germain de Paris, on connaît l’existence à cette époque de différents membres du clergé nommés Bobolène, dont un diacre à la destinée tragique, célébré par Venance Fortunat, un ou plusieurs abbés de Saint-Bénigne de Dijon, un abbé de Stavelot et deux évêques de Vienne. On a estimé que ce nom avait « été particulièrement en vogue chez les moines colombaniens »[3] : ce serait la raison pour laquelle l’interpolateur de l’office de saint Babolein, fondateur de l’abbaye des Fossés, a imaginé de faire venir celui-ci de Luxeuil, ce qui n’est nullement assuré. Il n’est pas non plus certain que le Bobolène qui, vers les années 680-690, a composé l’hagiographie de saint Germain de Grandval [BHL 3467], appartenait à la communauté luxovienne[4] ; plusieurs chercheurs n’ont pas hésité cependant à l’identifier avec l’abbé de Bobbio[5] : il faudrait alors imaginer pour ce dernier un scénario de démission de sa charge abbatiale, de retour dans sa communauté monastique d’origine et surtout admettre une exceptionnelle longévité du personnage. Enfin, notons que cette popularité anthroponymique a évidemment trouvé un écho dans la toponymie[6] .
Le nom de Winioc (Winiocus) semble quant à lui  britonnique : en tout état de cause, c’est le même nom qui est entré en composition en Bretagne dans les toponymes Lanvignec et Tréguignec, succursales d’enclaves de l’évêché de Dol dans celui de Tréguier ; à noter qu’en dépit de leçons qui figurent dans certains manuscrits,  son assimilation au nom Win(n)oc n’est nullement acquise du point de vue philologique. Par ailleurs, comme le souligne Gérard Moyse à propos des deux miracles du fondateur de Luxeuil qui mettent en scène le père de Bobolène, « ces faits se déroulaient bien après l'installation de Colomban à Luxeuil et il est impossible de savoir si ce Winiocus au nom celtique était là avant 570-590, ou s'il arriva dans les bagages de Colomban »[7]. Jonas au demeurant ne nous dit rien des origines du personnage – dont le nom pouvait après tout être indépendant de son appartenance ethno-géographique – ni du lieu où il exerçait son presbyteratus. Il n’est même pas sûr que la paroisse en question fût située dans les parages immédiats de Luxeuil : Jonas, en effet, indique que Winioc, à l’occasion de sa deuxième visite sur place, était resté passer la nuit au monastère[8], ce qui est peut-être l’indice que sa demeure en était assez éloignée.

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Nous disposons d’un éloge versifié sous forme abécédaire de l’abbé de Bobbio [BHL 1387][9], texte que Dag Norberg[10], suivi par Michael Richter[11], a daté du VIIe siècle, mais dont de nombreux autres chercheurs, depuis son premier éditeur scientifique, Ernst Dümmler, ont situé l’époque de la composition au IXe, voire même au Xe siècle[12] ; cet éloge indique que Bobolène était Atticorum ex genere oriundus nobili. Ecartée l’hypothèse qu’il soit fait ici référence aux Athéniens, ou aux Grecs de manière générale[13], demeurent, selon l’acception retenue pour traduire nobilis gens (« le noble peuple » ou « la noble lignée »), deux interprétations principales de l’indication donnée par le poète : ce sont ces deux possibilités que nous allons examiner rapidement.

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En 1957, Eugen Ewig, qui, sur l’avis que lui en avait donné Norberg, retenait la date haute de composition des Versus de Boboleno, a proposé d’identifier les Attici avec le peuple germanique des Chattuarii[14] établis à l’origine dans la basse vallée du Rhin : en effet, une longue tradition historiographique rapporte qu’après avoir été défaits par Constance Chlore, les Chattuarii (alias Atthuarii[15]) furent installés en tant que laeti sur le territoire du pagus At(t)oariorum[16], qui leur aurait emprunté son nom et que l’on trouve mentionné dans les actes de la pratique à partir du début de la seconde moitié du VIIe siècle ; ce pagus, également appelé Attoariensis, s’étendait primitivement entre les rivières de la Vingeanne et de la Vouge jusqu’à leur confluent respectif avec la Saône[17]. Richter, qui préfère « this ingenious interpretation to a Greek origin of Bobulenus », en conclut que le futur abbé de Bobbio était donc probablement originaire du diocèse de Langres[18]. Cette hypothèse n’a, a priori, rien d’invraisemblable et, là encore, il n’y a pas de véritable difficulté à supposer que le nom porté par le père de Bobolène, Winioc, pouvait être indépendant de son appartenance ethno-géographique : il convient alors de considérer que l’influence britonne, nettement perceptible dans les parages de Luxeuil avant l’arrivée sur place de Colomban[19], s’étendait également à la cité des Lingons[20]. En revanche, la question de la solidité de la tradition historiographique sur laquelle ont fait fond Ewig et Richter n’est toujours pas tranchée de manière satisfaisante : l’indéniable homophonie des ethnonymes Atthuarii et At(t)oarii n’établit pas de facto leur filiation, d’autant qu’une longue solution de continuité –  quelques trois siècles – sépare leurs attestations respectives. Tout repose donc sur une simple hypothèse, très séduisante, résumée en son temps par Maurice Chaume dans son étude sur les tribus franques déplacées sur les bords de la Saône[21] : « Les Chamaves du Hamaland, les Hattuariens du pagus Hattuaria, et les Rurigi du Ruricgowe sont de très proches voisins ; et l'on comprend fort bien qu’ils aient pu être, de la part de l’autorité impériale, l'objet de mesures communes. C'est ainsi que l'on peut imaginer une guerre malheureuse contre Rome, à la suite de laquelle une partie des tribus ripuaires aurait été transportée dans les régions à demi-désertes de la Saône moyenne (…)… Cette transplantation nous paraît voisine de l'an 300, et nous croyons que c'est à elle que font allusion plusieurs passages des Panégyriques prononcés alors »[22]. Cependant, une cinquantaine d’années après ces événements supposés, on voit en 360 Julien passer le Rhin pour s’emparer du territoire des Chattuarii, lequel, de mémoire d’homme, n’avait jamais été envahi, ce qui rend plus douteuse encore la supposée défaite de cette tribu au temps de Constance Chlore[23] : peut-être conviendrait-il en conséquence d’abaisser l’époque de leur installation sur la Saône après l’expédition victorieuse de Julien ? Ou bien s’agissait-il « plus simplement », comme l’avait d’ailleurs alternativement conjecturé M. Chaume, « d'aventuriers, partis en campagne au temps de la révolte de Carausius, et que Constance aurait cueillis quelque part en Belgique » ? Nous laissons de côté, pour le moment, la problématique de la dualité de désignation At(t)oariensis/At(t)oariorum, aussi ancienne que les premières attestations du pagus concerné, ainsi que celle du rapprochement implicite des Attoarii burgondiens avec les Chattuarii de la Frise, tel qu’il figure sous la plume de l’auteur du Liber historiae Francorum : les développements que nécessitent ces deux questions dépassent en effet de loin le cadre de cette notule.

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Si, à l’instar de ce qui s’observe dès le VIIIe siècle sous la plume de l’auteur de la Chronique de Frédégaire à propos des Agilolfides[24], il convient de traduire nobilis gens par « noble lignée », quelle était celle qui, à l’époque de la composition du poème, pouvait se voir attribuer avec assez de pertinence le surnom Atticus ? En effet, au-delà de son « classicisme », sans doute apprécié du poète, Atticus renvoie à l’évidence à une tradition d’origine luxovienne, dont les moines de Bobbio avaient conservé le souvenir. Cependant, l’hypothèse d’une filiation entre telle ou telle gens antique ayant adopté ce surnom et la famille à laquelle appartenait Bobolène ne paraît guère envisageable, d’autant que les attestations relatives à d’éventuels degrés intermédiaires se limitent à deux : la mention de l’épouse du patrice Felix Magnus, préfet du prétoire, Attica, qualifiée clarissima conjunx dans une inscription (disparue) du dernier tiers du Ve siècle, et celle d’Atticus, dans une épitaphe composée par Venance Fortunat. En revanche, il n’est peut-être pas fortuit que ce nom se retrouve porté au sein de la puissante maison dont les membres, « vers 640 et pour un siècle (…)… se virent attribuer le titre de ducs en Alsace. Délégués par le souverain, ils devaient assurer la responsabilité militaire, administrative et missionnaire des personnes et non d'un territoire (le terme de duché n'apparaît pas dans les textes) »[25].
Ceux que la critique érudite appelle depuis le XVIIIe siècle les Etichonides – nous allons voir immédiatement pour quelle raison – apparaissent en pleine lumière à partir du dernier tiers du VIIe siècle et s’incarnent alors dans un personnage flamboyant dont les origines, de même que le réseau de parenté, discutés depuis longtemps, ne sont pas encore établis avec certitude – même s’il est vraisemblable, comme l’a récemment synthétisé Michèle Gaillard, qu’il était le fils du dux du pagus Attoariensis[26], ce qui nous ramène indirectement à l’hypothèse précédente – et dont le nom exact se dissimule derrière un grand nombre de formes. L’une des plus anciennes, Chatalricus et, par diminution, Caticus[27],   figure dans la vita de Germain de Grandval, composée, comme on l’a dit, vers les années 680-690, tandis que l’on trouve Chadalricus dans le texte de la passio Leodegarii [BHL 4849][28], un peu plus tardive : « l’alternance entre le t et le d dans les deux formes s’explique par le fait que le dialecte alémanique ne distingue pas ces deux consonnes »[29]. De plus, les populations romanes faisant précéder d’une aspiration la première syllabe de ces noms francs un peu gutturaux, l’hypocoristique Caticus, que privilégie l’auteur de la vita Germani, devait rapidement évoluer vers Aticus, Atic : c’est peut-être à l’occasion de cette évolution qu’il a servi à désigner les membres de la nouvelle dynastie locale, devenus ainsi les Attici. Cependant, dès le IXe siècle, on était passé à une forme Etih « par suite de l’inflexion du a sous l’influence de l’i de la syllabe suivante. Puis le mot fut latinisé par l’adjonction d’un o final conformément à une mode dont il y a de nombreux exemples pour les anthroponymes germaniques : à Moyenmoutier, au Xe siècle, on dénomme le duc d’Alsace “Hetico”, faisant au génitif  Heticonis” ; au XIIe siècle, Herrade, la célèbre abbesse de Hohenbourg, utilise la forme “Eticho” » [30].  L’auteur de la vita Odiliae [BHL 6271], supposée avoir été composée au Xe siècle, connait lui aussi le nom Etih, qu’il emploie comme un doublet d’Adalricus[31].  Pour sa part, le chroniqueur d’Ebersmunster, vers le milieu du XIIe siècle, emploie de préférence Athicus, ou plus souvent encore Atticus, qui, une nouvelle fois, apparaît moins comme un hypocoristique que comme une forme « classicisante », à l’instar du nom Altitona utilisé par le même écrivain pour désigner le mont de Hohenbourg[32] ; mais les documents plus anciens dans lesquels figurent le nom Atticus ou ses variantes, qu’il s’agisse d’actes de la pratique, de chroniques ou de textes hagiographiques, ont fait dans de nombreux cas l’objet, à tout le moins d’interpolations, sinon même de réfections, quand il ne s’agit pas de véritables falsifications[33]. Rien ne s’oppose en revanche à ce que, dans le souvenir qui en était conservé à Bobbio, Bobolène, quelle que fût sa véritable origine, ait été considéré comme un membre de la puissante famille du duc Atic, d’autant que ce dernier, dont le portrait dans la vita de Germain de Grandval était si peu édifiant, avait finalement acquis au travers du développement de la légende de sa fille,  Odile, mais aussi des prolongements donnés à l’histoire de saint Deodatus (Dié), un statut beaucoup plus respectable de fondateur de monastères : sa parenté avec Bobolène, assumée, sinon même revendiquée par les moines de Bobbio, se comprend mieux dans la perspective de la sanctification de la lignée des Attici découlant du culte de sainte Odile à partir du Xe siècle, qui pourrait avoir été, par conséquent, l’époque de la composition des Versus de Boboleno.

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Ces quelques réflexions ont vocation à susciter d’autres pistes de recherche que celles de l’origine « britonne » ou « bretonne » de la famille de Bobolène. Quelle que soit l’interprétation qui est faite de la formule Atticorum ex genere oriundus nobili, il apparaît clairement que l’auteur des Versus de Boboleno, inclinait pour un enracinement de la famille de son héros dans l’aire supposée d’une vaste mouvance luxovienne, couvrant une grande partie de l’est de la Gaule ; ce qui, bien sûr, renvoyait à la mémoire monastique telle qu’elle s’était transmise à Bobbio, sans que nous puissions préjuger de la réalité factuelle.


André-Yves Bourgès


* Le sujet  de cette notule nous a été inspiré par nos récents échanges avec le Professeur Ian Wood ; mais évidemment le texte publié ici relève de notre seule responsabilité.
[1]Jonas, Vie de Colomban, I, 15 : quidam presbiter ex parrochianis, pater Boboleni, qui nunc Ebobiensi cenubio praeest, nomine Winiocus. – L’expression « prêtre de paroisse » qui figure dans la traduction d’A. de Voguë en 1988, est donnée par J.-F. Niermeyer et C. van de Kieft, Mediae latinitatis lexicon minus. Lexique latin médieval-français-anglais. A Medieval Latin-French-English Dictionary, Leiden, 1976, p. 765.
[2] Grégoire de Tours, Dix livres d’histoire, V, 30 ; VI, 16 ; VIII, 31-32, 42; IX, 13 ; X, 9 et 11. – G. Durville, « Blain et Bobelen au VIe  siècle », Bulletin de la Société archéologique de Nantes et de la Loire-Inférieure, t. 29 (1890), p. 57-83. – J.-P. Brunterc’h, « Le duché du Maine et la marche de Bretagne », H. Atsma (dir.), La Neustrie. Les Pays au nord de la Loire de 650 à 850, t. 1, Sigmaringen, 1989, p. 39-40 (n. 60), distingue le duc Beppolène et le référendaire Bobolène : nous y reviendrons dans un prochain travail sur « Bobolène l’Armoricain ».
[3] P. Gillon et J.-P. Thoretton, « Recherche sur les églises mérovingiennes des abbayes de Chelles et de Saint-Maur-des-Fossés », Mémoires de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Ile-de-France, 32 (1981), p. 67 (n. 57).
[4] Il dédie son ouvrage à trois abbés, dont l’un est effectivement celui de Luxeuil, Ingofridus ; mais le texte publié par B. Krusch sous le titre « Vita Germani abbatis Grandivallensis », Passiones vitaeque sanctorum aevi merovingici, t. 3, Hanovre, 1910 (Monumenta Germaniae Historica, 5), p. 25-40, ne permet pas de conclure que Bobolène appartenait à cet établissement, non plus d’ailleurs qu’à celui de Grandval, d’autant qu’il déclare s’être documenté auprès de ceux qui avaient connu Germain et cite nommément Chadoaldus et Aridius. Peut-être, comme il apparaît assez nettement dans sa dédicace,  était-ce son seul talent littéraire qui l’avait fait solliciter par les religieux du lieu  pour la composition de cette hagiographie. Par ailleurs, il  semble assez bien informé de la succession des ducs d’Alsace (cf. infra n. 6).
[5] Voir par exemple M. Gaillard, « Les Vitae des saintes Salaberge et Anstrude de Laon, deux sources exceptionnelles pour l'étude de la construction hagiographique et du contexte socio-politique », Revue du Nord vol. 391-392 (2011), n° 3-4, p. 657. On trouvera un avis contraire chez G. Moyse, « Les origines du monachisme dans le diocèse de Besançon (Ve-Xe siècles) », Bibliothèque de l'école des chartes, t. 131 (1973), 1, p. 49.
[6] A cet égard, il est intéressant de noter l’existence d’un lieu appelé Bobolinocella, identifié avec l’actuelle commune de La Vancelle (Bas-Rhin), dont l’origine pourrait être la retraite érémitique d’un certain Bobolenus, qui, en 649, instrumente un acte à Échery, à moins d’une quinzaine de kilomètre de La Vancelle (A.J. Stoclet, Autour de Fulrad de Saint-Denis, Genève-Paris, 1993, p. 95-97, 498-499) : voici donc, au milieu des solitudes alsaciennes, un « écrivant », sinon même un écrivain, contemporain de l’hagiographe homonyme de Germain de Grandval (cf. supra n. 4).
[7] G. Moyse, «  Les origines du monachisme dans le diocèse de Besançon (Ve-Xe  siècles) », Bibliothèque de l'école des chartes, t. 131 (1973), n°1, p. 85.
[8] Jonas, Vie de Colomban,  I, 17 : Moransque alia vice penes Luxovium Columba Winiocus presbyter, cujus superius fecimus mentionem, ad eum venit … (…) Manente denique nocte illa ibi Winioco
[9] « Versus de Bobuleno abbate », B. Krusch (éd.), Monumenta Germaniae Historica, Scriptores rerum merovingicarum, t. 4, Hanovre, 1902, p. 153-156.
[10] D. Norberg, « Une  hymne  de  type  irlandais  en  Italie », Paradoxos  politela.  Studi patristici in  onore  di  Giuseppe  Lazzari,  Milano, 1979, p. 347-357 ; Idem, L'accentuation des mots dans le vers latin du Moyen Âge,  Stockholm, 1985, p. 99.
[11] M. Richter, Bobbio in the Early Middle Ages: The Abiding Legacy of Columbanus, Dublin, 2008, p. 65.
[12] E. Dümmler, « Lateinische Gedichte des neunten bis elften Jahrhunderts », Neues Archiv der Gesellschaft für ältere deutsche Geschichtskunde, t. 10 (1885), p. 333.
[13] C’est néanmoins l’interprétation qui semble encore retenue par P. Blanchard, « La Règle du Maître et la Règle de Saint Benoit », Revue bénédictine, t. 60 (1950), p. 52. Au XIe siècle, l’hagiographe bisontin de saint Maimboeuf rappelle, en parallèle du souvenir des saints irlandais qui contribuèrent à l’évangélisation des campagnes burgondiennes, celui des saints « grecs » qui les avaient précédés dans les mêmes parages. 
[14] E. Ewig, « Volkstum und Volksbewusstsein im Frankenreich des 7. Jahrhunderts », Caratteri del secolo VII in Occidente : 23-29 aprile 1957, t. 2, Spoleto, 1958 (Settimane di studio del Centro italiano di studi sull'alto medioevo, 5), p. 592-593 et n. 17.
[15] Voir infra n. 23.
[16] Le dernier état de cette tradition, qui demeure largement infondée, figure, avec les approximations habituelles, sur Wikipedia (version française, consultée le 21 février 2016). La notice consacrée aux pagi de Bourgogne  (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pagi_bourguignons)  évoque en note : « Au terme de sa campagne contre les Francs de 293-295, Constance Chlore avait installé des lètes hattuaires sur une partie du territoire des Lingons dépeuplée par les ravages des Alamans et une épidémie de peste. Établie sur la marge orientale du Plateau de Langres et ses vallées ainsi que dans la plaine de la Vingeanne et la partie lingonne de celle de la Saône, la colonie de peuplement hattuaire est à l'origine du Pagus Attoariensis, l'Attouar, ancien nom de l'Atuyer. In Ferdinand Lot, La Gaule, fondements ethniques, sociaux et politiques de la nation française, Fayard, Paris, 1947 ». On peut lire sensiblement la même chose (avec la même référence à Lot) Dans la notice consacrée aux Hattuaires (https://fr.wikipedia.org/wiki/Hattuaires) : « Au terme de sa campagne contre les Francs de 293-295, Constance Chlore installa des lètes hattuaires sur une partie du territoire des Lingons dépeuplée par les ravages des Alamans et une épidémie de peste. Établie sur le Plateau de Langres et ses vallées ainsi que dans la plaine de la Vingeanne (notamment à Heuilley-sur-Saône) et la partie lingonne de celle de la Saône, la colonie de peuplement hattuaire est à l'origine du Pagus Attoariensis, l'Attouar, qui devint l'Atuyer de la Bourgogne carolingienne ». En réalité rien de tout cela ne figure dans la source alléguée, où Lot s’est contenté d’écrire (p. 295): « Au cours de l’été de cette même année (360), il [l’empereur Julien] soumit un petit peuple franc, celui des Chattuarii, qui ont laissé leur nom longtemps à un pagus au Nord de Cologne, pendant que les débris des Chamaves finissaient par s’installer vers Nimègue, entre Mense et Rhin, dans la région qui garda assez longtemps leur nom : Hamalant. Une autre bande dut aller repeupler un canton dévasté qui prit leur nom : le pays d’Amous (écrit Amour à l’époque moderne), le long de la Saône ».
[17] Voir les chartes relatives aux débuts de l’abbaye de Bèze. – G. Chouquer, « Les pagi de la région de Dijon du VIIe  au Xe  siècles. Dossier cartographique », Observatoire des formes du foncier dans le monde, [en ligne http://www.formesdufoncier.org/pdfs/263-PagiDijon.pdf, p. 5]
[18] M. Richter, Bobbio in the Early Middle Ages…, p. 63  et n. 87.
[19] Jonas, Vie de Colomban,  I, 7, mentionne abbatem quendam nomine Carantocum qui monasterio cui Salicis nomen est preerat. Le nom Carantoc paraît d’origine bretonne. La localisation de ce monastère n’est pas connue : de toutes les hypothèses proposées, nous privilégions Montessaux, à moins d’une douzaine de km d’Annegray ; mais il manque à ce sujet  la confirmation – essentielle  – de l’archéologie.
[20] La carte des établissements irlandais et bretons entre Loire et Monts Jura, dressée par F. Kerlouégan, J.-M. Picard (éd.), L’Aquitaine et l’Irlande au Moyen Âge, Dublin, 1995, p. 188, laisse apparaître un  vide entre l’Yonne et la Saône.
[21] M. Chaume, « Les Roringi : contribution à l'histoire des tribus d'origine franque transplantées sur les bords de la Saône aux environs de l'an 300 », Annales de Bourgogne, t. 3 (1931), n°1, p. 66-70.
[22] Ibidem, p. 69.
[23]Ammien Marcellin, Histoire de Rome, XX, 10 : Rheno exinde transmisso regionem subito pervasit Francorum, quos Atthuarios vocant, inquietorum hominum licentius etiam tum percursantium extima Galliarum. quos adortus subito nihil metuentes hostile nimiumque securos, quod scruposa viarum difficultate arcente nullum ad suos pagos introisse meminerant principem, superavit negotio levi.
[24] Chronique de Frédégaire, IV, 52 : Quidam ex proceribus de gente nobili Ayglofinga, nomine Chrodoaldus, in offensam Dagoberti cadens.
[25] B. Vogler, O. Kammerer, Nouvelle histoire de l'Alsace: une région au cœur de l'Europe, Privat, 2003, p. 60-61.
[26] M. Gaillard, « Erhard, évêque de Ratisbonne, un saint aquitain en Bavière ? », E. Bozoky (dir.), Saints d’Aquitaine, missionnaires et pèlerins du haut Moyen Âge, Rennes, 2010, p. 163. Sur les différentes hypothèses proposées au sujet de l’origine des Etichonides, on consultera les travaux de Ch. Pfister, L. Levillain, F. Vollmer, L. Dupraz, Ch. Wilsdorf, H. Ebling, H.J. Hummer, etc.
[27] «Vita Germani abbatis Grandivallensis », p. 37.
[28] « Passiones Leudegarii episcopi et martyris Augustodunensis », B. Krusch (éd.), Passiones vitaeque sanctorum aevi merovingici, t. 3, Hanovre, 1910 (Monumenta Germaniae Historica, 5), p. 307. – L’examen à nouveaux frais du dossier hagiographique médiéval de Léger d’Autun a été entrepris et poursuivi de 2008 à 2012 par un groupe de recherche dont les membres ambitionnaient de travailler « sur le personnage historique de Léger, mais aussi d’aborder, à partir d’un cas précis, les problèmes de la réécriture hagiographique ». Au nombre des résultats de ces travaux, on lira avec intérêt l’étude de Ch. Mériaux sur « Le culte de saint Léger d’Autun, Saint-Vaast d’Arras et les Pippinides à la fin du VIIe siècle », Revue du Nord, vol. 391-392 (2011), n° 3-4, p. 691-710.
[29] Ch. Wilsdorf, «Les Étichonides aux temps carolingiens et ottoniens », Bulletin philologique et historiques (jusqu'à 1610) du Comité des travaux historiques et scientifiques. Année 1964. Actes du 89e congrès des Sociétés savantes tenu à Lyon, Paris, 1967, p. 1.
[30] Ibidem,  p. 1-2.
[31] «Vita Odiliae abbatissae Hohenburgensis »,  W. Levison (éd.), Passiones vitaeque sanctorum aevi merovingici, t. 4, Hanovre, 1913 (Monumenta Germaniae Historica, 6), p. 37. – La vita Odiliae n’a pas suscité ces dernières années le même intérêt que les pièces du dossier hagiographique de Léger d’Autun (cf. supra n. 28). On se reportera néanmoins avec profit  aux articles suivants : F. Cardot, « Le pouvoir aristocratique et le sacré au haut moyen-âge: sainte Odile et les Etichonides dans la Vita Odiliae », Le Moyen Âge, t. 89 (1983), n° 2, p. 173-193 ; R. Bornert, « Qui était sainte Odile ? », Annuaire de la Société d'histoire et d'archéologie de Dambach-la-Ville, Barr et Obernai, t. 31 (1997), p. 105-118 ; O. Kammerer, « Odile (c.660-720) », A. Vauchez, R.B. Dobson, M. Lapidge (dir.), Encyclopedia of the Middle Ages, Chicago, 2000, Part 2, p. 1041. L’approche proposée par E. Cerf-Horowicz, qui a notamment donné lieu à un article intitulé « La légende de sainte Odile. Un récit de la montagne alsacienne », Le Monde alpin et rhodanien, t. 10 (1982), p. 81-87, ouvre des perspectives intéressantes sur l’arrière-plan « mythèmique » de la légende, dont le motif principal se retrouve dans les dossiers hagiographiques de plusieurs autres saintes, notamment Salaberge.
[32] L. Weiland (éd.), « Chronicon Ebersheimense », L. Weiland (éd.), Monumenta Germaniae Historica, Scriptores, t. 23, Stuttgart, 1874, p. 434.
[33] Ainsi en est-il, indique X. Ohresser, Histoire de l’abbaye d’Ebersmunster, 2e édition, Sélestat, 1963, p. 5, de « tout un ensemble impressionnant de diplômes ou de chartes qui remontent apparemment aux époques mérovingienne et carolingienne, mais qui, en réalité, ne sont que des originaux falsifiés au cours du XIIe siècle ». – En ce qui concerne la période moderne, il y a le cas de P.A. Grandidier (1752-1787), dont les forgeries ont été dénoncées au tournant des XIXe-XXe siècles par des chercheurs majoritairement allemands (H. Bloch, H. Bresslau, A. Dopsch, A. Brückner, etc.), ce qui à l’époque apparaissait rédhibitoire aux historiens alsaciens.

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