"L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat, parce que l’Histoire, et au-delà les sciences humaines, est menacée par la posture utilitariste dominante dans notre société, pour laquelle seul ce qui est économiquement et immédiatement rentable est légitime : le reste n’est que gaspillage de temps et de deniers publics. Dans cette situation, l’Histoire médiévale est dans une situation paradoxale puisque s’ajoute à ce déficit général de légitimité des sciences humaines un détournement généralisé du Moyen Âge à des fins variées, jouant tantôt sur le caractère irrationnel et sauvage prêté à la période, tantôt sur la valeur particulière des « racines » médiévales. Le Moyen Âge devient ainsi un réservoir de formules qui servent à persuader nos contemporains d’agir de telle ou telle manière, mais n’ont rien à voir avec une connaissance effective de l’Histoire médiévale."

J. MORSEL, L'Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat... (ouvrage téléchargeable ici).

11 août 2018

Le culte de saint Majan en Bretagne, Languedoc et dans le sud-ouest de la France : perspectives croisées



En 2001, Jean-Loup Lemaitre a fait définitivement justice de la confusion, malencontreusement créée et longtemps entretenue par les Bollandistes, entre le dossier littéraire de saint Majan et celui de saint Méen[1] : ces deux personnages n’ont en commun que leur caractéristique de sauroctone, qu’au demeurant ils partagent avec de nombreux autres saints, et les deux hagionymes s’avèrent irréductibles l’un à l’autre. Dès 1978, Patrick J. Geary avait proposé d’abaisser d’un siècle par rapport à la date revendiquée par l’hagiographe, le terminus a quo de l’époque de la composition de l’histoire supposée de la translation des reliques du saint de Lombez (Gers) à Villemagne-L’Argentière (Hérault) [BHL 5946], soit vers la fin du Xe, voire le début du XIe siècle[2]. Cette datation a été reprise par François Dolbeau, qui l’a étendue à  la vita de Majan [BHL 5945] dans l’édition que ce chercheur a récemment donnée de ces deux textes, d’après des copies du mauriste Claude Estiennot[3] : pour la première fois, l’ensemble du dossier hagiographique, dont les auteurs de l’Histoire du Languedoc n’avaient produit en leur temps que des extraits, principalement du texte de la translatio[4], est ainsi mis à la disposition des chercheurs[5] ; du reste, les manuscrits qui contiennent les copies faites par dom Estiennot et son collaborateur anonyme[6], ont été numérisés par la Bibliothèque nationale de France[7], permettant ainsi de se reporter aux textes concernés[8], démarche que nous avons évidemment privilégiée[9]. Enfin, de manière quasi-simultanée, des travaux d’archéologie à Villemagne-L’Argentière[10] et à Roujan[11] sont venus apporter des éclairages parfois décisifs sur ce dossier[12]

En revanche, malgré ce que pourrait laisser croire l’optimisme de certains chercheurs[13], l’historicité du saint continue de nous échapper complètement et « les traits les plus intéressants du récit » de la vita, que souligne François Dolbeau, notamment « l’itinéraire supposé de Majan : d’Antioche au Val de Save, via Rome et Compostelle », reflètent peut-être une réalité moins exotique : nous suggérons que le toponyme « Antioche », dont l’origine reste en l’occurrence obscure, puisse en effet désigner dans la vita de Majan, comme dans celle de Papoul, un assez vaste canton forestier du sud-est du Lauragais, situé à une centaine de kilomètres de Lombez et qui, sous le nom Antiocha, était déjà érigé en paroisse avant 1310[14] ; à moins qu’il ne faille orienter les recherches vers le toponyme Antioque que l’on trouve à la fois dans la commune de Bruch (Lot-et-Garonne) et dans celle de Rieumes (Haute-Garonne), respectivement à une centaine et à une vingtaine de kilomètres de Lombez. En tout état de cause, si l’origine biterroise de la vita de Majan était confirmée, la confusion avec Antioche de Syrie, où Pierre est réputé avoir établi le premier siège de la Chrétienté, pourrait s’expliquer, comme le conjecture François Dolbeau, par l’influence de la vita d’Aphrodise, évêque de Béziers, texte que ce chercheur propose de dater  de la première moitié du XIe siècle[15] et qui présente son héros comme ayant suivi à Antioche l’enseignement du prince des apôtres.

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Le renouvellement de la problématique du dossier hagiographique de Majan n’a pas encore intégré son éventuelle dimension bretonne : un personnage homonyme a pourtant fait l’objet en Bretagne d’un culte modeste mais indiscutable, dont témoigne le sanctuaire de Loc-Majan, dans la commune finistérienne de Plouguin[16]. De plus, ce Majan, dont le nom est entré en composition de différents toponymes situés dans les parages de ce sanctuaire[17], – ce qui atteste de la vigueur de son culte ou de la popularité de ce nom, comme on le voit d’ailleurs par un témoignage ancien, incontestablement d’origine bretonne et précisément daté[18], – joue un rôle secondaire, mais non négligeable, dans deux textes hagiographiques du Moyen Âge central :  d’une part, l’ouvrage composite consacré à Hervé (Hoarvé) [BHL 3859-3860][19] ; d’autre part les fragments de la vita Goeznovei [BHL 3608-3609], de la toute fin du XIIe siècle[20]. Cette vita constitue le premier témoignage sur le sanctuaire de Loc-Majan, localisé avec précision[21] ; le saint est présenté comme le frère de Goëznou, généalogie complétée avec les noms de Tudone, leur sœur, et de Tudoël, leur père[22].

On peut, semble-t-il, en s’appuyant notamment sur les différentes étymologies proposées[23], exclure d’emblée la possibilité que ces deux Majan correspondent à un seul personnage. A l’inverse, la circulation des reliques d’un même saint  n’aurait-elle pas été favorisée par la stricte homonymie, bien attestée dans la documentation, des porteurs de ce nom ? Cette conjecture débouche sur l’alternative suivante :

- Soit donc un saint originellement honoré en Bretagne, dont les reliques, emportées lors de l’exode général des corps saints qui a suivi la déferlante scandinave sur la péninsule, auraient alors suivi un itinéraire inédit vers le sud de la France : s’agissant du lieu-dit Lanvagen, toponyme vraisemblablement ancien, comme on l’a dit[24], où la présence de reliques de Majan est possible, sa proximité avec l’abbaye de Landévennec, détruite et abandonnée par les moines en 913, pourrait expliquer le départ de ces reliques  en l’inscrivant dans le prolongement de ces événements tragiques ; mais l’on connaît assez bien les chemins de l’exil empruntés par les moines de Landévennec, qui s’orientent avant tout vers le nord de la France, à destination de Montreuil-sur-Mer[25], et peut-être également vers Château-du-Loir et Déols[26], mais pas en direction du sud.

            - Ou bien, au contraire, un saint initialement honoré en Vasconie, à Lombez, dont les reliques auraient prétendument été captées non seulement par les moines de Saint-Thibéry ou bien par ceux de Villemagne, – peut-être encouragés par le culte dont un troisième personnage du nom de Majan faisait sans doute déjà l’objet à Roujan[27], – mais aussi, au moins pour une partie d’entre elles, par des pèlerins bretons : au « tropisme trégorois » dont nous avons parlé[28], attesté au tout début du Xe siècle, serait ainsi venu s’ajouter un « tropisme léonard », singulièrement en ce qui concerne le Bas-Léon, postérieur au « retour » sur place de reliques, dont l’origine bretonne n’était rien moins que certaine. Quant à Loc-Majan, à l’instar des autres toponymes composés du terme breton loc (lat. locus) et du nom d’un saint, il s’agit d’« une  formation dont on peut situer l’apparition entre le XIe et le XIIIe siècle, sans que l’on puisse nécessairement préjuger de l’absence d’un culte antérieur rendu au saint éponyme » [29]

Il s’avère évidemment très difficile, pour ne pas dire impossible, d’apporter des arguments en faveur de l’une ou de l’autre de ces hypothèses au carré ; en revanche, l’hypothèse primaire qui leur a donné naissance, et qui préconise l’existence de points de contact autour de Majan entre Bretons, Vascons et populations du Languedoc, n’est pas aussi gratuite qu’il ne paraît de prime abord : ainsi, dans sa vita, la présentation du saint comme « originaire d’un  pays transmarin » (transmarinae patriae oriundus) fait effectivement penser au récit de l’hagiographe de Goëznou, qui montre la famille de ce dernier se transportant de la grande Bretagne en la petite ; mais l’indice, mis en avant récemment[30], s’avère bien mince, d’autant que l’auteur de la vita de Majan fait probablement référence au voyage transméditerranéen de son héros depuis Antioche de Syrie. Par ailleurs, au-delà de véritables emprunts littéraires, il est manifeste que l’écrivain a puisé dans quelque « formulaire hagiographique » en usage durant le Moyen Âge central, pour dresser de Majan un portrait qui, conséquemment, ressemble à ceux de nombreux autres « saints de papier » de cette époque : un relevé de ces similitudes pourrait s’avérer utile pour mesurer la popularité de tels « formulaires » ; mais la stéréotypie des formules ne permettra que difficilement de leur attribuer une origine certaine. En fait, c’est à un élément de nature onomastique, emprunté au récit de la translation des reliques de Majan, que nous allons nous attacher, car il paraît susceptible d’apporter un éclairage assez vif sur notre conjecture initiale.

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Le narrateur de la translatio, par une sorte d’ « effet de vrai » qui peut-être témoigne de l’existence de sources connues seulement de lui, indique à ses lecteurs les noms, Centullus et Sulinus, des deux moines de l’abbaye de *Cognes (futur Villemagne), auteurs de l’enlèvement supposé des reliques de Majan à Lombez : si, comme le rappelle François Dolbeau, Centullus « est un nom dynastique dans les familles souveraines de Gascogne et des régions voisines », Sulinus, pour lequel l’une des copies donne la variante Subanis, « doit être corrompu » car, souligne ce chercheur, le nom en question est absent de la précieuse nomenclature dressée par Marie-Thérèse Morlet[31]. En fait, le moine Sulinus portait un hagionyme que l’on trouve mentionné, tout à la fois dans les sources hagiographiques, liturgiques et diplomatiques bretonnes, depuis le Xe  jusqu’au XVIe siècle, en concurrence permanente avec les formes Suliavus et Sulianus, lesquelles sont manifestement à l’origine de la variante Subanis. A noter cependant que Suliavus  (Suliau ou Suliac) doit être distingué de Sulianus (Sulian ou Sulien), avec lequel il est souvent confondu et qui, lui-même, s’est vu parfois substituer par Julien[32] : une certaine homophonie a donc toujours favorisé le rapprochement entre ces différents noms de saints. 

Naturellement, porter un hagionyme « breton » ne fait pas de son porteur un indigena, en particulier s’il s’agit d’un nom en vogue, ce qui, au demeurant, ne fut jamais le cas de Sulin, Suliau ou Sulien ; mais cela constitue un indice à prendre en compte dans le cas d’un dossier hagiographique dont la dimension bretonne est incontestable, d’autant qu’à l’instar du culte local de Majan, celui de Sulien paraît avoir revêtu une certaine importance dans le diocèse de Léon, en particulier en Bas-Léon : « de fait », écrit Bernard Tanguy, « Lossulien, importante seigneurie de la paroisse de Guipavas, lieu situé aujourd’hui sur la commune du Relecq-Kerhuon, est un ancien *Lok-Sulien (…). Sans compter que le culte de saint Sulien a pu être recouvert par celui de saint Julien, comme à Lannilis ou au Bourg-Blanc, où les villages de Saint-Julien sont dits en breton Sanzulien, il semble bien qu’il a été très tôt en honneur dans l’importante paroisse de Sizun, avant de s’y voir remplacé par celui [de] saint Suliau » [33]. Or, les villages de Sanzulien, à Lannilis et à Bourg-Blanc, sont situés respectivement à environ sept et quinze kilomètres de Loc-Majan ; Lossulien, à quelques huit kilomètres du bourg de Gouesnou et à moins de sept du lieu-dit Saint(e)-Tudon(e), à Guipavas, est pour sa part distant d’une trentaine de kilomètres de Sizun. On constate ainsi que le culte de ce saint s’inscrit sans difficulté dans le périmètre circonscrit par l’auteur de la vita Goeznovei : il n’y a donc rien d’invraisemblable à ce que l’hagionyme Sulien, ou Suliau, ou Sulin, ait été porté par un personnage originaire de ces parages, rien d’improbable à ce que le personnage en question ait été un moine et rien d’impossible à ce que ce moine ait témoigné d’une dévotion particulière à l’endroit de Majan.

La Bretagne a connu au Moyen Âge central un mouvement de collecte des reliques de saints, qui débute à partir des années 1050 et culmine entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle : il s’agissait d’une part de « rapatrier » celles qui, dispersées à la suite des incursions scandinaves comme nous l’avons rappelé, étaient depuis conservées dans de nombreux sanctuaires extérieurs au duché, en France et en Angleterre principalement ;  d’autre part, d’enrichir de reliques nouvelles les trésors des églises bretonnes. Dans ce contexte, s’esquisse le profil de prélats, dont l’action s’est répercutée sur les destinées de différentes reliques : un exemple est fourni par un texte intitulé Descriptio reliquiarum et notabilis recommandatio ecclesiae Venetensis, qui signale à notre attention l’évêque de Vannes Guethenoc (1183-1220), manifestement atteint d’une sorte de « collectionnite » [34]. Dans le diocèse de Léon, le témoignage de l’hagiographe de Goëznou nous fait connaître l’activité de l’évêque Eudon dans ce domaine : le prélat avait ainsi obtenu, vers la fin du XIIe siècle, des « portioncules » de reliques de Paul Aurélien, le fondateur supposé du siège épiscopal, ainsi qu’un fragment de l’occiput de l’apôtre Mathieu, en provenance de Salerne, dont la réception à l’abbaye de Fine-Terre est rappelée quelques années plus tard, en 1206, par Hervé de Léon, qui avait assisté à cet événement[35]. Pour autant, souligne l’hagiographe, les reliques de Majan, à l’instar de celles de nombreux autres saints bretons, étaient toujours conservées à son époque « dans des églises étrangères » : s’il indique plusieurs localisations, s’agissant par exemple des reliques de Paul Aurélien à Fleury (= Saint-Benoît-sur-Loire), de Mélar à Meaux, de Guénolé à Déols, de Goulven à Rennes, de Tugdual à Chartres, de Patern et Samson à Orléans, ainsi que de Magloire à Paris, il n’en dit mot s’agissant de celles de Hervé, Conogan et Majan[36] ; mais rien ne s’oppose dans le cas de ce dernier à ce que l’hagiographe connût une localisation dans le sud de la France, trop vague cependant, ou trop discutée, pour mentionner un sanctuaire précis.

*

Notre hypothèse initiale pourrait dès lors être reformulée de la façon suivante : la circulation des reliques de Majan doit être étendue à la Bretagne ; un moine, dont le nom de Sulinus est l’indice qu’il pouvait être originaire du Bas-Léon, dans un secteur où Majan était particulièrement honoré, les auraient enlevées d’un sanctuaire local, ou bien de celui de Crozon, à proximité de Landévennec, pour des motifs inconnus, sinon la marque d’une dévotion particulière, à une époque indéterminée, peut-être celle des incursions scandinaves ; cet enlèvement pourrait ainsi avoir été à l’origine de la  présence de reliques de Majan à l’abbaye de Villemagne. Le récit, composé au début du XIe siècle, de leur translatio en provenance supposée du sanctuaire de Lombez vise à restreindre la circulation de ces reliques au sud de la France, pour donner une forme de cohérence au culte régional du saint, écartelé entre différentes traditions, l’une d’origine vasconne, les autres connues en Languedoc. La vita de Majan, quant à elle, sans doute un peu plus tardive, cherche à renforcer la stature d’un saint local, présenté désormais comme originaire d’Antioche de Syrie, dont l’établissement à Lombez aurait été précédé d’une étape à Rome, puis d’une autre à Compostelle. A la fin du XIIe siècle, en Bretagne, l’hagiographe de Goëznou évoque la dispersion des reliques de plusieurs saints bretons, parmi lesquelles celles de Majan : malheureusement, il n’indique pas pour celles-ci de localisation précise, ce qui prive notre hypothèse d’un argument péremptoire, sans néanmoins l’infirmer.


André-Yves Bourgès





[1] J.-L. Lemaitre, « Majan et Méen: Remarques sur BHL 5944-46 », Analecta Bollandiana, t. 119 (2001), n°2, p. 339-343.
[2] P.J. Geary, Furta sacra. Thefts of Relics in the Central Middle Ages, Princeton, 1978 ; traduction française sous le titre Le vol des reliques au Moyen Âge. Furta sacra, Paris, 1993, p. 120-124, 207-210.
[3] F. Dolbeau, « A la recherche de textes rares. L'enquête de dom Estiennot sur les manuscrits du Languedoc et du Sud-Ouest de la France », Historiens modernes et Moyen Âge méridional, 2013, p. 193-232 (Cahier de Fanjeaux, 49).
[4] [Claude de Vic et Joseph Vaissète], Histoire générale de Languedoc, t. 2, Paris, 1733, Preuves, col. 4-6.
[5] Nous remercions vivement François Dolbeau, – qui fut le rapporteur, avec Pierre Flobert, de notre thèse de l’École pratique des hautes études, préparée sous la direction de Jean-Loup Lemaitre, – de nous avoir transmis cette édition, dont la consultation nous a épargné bien des difficultés.
[6] Il s’agit des mss Paris, BnF, lat. 12771 et 12773.
[8] Ms Paris, BnF, lat. 12771 p. 163-171 (Historia translationis Beati Majani), 171-172 (Notula), 420-425 (Vita sancti Majani) ; ms Paris, BnF, lat. 12773, p. 285-286 (Fragmentum de vita et miraculis sancti Majani). Une autre copie mauriste, sans indication de date ou de provenance, figure dans le ms Paris, BnF, lat. 12699, f. 214-216 et 216-220v ; mais ce volume,  dont les variantes ont été relevées par F. Dolbeau, n’a pas encore été numérisé.
[9] Ce « retour aux sources » doit être néanmoins relativisé comme nous l’avons indiqué supra n. 5.
[10] Éric Tranier, Florence Journot et Jean-Luc Boudartchouk, « Découverte d’un probable élément du sépulcre de saint Majan de Lombez à l’abbaye de Villemagne (Hérault) », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. 72 (2012), « Bulletin de l’année académique 2011-2012 », p. 293-299.
[11] Marie-Geneviève Colin, Laurent Schneider, Laurent Vidal, Martine Schwaller, « Roujan-Medilianum (?) de l'Antiquité au Moyen Âge. De la fouille du quartier des sanctuaires à l'identification d'une nouvelle agglomération de la cité de Béziers », Revue archéologique de Narbonnaise, t. 40 (2007), p. 117-183.
[12] L. Schneider, « Les églises rurales de la Gaule (Ve-VIIIe siècles). Les monuments, le lieu et l’habitat : des questions de topographie et d’espace » Michèle Gaillard (éd.), L'empreinte chrétienne en Gaule, du IVe au IXe siècle, Turnhout, 2014 (Culture et société médiévales, 26), p. 425-430.
[13] É. Tranier, F. Journot et J.-L. Boudartchouk, « Découverte… », p. 299 : « Répondant à une nouvelle question de Michelle Fournié, Jean-Luc Boudartchouk dit que saint Majan est probablement un personnage historique ».
[14] De l’église paroissiale, sous le vocable de saint Saturnin, dépendaient celles de Saint-Amans et de Saint-Christophe (Regestum Clementis Papae V, n°5771 et n°7044), dans lesquelles il faut reconnaître respectivement les chefs-lieux des communes de Saint-Sernin (plutôt que Belpech) et de Saint-Amans, ainsi que le lieu-dit Saint-Christol, avec son église classée, commune de Fonters-du-Razès, canton de la Piège-au-Razès, département de l’Aude. Voir également C. Douais, « Le livre du prévôt de Toulouse », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. 15 (1894), p. 207 ; au XVIIIe siècle, les utilisateurs de ce document médiéval ne savaient déjà plus ce qu’était Antiocha (Ibidem, p. 248).
[15] F. Dolbeau, « Vie et miracles de saint Aphrodise, évêque de Béziers », Analecta Bollandiana, t. 125 (2007), n°2, p. 298.
[16] Formes anciennes données s.v. par Albert Deshayes, Dictionnaire topographique du Finistère, Spézet, 2003 : Locmajan, 1428,  Locmagan, 1477, Logmagean, 1486, Locmagean, 1505.
[17] Dans le département du Finistère : Kervajean (Kervasan, 1609, Kermasan, 1621, Kervazan, 1666) à Bourg-Blanc ; Kervagen (Kermaian, 1653, Kermajan, 1664) à Coat-Méal ; Kervajean (Kervajan, 1688, Quermagean, 1689, Kervagan, 1696) ainsi que Trémazan  (Tremasan, 1414, Tremasen, 1462, Treffmazan, 1670, Tremazan, 1682) à Landunvez ; Kervajean (Kermagan, 1426) à Ploumoguer. Plus éloignés de ces parages, on trouve Kermajean (Kermaian, 1428, Kermaigen, 1536, Kermagean, 1586) à Plounévez-Lochrist et Lanvagen (La Mahan, 1426, Lanmaigean, 1536) à Crozon : formé avec le vieux-breton lan-, qui signifie en de nombreuses occasions « ermitage, monastère », Lanvagen pourrait ainsi appartenir à la plus ancienne strate de ces différents toponymes. Enfin, excentrés, il faut mentionner les lieux-dits Kervagen (Kervajen, 1714), à Plouhinec et, dans le département des Côtes-d’Armor, Kermagen (Kermagen, 1736) à Pleubian.
[18] Il s’agit d’une note au f. 71r  du ms Troyes, Bibliothèque municipale, 960, qui mentionne  un certain Matian et sa femme Digrenet : H[A]E[C] LITERULE NARRANT QUOD DEDIT MATIAN ET/DIGRENET CONIUX SUA HOS LIBROS IIIIor EVANGE/LIORUM DO[NUM] PRO ANIMABUS SUIS ECCLESIAE ROS/BEITH. ET QUICUMQUE HOC EVANGELIUM VIM/FORTE DUXERIT EX IPSA ECCLESIA NISI DISCIPUL/US SCRIBERE AUT LEGERE ANATHEMA SIT. AM[EN]. Rosbeith désigne la commune actuelle de Rospez, dans le département des Côtes-d’Armor, à 25 km environ du lieu-dit Kermagen, à Pleubian (cf. note précédente) ce qui dénote un intéressant « tropisme trégorois ». La date (909) est indiquée explicitement sur le premier feuillet.
[19] Arthur de la Borderie (éd.), « Saint Hervé. Vie latine ancienne et inédite publiée avec notes et commentaire historique », Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, t. 29 (1891), p. 251-304
[20] Victor De Buck, « De SS Gueznoveo, Tugdonio, Majano et Tugdonia », Acta Sanctorum Octobris, t. 11, Paris, 1870, p. 686-692 ; A. de la Borderie, « L'historia britannica avant Geoffroi de Monmouth et la Vie inédite de saint Goëznou », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 9 (1882), p. 225-246 ; Claude Sterckx et Gwénaël Le Duc, « Les fragments inédits de la Vie de saint Goëznou », Annales de Bretagne, t. 78 (1971), n°2, p. 277-285.  Nous travaillons à une édition commentée de ces vestiges à partir de leurs manuscrits et de leurs éditions antérieures ; édition qui nous donnera l’occasion de présenter à nouveau nos conclusions sur la datation de ce texte, que vient renforcer l’acte de 1206 mentionné infra n. 35.
[21] Ms Rennes, Arch. Dép. d’Ille-et-Vilaine, 1F 1003, p. 49 : Majanus vero ex altera parte rippe maris brachii quod utique loco jam interjacet, duobus fere stadiis a Castello Collobii, edifficavit oratorium.
[22] Ibidem, p. 48-49 : Fuit in diebus illis vir quidam nomine Tudogilus, qui liberiori genere Britonum exortus duos legitur filios et unam filiam habuisse. Primogenitus Goeznoveus, secundo genitus Majanus, filia vero vocabatur Tudona.
[23] Joseph Loth, Les noms des saints bretons, Paris, 1910, p. 86, indique que le nom Majan est le même que *Matian, probablement dérivé de Matugenos, qui figure sur des monnaies gauloises ; curieusement, Loth parait ignorer le ms Troyes, BM, 960, dont il a été question supra n. 18. Felix Oswald, Index of potter’s stamps on terra sigillata « Samian ware », East Bridford, 1931, p. 178-179, signale plusieurs potiers gaulois nommés Maianus.  Quant au nom du saint honoré dans la région biterroise, Monique Clavel, Béziers et son territoire dans l’Antiquité, Paris, 1970, p. 385 et 546, évoque un possible dérivé de l’anthroponyme Maius, mais privilégie l’hypothèse d’un succédané de la déesse-mère gauloise Maia, dont le culte était associé aux sources, comme il se voit à Fontmajou, à Montmajou et peut-être donc au lieu-dit Saint-Majan, dans la commune de Roujan, où sourd une eau ferrugineuse appréciée : cette explication permet d’envisager l’existence d’un culte régional rendu à un  homonyme du saint de Lombez avant même l’époque des tribulations des reliques de ce dernier.
[24] Voir supra n. 17.
[25] Un dernier état  de la question se lit sous la plume de Stéphane Lebecq, « Les moines de Landévennec à Montreuil-sur-Mer. Retour aux sources », Magali Coumert et Yvon Tranvouez (éd.), Landévennec, les Vikings et la Bretagne, Brest, 2015, p. 157-169.
[26] La présence de reliques de Guénolé est attestée à Château-du-Loir et Déols aux XIe et XIIe siècle.
[27] É. Tranier, F. Journot et J.-L. Boudartchouk, « Découverte… », p. 297. Et voir supra n. 23 in fine.
[28] Voir supra n. 18.
[29] B. Tanguy, « De l'ancienneté des cultes des saints Sulien, Suliau et Sulin en Bretagne », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 128 (1999), p. 220.
[30] E. Tranier, F. Journot et J.-L. Boudartchouk, « Découverte… », p. 299 : « Comme Emmanuel Garland demande s’il y a quelque probabilité pour que le saint breton soit le même que celui de Lombez, Jean-Luc Boudartchouk précise que les convergences sont minimes, mais que la phrase qui fait du saint un personnage ‘’ultra-marin’’ est semblable ».
[31] M.-T. Morlet, Les noms de personne sur le territoire de l’ancienne Gaule du vie au xiie siècle, 3 vol., Paris, 1968-1985
[32] B. Tanguy, « De l'ancienneté des cultes des saints Sulien, Suliau et Sulin… », p. 218-222.
[33] Ibidem, p. 220.
[34] A.-Y. Bourgès, « La Bretagne et les Mérovingiens : le témoignage de la Descriptio reliquiarum de la cathédrale de Vannes ? », accessible en ligne : http://www.hagio-historiographie-medievale.org/2009/11/12.html.
[35] Ms Paris, BnF, 22337, f. 116 v° : […] Ego H. de Leonia qui primus dominorum Leonensium tunc temporis receptioni ac venerationi sacrosancti capitis beati Mathei apostoli et evangeliste interfui […].
[36] Ms Rennes, Arch. Dép. d’Ille-et-Vilaine, 1F 1003, p. 50 : Sic et beati Pauli patroni nostri corpus Floriaci in monasterio beati Benedicti, Meloris Meldis in monasterio Cagia, Guengualoei monasterio Dolis, Golvini Redonis, Tugduali Carnoti, Paterni, Samsonis, Aurelianis, Maglorii Parisius in monasterio ejus nomine dedicato sicque Hoarvei, Conagani, Majani ; et aliorum quorum nomina sunt in celiis scripta, propter perfidam nequiciam continuam temporis, in alienis malunt ecclesiis venerari.

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