Les mesures ont leur histoire, assure Jean-Claude Hocquet[1] ;
mais certaines moins que d’autres apparemment : pour la période du Moyen
Âge en France, c’est incontestablement le cas du « stade », dont on
ne sait à peu près rien, comme déjà de son temps Du Cange, s.v. stadium, en faisait le constat[2],
et que le plus souvent on rapporte à la valeur qui était la sienne durant l’Antiquité
(185 mètres). Encore faut-il tenir compte à cette époque de différentes mesures
de ce nom : égyptienne, asiatique, grecque ou romaine. Par ailleurs, plusieurs
textes hagiographiques bretons du Moyen Âge central laissent à penser qu'il a
pu exister, au moins localement, un grand
stade (deux fois et demi plus long environ), dont il est possible de vérifier
la réalité à partir d'un « tracé » qui, au XIXe siècle
encore, était toujours inscrit dans le paysage[3].
La même incertitude se retrouve en ce qui concerne le
« mille » médiéval, qui s’étend parfois sur des distances de 1625,
1666, 1667, 1722, 1750, 1754, 1800 et 1850 mètres, comme l’indique Benjamin Guérard[4],
et ne correspond donc pas toujours au « mille » romain de 1481,5 mètres,
dont la précision se révèle au demeurant bien illusoire[5] :
Guérard évoque même des « milles de 2000, 2100, 2200 à 2600
mètres », qu’il déduit, comme les mesures précédentes, « des calculs
de divers auteurs anciens » ; mais il en rattache cette fois le
principe à la lieue gallo-romaine de 2222 mètres[6].
Quant aux milles « d’environ 3 kilomètres », Guérard suggère qu’ils « doivent
être pris pour des milles teutoniques »[7].
On voit ainsi que, devant la diversité des situations, l’un des maîtres de
l’érudition française du XIXe siècle n’était pas véritablement
parvenu en son temps à trancher la question. Depuis, l’étude des anciennes
« mesures itinéraires », qui avait été, chez les « archéologues », à l’origine de discussions passionnées, voire
de controverses, s’agissant des distances indiquées sur les Itinéraires
antiques, a perdu, malgré l’intérêt qu’elle peut encore susciter à l’occasion[8],
beaucoup de ses attraits du passé[9],
au profit de recherches qui désormais s’étendent « du poids des denrées à
la superficie des champs, de la valeur des monnaies aux dimensions des
corps »[10]. Notons
au passage que, pour disposer de « mesures agraires », qui sont au cœur
des approches historiennes de nature économique, il apparaît souvent nécessaire
de connaître au moins les plus courtes des « mesures itinéraires » ;
inversement, on devrait pouvoir à l’occasion déterminer ces dernières à partir
des « mesures agraires » correspondant aux superficies les plus étendues :
ainsi les deux axes de recherche sont-ils complémentaires. En tout état de
cause, les rapports entre l’espace, le lieu et la distance, au-delà de leur
« réalité », participent également de l’histoire des représentations[11],
dont les problématiques, moins tangibles, mais plus subtiles, s’avèrent
porteuses de riches moissons à venir, du moins pour autant que les controverses
qu’elles suscitent ne versent pas dans la polémique[12].
*
Composées en Bretagne au plein Moyen Âge (XIe-XIIIe
siècles), la vita de Goëznou [BHL
3608-3609] et celle de Goulven [BHL 3610], – qui sont peut-être sorties de la
plume d’un écrivain unique, dont la production littéraire pourrait de surcroît s’étendre
aux ouvrages de la même époque consacrés à Ténénan [BHL 7999][13],
à Mélar [BHL 5903] (*vita secunda)[14],
et à Hoarvé/Hervé [BHL 3859] (rédaction B)[15]
–, contiennent des indications de distance exprimées en recourant au « mille »,
d’un usage assez courant chez les hagiographes bretons médiévaux, même s’il
apparait que le terme renvoie à des réalités métrologiques différentes ; les vitae
de Goëznou et Goulven emploient en outre
le « stade » pour rendre
compte de distances plus courtes, sans pour autant nous indiquer le rapport qu’il
entre le « mille » et le « stade ».
Compte tenu de la faible fréquence de ce dernier terme dans
le matériau littéraire concerné[16],
il est tentant de supposer que les vitae
de Goëznou et de Goulven portent ici un nouveau témoignage de la connaissance
que leur(s) auteur(s) avai(en)t de la vita
de Paul Aurélien [BHL 6585], patron et supposé fondateur du diocèse de Léon,
dont ces deux saints constituent eux aussi des illustrations, puisque leur(s)
hagiographe(s) les désigne(nt) comme appartenant à la succession épiscopale de
Paul. En effet, on peut lire en deux occasions différentes dans la vita de ce dernier, beaucoup plus
ancienne puisqu’elle a été composée en 884 par un moine de Landévennec nommé
Wrmonoc, la formule suivante : id
est, per octo stadia quod est mille passus, vel paulo amplius ; mais,
en l’absence de localisation précise[17],
il est impossible dans les deux cas de vérifier la pertinence de la mesure. L’équivalence
de « huit stades » avec « un mille », est bien attestée
chez les écrivains de l’Antiquité gréco-latine (Polybe, Strabon, Vitruve,
Hygin, Pline, Columelle, Plutarque, Martianus Capella,…) jusqu’à Isidore
de Séville, dont plusieurs des ouvrages figuraient dans la bibliothèque de
Landévennec[18] ; quant
à la formule « ou un peu plus » qui vient légèrement corriger cette
équivalence, elle paraît moins le reflet d’une réalité de terrain,
manifestement ignorée de Wrmonoc qui n’a pas visité les lieux, ou de
considérations métrologiques plus générales, qu’un emprunt à Orose[19],
dont l’œuvre était elle aussi présente dans l’armaria du monastère[20].
Il ne faudrait pas pour autant disqualifier les différentes
indications de distance qui apparaissent dans les textes hagiographiques au
prétexte du comportement de « centonisateur » adopté par certains de leurs
auteurs, notamment ceux qui ont œuvré dans le cadre de la Renaissance
carolingienne : en fait, l’ « hagio-métrologie » a toute sa
place entre la « métrologie savante » et la « métrologie spontanée
du voyageur », pour reprendre les termes de l’intéressante problématique
esquissée par Le Roy Ladurie[21].
Le plus souvent, ce type d’indications rend compte des distances qui séparent les
sanctuaires, les églises, les monastères, et les possessions détenues par les
uns et les autres, ainsi qu’avec les villes et les châteaux, qui servent à
préciser leur localisation ; ou bien elles permettent de déterminer
l’itinéraire d’une procession paroissiale, d’une translation de reliques, d’une
circumambulation sacrée : les traces en sont le plus souvent inscrites dans
le paysage et dans la durée. Expression de véritables « enquêtes de
terrain », ces indications sont donc avant tout le fruit de l’expérience
de ceux qui ont circulé sur les routes, les chemins, les sentiers concernés, ou
du moins qui sont allés à la recherche de leurs vestiges quand ces voies avaient
été délaissées ; mais leurs fréquentes approximations reflètent également
les difficultés rencontrées dans l’interprétation de certains de ces
témoignages. En tout état de cause, contrairement à bon nombre de données recyclées
en permanence par l’hagiographe, ces indications sont rarement d’origine
livresque, sauf dans le cas, comme on l’a vu avec la vita Pauli Aureliani de Wrmonoc, où l’hagiographe s’est approprié
un texte sans rapport avec la situation qu’il prétend décrire ; mais il
s’avère presque toujours possible d’identifier ces emprunts littéraires.
*
L’auteur de la vita
de Goulven indique que le saint s’était installé en un lieu, « distant de
quatre milliaires de Lesneven » (quatuor
milliaribus a Lesneveno distabat), où « il édifia une petite maison en
forme d’oratoire que l’on appelle en breton peniti,
c’est à dire maison de pénitence ou de pénitent » (aedificavitque ibidem domunculam quadrangulam in formam oratorii, quae lingua Britonum peniti
dicitur, hoc est poenitentiae vel poenitentis domus), dans laquelle il
« s’était reclus » (intra septa
Poenititii sui se inclusit) : il s’agit manifestement du lieu-dit
Pénity dans la commune finistérienne de Goulven, distant de 8 kilomètres
environ de l’actuelle Place du château, à Lesneven, mais de quelques 6
kilomètres seulement à vol d’oiseau.
Dans la vita de
Goëznou on lit que ce dernier lui aussi « édifia un oratoire » (aedificavit oratorium), situé « dans
un bois à proximité d’un ruisseau, dans un lieu qui à cette époque était appelé
la Lande » (in quodam nemore juxta
rivulum quendam, in loco qui Landa tunc temporis dicebatur) ; cet oratoire
connu au temps de l’hagiographe sous le nom de « peniti de saint Goëznou » (quod
oratorium hodie dicitur poenititium sancti Goeznovei) et « distant de
quatre milles de la cité [comprendre : la capitale] des Osismes » (quatuor millibus passuum a civitate
Occismorum distante), est généralement identifié avec le lieu-dit actuel
Peneti dans la commune finistérienne de Gouesnou. Il est tentant de placer le siège
de la « cité des Osismes » à l’imposante forteresse de Brest,
puisque, comme le montre le contexte, c’est bien de cette ville dont il s’agit ;
mais, curieusement, l’hagiographe ne parle pas du tout de ce castellum et insiste au contraire sur la
ruine de la cité, « réduite au rang de très petite ville, privée de son
nom et de son statut » (ad instar
parvissimi oppidi redacta, et re et nomine privata est) et que l’on appelle
désormais, précise-t-il, « Brest sur Chevrette » (Bresta super Caprellam)[22].
Comme l’écrivait naguère Gwenaël Le Duc, « on peut croire que l’ancien
noyau de la cité (actuellement le fort) a été abandonné et que la ville s’est
reconstituée à partir d’un faubourg ou d’un emplacement situé près du port (en
l’occurrence la Penfeld) […] probablement au nord du pont de Recouvrance »[23] :
il est donc impossible de déterminer précisément quel endroit précis de Brest
choisir comme aboutissement d’un itinéraire de piéton en provenance du peniti de Gouesnou ; mais si, par
exemple, on retient l’actuel boulevard Jean Moulin en raison de sa situation à
proximité du fond de port, un tel itinéraire s’avère de l’ordre d’une dizaine
de kilomètres de longueur et la distance à vol d’oiseau de quelques 8
kilomètres.
Puisque nous pensons être en présence du même hagiographe, comme
incline à le croire la parenté des deux vitae
sur le plan à la fois structurel et stylistique, il convient d’expliquer une
telle différence sur une distance réputée identique dans les deux cas (quatre
« milles » ou « milliaires »). En ce qui concerne la
commune de Gouesnou, seule la toponymie, à l’exclusion de tout autre vestige, a
conservé le souvenir du peniti du
saint ; mais Daniel-Louis Miorcec de Kerdanet affirmait sans hésitation en
1837 que « le saint avait donc là son ruisseau, sa fontaine, son oratoire
et sa cellule »[24].
La contradiction n’est cependant qu’apparente : comme en témoigne le nom
de parcelle Goarem-ar-chapel à
proximité de la « chaire de saint Goëznou », où se fait la 3e
station de la troménie[25], il faut en effet situer un peu plus à l’ouest, en
direction du lieu-dit Keralenoc, l’emplacement de l’ermitage du saint ; le
souvenir des lieux tel que Kerdanet l’avait collecté était donc déjà incertain
sur place, comme d’ailleurs le confirme la présence dans un même périmètre de
trois toponymes Peneti[26],
nommés ainsi en raison de leur proximité avec le peniti originel. Ainsi, malgré le parallèle entre les récits
hagiographiques concernés, la situation à Gouesnou diffère nettement de celle
qui s’observe à Goulven en ce que, dans ce dernier lieu, le peniti du saint a, quant à lui, longtemps
conservé dans la mémoire locale son statut particulier, dont témoignaient son
emplacement initial fossoyé et la chapelle construite à proximité.
Quoiqu’il en soit, le « décentrage » du peniti
influe à Gouesnou sur la longueur de l’itinéraire qui conduit depuis cet
endroit jusqu’au boulevard Jean Moulin, en raccourcissant la distance d’un bon
kilomètre : à l’instar du « mille » employé dans la vita de Goulven, compté par
l’hagiographe pour quelques 2000 mètres, celui de la vita de Goëznou, autour de 2200 mètres, serait ainsi supérieur au
plus long « mille » dérivé du « mille romain » et même à
celui que Herrmann appelle le « mille lombard »[27].
Il est à rapprocher en conséquence de la « lieue gallo-romaine »,
comme c’est également le cas pour le « mille » employé dans la vita de Gobrien [BHL vacat], apparemment
composée à la même époque[28] ;
tandis que les vitae de Gonéri [BHL 3611]
et Mériadec [BHL 5939b], par exemple, – que leur style et leurs préoccupations
désignent comme les œuvres d’un auteur unique et qui pourraient avoir été
composées aussi tardivement que le milieu du XVe siècle[29], – font l’une
et l’autre référence à un même « mille », d’une longueur à peu près
équivalente à celle de la « lieue angevine », soit autour de 3,5 kilomètres[30],
dont le succès est attesté dans les itineraria,
surtout à partir du XVIe siècle[31] :
on voit bien ici, – au-delà de spéculations sur sa « précision », qui
renvoient à des préoccupations « modernes » en net décalage avec ce
que l’on désignera, au moyen d’une formule à coup sûr démodée, les
« mentalités » de cette époque, – combien la métrologie médiévale pourrait
s’avérer utile pour la datation et l’attribution de certains ouvrages
hagiographiques.
*
Mais comme nous l’avons indiqué en introduction, c’est le
possible recours à un « stade » d’une longueur bien supérieure à
celle de la mesure antique et supérieure même aux différentes sortes de
« stade » dont il est question ici ou là dans les travaux d’érudition,
souvent anciens[32], qui
nous paraît constituer l’apport le plus important des vitae de Goëznou et Goulven à la métrologie médiévale.
L’hagiographe de Goulven rapporte que le saint « ne
s’éloignait jamais de son peniti,
sinon une fois par jour en faisant une presque procession sur un trajet
circulaire de trois stades à travers bois. Au cours de cette procession il
effectuait trois stations, pendant lesquelles il s'arrêtait assez longtemps en
oraison. Et à ces trois stations étaient dressées trois croix, une pour
chacune, lesquelles, avec un énorme amoncellement de pierres, existent encore
de nos jours et sont appelées les ‘’Stations de saint Goulven’’ » (Nunquam a suo poenititio discedebat nisi
semel in die quasi processionem faciens in circuitu per nemus itinere trium
stadiorum. In qua processione tres stationes faciebat, in quibus aliquandiu
orandi studio morabatur. Et in illis tribus stationibus tres cruces fixae erant
singulae in singulis, quae cum immenso lapidum cumulo usque in hodiernum diem
existunt et dicuntur ‘’Stationes sancti Golvini’’).
En adoptant la valeur du « stade » de l’Antiquité, cette
« presque procession » aurait couvert une distance de 550 mètres
environ, ce qui semble assez modeste ; mais la tradition locale, dont nous
avons constaté qu’elle s’était bien conservée, gardait, au XIXe
siècle encore, le souvenir d’un déplacement beaucoup plus long :
« ces trois croix, éloignées l’une de l’autre de sept minutes de marche, formaient
entre elles un triangle ; on les retrouve encore sur les lieux. La
première s’appelle Croaz-Prat-ar-Vern,
la seconde Croaz-a-Draon et la
troisième Croaz-ar- Gouerven »[33].
Si donc l’on considère que l’itinéraire concerné pouvait être couvert en un peu
plus d’une vingtaine de minutes, voilà qui donne, avec un rythme de marche de
l’ordre de quatre kilomètres à l’heure), une distance approximative de 1400
mètres et préconise que le « stade » utilisé par l’hagiographe de
Goulven était environ deux fois et demi supérieur au « stade »
antique. Quant à l’« énorme amoncellement de pierres » associé par l’hagiographe à la « presque
procession » effectuée quotidiennement par le saint, il est tentant de
l’identifier avec une allée couverte comme celle qui se voit à Creac’h
Gallic ; mais ce monument étant situé à près de deux kilomètres du Pénity,
il est donc trop éloigné pour constituer une étape dans le circuit du saint.
Dans la vita de
Goëznou, deux passages nous offrent également la possibilité de procéder à une
évaluation de la valeur du « stade » utilisé par l’hagiographe ;
un troisième passage, quant à lui, montre comment, du point de vue de
l’archéologie, ces aspects métrologiques peuvent sans doute contribuer à une
meilleure connaissance des lieux. Notre écrivain rapporte tout d’abord que le
frère de Goëznou, Majan, s’était établi sur l’autre rive du bras de mer formé
par l’Aber-Benoît où il édifia un oratoire situé à « deux stades à peu près de
‘’Château de Collobius’’ » (duobus fere stadiis a Castello Collobii)
: c’est aujourd’hui le lieu-dit Loc-Majan, où s’élève une chapelle ; mais
celle-ci se trouve à un peu plus de 900 mètres de Castellourop, dans la commune
de Plouguin, dont le nom (Castellhouloup
en 1492, Castelouloup en 1738) prolonge
celui de Castellum Collobii. Il n’est
pas impossible, comme le suggère Bernard Tanguy[34], que ce « château » fût situé, à
l’époque où travaillait l’hagiographe, à un emplacement différent du village
actuel de Castellourop ; mais le plus probable est que la longueur du « stade
» à laquelle se réfère l’écrivain était, là encore, environ deux fois et demie
supérieure à celle de la mesure antique.
La démonstration se révèle presque péremptoire dans le second
passage concerné. Il s’agit du récit de l’arpentage miraculeux à l’origine du minihi primitif de Gouesnou : le
saint, en utilisant un bâton dont l’une des extrémités, fourchue, touchait le
sol, fut ainsi à même de délimiter, dans un laps de temps déterminé, un
quadrilatère de quatre stades de côté ; au fur et à mesure du déplacement
du saint, la terre qu’il avait délimitée se trouvait entourée d’un système de
fossés à double talus qui la séparait de celle du donateur. Il faut renoncer à
voir dans l’itinéraire actuel de la troménie locale, appelée tro ar relegou, « tour des reliques »,
dont la longueur du circuit approche les 18 kilomètres, la commémoration du
cheminement effectué par le saint : si l’on s’en tient à une interprétation
stricte du texte de la vita en
comptant la longueur du « stade » à sa mesure antique, le tracé
de ce quadrilatère délimité serait de l’ordre
de 3 kilomètres ; mais si l’on accepte, comme nous l’avons proposé, que le
« stade » utilisé pour mesurer cette distance avait une longueur deux fois et
demie supérieure, le témoignage de l’hagiographe pourrait alors s’accorder avec
celui d’Albert Le Grand, qui, pour sa part, évalue le parcours du saint à «
deux bonnes lieues de chemin », et l’identifie à celui de la procession
patronale de son temps[35].
Ces indications montrent que se sont superposées dans le temps des réalités
différentes : en particulier, la procession patronale a manifestement connu, à
l’époque moderne, comme peut-être à Locronan, un phénomène d’allongement, dont
le dernier épisode est intervenu lors de sa reprise après la Révolution
française, dans une logique qui n’était plus exclusivement paroissiale, puisque
son parcours s’est alors étendu à Guipavas et à Lambézellec, sans comprendre
pour autant l’ensemble du territoire de la paroisse. En tout état de cause, les
« fossés de saint Goëznou » connus « de temps immémorial », comme le souligne
un acte de 1772, ont partiellement servi en 1791 à la délimitation des sections
de la commune de Gouesnou et leur tracé approximatif est rapporté dans l’acte
dressé en 1864 lors de leur cession par le conseil de fabrique, cession qui a
occasionné depuis leur disparition[36].
Ce tracé peut être ainsi reconstitué : depuis Lantel jusqu’à Penhoat, en
passant par Le Crann et Pont-Amis ; puis de Penhoat, qui en forme l’angle
nord-est, en direction du sud, – indication d’autant plus sûre qu’elle figure
déjà sous la plume de l’hagiographe (ad
orientem et processit, non declinans ad dexteram neque ad sinistram, usque ad
locum qui caput nemoris appellatur, et ibi quasi angulum faciens ad meridiem
recto itinere se direxit) et qu’elle paraît corroborée par les premiers
résultats des fouilles entreprises sur place[37]
–, jusqu’à Vorlen ; ensuite vers l’ouest, de Vorlen à Kerinaouën, puis Mesgall
; et, enfin, vers le nord, de Mesgall à Lantel, en passant par Kerléo, Pors ar
Groas et Kervern, soit un périmètre d’environ 7,5 kilomètres. Cette
reconstitution est fondée sur un témoignage certes tardif, mais qui décrit une
topographie ancienne, inscrite encore dans le paysage en 1864 et dont le tracé
se voit sur l’ancienne carte d’état-major (1820-1866) accessible sur Géoportail
: le fait que le côté nord du quadrilatère concerné suit une partie du
tracé de l’ancien chemin finéral qui marquait autrefois la limite avec
Plabennec est de nature à en confirmer le bien fondé, d’autant que le premier
état des sections communales de Gouesnou indique explicitement que la limite
nord de celle du bourg était formée par les « fossés de saint
Goëznou ». Tanguy comparant les deux espaces, à savoir le quadrilatère
enceint par ces « fossés » et le territoire beaucoup plus vaste
circonscrit par la troménie, conclut : « Nous nous trouvons donc en
présence de deux minihis, – dont l'un
nettement matérialisé –, ayant des limites communes à l'ouest et au nord »[38].
Dans le troisième passage de la vita de Goëznou que nous avons retenu pour notre propos, l’auteur
rapporte que, lors de l’installation de Goëznou, « le comte Commor exerçait
son autorité temporelle sur le territoire des Osismes » (erat tunc temporis Comorus comes temporale
habens dominium in finibus Occismorum), « lequel avait une maison
à presque trois stades au sud de Lantel » (qui habebat domum quasi tribus stadiis distantem ab Antello) ; l’hagiographe signale
en outre qu’« il reste encore des traces de sa maison » (cujus domus adhuc vestigia restant) :
cette indication est particulièrement intéressante, car elle exclut que la domus en question ait pu former le noyau
initial du monastère fondé par le saint, contrairement à l’opinion de certains
commentateurs. Sans doute notre écrivain a-t-il eu recours à des traditions
locales, dont certaines peuvent avoir été empruntées à un fond très
ancien ; peut-être même a-t-il procédé à des investigations de nature « archéologique ».
En tout état de cause, Lantel, ou plutôt Antel, – dont le nom qui n’a pas reçu
d’explication, pourrait remonter à un prototype *Nantel, en rapport avec le petit ruisseau qui prend sa source à
proximité –, sert de point fixe pour établir la cartographie locale, ce qu’il
faut vraisemblablement interpréter – au-delà de l’importance dont cet endroit,
situé aux confins des deux plebes de
Plabennec et Guipavas, était sans doute alors revêtu – comme un indice que la
paroisse de Gouesnou et, conséquemment, son église n’existaient pas encore à l’époque
à laquelle travaillait l’hagiographe. Quant à la domus de Commor, il conviendrait dès lors d’en rechercher les
éventuels vestiges au sud de Lantel, sans doute sur l’itinéraire en direction
de Mesgall, à une distance qui correspond sensiblement à deux fois et demie
celle de trois « stades » antiques : peut-être la vaste zone
champêtre à proximité de l’actuel lieu-dit Kerleo constitue-t-elle le
prolongement du mansus indominicatus
de la demeure de Commor ? Mais, bien évidemment, seul un diagnostic
archéologique serait à même de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse.
*
Le grand
« stade » que nous pensons avoir ainsi retrouvé dans les vitae de Goëznou et de Goulven, dont il
vient ainsi opportunément renforcer l’hypothèse de leur commune origine,
appartient peut-être exclusivement à leur auteur ; mais le plus probable
est que l’écrivain l’a emprunté à un système de « mesures itinéraires »
qui avait cours à son époque. Hélas, comme nous l’avons indiqué, le « stade »
n’a fait l’objet, à notre connaissance, que de deux autres emplois dans la production
hagiographique bretonne contemporaine : encore ces deux attestations ne se
prêtent-elles pas aux vérifications qui sont possibles s’agissant des vitae de Goëznou et de Goulven.
En revanche, quelques indices dans la littérature du
temps pourraient venir au moins indirectement conforter notre hypothèse :
c’est notamment le cas de l’ouvrage de Maitre Grégoire sur les Merveilles de la Ville de Rome[39],
l’un des premiers guides « touristiques » de la Ville éternelle,
composé vers l’an 1200 par un clerc probablement originaire d’Angleterre (Oxford ?),
à la suite de son séjour romain. On aurait pu imaginer que, pour donner à son
texte plus de précision, comme il le fait à plusieurs reprises s’agissant de
bâtiments dont il indique en « pieds » la longueur, la largeur ou la
hauteur, l’écrivain ait eu recours aux « mesures itinéraires »
locales ; mais en fait, outre que son témoignage, unique, ne porte que sur
le seul « stade », cette
mesure lui sert avant tout, de manière détournée, à quantifier l’émotion qu’il
avait ressentie devant une statue antique de Vénus. Laissons-lui la parole dans
une traduction empruntée à Jean-Yves Tilliette[40] :
« Cette figure en marbre de
Paros a été façonnée par un art à ce point admirable et indescriptible qu'elle
paraît plutôt une créature vivante qu'une statue : semblable à une femme qui
rougit de sa nudité, elle a le teint empourpré et qui la regarde de près a
l'impression de voir le sang courir sous son visage de neige. En raison de sa
physionomie merveilleuse et de je ne sais quelle attraction magique, je fus contraint
de retourner la contempler à trois reprises, bien que mon hôtel fût distant de
deux stades » [41].
En tout état de cause, les « deux stades » indiqués
devaient s’appliquer à une distance plus longue que celle correspondant à leur
mesure antique, puisque l’écrivain sous-entend qu’effectuer ce parcours
(aller et retour) « à trois reprises » avait nécessité un effort que
seule pouvait justifier « l’attraction magique » exercée sur lui par
la statue : effort beaucoup plus significatif dans le cas du recours au long « stade » dont nous
avons parlé et dont Maître Grégoire aurait ainsi partagé l’usage avec l’hagiographe
de Goëznou et Goulven, peut-être en raison de l’appartenance de la Bretagne à
l’ « empire angevin » durant la presque totalité de la 2nde
moitié du XIIe siècle.
André-Yves Bourgès
[1] Jean-Claude Hocquet, « Les mesures ont aussi une
histoire », Histoire & Mesure, t. 1 (1986) n°1, p. 35-49.
[3] A l’inverse, il existait dans le Sud-Ouest de la
France (Gascogne et Guyenne), un « stade », attesté dès le XIIIe
siècle, qui était compté pour seulement 6 pieds de longueur, c’est-à-dire le
100e de la valeur du « stade » antique : voir en
particulier Charles Bémont, Rôles gascons,
t. 2, Paris, 1900, p. 13 et 200. La polysémie du terme serait intéressante à
étudier, en particulier ce qui concerne le sens de « carrière de
vie » qu’il revêt dans certains textes du plein Moyen Âge.
[4] B. Guérard, Polyptique
de l’abbé Irminon, t. 1, Paris, 1844, p. 163.
[5] Pierre Hermann, Itinéraires
des voies romaines de l'Antiquité au Moyen Âge, Paris, 2007, p. 19 : «
En France l'on attribue de nos jours au mille une longueur de 1481,5 m. La
valeur du mille dérivant de la longueur du pied, il aurait fallu que l'étalon
primaire soit gravé à quelques dizaines de microns près pour obtenir cette
précision, ce qui aurait exigé des moyens inconnus à l’époque romaine. Gérard
Chouquer écrit : ‘’le pied mesuré sur les instruments qu’on a pu retrouver ne
donnent jamais la même valeur’’. Les variations sont d’environ 4 mm, soit 1%.
Les longueurs du mille qui peuvent être déduites de la valeur du pied sont donc
variables et s'échelonnent de 1 470 à 1660 m ».
[6] B. Guérard, Ibidem.
[7] Idem, p. 164 ; mais Jean Meyers et Michel
Tarayre dans leur édition du monumental Evagatorium
du dominicain allemand Félix Schmidt (Fabri),
sous le titre Les errances de Frère
Félix, pèlerin en Terre sainte, en Arabie et en Egypte, 1480-1483, t. 1,
Montpellier, 2000, font remarquer (p. 409, n. 217) que « Fabri distingue le
mille teutonique (8000 m) du mille germanique (7407 m) et du mille alémanique
(8368 m) ».
[8] Comme on peut le lire par exemple sous la plume d’Emmanuel
Le Roy Ladurie (en collaboration avec Francine-Dominique Liechtenhan), Le voyage de Thomas Platter, 1595-1599. Le
siècle des Platter II, Paris, 2000, p. 98 : « Le texte de Thomas II
Platter contient de très nombreuses indications relatives aux lieues, nombre
d'heures de voyage, etc. Il y a là toute une métrologie spontanée du voyageur,
à ne pas confondre avec la métrologie savante, et qui mériterait elle aussi une
étude spéciale que nous n'avons pas entreprise, si ce n'est de temps à autre
dans ces notes ».
[9] Nous citerons néanmoins : 1°) pour ce qui concerne
l’Antiquité, outre l’ouvrage de P. Herrmann signalé supra n. 5, la notule de Pascal Arnaud, «Note
additionnelle à l'article de Michel Tarpin : Polybe et les milliaires de la via Domitia », Julie Dalaison
(éd.), Espaces et pouvoirs dans
l'Antiquité de l'Anatolie à la Gaule. Hommages à Bernard Rémy, Grenoble,
2007, p. 503-506, ainsi que le 2e
chapitre, intitulé « La mesure de l’espace : stades et
milles » de l’ouvrage de Patrick Thollard, La Gaule selon Strabon. Du texte à l’archéologie. Géographie, livre IV.
Traduction et études, Paris, 2009 (Centre Camille Jullian, Bibliothèque
d’archéologie méditerranéenne et africaine, 2) ; 2°) pour ce qui concerne
la période médiévale et le début de l’époque moderne, l’étude de P. Herrmann,
« Les lieues et les milles utilisés depuis le Moyen Âge », Mediaevistik, t. 26 (2013), p. 31-56.
[10] Actes des
congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur
public, XLIIIe congrès de la SHMESP, Tours, 2012, Paris, 2013
[présentation en ligne à l’adresse http://www.editions-sorbonne.fr/fr/livre/?GCOI=28405100964430 (consulté le 9 juillet 2018)].
[11] Voir par exemple Alain Guerreau, « Le sens des lieux
dans l’Occident médiéval : structure et dynamique d’un “espace” spécifique »
[en ligne https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00520493/document (consulté le 9 juillet 2018), paru en traduction
italienne : « Il significato dei luoghi nell’Occidente medievale : struttura e
dinamica di uno “spazio specifico” » Enrico Castelnuovo et Giuseppe Sergi (éd.), Arti e Storia nel Medioevo, vol. 1, Torino, 2002, p. 201-239] ;
on pourra également consulter, du même auteur, « Le champ sémantique de
l'espace dans la Vita de saint Maieul
(Cluny, début du XIe siècle) », Journal des savants (1997), n°2, p. 363-419.
[12] Ainsi A. Guerreau,
Ibidem, p. 363, décrit-il les hagiologues comme « une poignée de bonnes
âmes [qui] s'emploie à en justifier le caractère itératif et stéréotypé, tandis
que d'autres, moins nombreux encore, s'efforcent d'y glaner quelques traits
concrets ou ‘’de mentalité’’ à la fiabilité plus que douteuse » ; on
trouve un constat du même genre chez Fabrice Guizard-Duchamp, Les terres du sauvage dans le monde franc
(IVe-IXe siècle), Rennes, 2009, p. 15, qui déplore
chez certains médiévistes « l’enfermement dans une lecture trop naïve des
témoignages littéraires et, au premier chef, des vies de saints » : dans
les deux cas, ces coups de griffe apparaissent bien inutiles et peu de nature à
créer les conditions de l’interdisciplinarité souhaitée.
[13] André-Yves Bourgès, « La vita du saint breton Ténénan : Une édition provisoire », [en
ligne à l’adresse : http://www.academia.edu/30515234].
[14] Idem, Le
dossier hagiographique de saint Melar. Textes, traduction, commentaires,
Lanmeur-Landévennec, 1997, préface de Bernard Tanguy (= Britannia Monastica, 5), p. 80-84 (texte latin), 84-88
(traduction), 121-131 (datation et circonstances de la composition).
[15] Id., « Le bestiaire hagiographique de saint
Hervé », Britannia monastica, 7
(2003), p. 75-97.
[16] L’ouvrage [BHL 1953 recte 1953a], décrit comme la « vita ancienne » de Corentin par son éditeur, Ethel-Cecilia
Fawtier-Jones, qui en a assuré la
publication dans les Mémoires de
la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 6 (1925), p. 38-56,
emploie une fois le terme stadium ;
à noter que l’ouvrage en question a été reconstruit en combinant plusieurs
sources, dont un sermo sans doute
lui-même composé au début du XIIe siècle à partir d’un recueil de miracula plus ancien : A.-Y.
Bourgès, « ‘’Un saint de papier’’ : Corentin au travers de son dossier
hagiographique », Bulletin de la
Société archéologique du Finistère, t. 140 (2012), p. 227-240. On trouve
également sous la plume de l’hagiographe de Mélar dans les deux manuscrits
incomplets de la *vita prima de Mélar
[BHL 5904 et 5906c] la formule stadio
dimidio et eo amplius (texte M) ou stadio
et amplius dimidio (texte P) : il faut corriger « sur un demi-stade et
plus » la traduction qui figure p. 62 et 70 de
l’ouvrage cité supra n. 14.
[17] Les deux épisodes dont il est question sont situés
dans l’île de Bretagne, sur le rivage : le premier, à proximité du
monastère de saint Iltud (aujourd’hui Llantwit Major, Llanilltud Fawr en gallois) ; le second, non loin du lieu,
dont le souvenir n’a pas été conservé, où la sœur de Paul Aurélien, Sitofolla, menait la vie consacrée.
[18] Joseph-Claude Poulin,
L’hagiographie bretonne du haut
Moyen Âge. Répertoire raisonné, Ostfildern, 2009, p. 418-419.
[19] Ibidem, p. 284.
[20] Ibid., p.
279 et n. 46.
[21] Cf. supra n. 8.
[22] C’est le nom porté anciennement par la rivière
Penfeld, qui elle-même tire son origine du toponyme Penfel (Penfeel en 1248), situé dans la commune
de Guilers. Vers 1636-1637 encore, Debuisson-Aubenay écrivait : « Gavric,
Caprella, on diroit en françois la Chevrette. Passe à Penfelt, en tombe dans le
canal de Brest ». Cf. Alain Croix (éd.), La Bretagne d'après l'itinéraire de monsieur Dubuisson-Aubenay,
Rennes, 2006, p. 987.
[23] Gw. Le Duc, « L’évêché mythique de Brest », Les
débuts de l’organisation religieuse de la Bretagne armoricaine (= Britannia
monastica, 3), 1994, p. 188.
[24]Albert Le Grand,
Vies des saints de la Bretagne armorique, 4e éd., par D.-L.
Miorcec de Kerdanet Brest-Paris, 1837, p. 659 (en note).
[25] Bernard Tanguy, « La Troménie de Gouesnou :
contribution à l'histoire des minihis en Bretagne », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, t. 91 (1984), n°1, p. 16.
[26] Deux d’entre eux ont reçu un qualificatif pour les
différencier les uns des autres : Peneti Tostan, « plus près », et
Peneti Nevez, « nouveau ».
[27] P. Herrmann, « Les lieues et les milles… », p. 35.
[28] Il faut envisager la possibilité d’une première
rédaction au XIIe siècle, suivie d’une réfection dans la seconde
moitié du XIVe siècle, comme nous aurons l’occasion de l’argumenter
dans le cadre d’un travail spécifique.
[29] A.-Y. Bourgès, « Le contexte idéologique du
développement du culte de saint Mériadec en Bretagne au bas Moyen Âge », J.-C.
Cassard [éd.], Saint-Jean-du-Doigt des origines à Tanguy Prigent. Actes du
colloque (23-25 septembre 1999), Brest, 2001 (Études sur la Bretagne et les pays celtiques, Kreiz 14), p. 125-136.
[30] P. Herrmann, « Les lieues et les milles… », p. 51.
[31] Ibidem, p.
39-40.
[32] Ainsi B. Guérard, op.cit.,
p. 165, souligne-t-il que Richer de Reims usait apparemment d’un
« stade » de 208 m.
[33]Albert Le Grand,
Vies des saints…, 4e éd., par D.-L. Miorcec de Kerdanet, p. 371
(en note).
[34] B. Tanguy, Saint
Hervé. Vie et culte, s.l. [Treflévenez], 1990, p. 97.
[35]A. Le Grand,
op.cit, p. 660 et 664.
[36] Albert Bossard, Gouesnou
d’hier à aujourd’hui, s.l., 1977, p. 1-3.
[37] Un chantier de fouilles préventives a eu lieu au
printemps 2018, dont les résultats sont attendus avec impatience ; il
faisait suite à deux opérations de diagnostic, dont les rapports ont été
publiés respectivement en 2013 et 2017. Il est dommageable à notre sens que ces
rapports ignorent les indications fournies par l’hagiographe.
[38] B. Tanguy, « La troménie de Gouesnou », p.
18.
[39] Magistri
Gregorii narratio de mirabilibus urbis Romae, [en ligne à l’adresse http://www.thelatinlibrary.com/mirabilia1.html (consulté le 9 juillet 2018)].
[40] J.-Y.
Tilliette, « Tamen horrore
decorum. La statuaire antique au miroir de la littérature latine des XIe
et XIIe siècles », La
littérature et les arts figurés de l’Antiquité à nos jours, Paris, 2001, p.
491-500 [version auteur téléchargeable en ligne à l’adresse : https://archive-ouverte.unige.ch/unige:80653/ATTACHMENT01 (consulté le 9 juillet 2018)].
[41] Magistri
Gregorii narratio… (§ 12) : « Haec
autem imago ex Pario marmore tam miro et inexplicabili perfecta est artificio,
ut magis viva creatura videatur quam
statua: erubescenti etenim nuditatem suam similis, faciem purpureo colore
perfusam gerit. Videturque comminus aspicientibus in niveo ore imaginis
sanguinem natare. Hanc autem propter mirandam speciem et nescio quam magicam
persuasionem ter coactus sum revisere, cum ab hospitio meo duobus stadiis
distaret ».