"L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat, parce que l’Histoire, et au-delà les sciences humaines, est menacée par la posture utilitariste dominante dans notre société, pour laquelle seul ce qui est économiquement et immédiatement rentable est légitime : le reste n’est que gaspillage de temps et de deniers publics. Dans cette situation, l’Histoire médiévale est dans une situation paradoxale puisque s’ajoute à ce déficit général de légitimité des sciences humaines un détournement généralisé du Moyen Âge à des fins variées, jouant tantôt sur le caractère irrationnel et sauvage prêté à la période, tantôt sur la valeur particulière des « racines » médiévales. Le Moyen Âge devient ainsi un réservoir de formules qui servent à persuader nos contemporains d’agir de telle ou telle manière, mais n’ont rien à voir avec une connaissance effective de l’Histoire médiévale."

J. MORSEL, L'Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat... (ouvrage téléchargeable ici).

24 novembre 2021

« Mémoriographie », hagiographie, archéologie et épigraphie : Landévennec et le « cas Gradlon » (Ve-XIIIe siècles) *

 En Bretagne comme ailleurs, le matériau hagiographique consiste avant tout en une galerie de portraits spirituels de différents « saints de papier »[1], sorte de « mode d’emploi »[2]  de leur culte respectif : il s’agit en général d’écrits de circonstance et il est conséquemment possible dans de nombreux cas de déterminer les motivations qui animaient leurs auteurs. Par ailleurs, si l’« effet de réel », auquel ont eu souvent recours les hagiographes[3], se rapporte évidemment à l’époque de composition de ces textes, c’est-à-dire au plus tôt à la seconde moitié du IXe siècle, sauf en ce qui concerne la vita de Samson, plus ancienne[4], les traditions qu’ils nous ont transmises peuvent remonter, quant à elles, à des strates chronologiques largement antérieures : on le voit par exemple à Landévennec, où les résultats des fouilles archéologiques récentes ont confirmé la présence sur place, dès le tournant des Ve-VIe siècles, d’une communauté monastique, dont l’habitat fut déplacé sur une courte distance à la fin du VIe siècle[5] ; or, ce déplacement est  rapporté par Wrdisten au livre 2, chapitre 26 de sa vita longior de Guénolé [BHL 8957-8958] composée vers 870, soit plus de deux siècles et demi après les événements. Son souvenir n’est évidemment pas exclusif d’un phénomène de « reconstruction imaginée », ou du moins « enjolivée », du passé. L’hagiographe, instruit de la réalité du transfert par la tradition du lieu qui s’appuyait sans doute, au moins en partie, sur des considérations de nature « archéologique »,  choisit d’intégrer dans son récit une anecdote qui démarque l’épisode biblique de l’échelle de Jacob, combiné au motif folklorique bien connu du « pays où l’on ne meurt jamais »[6] : ainsi le déplacement du monastère est-il justifié par le fait que les premiers religieux, accablés de vieillesse, avaient souhaité quitter un lieu où, en tant que bénéficiaires de visions célestes, il leur était impossible de mourir à la vie terrestre ;  pour gage de sa fidélité à cette mémoire monastique, Wrdisten convoque « le témoignage de très saints hommes qui le tenaient de leurs prédécesseurs, “témoins véridiques” »[7]. Une lecture supposément objective, de type positiviste ou néo-positiviste, outre ignorer la substance spirituelle et symbolique de ce passage, aurait vraisemblablement manqué de relever les importantes indications historiques qu’il contient : c’est donc du côté de la mémoriographie qu’il convient, en l’occurrence, de chercher les outils de décryptage du « discours hagiographique ». Cet aspect mémoriographique de la documentation concernée a naguère été mis en évidence par Joëlle Quaghebeur et le regretté Jean-Christophe Cassard, qui se sont efforcés de dresser l’ « inventaire des vecteurs possibles d’une authentique mémoire monastique[8] » à l’époque carolingienne à Landévennec, où s’était alors nettement affirmée « la volonté de se souvenir[9] ».

 

Témoigne de cette ambition mémoriale et de sa mise en œuvre par l’hagiographe, mais aussi de ses ambiguïtés et de ses possibles manipulations, l’inclusion par Wrdisten dans son ouvrage (livre 2, chapitre 13) d’une lettre de Louis le Pieux. Ce document a récemment fait l’objet d’un nouvel examen, particulièrement minutieux, par Michèle Gaillard[10] : si cette chercheuse ne met pas en doute la rencontre de 818 entre le souverain et l’abbé de Landévennec, à l’origine du diplôme impérial, elle suggère cependant, entre autres hypothèses, que ce dernier a pu être « forgé un peu plus tard à partir d’un acte authentique, qui pouvait porter vraisemblablement sur l’octroi de la libre élection de l’abbé, comme c’est le cas dans la grande majorité des cas où un acte de Louis le Pieux mentionne la règle de saint Benoît »[11]. Se pose en conséquence la question de la sincérité de certains passages, notamment celui qui concerne les usages scotiques à Landévennec et leur prohibition par l’empereur. Or, dans une stimulante « mise au point sur les coutumes monastiques irlandaises du haut Moyen Âge »[12], Jean-Michel Picard a montré « que la tonsure et les usages de Landévennec ont plus probablement une origine bretonne qu’une origine irlandaise »[13] : l’attribution aux Irlandais serait « un trait de génie de la part du, ou des rédacteurs de la lettre recopiée ou adaptée par Gurdisten », car cela évitait d’imputer aux moines du lieu la responsabilité de leurs errements passés[14]. Ainsi, comme nous l’avons souligné dans un autre travail, l’influence irlandaise à Landévennec « n’a peut-être pas revêtu à cette haute époque l’importance que certains lui prêtent, même si, sur place, les sources archéologiques, hagiographiques, diplomatiques et liturgiques convergent pour confirmer l’ancienneté du lieu, la richesse de ses traditions, sa précoce reconnaissance en tant que relais du pouvoir carolingien et la dévotion de ses moines à l’endroit de Patrick »[15].

 

Ces deux exemples peuvent contribuer à établir une possible définition de la mémoriographie, qui serait l’étude de la manière dont les étapes de l’histoire d’une communauté cléricale, à la fois lieu de pouvoir et lieu de savoir, ont fait l’objet 1°) d’une transmission sélective à l’intérieur de cette communauté et 2°) de rappels appropriés lorsque l’exigeait le « projet communautaire », qu’il s’agisse de se défendre, de s’étendre, ou plus généralement de s’affirmer et de perdurer.

 

*

 

Vérifions maintenant si, toujours à Landévennec, cette définition peut être confortée par le « cas Gradlon ».

 

Pour le Père Marc Simon, la figure de Gradlon a emprunté la majorité de ses traits au « roi de papier » qui est employé dans le dossier hagio-diplomatique de Guénolé : ainsi faut-il sans doute reconnaître en lui, – depuis son « invention » à Landévennec vers 860-870 par le moine Clément, lequel, dans une hymne alphabétique en l’honneur du saint, donne à Gradlon le titre de « chef de la patrie »[16], – un avatar du roi Salomon de Bretagne[17] ; tandis que le personnage homonyme qui, à de nombreuses reprises, est mentionné en qualité de donateur dans les actes ou fragments d’actes compilés au XIe siècle dans le cartulaire du monastère, personnifie peut-être le lignage des seigneurs de Châteaulin, bienfaiteurs de l’abbaye[18]. Joëlle Quaghebeur, s’efforçant de concilier l’approche traditionnelle, érudite, d’un matériau diplomatique au demeurant modeste, tardif et disparate, avec, comme nous l’avons dit, une réflexion de nature quasi-anthropologique sur la Mémoire cornouaillaise, pose à cette occasion la question de l’éventuelle réalité historique de Gradlon[19], pour lequel « il convient de nuancer, sinon d’abandonner la notion de personnage purement mythique » [20] ; comme en écho, Jean-Christophe Cassard évoque, lui aussi, mais très sommairement, Gradlon, dont il juge l’historicité « vraisemblable, ou plutôt celle des Gradlon que la légende finit par fusionner dans une figure unique »[21].

 

Déjà, aux environs de l’An Mil, Létald de Micy, dans son ouvrage sur les Miracles de Saint-Mesmin, avait fixé le souvenir d’un potentissimus breton nommé Gradlon, venu terminer ses jours, apparemment dans la seconde moitié du IXe siècle, au monastère de Noirmoutier[22]. Ce Gradlon est présenté comme l’oncle (avunculus) du nouvel abbé de Micy, un certain Benoît, lequel aurait été précédemment évêque en Bretagne avant d’acheter vers 940/950 l’abbaye ligérienne[23] ; mais la chronologie de Létald, toujours approximative, pose ici un véritable problème : la prise d’habit par Gradlon à Noirmoutier ne peut être en effet postérieure à 836, car, à cette date, les moines quittèrent leur établissement insulaire pour mettre les précieuses reliques de leur fondateur, Philibert, à l’abri des incursions des Vikings et s’installèrent à Déas. Dès lors, si son historicité est acceptée, ainsi que celle de Benoît, Gradlon devait être plutôt le grand-oncle, voire l’arrière-grand-oncle de ce dernier[24]. En outre, son origine cornouaillaise ne saurait être admise sans discussion : en effet, une charte de Redon, aux années 840-846, nous apprend l’existence à Guer d’un machtiern homonyme, lequel, comme peuvent le suggérer certains marqueurs onomastiques[25], appartenait, ou du moins touchait de près, à la puissante dynastie machtiernale issue de Jarnhitin ; de quoi obliger l’historien à reconsidérer les origines du futur lignage comtal de Cornouaille, ainsi que leurs rapports avec les Alanides[26].

 

Le personnage de Gradlon a connu tout au long du Moyen Âge, et même au-delà, une fortune mémoriographique, dont il y a peu d’exemples dans l’historiographie bretonne s’agissant d’un chef civil. Même en laissant de côté la production littéraire en langue vernaculaire[27], initiée dès le XIIe siècle et qui fleurit aujourd’hui encore, – surtout grâce au succès de la légende de la ville d’Is[28] dont on peut lire les prémices sous la plume de Le Baud à la fin du XVe siècle,– Gradlon occupe une place considérable dans la mémoire collective des Bretons, plus encore que le fameux Commor et son contemporain Guérec (Waroch), figures pourtant infiniment moins lisses que la sienne et donc a priori bien plus propices à des développements légendaires ; personnages dont, à l’inverse de Gradlon, l’historicité est confirmée par d’autres sources, mais qui donc n’ont pas autant séduit l’imagination populaire et inspiré la plume des écrivains. En l’état actuel de la documentation et de nos connaissances, le moine Clément est, comme nous l’avons dit, le premier à citer le nom de Gradlon, sans donner de relief particulier au personnage[29], dans son hymne alphabétique qui est un résumé versifié des traditions qui avaient cours sur Guénolé vers le milieu du IXe siècle ; ces mêmes éléments ont fait, un peu plus tard, l’objet d’un traitement magnificatoire par Wrdisten dans sa propre vita du saint.

 

Cela signifie-t-il que Wrdisten en savait plus, en avait appris plus sur Gradlon que Clément ?  Difficile d’apporter une réponse tranchée à cette question : il paraît évident que l’histoire de l’abbaye lui était largement inconnue, car, en introduction à la lettre de Louis le Pieux dont nous avons parlé, il résume en une seule phrase toute la période qui va de l’époque supposée du règne de Gradlon jusqu’à la venue de l’empereur en Bretagne en 818 (Et haec quidem lex sive regula per tempora longa refulsit in isto monasterio, id est, ab illo tempore quo Gradlonus, quem appellant Magnum, Britanniae tenebat sceptrum usque ad annum Hlodouuici piissimi Augusti imperii quintum, Dominicae autem lncarnationis octingentesimum octavum decimum). Pourtant, il s’en était passé des choses à Landévennec pendant tout ce temps. Ainsi, par exemple, l’histoire des trois fils de Catmaël et de leur complice, dont le récit de la tentative nocturne de vol dans la vita longior de Guénolé (livre 2, chapitres 23 et 24), rend un indéniable son de vérité, renforcé par la mise en œuvre de l’ « effet de réel »[30] ; ou bien, plus anecdotique, mais plus réaliste encore, la scène, resserrée en quelques vers sous la plume de Clément, qui nous montre un « fils de prince » miraculeusement guéri d’une rage de dent qui le faisait hurler de douleur[31] : des « historiettes relatives à la vie du monastère »[32], que le filtre des souvenirs avait retenues pour nourrir, sélectivement ainsi que nous l’avons dit, la mémoire monastique.

 

A côté de ces détails, rapportés de façon vivante, l’entrevue de Guénolé avec Gradlon prend la forme d’un exemplum destiné à illustrer la supériorité de la vie monastique sur les dérèglements laïques. Or, le nom de Gradlon n’est pas celui d’un personnage pris au hasard, puisqu’il figure chez Clément : Wrdisten, afin de renforcer sa démonstration, voulait que tout le monde pût reconnaître le prince puissant qui, – à l’appel du monarque franc, dont il aurait conséquemment reçu récompense ? – avait combattu victorieusement les Normands sur la Loire, avant de faire une fin particulièrement honorable sous l’habit monastique à Noirmoutier ; prince en outre revendiqué comme l’un des leurs par les Cornouaillais, peut-être en raison d’une homonymie avec plusieurs membres d’une dynastie locale, quand bien même son appartenance à un lignage du Vannetais, ainsi que nous l’avons indiqué, ne saurait être exclue. Ainsi Wurdisten espérait-il faire constater concrètement par son lectorat, ainsi que par son auditorat, étendu, par la médiation de clercs, aux laïcs, – que le pouvoir de ces derniers s’inclinait devant celui des représentants de l’Église, en particulier les membres de l’ordo monasticus ; pas de preuve plus irréfragable en effet d’un tel état des choses que de voir un potens, un potentissimus même, célèbre pour ses actions dans le siècle témoigner sa modestie, son humilité en présence d’un moine.

 

*

 

Pour brosser ce portrait de Gradlon, qui le présente comme la caution de l’idéologie cléricale ayant cours à Landévennec dans la seconde moitié du IXe siècle, nous avons utilisé le texte de Wrdisten bien sûr, mais aussi les indications de Létald et certaines informations tirées de la « charte » n° 20 du cartulaire de Landévennec, au demeurant très suspecte, dont nous proposons en annexe une nouvelle analyse[33]. Nous pensons que ce portrait hypothétique peut aider, dans la perspective mémoriographique dont nous avons parlé, à rendre compte 1°) de la place occupée par Gradlon dans le cartulaire compilé au XIe siècle, 2°) de l’inscription du XIIe siècle qui, à Landévennec également, célébrait sa gloire[34] et enfin 3°) de sa mention au 5 janvier dans le nécrologe de l’abbaye au XIIIe siècle[35]. Le succès du personnage s’est prolongé au bas Moyen Âge en ce lieu, où s’est alors véritablement opéré sa « mythification », dont témoignent au début du XVIIe siècle encore les éléments collectés par Albert Le Grand[36]. En outre, notre hypothèse préconise que Guénolé, pour autant que l’on admette son historicité à l’instar de celle de Gradlon, n’a pas pu vivre aux temps héroïques : il faudrait plutôt voir en lui un abbé dont les qualités et l’action à la tête du monastère, vers la fin du VIIIe ou le début du IXe siècle, avaient laissé au sein de la communauté un souvenir d’autant plus fort que nous suggérons de reconnaître en lui l’artisan d’une véritable renaissance, sinon d’une refondation, marquée par la construction, vers la fin du VIIIe siècle ou les premières années du IXe, d’une église abbatiale qui avait jusqu’alors manqué sur place[37].

 

« Notre hypothèse » avons-nous dit : en fait, nous l’avons partiellement reprise à Henri D’Arbois de Jubainville qui, prolongeant les constatations d’Alfred Ramé[38], l’avait en vain opposée, – dans sa « Préface » à l’édition du Cartulaire de Landévennec par René-François Le Men et Émile Ernault[39], – aux théories laborderistes sur le sujet. La tentative de D’Arbois de Jubainville empruntait, pour mieux en contester les résultats, la même démarche que celle de son adversaire ; mais ce dernier était bien mieux rompu que lui à l’exercice[40]. Ainsi, supposer que la référence à Childebert dans un texte hagiographique puisse se rapporter à tel souverain de ce nom plutôt qu’à tel autre et en déduire la chronologie du saint concerné[41] est une approche ruineuse de ce type de document, pour lequel il faut, avant de proposer une datation des événements rapportés, se poser la question de ses implications spirituelles et religieuses, aussi bien que politiques et idéologiques et conséquemment s’interroger sur les circonstances de sa composition. Redisons-le encore une fois : ce n’est évidemment pas parce que Wrdisten évoque les victoires remportées par Gradlon contre les Normands sur la Loire que nous devons envisager l’historicité de ce prince ; mais pour que Wrdisten pût convaincre les laïcs de son temps, en particulier les plus puissants d’entre eux, d’accepter leur sujétion à l’égard du clergé, il fallait qu’il fût de notoriété publique que, dans un passé suffisamment proche, ou connu des contemporains, un prince nommé Gradlon, célèbre pour avoir combattu victorieusement les Normands sur la Loire, s’était abaissé devant un simple moine, avant, comme l’indique de son côté Létald, d’abdiquer son pouvoir séculier et de revêtir à son tour l’habit monastique, dans un établissement situé non loin des lieux qui avaient été le théâtre de ses exploits guerriers. Même si Gradlon était déjà entré, cinquante ou soixante ans après sa mort, dans le processus, qui dure encore, de mythification de son personnage, son historicité restait le meilleur atout de la démonstration de Wrdisten : ce qui s’observe fin 2021 de plusieurs candidats à la présidence de la République française dans leurs rapports avec la figure mythifiée de De Gaulle, personnage dont la dimension historique est également indiscutable, vient apporter un éclairage singulier sur la situation que nous avons tenté de décrire.

 

Guénolé perd-il de son aura de sainteté en étant présenté comme un abbé du VIIIe siècle plutôt que du Ve ou du VIe ? Il apparaît que son rôle à la tête de la communauté de Landévennec fut sans doute considérable, pour mériter un traitement littéraire aussi développé, en particulier sous la plume de Wrdisten. Une partie du matériau mis en œuvre à cette occasion a pu être empruntée à la tradition hagiographique relative à un personnage homonyme, qui faisait déjà l’objet d’un culte sur la côte nord de la Bretagne, de Tauracus, Taulé (Finistère) à Landoac, Saint-Jacut-de-la-Mer (Côtes-d’Armor) en passant par l’insula laurea, L’Île-Lavret, Bréhat (Côtes-d’Armor) : comme en ce qui concerne Gradlon, il a sans doute existé plusieurs Guénolé, historiques et/ou légendaires. Le cas échéant, faire traverser au personnage qui nous intéresse les « pays domnoniques » avant son arrivée en Cornouaille aura constitué un excellent artifice littéraire pour permettre de lui annexer les vertus attribuées à quelque prédécesseur. Allons plus loin encore : pourquoi ne pas renoncer à reconnaître dans le toponyme Landévennec la présence du nom Guénolé ? L’éponyme du lieu est un certain Guennec (Guennoc, Winnocus), dont le nom paraît moins le diminutif de Guénolé que celui de Guenaël, si tant est qu’il faille vraiment y reconnaître une forme hypocoristique, car ce nom fut également porté par plusieurs personnages parfois décorés (abusivement) du titre de saint. Ainsi, dans les Gesta sanctorum Rotonensium, on peut lire le nom du petit établissement érémitique de Coat-Guinec  (Silva Wenoc), commune du Huelgoat (Finistère), où vivait, avec son compagnon Fidweten, un certain Gerfred, moine de l’abbaye Saint-Maur de Glanfeuil, qui introduisit en 832 la règle bénédictine au monastère de Redon : il est tentant de reconnaitre dans l’établissement de Coat-Guinec le lieu choisi par le fondateur de Landévennec pour finir ses jours et qui serait devenu par la suite une dépendance de l’abbaye ; mais plus intéressant encore, la présence sur place sur place d’un moine de l’abbaye ligérienne de Glanfeuil et son rôle dans l’introduction de la règle bénédictine à Redon constituent un nouveau témoignage que la normalisation voulue par Louis le Pieux s’était  appliquée précocement jusque dans les contrées les plus reculées de la péninsule bretonne.

 

André-Yves Bourgès

 

 

Annexe 1

La « charte » n° 20 du Cartulaire de Landévennec

Parmi les pièces les plus suspectes de la partie proprement diplomatique, la « charte » qui porte le n° 20 dans les éditions successives du Cartulaire de Landévennec occupe une place particulière. Pour permettre au lecteur de juger sur pièce, en voici la transcription établie à partir du fac-simile du ms Quimper, Médiathèque, 16 (abréviations résolues et majuscules selon l’usage moderne) :

« [f. 146r] De tribu Lan Sent

Item tunc quidam vir nomine Uuarhenus erat vir nobilis et auctor atque pincerna regis Gradloni. In cujus domo erat Gradlonus rex Britonum quando venerunt nuntii regis Francorum nomine Theodosiusa Magnus ad illum. Tres nuntii fuerunt haec sunt nomina illorum Florentius Medardus Philibertus tres sancti Dei religiosissimi a Deo electi atque prenominati ut nuntii essent ad Gradlonum ut deprecarentur illum propter Deum omnipotentem et Filium et Spiritum Sanctum et Christianitatem et baptismum ut citius veniret adjuvare obprobriumb Francorum et captivitatem et mise [f. 146v] riam eorum, quia virtus illi erat a Deo data, ut deleret genus paganorum per gladium Domini. Et vota voverunt illi XIIII civitates in terram Francorum, et hoc illi juraverunt jussione regis. Et ille spopondit ire propter jurationem illorum quod sibi juraverunt in aeternamc hereditatem et semini suo. ldcirco erant ibi sanctus Chourentinus isdemque sanctus Uuinuualoeus ad conloquium regis atque in concilio. Ego Uuarhenus vir timens Deum commendo me ipsum sancto Uinuualoeo cum omnibus meis, id est corpus meum et animam meam et spiritum atque hereditatem, coram his testibus supradictis. Ego Gradlonus rex sancto Uuingualoeo hoc affirmo in dicumbitione aeterna. Amen. [f. 147r] Et qui frangere aut minuere voluerit a Deo caeli sit maledictus et dampnatus. Amen ».

_________________________________________________________________

a : Le manuscrit a fait l’objet à cet endroit, sans doute au XVIIe siècle, d’une correction assez grossière : le nom original a été en effet remplacé  par celui de Theodosius ; mais il est aisé de restituer qu’il s’agissait originellement de Carolus, comme le confirme la leçon du ms Paris, BnF, lat. 9746, f. 71v  (XVIe siècle), qui a subi  la même correction exécutée de manière plus malhabile encore ; b : Le Men et Ernault ont lu obprorobrium qui n’est absolument pas la leçon du manuscrit ; c : Le Men et Ernault n’ont pas remarqué que le e en début de mot était cédillé et ont transcrit en conséquence eternam au lieu de aeternam.

Nous avons affaire à la donation d’un bien au monastère de Landévennec : le texte en question a fait l’objet de nombreux commentaires généralement très négatifs, à l’exception de l’opinion de Léon Fleuriot[42] ; mais ce grand chercheur voulait se persuader de la valeur historique de ces documents auxquels il n’hésitait pas à assigner le VIe siècle pour époque de leur composition[43]. En outre, il faut distinguer au sein du texte considéré trois parties : l’intitulé, qui a priori désigne le bien concerné par la donation[44] ; le récit des circonstances de la rencontre du « roi » Gradlon avec des envoyés de Charlemagne, en présence de Corentin et Guénolé, dans la demeure anonyme de son « conseiller et échanson », Goaren[45]. Enfin, la donation par ce dernier à Guénolé de son hereditas, donation qui est alors confirmée par Gradlon[46] : à noter que l’acte ne mentionne pas le nom de ce bien, ce qui signifie que son rapprochement dans l’intitulé avec un lieu appelé Lan Sent est de la responsabilité du cartulariste et peut se révéler fantaisiste.

Au demeurant, nous pouvons vérifier à la lecture des autres « chartes » qu’il a laborieusement compilées, qu’il n’avait pas un gros potentiel en termes de créativité[47]  : les actes en question apparaissent très stéréotypés, sans pour autant emprunter à un formulaire connu[48], à moins d’y reconnaître ce que Wendy Davies a défini comme « la charte "celtique" »[49]. En tout état de cause, le passage de la « charte » n° 20 qui rapporte les tenants et aboutissants de la rencontre de Gradlon avec les envoyés de Charlemagne n’a pas été tiré du dossier hagiographique de Guénolé et n’a pas non plus de rapport avec la donation de Goaren proprement dite : il s’agit d’une anecdote que la faible inventivité du compilateur ne permet pas de lui attribuer ; celui-ci l’aura donc empruntée à une autre source dans laquelle il faut sans doute reconnaître, plutôt « qu’un roman une chanson de geste ou quelque invention de cette sorte »[50], un récit de nature annalistique, voire chroniquale, comme l’a proposé Yves Morice :

« Nous serions donc peut-être ici en présence d’une pièce assez ancienne, un fragment de chronique peut-être, retravaillée sous forme de récit hagiographique et compilée avec une donation. En effet, l’orthographe des noms en Uu- paraît ancienne, car le XIe ou même le Xe siècles les auraient fait évoluer en gu-. A ce titre, la confirmation de Grallon paraît un peu plus récente, car le nom de Guénolé y est orthographié avec ce -gu- médian post carolingien. Nous aurions là les traces d’un travail d’écriture relativement élaboré, un véritable montage entre matériaux historique, hagiographique et diplomatique »[51].

Naturellement, la prudence reste de mise et l’attribution du passage qui nous intéresse à un chroniqueur du Xe, voire du IXe siècle ne garantit nullement l’historicité des événements rapportés, à laquelle s’opposent trop d’objections recevables : en cela, la dimension romanesque soulignée par La Borderie doit être évidemment prise en compte. A noter que si le texte paraît un écho lointain des éléments transmis par Wrdisten, à propos du rôle que Gradlon aurait joué dans la lutte précoce contre les Vikings sur les rives de la Loire, il paraît exclu, comme nous l’avons dit, que son auteur se soit directement inspiré en l’occurrence de la vita longior de Guénolé. Les premières incursions des Vikings sur les rivages atlantiques sont attestées vers la fin du règne de Charlemagne, suscitant la mise en place par l’empereur d’un dispositif de défense côtière assez efficace pour dissuader toute entreprise d’envergure jusqu’aux premières années du règne de Louis le Pieux : ce dispositif était notamment à l’œuvre dans les parages ligériens et ceux de la Baie, sans oublier les îles comme Noirmoutier[52] où nous avons vu que Létald signalait la présence d’un potentissimus nommé Gradlon devenu moine du lieu.

Par ailleurs, « on peut envisager que les trois messagers de Charles aient été en fait les abbés des trois monastères éponymes, tandis que saint Corentin et saint Guénolé représenteraient symboliquement l’évêque de Quimper et l’abbé de Landévennec » [53]. Ainsi, Mont-Glonne, Doulon et Déas auraient été les points d’appui de ce qui pouvait apparaître vers le milieu du IXe siècle comme une sorte de frontière entre l’Aquitaine et la partie de la marche de Neustrie passée sous le contrôle des Bretons. Quant à Guénolé, nous n’excluons pas qu’il ait été un contemporain ; mais nous abandonnons bien volontiers Corentin à la tradition, attendu que son dossier littéraire, comme nous l’avons dit, est avant tout utile, au point de vue historiques, pour connaître de la situation politico-religieuse de l’évêché de Quimper aux XIIe-XIIIe siècles.

 

 

Annexe 2

Le dossier épigraphique de Gradlon

Outre la place accordée à Gradlon par Wrdisten dans sa vita longior de Guénolé, témoignent plus particulièrement de l’intérêt pour le personnage son dossier hagio-historiographique des XIe-XIIIe siècles dont nous avons donné naguère un rapide inventaire[54], ainsi que son dossier épigraphique, désignation sans doute un peu excessive, car son nom n’apparaissait en réalité que dans deux inscriptions qui ne se voient plus aujourd’hui, l’une à Landévennec, l’autre à Quimper.

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L’association de Gradlon avec Quimper paraît assez tardive : elle n’apparaît pas encore, vers les années 1220-1235, dans la Vie inédite de saint Corentin publiée par Dom Plaine[55] ; mais elle figure dans un texte qui s’avère en relation avec l’instauration, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, de la fête de la saint Corentin d’hiver (12 décembre). Cette courte notice, probablement extraite d’un martyrologe, comme l’indique son incipit (Pridie Idus Decembris festivitas sancti Corentini), prolonge et extrapole un passage de l’édition Plaine où étaient déjà mentionnés les biens donnés par le roi au saint à Plomodiern (ei donavit in perpetuum aulam regiam et totam terram circumadjacentem et nemora, scilicet totum illud quod habebat in plebe illa)[56] ; mais ici, la donation de Gradlon, comprenant « sa cour royale, les terres et les forêts, et les bois qu’il possédait dans le pays de Plomodiern » se voit élargie sans justification à « son palais royal situé dans la cité de Quimper, lequel est appelé aujourd’hui le ‘’tour de la forteresse’’ » (aulam suam regiam, terrasque silvas et nemora quas habebat in pago de Ploemodiern necnon suum regale palatium in civitate Corisopitensi situm, quod hodie « circuitus castri » nuncupatur)[57].

Cette supposée donation quimpéroise était rappelée dans une inscription dont le texte nous a été transmis par Albert Le Grand[58], qui fixe la date de sa composition à l’année 1424[59], au moment où le chantier de réfection de la cathédrale, initié par l’évêque Bertrand de Rosmadec avec le soutien du duc Jean V, battait son plein. Voici le texte en question :

Com’ au Pape donna l’empereur Constantin

Sa terre, aussi livra cest’ à S. CORENTIN,

GRALLON, ROY Chrestien des BRETONS ARMORIQUES[60],

Que l’an quatre cents cinq selon les vrais chroniques

Rendit son ame à Dieu, cent et neuf ans ainçois

Que Clovis premier Roy Chrestien des François,

Cy estoit son Palais et triomphant demeure :

Mais voiant qu’en ce monde n’est si bon qui ne meure,

Pour eternel’ memoire sa statue à cheval

fut cy-dessus assize au haut de ce portal,

Sculpée en pierre bize, neufve et dure,

Pour durer à jamais si le portail tant dure,

A LANDT-TEVENEC[61] gist dudit Grallon le corps.

Dieu par Sa Saincte grace en soit misericords

A la fin de l’Ancien Régime, la statue équestre de Gradlon, dont cette inscription commémorait l’érection, donnait lieu, tous les ans, à un rituel festif dont Desforges-Maillard nous a laissé une description vivante[62]. La Révolution fit procéder à la destruction de la statue ; sans doute l’épisode révolutionnaire a-t-il été également à l’origine de la disparition de l’inscription. A noter que La Villemarqué avait émis le souhait que la fête fût rétablie[63] : si tel ne fut pas le cas, une forme de « folklore fantasmatique » s’est cependant attaché à la nouvelle statue de Gradlon, installée en 1858, que sa situation vertigineuse, dominant largement la place de la cathédrale et les maisons alentour, est de nature à encourager.

*

L’inscription de Landévennec, elle aussi disparue ainsi que nous l’avons précédemment indiqué, était manifestement plus ancienne que celle de Quimper. Elle se trouvait à proximité de l’emplacement du tombeau attribué à Gradlon, où plusieurs historiens et antiquaires d’autrefois ont pu en relever le texte : c’est le cas de  Pierre Le Baud[64] (ou l’un de ses correspondants), de Bertrand D’Argentré[65] (si du moins il ne s’est pas contenté de copier Le Baud)[66], du chanoine Jean Moreau[67] et enfin du Père Albert, – encore lui, – qui localise cette inscription dans la « chappelle… fort basse, petite et estroitte » abritant « le sépulchre » de Gradlon, précisément « sur la paroy en dehors droit sur la porte »[68]. Il n’est pas certain que Jacques Cambry, qui est peut-être passé à Landevennec en 1794 ou 1795, ait reproduit cette inscription de visu : en tout état de cause il en a omis la dernière ligne[69]. 

Voici le texte en question, qui était précédé, selon Le Baud, par l’intitulé Epithafium regis Gralloni britannorum cristianissimi[70] :

Hoc in sarcofagoa jacet, inclitab magna propago,

Grallonusc magnus britonum rex, mittisd ute agnus,

Noster fundator, vite celestisf amator.

Illi propiciag sit semper Virgo Maria.

Obiit annoh quatricentesimo quintoi [71]

_________________________________________________________________

a : sarcophago, D’A., Mor., ALG, JC  ; b : inclyta, D’A, ALG, JC ;  c : Gradalonus, Mor., Gradlonus, ALG, JC ;   d : mitis, D’A., Mor., ALG, JC ;  e : et, Mor., JC ; f : vitae caelestis, D’A., vitae coelestis, Mor., ALG, JC ;  g : propitia, D’A., Mor., ALG, JC ;  h : [ajout] Domini, ALG ;  i : [remplacé par] 405, D’A., Mor., CCCC.V. ALG.

Aux dires d’un des meilleurs spécialistes actuels, le texte de cette épitaphe, qui témoigne d’un « remploi d’expressions très répandues » et « dont le style général s’inscrit clairement dans la tradition des XIIe-XIIIe siècles », était de nature à conforter la démarche des moines visant à « reconstruire la mémoire de leur fondation en donnant une place plus importante à Gradlon » [72]. Les variantes sont insignifiantes, sauf dans le cas du nom de ce dernier : la forme Grallonus donnée par Le Baud et que l’on retrouve à la même époque dans le « carnet de notes » de l’historien[73] où ce dernier a transcrit un passage de la vita de Ronan[74], doit donc être considérée comme une actualisation des formes plus anciennes Gradlonus et Gradalonus : en effet, ce n’est que dans le dernier tiers du XIIe siècle que la forme Grallon apparaît dans le cartulaire de Quimperlé[75]. Il faut également noter que l’année de la mort de Gradlon a été notée de différentes façons par les témoins : pour respecter son mètre, nous supposerons que le vers en question était écrit obiit anno cccc quinto. En tout état de cause,  cette épitaphe ne permet pas de conforter l’hypothèse d’un Gradlon historique, comme le soulignait déjà Dom Noël Mars, qui mentionne l’existence de deux épitaphes[76], mais plutôt, selon l’avis de Dom Placide Le Duc, elle se signale à notre attention par sa dimension poétique[77] : le choix de vers léonins, trois hexamètres et deux pentamètres, pourrait témoigner, là encore, de l’époque de sa composition, au XIIe siècle, où ils ont connu une vogue particulière ; en particulier, la rime riche magnus/agnus apparaît comme un véritable marqueur de datation[78]. Quant à sa critique littéraire, elle sera vite faite : « Le texte utilise certes des expressions métriques courantes, très stéréotypées, sans que l’on puisse juger de leur contenu sémantique réel. Les formules ont cependant été utilisées pour créer une nouvelle image de Gradlon ; le remploi d’expressions très répandues permet d’inclure le défunt dans le stéréotype du ‘’roi pieux’’ » [79].

 

 

 

 



* Outre les travaux des auteurs auxquels il est fait référence dans les notes de référence, cette notule doit beaucoup à nos discussions avec Jo Rio. Par ailleurs, nous tenons à souligner que la « mémoriographie », dont nous efforçons de donner ici une définition illustrée, n’a pas vocation à entrer en compétition avec l’outillage conceptuel issu des différents travaux de nature diverse menés sur la Mémoire, en particulier dans les rapports parfois difficiles que cette dernière entretient avec l’Histoire.

[1] La formule, empruntée à Guy Philippart, permet de ne pas entrer dans une discussion sur l'historicité de tel ou tel saint, mais de concentrer la recherche sur le culte dont il faisait l’objet : ainsi son dossier hagiographique (quand il existe) doit-il être considéré comme une collection de pièces se rapportant à « l'histoire de l'histoire du saint », lesquelles nous renseignent essentiellement sur les circonstances qui sont à l’origine de leur composition, nous livrant ainsi, à côté d’éléments proprement littéraires, de nombreuses informations de nature diverse sur leur temps ; mais surtout, comme l’écrivent Patrick Henriet et Jean-René Valette, « Perlesvaus et le discours hagiographique », Revue des langues romanes, t. 118 (2014), n° 1 (Repenser le Perlesvaus), p. 74, « les textes hagiographiques sont désormais envisagés par les historiens dans leur cohérence propre, en même temps qu'ils sont mis en relation avec les autres réalisations (spirituelles, pragmatiques, matérielles etc.) provenant des mêmes centres et des mêmes milieux ».

[2] Bernard Merdrignac, Les Vies de saints bretons durant le haut Moyen Âge, Rennes, 1993, p. 55-70.

[3] André-Yves Bourgès, « Effet de réel et hagiographie : quelques aspects de la question », Hagio-historiographie médiévale (décembre 2019),  https://www.academia.edu/41465070.

[4] Le travail du dernier éditeur de ce texte, Pierre Flobert, les inflexions données à leurs positions respectives par Bernard Merdrignac et Joseph-Claude Poulin, les avis de spécialistes de la langue latine comme Michel Banniard, permettent aujourd’hui de proposer une datation vers 700-750, qui pourrait s’avérer plus consensuelle, mais qui n’est pas définitive.

[5] Annie Bardel et Ronan Pérennec, « Landévennec, le plus ancien des monastères bretons ? »,  http://bcd.bzh/becedia/fr/landevennec-le-plus-ancien-des-monasteres-bretons (consulté le 24 novembre 2021). Cf. également Yves Morice, L’abbaye de Landévennec des origines au XIe siècle à travers la production hagiographique de son scriptorium : Culture monastique et idéologies dans la Bretagne du Haut Moyen Age, thèse de doctorat sous la direction de B. Merdrignac, soutenue à Rennes en 2007 (2 volumes dactylographiés), volume 1, http://www.academia.edu/3538710, p. 357-370 (consulté le 24 novembre 2021).

[6]  Classification Aarne-Thompson-Uther, 470B : The Land Where No One Dies.

[7] B. Merdrignac, « Ut vulgo refertur... : tradition orale et littérature hagiographique en Bretagne au Moyen Âge », Catherine Laurent, Bernard Merdrignac, Daniel Pichot (dir.), Mondes de l'Ouest et villes du monde : Regards sur les sociétés médiévales. Mélanges en l'honneur d'André Chédeville, Rennes, 1998, p. 105.

[8] Jean-Christophe Cassard, « La mise en texte du passé par les hagiographes de Landévennec au IXe siècle », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 122 (1993), p. 364-371.

[9]Joëlle Quaghebeur, La Cornouaille du IXe au XIIe siècle. Mémoire, pouvoirs, noblesse, Quimper, 2001, p. 220-224.

[10] Michèle Gaillard, « La lettre de Louis le Pieux de 818 et l’introduction de la règle de saint Benoît à Landévennec », Yves Coativy (dir.), Landévennec 818-2018. Une abbaye bénédictine en Bretagne.  Actes du colloque de Landévennec des 6, 7 et 8 juin 2018, Brest, 2020, p. 55-66.

[11] Ibidem, p. 60.

[12] Jean-Michel Picard, « Conuersatio Scottorum. Une mise au point sur les coutumes monastiques irlandaises du haut Moyen Âge (VIe-VIIIe siècle) », Landévennec 818-2018…, p. 113-124.

[13] Ibidem, p. 122.

[14] Ibid., p. 124.

[15] A.-Y. Bourgès, « Les Irlandais et la Bretagne armoricaine dans la production hagiographique bretonne médiévale (IXe-XIIe siècles) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 128 (2021), n°2, p. 33.

 

 

[16] Roscido sparsit famine/ Gradlonum ducem patriae/Qui ut ager non spinosus/Fructus reddidit centenos.

[17] Marc Simon, « Echos d’histoire bretonne à Landévennec au IXe siècle », Chronique de Landévennec 48 (2e série, octobre 1986), p. 105-111.

[18] Idem, L’abbaye de Landévennec de saint Guénolé à nos jours, Rennes, 1985, p. 80-82.

[19] J. Quaghebeur, La Cornouaille du IXe au XIIe siècle…, p. 39-51.

[20] Ibidem, p. 48.

[21] J.-C. Cassard, « La mise en texte du passé par les hagiographes… », p. 381-382.

[22] A.-Y. Bourgès, « Propagande ducale, réforme grégorienne et renouveau monastique : la production hagiographique en Bretagne sous les ducs de la maison de Cornouaille », Sylvain Soleil et Joëlle Quaghebeur (dir.), Le pouvoir et la foi au Moyen Age en Bretagne et dans l’Europe de l’Ouest. Mélanges en mémoire du Professeur Hubert Guillotel, Rennes, 2010, p. 158.

[23] « Liber miraculorum sancti Maximini abbatis Miciacensis », Patrologia latina, t. 137, col. 808-809.

[24] M. Simon, « Les rapports entre les abbayes de Redon et de Landévennec du IXe au XIIe siècle », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 63 (1986), p. 123.

[25] J. Quaghebeur, La Cornouaille du IXe au XIIe siècle…, p. 64-65.

[26] Ibidem, p. 43-44.

[27] Cette production est majoritairement illustrée par des œuvres en français ; mais il ne faut pas négliger les textes en langue bretonne : c’est le cas en particulier de l’ouvrage intitulé An buhez sant Gwenôlé abat ar kentaf eus a Lantevennec, connu par une copie datée 1580.

[28] Jean-Michel Le Bot, « Les différentes versions de la légende de la ville d’Is (ou Ys) : présentation synthétique ». 2021, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-03169097 (consulté le 24 novembre 2021).

[29] Voir supra n. 16.

[30] Avant de retomber dans sa verbosité coutumière, Wrdisten, peut-être pour avoir été confronté à ce type de situation, rapporte les péripéties du vol sur un mode particulièrement vivant, avec de nombreux détails qui témoignent de ses connaissances en matière de psychologie criminelle. Au XIe siècle, l’hagiographe de Léri [BHL 4797-4799] fait également état de ce genre de connaissances, cette fois dans le cadre d’investigations destinées à découvrir les auteurs d’un meurtre crapuleux dont la victime est un prêtre.

[31] Ululantem ceu sanasti/Dolore dentis maximi/Cujusdam natum principis/Sic intercedas pro nobis.

[32] Joseph-Claude Poulin, L’hagiographie bretonne du haut Moyen Âge. Répertoire raisonné, Ostfildern, 2009, p. 414

[33] Voir annexe 1.

[34] Voir annexe 2.

[35] Jean-Luc Deuffic, « Nécrologe de Landévennec », Britannia Christiana, fascicule 3/1 (1983), p. 4 et p. 8, n. 8.

[36] A.-Y. Bourgès, « Albert Le Grand et la production hagiographique de Landévennec », Britannia monastica n°18 (2016), p. 33-62.

[37] Annie Bardel, Ronan Pérennec, Véronique Bardel, « De la cour au claustrum et du claustrum au cloître : l’avant et l’après 818 à Landévennec », Yves Coativy (dir.), Landévennec 818-2018. Une abbaye bénédictine en Bretagne, Brest, 2020, p. 27, n. 15, rapportent que la datation au carbone 14 pour l’époque de cette construction donne la fourchette 790-830.

[38] Alfred Ramé, « Rapport sur le Cartulaire de Landévennec », Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques. Section d’histoire, d’archéologie et de philologie. Année 1882, n°1, Paris, 1882, p. 431-432.

[39] René-François Le Men et Émile Ernault (éd.), « Cartulaire de Landévennec », Collection de documents inédits sur l’histoire de France. Mélanges historiques, t. 5, Paris, 1886. La « Préface » donnée par Henry D’Arbois de Jubainville figure aux p. 535-549.

[40] Arthur de la Borderie, « Histoire de Bretagne. Critique des sources. Le cartulaire de Landévennec », Annales de Bretagne, t. 4 (1888-1889), n° 1, p. 327-328.

[41] H. D’Arbois de Jubainville, « Préface », p. 547-548.

[42] Philippe Guigon, « Les résidences aristocratiques de l'époque carolingienne en Bretagne : l'exemple de Locronan », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 69 (1992), p. 38, a fait la revue de ces différents avis.

[43] Léon Fleuriot, Les origines de la Bretagne, Paris, 1980, p. 224-225.

[44] « De la trève de Lan Sent » : il s’agit probablement de l’un des deux toponymes actuels Lanzent, en Plonévez-Porzay et en Gourin, qui furent l’un et l’autre en relation avec l’abbaye de Landévennec.

[45] « De même, il y avait alors un homme nommé Goaren (Warhenus) : homme noble, conseiller et échanson du roi Gradlon. Dans sa maison se trouvait Gradlon, roi des Bretons, quand vinrent à lui les envoyés du roi des Francs nommé Charlemagne. Ces messagers étaient au nombre de trois ; voici leurs noms : Florent, Médard et Philibert ; trois saints de Dieu, très religieux, élus et désignés par Dieu pour être envoyés vers Gradlon afin de le prier, au nom de Dieu le Père, du Fils, du Saint Esprit, de la Chrétienté et du Baptême, de venir au plus vite soulager l'opprobre des Francs, leur captivité et leur misère, parce qu’il avait reçu de Dieu le pouvoir de détruire la race des païens par le glaive du Seigneur. Ils lui promirent quatorze cités dans la terre des Francs et le lui jurèrent sur l’ordre du roi. Et lui [Gradlon] s’engagea à aller [au secours des Francs] à cause de l’engagement qu’ils lui avaient juré d’un ‘’héritage’’ éternel en faveur de sa descendance. Pour cette raison étaient présents à l’entrevue du roi, ainsi que dans la discussion, saint Corentin et saint Guénolé ».

[46] « Moi, Goaren, homme craignant Dieu je me ‘’commende’’ à saint Guénolé avec tous mes biens, c’est-à-dire mon corps, mon âme, mon esprit et mon ‘’héritage’’, en présence des témoins susdits. Moi, Gradlon, roi, je le confirme à saint Guénolé en commende éternelle. Amen. Et que celui qui voudra l’annuler ou l’amoindrir soit maudit et damné par le Dieu du ciel. Amen ».

[47] Voir notre étude intitulée « De l’hagiographe au ‘’cartulariste’’ : le cartulaire de Landévennec », en ligne https://www.academia.edu/24740701.

[48] Peut-être faut-il y voir « des éléments de pancartes de peu antérieures » comme l’a suggéré Hubert Guillotel, « Cartulaires bretons médiévaux », Olivier. Guyotjeannin, Michel Parisse et Laurent Morelle (éd.), Les cartulaires, actes de la table ronde organisée par l'Ecole nationale des chartes et le G.D.R. 121 du C.N.R.S (Paris 5-7 décembre 1991), Genève/Paris, 1993 (Mémoires et documents de l'Ecole des chartes, 39), p. 333, et comme semble d’ailleurs le confirmer la distribution géographique des biens concernés.

[49] Wendy Davies, « La charte "celtique" », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 109 (1981), p. 195-207 ; eadem, « The Latin charter-tradition in western Britain, Brittany and Ireland in the early mediaeval period », Dorothy Whitelock, Rosamund McKitterick et David N. Dumville (éd.), Ireland in early Mediaeval Europe. Studies in Memory of Kathleen Hughes, Cambridge, 1982, p. 258-280 ; ead., « Les chartes du Cartulaire de Landévennec », Marc Simon (éd.), Landévennec et le monachisme breton dans le haut Moyen Âge. Actes du colloque du 15e centenaire de l’abbaye de Landévennec, 25-26-27 avril 1985, Landévennec, 1986, p. 85-95. Ce concept permet de rendre compte de la forme des actes de la pratique en Irlande, en Ecosse, au Pays de Galles et en Bretagne, notamment à Landévennec ; mais il ne paraît pas faire l’objet d’un véritable consensus au sein de la communauté scientifique.

[50] A. de la Borderie, Histoire de Bretagne, t. 1, Rennes, 1896, p. 325.

[51] Y. Morice, L’abbaye de Landévennec des origines au XIe siècle…, vol. I, p. 312.

[52] Isabelle Cartron, Les pérégrinations de Saint-Philibert. Genèse d’un réseau monastique dans la société carolingienne, Rennes, 2010, en particulier le chapitre I (« Le poids des incursions normandes »), p. 31-59.

[53] Y. Morice, Ibidem.

[54] André-Yves Bourgès, « Propagande ducale, réforme grégorienne et renouveau monastique… », p. 157-166.

[55] François Plaine (éd.), « Vie inédite de saint Corentin » (texte latin et traduction), Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 13 (1886), p. 118-153. Ce n’est pas lieu de revenir sur les défauts de cette édition, que nous avons eu l’occasion de souligner à plusieurs reprises : voir en particulier nos deux études parues dans le même Bulletin, « A propos de la vita de saint Corentin », t. 127 (1998), p. 291-303 et « ‘’Un saint de papier’’ : Corentin au travers de son dossier hagiographique », t. 140 (2012), p. 227-239.

[56] Ibidem, p. 126.

[57] Ethel-Cecilia Fawtier-Jones, « La vita ancienne de saint Corentin », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 6 (1925), p. 41. Cette édition est elle-même très critiquable comme nous l’avons rappelé dans notre article « Un ‘’saint de papier’’… », mentionné supra n. 55 in fine.

[58]Albert Le Grand, La vie, gestes, mort et miracles des saincts de la Bretaigne armorique, ensemble un ample catalogue chronologique et historique des Evesques des neuf Eveschez d'icelle, accompagné d'un bref récit des plus remarquables Evenements arrivez de leur temps, Fondations d'Eglises et Monasteres, Blazons de leurs armes, et autres curieuses recherches. Enrichi d'une Table des matières, et succinte Topographie des lieux remarquables y mentionnez, Nantes, 1637, p. 712.

[59] Ibidem, p. 711.

[60] Nous sommes enclin à corriger et à interpréter comme suit les trois premiers vers : « Rom’ au Pape donna l’empereur Constantin/Sa terre aussi livra tout’ à S. Corentin/Grallon Roy Chestien des Bretons armoriques ». On notera le rapprochement, sans doute entériné par le duc à la demande du prélat, entre la donation de Gradlon à Corentin et celle de Constantin au pape Sylvestre ; on se souvient que cette dernière, dont la valeur était déjà révoquée en doute par Nicolas de Cues, allait être bientôt magistralement convaincue de fausseté par Lorenzo Valla.

[61] L’orthographe Landt-Tevenec appartient en propre au Père Albert.

[62] Arthur de la Borderie et René Kerviler (éd.), Oeuvres nouvelles de Des Forges-Maillard. Lettres nouvelles, t. 2, Nantes, 1882, p. 211-213.

[63] Théodore Hersart de la Villemarqué, Barzaz Breiz. Chants populaires de la Bretagne, 6e édition, Paris, 1867, p. 44 : « Le jour de la Sainte-Cécile, un ménétrier, muni d’une serviette, d’un broc de vin et d’un hanap d’or, offert par le chapitre de la cathédrale, montait en croupe derrière le roi. Il lui passait la serviette autour du cou, versait du vin dans la coupe, la présentait au prince, comme eût fait l’échanson royal, et, la vidant lui-même ensuite, jetait le hanap à la foule, qui s’élançait pour le saisir. Mais quand l’usage cessa, la coupe d’or, dit-on, n’était plus qu’un verre. Puisqu’on a rétabli de nos jours la statue équestre, pourquoi pas aussi la fête primitive ? ».

[64]  Karine Abélard, Edition scientifique des Chroniques des rois, ducs et princes de Bretagne de Pierre Le Baud, d’après le manuscrit 941 conservé à la Bibliothèque municipale d’Angers, Angers, 2015 (thèse présentée en vue de l’obtention du grade de Docteur de l’Université d’Angers), https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01478312 (consulté le 24 novembre 2021), p. 165

[65]  Bertrand D’Argentré, L'Histoire de Bretaigne des roys, ducs, comtes et princes d'icelle, l'establissement du royaume, mutation de ce titre en duché, continué jusques au temps de Madame Anne, dernière duchesse... Avec la carte géographique dudict pays et table de la généalogie des ducs et princes d'iceluy, Paris, 1588, p. 86

[66]  Voir plus bas notre remarque sur la transcription du nom de Gradlon. Par ailleurs, nous ne tenons pas compte de la transcription par Ferry de Locre dans son ouvrage Maria Augusta Virgo Deipara in septem libros tributa ; Chronico et notis ad calcem illustrata, Arras, 1608, p. 264-265, car cet auteur indique explicitement avoir eu recours à l’Histoire de Bretagne de D’Argentré.

[67]  Henri Waquet (éd.), Mémoires du chanoine Jean Moreau sur les guerres de la Ligue en Bretagne, Quimper, 1960 (Archives historiques de Bretagne, 1), p. 9.

[68] A. Le Grand, La vie, gestes, mort et miracles des saincts de la Bretaigne armorique…, p. 47.

[69]  Jacques Cambry, Voyage dans le Finistère, ou État de ce département en 1794 et 1795, t. 2, Paris, an VII, p. 221.

[70]  La transcription de Le Baud étant la plus ancienne, ce qui ne signifie pas la plus sûre, c’est ce texte que nous avons suivi ici ; mais nous donnons en note les variantes qui figurent dans les transcriptions des autres auteurs (abréviations : D’A. pour D’Argentré, Mor. pour Moreau, ALG pour Le Grand et JC pour Cambry).

[71] Traduction littérale : « Gît en ce tombeau, illustre grande lignée/Gradlon le Grand, roi des Bretons, doux comme l’agneau/Notre fondateur, amoureux de la vie céleste/Que la Vierge Marie lui soit toujours favorable/Il mourut l’an quatre cent cinq ».

[72] Vincent Debiais, « Afficher pour convaincre : la construction et la promotion de la mémoire dans les inscriptions comme instrument de la propagande médiévale », Afficher pour convaincre : quatre tables rondes, Fontevraud (octobre 2004), Oxford (septembre 2005), Barcelone (juin 2006) Saintes (novembre 2006), https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00343562 (consulté le 24 novembre 2021), p. 21.

[73]  Ms Rennes, Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 1F 1003.

[74] Gwenaël Le Duc, « Notes sur un manuscrit perdu de la Vita Ronani », Saint Ronan et la troménie (Actes du colloque 28-30 avril 1989), Locronan, 1995, p. 205-207.

[75] Nous remercions vivement Pierre Yves Quémener de nous avoir communiqué les résultats de ses recherches sur ce sujet, dont il devrait donner la synthèse dans un prochain article des Cahiers du Poher.

[76] Noël Mars, « Histoire de l’abbaye de Landévennec », « Histoire de l’abbaye de Landévennec », publiée par F. Jourdan de la Passardière, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, vol. 12 (1912), p. 232 : « Grallo fundator etiam lapideo gaudet tumulo cui epitaphia duo recentioris aetatis et quae vitae ejus epocham falso repraesentant sunt apposita ».

[77] René-François Le Men (éd.), Histoire de l’abbaye de Sainte-Croix de Quimper par Dom Placide Le Duc, Quimperlé, s.d. [1881], p. 21.

[78] Robert Favreau, Jean Michaud et Bernadette Mora (éd.), Corpus des inscriptions de la France médiévale, 19. Jura, Nièvre, Saône-et-Loire, Paris, 1997, p. 96 (n° 35).

[79] Vincent Debiais, « Afficher pour convaincre…, p. 21.

 

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