Magali Coumert a développé naguère sur la Cornouaille et la
Domnonée de part et d’autre de la Manche aux premiers siècles du Moyen Age[1],
une série d’hypothèses reposant sur le constat que ces désignations
géographiques ne sont apparues en Bretagne continentale qu’à l’époque
carolingienne ; ce constat n’est pas original, car il avait été déjà
effectué avant les années 2000 par Pierre-Roland Giot, comme il apparait dans
une contribution posthume de ce chercheur[2].
Si nous adoptions au moins partiellement le
point de vue de Coumert, – s’agissant en particulier du mirage hagio-historiographique
que constitue à ses yeux l’existence d’une Domnonée continentale[3],
– il nous semble que l’identification de Commor avec son homonyme insulaire, le
fameux roi Marc, en sortirait renforcée, de même que s’en trouverait éclairée
la carrière du personnage, dont le pouvoir exercé des deux côtés de la Manche
était, selon nous, avant tout lié au contrôle du trafic maritime[4].
I
Selon Coumert qui, en l’occurrence, conteste la traduction
proposée par Pierre Flobert[5],
« Britannia désigne la
Grande-Bretagne et Romania et Europa le continent » sous la plume
de l’auteur de la vita ancienne de
Samson[6] :
si l’on retient cette suggestion, il apparaît que Judual, héritier légitime de
la Domnonée, un temps retenu par Childebert à sa cour, puis libéré à
l’instigation de Samson, était allé dans l’île combattre et finalement vaincre,
grâce à l’intercession du saint, l’usurpateur Commor, lequel avait, pour sa
part, bénéficié jusque-là du soutien du roi franc. Nous nous accordons bien
volontiers avec Coumert quand elle croit reconnaître dans cette anecdote une
illustration de ce que, à l’époque, les souverains mérovingiens exerçaient
« une réelle tutelle sur le sud de l’Angleterre » : il existe quelques
témoignages indirects contemporains de cette situation, que l’archéologie vient
confirmer dans la partie orientale de la zone en question[7] ;
mais, si la principauté revendiquée par Judual était effectivement la Domnonée insulaire,
une telle situation ne serait pas pour autant exclusive d’une extension territoriale
de cette dernière sur le continent.
Car, – quel que fût son statut, quel que fût le nom qu’il
portait, – c’est bien à un territoire continental, ainsi qu’à ses habitants,
que fait longuement allusion l’hagiographe dans son récit, juste après avoir
rapporté l’installation de Samson à Dol[8].
Le saint ayant interrogé les « gens de la région » (homines regionis) sur les raisons de
leur accablement, « ils lui dirent qu’un chef étranger, injuste et despotique,
était venu sur eux » (dicunt ei iniustum super eos ac uiolentum externumque
iudicem uenisse), après qu’il eût fait périr « leur prince nommé Jonas,
lequel tenait leur terre de manière héréditaire » (eorum presulem, Ionam nomine, hereditario
ritu illorum terram tenentem) ; cet usurpateur « avait
aussi livré à la captivité et à la mort le fils de ce dernier,
Judual » (necnon et filium eius
Iudualum captiuitati dedisse et morti). Tout cela avait été rendu possible
« par des présents illégitimes remis illégitimement entre les mains du roi
et surtout de la mauvaise reine » (per
iniqua munera in manu regis et maxime malae eius reginae inique data) ;
mais s’agissant de Judual, les habitants « assuraient qu’il était encore
en vie » (sed adhuc uiuere confirmabant).
Samson, apitoyé par ce qu’il avait entendu, s’en fut trouver aussitôt le roi
Childebert pour l’entretenir du sort du jeune prince[9].
Il est extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, de
suivre Coumert quand elle prétend rompre sans donner de raison le déroulement
chronologique du récit et rapporter en conséquence les tenants de cet épisode avant l’arrivée de Samson à Dol[10] :
au demeurant, la qualité d’externus judex
donnée à l’usurpateur confirme que nous avons affaire à un personnage « étranger »
à la « région », ce qui s’accorderait bien avec un « chef »
insulaire.
C’est donc tout un : ou bien il faut renoncer à
l’hypothèse d’une victoire remportée sur l’usurpateur par Judual dans l’île et
rapporter l’ensemble de l’épisode en question à la seule Bretagne armoricaine,
conformément à l’opinion historiographique
traditionnelle[11], à
laquelle Caroline Brett, dans son article sur les migrations bretonnes[12], déclare
adhérer sur ce point précis[13] ; ou bien,
il faut supposer que les princes de la Domnonée insulaire disposaient sur le
continent, à proximité de Dol, d’une terra,
d’une regio, dont ils avaient été
chassés, de même que dans l’île, par Commor : cette hypothèse s’accorde
avec l’idée « qu'au sommet de sa prospérité l'élite de la Domnonée ait cherché
à conquérir ou à prendre le contrôle de terres en petite Bretagne, région
relativement vaste, en s'en servant comme police d'assurance en quelque
sorte »[14].
Conséquemment, Commor se trouvait lui aussi dans la position d’exercer un
pouvoir des deux côtés de la Manche au nom de Childebert. En outre,
l’interprétation de la vita ancienne
de Samson par Coumert outrepasse les limites fixées par le texte lui-même :
dans l’ouvrage dont nous disposons aujourd’hui, issu d’une tradition littéraire
complexe[15], Britannia paraît en effet désigner
tantôt l’île, tantôt la péninsule armoricaine, voire même constituer « une
appellation générique attribuée au monde breton dans son ensemble »[16],
à l’instar de ce qui s’observe chez l’hagiobiographe de Colomban, Jonas de
Bobbio, qui « pourrait bien utiliser la notion de Bretagne dans un sens “ethnique”
couvrant aussi bien l’ancienne Bretagne romaine que la Bretagne armoricaine »[17].
Difficile en conséquence de se montrer aussi affirmatif que Coumert, quand
celle-ci s’en tient exclusivement, comme on l’a dit, à la Bretagne insulaire.
Pour autant, l’hypothèse développée par cette chercheuse, certes affaiblie, ne
s’en trouve pas totalement invalidée ; en revanche, elle est viciée par la
pétition de principe qui préconise que, si Judual était bien l’héritier
légitime de la Domnonée insulaire, il ne pouvait l’être d’un territoire continental.
S’il se confirme que ce dernier n’était pas appelé Domnonée, nous proposons de
le désigner comme la « terre des Jud- », eu égard au préfixe qui
figure à plusieurs reprises dans les noms de ses princes[18] : c’est notamment le
cas de Judicaël, qualifié « roi des Bretons » par le pseudo-Frédégaire,
qui rapporte sa rencontre avec Dagobert à Clichy en 635[19].
II
Parmi toutes les conséquences que Coumert s’interdit
dès lors de tirer de son hypothèse, il faut envisager la possibilité que le
comte Commor, dont l’intervention dans les affaires politico-dynastiques en
Bretagne armoricaine vers le milieu du VIe siècle est bien attestée
par Grégoire de Tours[20], ait été le même que le « roi Marc » insulaire,
dont l’inscription sur la stèle dite de Tristan confirme la présence dans les
parages de Castle Dore (Cornwall) à la même époque[21] :
personnage qui, au dire de Wrmonoc dans sa vita
de Paul Aurélien, datée 884, exerçait la « puissance impériale »,
au point que les quatre langues de différents peuples étaient soumises à son seul
pouvoir[22].
Cette identification se voit confirmée tardivement, indirectement et fortuitement
vers 1070 par l’hagiographe de Mélar, qui situe à la Boissière (Castel Beuzit)
en Lanmeur, la résidence du comte Commor[23] :
en effet, à proximité immédiate de ce « château », le toponyme Rumarc, « le tertre de Marc », conserve
le souvenir d’un tumulus associé à la mémoire de ce puissant personnage[24].
Cependant, selon la vita de Paul
Aurélien, les restes mortels de Marc Commor reposaient à proximité de sa
résidence insulaire, dont le nom, Banhedos,
que nous a transmis Wrmonoc, signifie quelque chose comme « la hauteur des
cerfs ». Le toponyme Castle Dore, connu depuis John Leland, qui l’a transcrit Castledour, paraît, lui aussi, renvoyer
à un endroit peuplé de cervidés, puisque deor
signifie « cerf » en saxon ; mais c’est le nom ancien du lieu, Dirford, transmis par William de
Worcester[25], qui
vient confirmer que nous avons bien affaire à Banhedos : en effet Dirford
est ici pour Durfold, deorfald en
saxon, qu’il convient de traduire « le parc au(x) cerf(s) ».
Jean-Christophe
Cassard avait proposé en 1993 de reconnaître dans Marc Commor, un « chef
britto-romain » qui, « auréolé de ses succès dans l’île »,
aurait « tenté d’étendre son pouvoir en direction des Bretons établis sur
la côte nord de l’Armorique, et ce avec l’appui des Francs de
Childebert »[26] :
de telles opérations nécessitaient, – en particulier pour d’éventuels passages
de troupes, – des moyens maritimes conséquents ; à moins que ce ne fût l’existence
de moyens maritimes conséquents qui n’encourageât à tenter de telles opérations. Ce constat nous a amené en 1996 à
proposer de reconnaître dans le personnage l’héritier « d'une dynastie princière dont
l'instrument essentiel d'exercice du pouvoir aurait été la maîtrise du mare Britannicum, depuis le Bas Empire
jusqu'au haut Moyen Age »[27] ;
maîtrise rendue possible, supposions-nous alors, par le contrôle de ce qui
pouvait subsister localement de l’ancienne classis
Britannica, dont la destinée, à partir du IIIe siècle de notre
ère, échappe hélas presque complètement à l’historien[28].
Cette hypothèse, dont nous ne nous sommes jamais dissimulé la
fragilité, a été jugée en son temps « séduisante »[29]
et a même reçu un certain écho chez les spécialistes des origines bretonnes, en
particulier parce qu’elle permettait de donner un « état-civil » à Marc
Commor[30]
et de le situer dans la continuité d’une lignée de « préfets de la
flotte », les Marci Aurelii,
laquelle serait issue du fameux Carausius[31] :
elle éclaire le rôle que le plus ancien hagiographe de Hervé fait jouer à Commor
dans l’organisation du retour en Grande-Bretagne du père du saint, Hoarvian[32],
et renvoie à une indication conservée dans les Triades galloises à propos de Marc[33] ;
elle nous a semblé en outre confortée par le fait que les résidences anciennement
attribuées à Commor sur le continent et à Marc dans l’île sont toutes situées à
quelques kilomètres seulement d’un port d’estuaire, comme c’est le cas à
Lanmeur (estuaire du Douron), à Gouesnou (estuaire de la Penfeld)[34]
et, de manière un peu oblique, à Dirinon, – avec la ria de l’Elorn, sorte de
fjord où la marée remonte jusqu’à Landerneau[35],
– ainsi bien sûr qu’à Castel Dore (estuaire de la Fowey). En revanche, les
autres résidences, généralement « terriennes », attribuées à Commor
en Bretagne continentale, notamment dans le centre de la région, relèvent
d’informations tardives ou indirectes, en lien avec des spéculations érudites[36]
; mais ce dernier constat doit au demeurant nous inciter à la plus grande prudence,
car un processus similaire a peut-être été à l’œuvre chez les auteurs médiévaux
s’agissant des attributions plus anciennes.
III
Un aspect essentiel de l’épisode de la vita ancienne de Samson à propos la reconquête par Judual de ses
droits héréditaires sur la Domnonée concerne le rôle géo-stratégique joué par
les îles du Cotentin, plus précisément Jersey et Guernesey. Outre qu’elles ont
constitué des étapes durant le périple maritime accompli ensemble par le prince
et par le saint (Lesiam Angiamque marinas
insulas prospero nauigio petierunt), – qu’il se soit agi de passer dans
l’île de Bretagne ou bien dans la péninsule armoricaine, – c’est sur place que
des hommes bien connus de Samson ont été
encouragés par ce dernier à rejoindre Judual (atque homines multi sancto Samsoni satis cogniti eius hortatu unanimes
cum Iudualo uenerunt ad Britanniam)[37].
Cette proximité doloise avec les îles du Cotentin ne constitue pas en soi une
découverte ; mais l’interprétation de ces événements nous semble pouvoir
être renouvelée par une lecture hypothético-intuitive du texte : ainsi, l’atterrage
de Samson dans les parages de Dol peut-il, du point de vue de l’hagiographe, s’expliquer
aussi par la présence de populations bretonnes dans la presqu’île du Cotentin
et dans les îles voisines. Par ailleurs, on note que, si le saint s’efforce de
réparer l’injustice dont lui ont fait part les habitants de la région où il a
abordé, c’est moins en s’impliquant localement qu’en allant chercher à Jersey
et à Guernesey les soutiens nécessaires à la cause de Judual. De même, l’auteur
de la vita ancienne de Marcouf entérine
à son tour la présence bretonne à Jersey, mais ne veut pas laisser au seul
Samson le mérite de l’évangélisation des populations concernées. Tout cela est
donc antérieur à la période où les rois de Bretagne ont étendu leur pouvoir sur
l’Avranchin et le Cotentin, essentiellement durant le dernier tiers du IXe
siècle : à cette dernière époque, l’hagiographe de Magloire nous montre
l’île de Serq en arrière-plan de plusieurs épisodes de la vie du saint, lui
aussi présenté comme évêque de Dol ; mais, dès la fin du siècle précédent,
le Cotentin avec ses îles, en particulier Jersey, était déjà passé sous le contrôle de Bretons,
avec à leur tête un certain Anowarith. Ce personnage influent, est décoré du
titre de dux par l’hagiographe de
Wandrille et, selon cet écrivain, il se voit même adresser une ambassade
par « Charles Auguste » (Charlemagne)[38]
: on imagine mal en conséquence que son pouvoir ait été limité à celui d’un
« centenier », comme le propose Éric Van Torhoudt[39], et qu’il ait été confiné au seul territoire
de l’île de Jersey, comme l’indique Cassard[40] à la suite d’Arthur de la Borderie[41], lequel n’hésite
pas , comme d’habitude, à interpoler le texte pour renforcer son interprétation[42].
Il convient donc d’envisager, dès l’époque supposée de
l’épisode rapporté dans la vita
ancienne de Samson, au surplus d’un prolongement continental de la Domnonée
insulaire à l’est de la péninsule armoricaine, la présence de
« colonies » bretonnes dans la presqu’île du Cotentin et l’archipel
adjacent. Cette situation était en tout cas avérée au moment de l’érection de
l’évêché de Dol, sans doute au tournant
des VIIIe-IXe siècles ; mais, dès cette époque, s’exerce
sur le nouveau siège une influence tout autant franque que bretonne, comme on
peut le voir, sous le règne de Louis le Pieux, avec l’évêque Jean, lequel était
également à la tête de l’abbaye de la Croix(-Saint-Leufroy)[43] :
ce monastère, richement doté, figurant au nombre des grands établissements
astreints aux dons et au service militaire[44],
la nomination de son abbé à l’évêché de Dol constitue bien une marque d’intérêt
de la part de l’empereur. De manière générale, les prélats qui siégèrent en
Bretagne continentale depuis la normalisation carolingienne étaient évidemment
des agents du pouvoir impérial ; mais le cas de Dol, dont le statut
épiscopal est venu se greffer sur une situation de « confinité »
entre les Bretons de la péninsule armoricaine et ceux de la presqu’île du
Cotentin, semble avoir été assez spécifique au regard de l’organisation
des pouvoirs locaux : une telle situation impliquait-elle en particulier
l’appartenance de Dol au missaticum
initialement confié à Nominoë ? Ou bien ce dernier et, à sa suite, Erispoë
et Salomon auront-ils transposé sur le terrain ecclésiastique leur conception du
ducatus des Bretons ? Quoi qu’il
en soit, l’ultime descendante de Judicaël avait officiellement adopté ce même
Salomon, qui de jure se retrouvait
l’héritier de la dynastie issue de Jonas et Judual[45].
***
Si le potentiel heuristique de l’hypothèse proposée par
Coumert nous semble incontestable, nous pensons que ce potentiel réside moins
dans les prolongements de cette hypothèse que dans ses à-côtés, que nous
espérons avoir pu mettre, au moins partiellement, en évidence ; mais nous
n’adoptons pas, pour le moment, l’hypothèse en elle-même. Au-delà de l’appellation
inadéquate de « royaume double » pour désigner la Domnonée insulaire
et son prolongement continental, cette donne territoriale ne semble pas en
effet fondamentalement remise en cause par un retour au texte de la vita ancienne de Samson, dont, à la
manière d’un jeu d’ombres et de lumières, la formulation à la fois ambigüe et
précise apporte un éclairage diffus mais constant sur une situation complexe.
André-Yves Bourgès
[1] Magali Coumert, « Le peuplement de l'Armorique :
Cornouaille et Domnonée de part et d'autre de la Manche aux premiers siècles du
Moyen Age », Magali Coumert et Hélène Tétrel [dir.], Histoires des Bretagnes. 1. Les mythes fondateurs, Brest, 2010, p.
15-42.
[2] Pierre-Roland Giot, « Le peuplement des VIIIe-Xe
siècles », Pierre-Roland Giot, Philippe Guigon, Bernard Merdrignac, Les premiers Bretons d’Armorique,
Rennes, 2003, p. 57.
[3] M. Coumert, « Le peuplement de l'Armorique… », p.
27-35. L’expression « mirage
hagio-historiographique » nous a été suggérée par le titre de l’article où
le regretté Jean-Christophe Cassard s’interrogeait sur « Le Tro-Breiz
médiéval : un mirage historiographique ? », Gaël Milin, Patrick
Galliou (dir.), Hauts lieux du sacré en
Bretagne, Brest, 1997 (Kreiz. Études sur la Bretagne et les pays celtiques,
7), p. 93-119.
[4] André-Yves Bourgès, « Commor entre le mythe et
l’histoire : profil d’un ‘’chef’’ breton du VIe siècle », Mémoires de la Société historique et
archéologique de Bretagne, t. 74 (1996), p. 419-427.
[5] Pierre Flobert, La
Vie ancienne de saint Samson de Dol, Paris, 1997 (Sources d’histoire
médiévale publiées par l’Institut de recherche et d’histoire des textes).
[6] M. Coumert, « Le peuplement de l'Armorique… »,
p. 31.
[7] Ibidem, p.
32-33.
[8] P. Flobert, La
Vie ancienne de saint Samson, I, 52, p. 222 (texte latin), p. 223
(traduction française).
[9] Ibidem, I,
53, p. 224 (texte latin). Nous avons
adapté à notre propos l’impeccable traduction française, qui figure à la p. 225.
[10] M. Coumert, « Le peuplement de l'Armorique… », p.
31-32.
[11] Dernier état de la question chez Bernard Merdrignac
dans les deux travaux suivants : « Présence et représentations de la
Domnonée et de la Cornouaille de part et d’autre de la Manche », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest,
t. 117 (2010), n°4, p. 83-119, et « Des ′′royaumes doubles′′ de part et
d’autre de la Manche au VIe siècle?», Jean-Claude Meuret, Dominique
Le Page et Michel Catla (dir.), Frontières
oubliées, frontières retrouvées. Marches et limites anciennes en France et en
Europe, Rennes, 2012 (Centre de recherches en histoire internationale et
atlantique, Enquêtes et documents, 41), p. 43-78, ainsi que dans son ouvrage, D’une Bretagne à l’autre. Les migrations
bretonnes entre histoire et légendes, Rennes, 2012, p. 127-131.
[12] Caroline Brett, « Soldats, saints et
États ? Un nouveau regard sur les migrations bretonnes ; Bulletin
de la Société archéologique du Finistère, t. 141 (2013), p.227-261 ; t.
142 (2014), p. 157-175. Cet article est présenté comme la traduction française
de l’étude parue en anglais sous le titre « Soldiers, Saints and States ? The
Breton Migrations Revisited », Cambrian
Medieval Celtic Studies, t. 61 (2011), p. 1-56 ; mais un examen minutieux
permet de relever quelques modifications, qui montrent que le texte a été
actualisé (voir note suivante).
[13] Ibidem, p.
162, n. 23 : « Pour moi, Bernard Merdrignac a clairement prouvé que
les mentions de ‘’Britannia’’ et de ‘’Domnonia’’ dans la Vita prima Samsonis font référence à la Bretagne continentale (B.
Merdrignac, D’une Bretagne à l’autre,
op.cit., p. 126-131) ». Cette
remarque ne figure pas dans l’article original en anglais.
[14] Ibid., p.
168.
[15] Joseph-Claude Poulin, « La Vie ancienne de Saint Samson de Dol comme réécriture », Analecta Bollandiana, t. 119 (2001), p.
261-313.
[16] Ibidem, p.
290.
[17] Bruno Judic, « La notion d'Europe chez saint
Colomban: de la romanité à la chrétienté »,
Odile Wattel de Croizant [dir.], D'Europe
à Europe III. La dimension politique et religieuse du mythe de l'Europe de
l'Antiquité à nos jours, Tours, 2002 (Caesarodunum hors-série), p. 141.
[18] B. Merdrignac,
D’une Bretagne à l’autre…, p. 243,
évoque « le clan des « *Kon- »
(= « chien », « guerrier », « chef » [ ?]: Chonomor, Chonober, Chanao) et
celui des « *Jud- » (= iudex [ ?] : Judwal, Judael,
Judicael, etc.) ».
[20] Grégoire de Tours, Dix livres d’histoires, IV, 4.
[21] […..VS] HIC IACIT CVNOɯORI FILIVS
(« Ci-gît […..VS] fils de Cunomor »). La lecture du nom du gisant
n’est pas assurée : la leçon dRVSTAVS,
souvent proposée, permettrait, si elle était assurée, d’apporter un certain
éclairage sur les circonstances qui ont présidé à l’apparition du roi Marc et
de Tristan en tant que personnages romanesques. Lors du premier relevé
(fallacieux) de cette inscription par John Leland vers 1540, la stèle se
trouvait située à 1 mile environ de Castle Dore : voir Lucy Toulmin Smith
(éd.), The Itinerary of John Leland
in or about the years 1535-1543, [vol. I], Londres, 1907, p. 207 ;
elle a depuis été déplacée à cinq reprises au moins, mais sans s’éloigner
véritablement de son premier emplacement connu.
[22] Charles Cuissard (éd.), «Vie de saint Paul de Léon en
Bretagne», Revue Celtique, t. 5 (1883), p. 431 (§ 8) : fama ejus [Paul
Aurélien] regis Marci pervolat ad aures, quem alio nomine Quonomorium
vocant. Qui eo tempore amplissime producto sub limite regendo moenia sceptri,
vir magnus imperiali potentiae atque potentissimus habebatur, ita ut quatuor
linguae diversarum gentium uno ejus subjacerent imperio.
[23] André-Yves Bourgès, Le dossier hagiographique de saint Mélar. Textes, traduction,
commentaires, Landévennec-Lanmeur,
1997 (Britannia monastica, 5), p. 65 : de
Cornubia cum alumno suo in Dompnoniam fugit, ubi ejus amita filia Budici cum
Commoro comite viro suo morabatur in pago castelli sui quod Bocidus appellatur.
[24] Léon Fleuriot, Les
origines de la Bretagne, Paris, 1980, p. 118.
[25] John Harvey (éd.), William Worcestre Itineraries, Oxford, 1969, p. 20 : « C.
Dirford dirutum prope Golonant villa ».
[26] J.-C. Cassard, « La mise en texte du passé par
les hagiographes de Landévennec au IXe siècle », Bulletin de la Société archéologique du
Finistère, t. 122 (1993), p. 380.
[27] A.-Y. Bourgès, « Commor entre le mythe et
l’histoire… », p. 426
[28] Michel Reddé, Mare
Nostrum. Les infrastructures, le dispositif et l’histoire de la marine
militaire sous l’Empire romain, Rome, 1986 (BEFAR, 260), p. 439-440,
622-623 et 657-658.
[29] André Chédeville, « Francs et Bretons pendant la
première moitié du VIe siècle : avant la rupture », M.
Rouche [dir.], Clovis, histoire et
mémoire. Actes du Colloque International d'Histoire de Reims, du 19 au 25
septembre 1996, vol. 1, Paris, 1997, p. 906, n. 38.
[30] B. Merdrignac, « Les listes généalogiques
insulaires et continentales », Les
premiers Bretons d’Armorique, p. 99-100.
[31] Sur le personnage de Carausius, voir Patrick John
Casey, Carausius and Allectus: The
British Usurpers, 2nde édition, Londres, 2005.
[32] Arthur de la
Borderie, « Saint Hervé », Mémoires de la Société d'émulation des
Côtes-du-Nord, 1891, t. 29, p. 256 (§ 2) : Hoarvian quittant la cour
de Childebert pour regagner son pays natal, la Bretagne insulaire, se voit
remettre des « lettres royales » chargeant Commor, qualifié
« préfet du roi », de lui faire traverser la Manche (transmissus est cum regalibus litteris ad
Commorum, praefectum regis, ut eum navigio transveheret ad terram suae
nativitatis) ; cette mission pourrait s’inscrire dans le contexte plus
large et plus politique que nous avons évoqué, bien au-delà donc de l’explication
simpliste et d'ailleurs fallacieuse donnée par le narrateur qui écrit que « la
traversée est courte entre notre Domnonée et la Bretagne de l’autre côté [de la
mer] » (brevis est transitus maris inter
nostram Domnoniam et ulteriorem Britanniam). Sur la chronologie relative
des trois textes (au moins) qui sont entrés en composition dans la vita Hoarvei, voir A.-Y. Bourgès,
« Le bestiaire hagiographique de saint Hervé », Britannia monastica, vol. 7 (2003), p. 75-97.
[33] Rachel Bromwich, Trioedd
Ynys Prydein. The Welsh Triads, Cardiff, 1961, p. 25, n°14 : March mab
Meirchyavn y est désigné
comme l'un des « tri Llyghessavc Enys Prydein », c'est à dire l'un
des « trois chefs de flotte de l'île de Bretagne ».
[34] Ms Rennes, Archives départementales
d’Ille-et-Vilaine, 1F 1003, p. 49 (In
legenda sancti Goeznovei) : Erat tunc
temporis Comorus comes temporale habens dominium in finibus Occismorum. Qui
habebat domum quasi tribus stadiis distantem ab Antello, a parte australi,
cujus domus adhuc vestigia restant. Qui locum sancti Goeznevoi aptum monasterii et amplum concessit et expensas structure
monasterii pro parte maxima erogavit.
[35] On trouve cité en 1448 à Lesquivit en Dirinon, un
certain « Nicolas an Rest metayer à Jehan Kerguiziau à cause du chasteau
Roy Conmeur » : il s’agit sans doute de l’enceinte trapézoïdale de 50
à 60 mètres de côté, avec double retranchement, visible à proximité et dont
Patrick Kernévez, Les fortifications
médiévales du Finistère. Mottes, enceintes et châteaux, Rennes-Saint-Malo,
1997, p. 75, indique : « la fonction et la datation de cette enceinte
restent indéterminées ».
[36] II faudrait ainsi ajouter Carhaix(-Plouguer), si l’on
en croit, au tournant des XVe-XVIe siècles, Pierre Le
Baud, Histoire de Bretagne, Paris,
1638, p. 73 : « Et en Legionense le comte dessus nommé [p. 67 :
« Comorus, comte de Legionense »], duquel le siège estoit à Krhoes
... (...) ». Chef-lieu du culte de Trémeur, que la tradition présente
comme le fils de la malheureuse princesse Trifine et de Commor, il y avait sur place
un petit prieuré placé sous l’invocation du saint et assez renommé dès la fin
du XIIe siècle pour que Béroul fît jurer le roi Marc par saint Tresmor de Cahares. De son côté, A. de La Borderie, Histoire de Bretagne, t. 1,
Rennes-Paris, 1896, p. 403 et 412, a identifié d'autres résidences possibles du
personnage, à savoir Montafilant en Corseul, et Castel Finans en Saint-Aignan ;
mais les vitae de saint Lunaire et de
saint Gildas, respectivement sollicitées pour justifier ces localisations, n’en
disent rien de précis. La motte de Comore en Tréglamus, au pied du Mené Bré,
déjà signalée par Bertrand D’Argentré, Histoire
de Bretagne, Paris, 1588, f. 118 v°, est peut-être à mettre en relation
avec l’épisode du supposé concile où, selon l’hagiographe le plus tardif de
Hervé, Commor aurait été excommunié par les évêques de Bretagne.
[37] P. Flobert, La
Vie ancienne de saint Samson, I, 59, p. 232 (texte latin), p. 233
(traduction française).
[38] AAS Julii, t. V (1727), p. 282 : Is autem abba [Geroaldus abbas Fontanellensis]
jussu Caroli Augusti quadam legatione fungebatur in insula, cui nomen est
Angia, quam Britonum gens incolit, et est adjacens pago Constantino, cui
tempore illo præfuit dux, vocabulo Anowarith.
[39] Éric Van Torhoudt, « Les Bretons dans les diocèses
de Coutances et d’Avranches (950-1200 environ) : une approche onomastique de la
question de l’identité », J. Quaghebeur et B. Merdrignac (dir.), Bretons et Normands au Moyen Âge.
Rivalités, malentendus, convergences. Actes du colloque de Cerisy, 5-9 octobre
2005, Rennes, 2008, p. 126
[40] J.-C. Cassard, Les
Bretons de Nominoë, 1e édition, Brasparts, 1990 (Les
bibliophiles de Bretagne, 7), p. 88.
[41] A. de la Borderie,
Histoire de Bretagne, t. 2, Rennes-Paris, 1898, p. 299.
[42] Ibidem, n.
4 : A. de la Borderie transcrit le
passage en intercalant insulae entre
crochets après cui (in insula cui nomen est Angia, quam
Brittonum gens incolit, et est adjacens pago Constantino ; cui [insulae]
tempore illo præfuit dux, vocabulo Anowarith).
[43] « Vita
Leutfredi », Bruno Krusch et Wilhelm Levison (éd.), Monumenta Germaniae historica, Scriptorum rerum merovingicarum, t. 7,
Hanovre-Leipzig, 1920, p. 16 (§ 25). Résumé de la question chez François Duine,
« Un second manuscrit de la Chronique de Dol. – Les archevêques Baudry et
Roland. – Le catalogue des archevêques », Annales de Bretagne, t. 35 (1921), n° 1, p. 97, n. 1.
[44] Emile Lesné, « Les ordonnances monastiques de
Louis le Pieux et la Notitia de servitio
monasteriorum », Revue d'histoire de
l'Église de France, t. 6 (1920) n°33, p. 490.
[45] Aurélien de Courson, Cartulaire de l’abbaye de Redon en Bretagne, Paris, 1863, p. 82-83.
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