Outre
leur vicinité, les évêchés de Tréguier et de Saint-Brieuc ont en commun d’apparaître
tardivement et concomitamment, aux années 1024 X 1034, dans les sources
diplomatiques, par le truchement des prélats qui présidaient alors à leurs
destinées : voilà qui contribue à une spécificité partagée, dont il faut
évidemment tenir compte lorsque l’on est amené à examiner l’histoire de l’un ou
de l’autre. Ainsi, à l’occasion de notre étude récente sur les origines du
siège de Tréguier[1], avons-nous
brièvement évoqué les circonstances de la fondation de celui de Saint-Brieuc[2] ;
cependant, compte tenu des contraintes imposées à ce travail, un tel examen ne
pouvait être que superficiel, s’agissant en particulier de la dimension hagiographique
du sujet.
Les
sources afférentes sont constituées au premier chef par l’hagiographie de Brieuc [BHL 1463 + 1463a], – dont l’éditrice,
Gwenn Vallerie-Drapier[3],
a
donné une traduction française suffisamment fidèle et élégante pour
rendre de grands services aux générations futures d'historiens, – et secondairement
par les trois vitae, – brève [BHL
8350], moyenne [BHL 8351], longue [BHL 8353], ainsi désignées en fonction de l’étendue
de leur texte respectif, – du dossier littéraire de Tugdual[4].
Outre les commentaires de Vallerie-Drapier, qui préconise qu’il s’agit d’un
texte composite, affecté par au moins une étape de réfection[5],
la bibliographie récente relative à la vita de Brieuc comprend des
contributions de Bernard Tanguy[6],
de Joseph-Claude Poulin[7] et de
Stéphane Morin[8] qui apportent
des éclairages divers sur ce texte ;
le travail plus ancien de René Couffon
ne doit pas être négligé[9],
car il contient plusieurs observations qui, malgré le temps, ont conservé leur
actualité.
Il
est par ailleurs acquis que cette vita
a été composée par un religieux du monastère
Saint-Serge-et-Saint-Bach d’Angers, sur l’ordre exprès de son abbé[10] ; la
date de composition évolue, selon les hypothèses proposées, à l’intérieur d’une
fourchette chronologique qui couvre la période du milieu du XIe au
début du XIIe siècle : nous donnons plus loin les raisons qui
nous amènent à suggérer une datation de la fin du XIe siècle, avec
une étape de révision, sans véritable réfection, peut-être aussi tardive que le
second tiers du XIIe siècle
*
L’hypothèse
sur les circonstances de la composition de la vita de Brieuc développée récemment par Vallerie-Drapier, – sur la
base d'une intuition qui aurait mérité un développement per se, plutôt que d'en chercher la confirmation dans un traitement
parfois malencontreux des différents témoins de la vita, – doit faire l’objet d’une discussion. Il n’est pas établi en
effet que la version longue qui figure dans le manuscrit de Rouen, du XIIe
siècle, résulte principalement, comme le pense cette chercheuse, des additions qu’elle
attribue à un remanieur : tout aussi bien, c’est le scribe du manuscrit le
plus ancien, celui d’Angers, du XIe siècle, qui aura procédé à
des coupures dans le texte originel, auquel le copiste du manuscrit de Rouen
sera pour sa part demeuré plus fidèle. Certes, il n’est pas invraisemblable que
la rédaction primitive de la vita de
Brieuc, à l’instar de nombreux autres ouvrages hagiographiques, ait fait
l’objet d’interpolations : ainsi l’épisode concernant l’implantation monastique
primitive du saint et la « spoliation » dont son neveu Tugdual se
serait rendu coupable à son égard, qui l’amena à s’établir sur le site actuel
de Saint-Brieuc, revêt-il l’apparence d’un tel procédé[11].
Cependant, Poulin a fait remarquer, avec son habituelle acribie, que « la
présence du tic stylistique pro certo
aussi bien dans la Vie que dans l’additamentum
et l’épilogue fait penser à une unité de rédaction de toutes ces pièces ».
Or, cette expression, sans doute empruntée en l’occurrence à la vita ancienne de Samson[12], quand
bien même elle figure dans d’autres textes hagiographiques, se retrouve dans la partie relative aux rapports entre
Brieuc et Tugdual : ce n’est plus d’interpolation dont il conviendrait
alors de parler, ni même de plagiat, mais d’un véritable pastiche ; mais
un tel cas de figure se révèle bien peu probable.
Il
existe peut-être un moyen d’expliquer cette impression d’avoir affaire à
un texte interpolé : le scribe du manuscrit de Rouen n’aurait pas toujours
respecté l’ordre des chapitres du texte qu’il a copié. Cette hypothèse n’est
pas gratuite : on voit, par exemple, que l’épisode du miracle des loups et
de la conversion du subregulus Conan[13], – dont
Gilbert Hunter Doble a souligné en son temps le caractère intrus[14], – était
placé dans une des versions (perdues) du texte, non pas en Bretagne insulaire
avant le départ de Brieuc, mais après l’arrivée de ce dernier dans la péninsule
armoricaine, et même au temps de la vieillesse du saint[15].
A la lueur de cette indication, – donnée par le dominicain Augustin Du Paz, rapportée
par les mauristes dans leur propre copie des différents extraits relatifs à
Brieuc[16] et dont
il n’y a pas de raison de douter a priori, – la narration retrouve une certaine
cohérence chronologique, dont est privée la version du manuscrit de Rouen ;
mais, outre la nécessité de déplacer l’épisode en question, il convient pour le
coup de considérer comme une véritable interpolation les quelques lignes qui, dans
cette version, font état, de manière redondante, de la traversée de la Manche
par Brieuc et de ses compagnon et de leur débarquement au « port nommé
Achim », à proximité du Jaudy[17] :
c’est donc au scribe du manuscrit de Rouen que nous proposons d’attribuer le court
passage concerné.
Par
ailleurs, il n’est pas possible de trancher le point de savoir s’il a existé un
ouvrage plus ancien qui a servi d’hypotexte à l’hagiographe, comme ce dernier
l’a expressément indiqué[18] :
ouvrage qui, en l’occurrence, aurait été considérablement revu et corrigé par
lui[19]. Compte
tenu de ces incertitudes, nous parlerons d’un « hypothétitexte »[20]
, dont l’hagiographe précise qu’il était écrit dans « l’idiome d’une
langue étrangère » : s’agissait-il là aussi de « la langue barbare
des Scots », comme l’avait indiqué l’auteur de la vita moyenne de Tugdual pour caractériser sa propre source (vita ipsius barbarica Scotigenarum lingua
descripta)[21]? On ne
peut en effet exclure la possibilité d’un recours à des idiotismes iro-latins
au temps où l’Irlande était encore en vogue chez les clercs continentaux :
c’est par exemple le cas du mot Latium
pour désigner la Letavia[22], c’est-à-dire
le nord de la Bretagne armoricaine. Manifestement, l’hagiographe de Brieuc
connaissait bien le dossier littéraire de Tugdual : outre la possibilité
de contact que nous venons d’évoquer à propos de la vita moyenne, la vita
longue lui a fourni les éléments qui lui ont permis de forger le nom de
Pabu-Tugdual [23] ; à
moins qu’il n’ait trouvé ce dernier dans la titulature des prélats qui, à cette
époque, siégeaient à Tréguier[24].
En tout cas, cet ouvrage lui a donné l’idée d’un prologue où l’hagiographe se
réfère aux pratiques mémorielles de l’Antiquité. Quant à la formulation in portu in capite *Achimensis qui
figure dans la vita brève[25], elle a
conduit le copiste du manuscrit de Rouen à imaginer « une cité d’Achim à
l’embouchure de la rivière de Tréguier »[26].
Ainsi, quelle que soit la chronologie relative adoptée pour la date de composition
des différentes pièces du dossier hagiographique tugdualien, il doit être
possible de s’accorder sur le fait que la vita
de Brieuc, plus récente que la vita longue
de Tugdual, doit être datée de la fin du XIe siècle au plus tôt,
sans préjuger, comme il se voit dans le texte du manuscrit de Rouen, d’un recours plus tardif à la vita brève[27].
*
Composée, comme la plupart des hagiographies, pour
servir de « mode d’emploi » des reliques du saint dont elle raconte
l’histoire, la vita de Brieuc
rapporte les circonstances de la fondation des monastères de Tréguier et
Saint-Brieuc ; elle évoque à cette occasion les relations de Brieuc avec Tugdual :
ce texte est donc également un outil de « propagande ».
Le terminus
ad quem de la présence des reliques de Brieuc au monastère de Saint-Serge-et-Saint-Bach
d’Angers doit être fixé à l’abbatiat d’Achard (1082-1093) : un acte passé
à cette époque rapporte en effet qu’un chevalier nommé Turpin, accompagné de
Geoffroy, prêtre de Marigné, ayant sollicité, au profit de cette église, l’octroi de reliques de saints dont l’abbé
et les moines avaient de grandes quantités, reçut de ces derniers « des reliques
très bienfaisantes, à savoir du corps du saint confesseur du Christ et
évêque Brieuc, ainsi que de saint Godebert confesseur et de sainte Gertrude
vierge, dont nous avons les corps »[28].
On notera la mise en valeur de Brieuc, tandis que Godebert, supposé évêque
d’Angers, fait l’objet d’une mention beaucoup plus lapidaire, à l’instar de
Gertrude[29].
S’agissant
du terminus a quo, que la mémoire
monastique faisait remonter à la venue sur place d’Erispoë en 851[30], le
témoignage de l’auteur de la vita de
Brieuc, pourtant explicite, a parfois été révoqué en doute au prétexte que le prince
breton n’aurait certainement pas choisi « pour abriter ces reliques la
ville d'Angers qui se trouvait sur l'une des grandes voies de pénétration des Scandinaves »[31] ;
mais c’est un mauvais procès fait à l’hagiographe, qui ne parle absolument pas
des risques liées aux incursions vikings. Erispoë, comme on le sait, s’était rendu
à Angers, ville désormais voisine des limites de sa principauté, pour
s’accorder avec Charles le Chauve sur l’étendue et la nature de son pouvoir en
Bretagne[32] : qu’il
eût apporté à cette occasion des reliques, dans la perspective d’un « don
d’amitié »[33] ou, plus
conventionnellement, d’un échange de cadeaux diplomatiques, ne nous paraît pas
impossible ; à moins que la mémoire monastique n’eût délibérément « fabriqué »
et transmis, selon un modèle proche de celui décrit par Amy G. Remensnyder[34], le souvenir collectif
de la réception de ces reliques à l’abbaye. En outre, il est intéressant de noter que le monastère n’est
entré en possession des reliques de Serge et de Bach qu’en 1094, à l’issue d’un
litige qui l’avait opposé durant au moins deux décennies à l’abbaye Saint-Aubin
d’Angers[35].
En hagiographie comme dans
d’autres matières, pour être efficace, il faut rester concentré sur le but à
atteindre : le principal objectif de l’auteur de la vita de Brieuc était d’affirmer, sur le plan religieux, la
dépendance originelle de Tréguier à l’égard de Saint-Brieuc ; pour ce
faire, il s’en est tenu avec constance à la seule dimension monastique du débat,
feignant ne rien savoir « ni de la carrière épiscopale de son héros, ni
même de la cité qu’il gouvernait »[36].
Sa description rapide, mais précise, du site où, selon la tradition, s’était
établi Brieuc, témoigne d’une certaine connaissance des lieux[37] :
un Breton donc, sinon même un briochin ; à moins qu’un déplacement sur
place ou bien le récit d’un pèlerin ne lui eussent apporté les informations
nécessaires. Par contre, il ne dit rien sur Tréguier, – nous avons vu
d’ailleurs que la mention du port d’Achim résultait probablement d’un emprunt tardif,
au demeurant erroné, à la vita brève de
Tugdual, – et se garde bien de présenter ce dernier en qualité d’évêque,
préférant privilégier le lien de parenté supposé entre les deux saints ; lien
de parenté peut-être inspiré par l’appariement de leurs reliques respectives et
qui doit au reste « s’interpréter de façon assez large »[38] : comme
dans le cas de Maudez et Rion, cette association pourrait constituer le reflet
de l’unité originelle de l’ensemble territorial formé par les tardifs évêchés
de Saint-Brieuc et Tréguier.
Sans doute l’hagiographe de
Brieuc réprouvait-il la création de ces évêchés, à l’instar de l’auteur de l’Indiculus de episcoporum Britonum
depositione[39] :
d’après ce dernier texte, véritable « manifeste ultra-tourangiste »[40],
Nominoë avait érigé au détriment des évêchés d’Alet, de Léon, de Quimper et de
Vannes, trois nouveaux « sièges épiscopaux », un au « monastère
de Dol », avec le statut d’archevêché, le deuxième au « monastère de
saint Brieuc » et le dernier de même à celui de « *saint Pabu-Tual, qui fut le siège de
l’évêché de Tréguier »[41].
Tout cela était évidemment sans fondement ; mais l’influence de l’Indiculus sur l’historiographie bretonne
devait se révéler durable et funeste. Les tenants de cette thèse se proposaient
à l’évidence d’anéantir définitivement les prétentions de la mini-métropole
doloise, telle qu’elle apparait, avec ses deux suffragants de Saint-Brieuc et
Tréguier, dans la première moitié du XIIe siècle[42] ;
mais, tout à leur projet de disqualifier cette vieille chimère, au reste active
par épisodes seulement, ils ont substitué au « roman des origines »
dont le siège de Tréguier, en particulier, s’était entretemps doté, une théorie
de nature « historique », bien plus difficile à démonter, et dont ils
sont devenus conséquemment les prisonniers, à l’instar des historiens qui les
ont suivis jusque récemment. Peut-être parce qu’il avait été réellement établi
quelque temps avant celui de Saint-Brieuc, ou bien parce que son dossier
hagiographique était plus riche, le siège de Tréguier prétendait, semble-t-il,
à une certaine prééminence : l’évêque du lieu, Martin, est ainsi qualifié
« prélat des Bretons » dans un acte de 1054[43] ;
à moins que cette titulature ne fût la marque de l’importance accordée à ce personnage,
qui avait été le chapelain du comte d’Anjou[44].
Quoi qu’il en soit, d’un seul coup (de maître),
l’auteur de la vita de Brieuc avait
ébranlé le beau monument hagio-historiographique construit à Tréguier ;
mais la publicité donnée à son texte n’était pas suffisante pour mettre à bas
tout l’édifice : la vita de
Brieuc ne semble pas en effet avoir bénéficié d’une grande diffusion au-delà
des murs de l’abbaye angevine. L’hagiographe est resté dans l’anonymat et même le
nom de son commanditaire n’est pas connu : compte tenu de la nécessité
d’abaisser au maximum l’époque de composition de ce texte, sans pour autant dépasser
le terminus ad quem de la fin du XIe
siècle, nous suggérons le nom d’Achard (1082-1093) à la place de celui de
Vulgrin (1046-1056), proposé par Couffon[45].
Nous avons vu que, sous l’abbatiat d’Achard, les reliques de Brieuc étaient
particulièrement valorisées ; mais nous ne disposons à ce sujet d’aucun autre indice.
André-Yves Bourgès
[1] André-Yves Bourgès, « Les origines de l'évêché
de Tréguier : état de la question »,
Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 96
(2018), p. 33-53.
[2] Ibidem, p. 40-41.
[3] Gwenn Vallerie-Drapier, Edition critique et traduction des Vitae Briocci, Rennes, 1994
(Mémoire de maîtrise sous la direction d’Albert Foulon et Gwenaël Le Duc).
[4] Fabrice Kerlirzin, Les Vitae médiévales de Saint
Tugdual. Texte établi, traduction inédite et commentaire, Brest, 2012
(Mémoire de master 2 sous la direction de Benoît Jeanjean).
[5] G. Vallerie-Drapier, Edition critique…, p. 13-15.
[6] Bernard Tanguy, « De Briomaglus à Briocus. À
propos de la Vita sancti Brioccii »,
Britannia monastica, 18 (2016), p.
13-30. [Cette étude remonte aux années 2003-2004].
[7] Joseph-Claude Poulin, L'hagiographie bretonne du Haut Moyen Âge. Répertoire raisonné,
Ostfildern, 2009 (Beihefte der Francia, 69), p. 73-84.
[8] Stéphane Morin, « Réflexion sur la réécriture de
la Vie de saint Brieuc au XIIe siècle : Briomaglus,
Primael et Brioccius au temps de la
réforme grégorienne », Joëlle Quaghebeur, Sylvain Soleil, Annick
Calarnou, Bernard Merdrignac (dir.), Le pouvoir et la foi au Moyen Âge en
Bretagne et dans l'Europe de l'Ouest. Mélanges en mémoire du professeur Hubert
Guillotel, Rennes-Landévennec, 2010, p. 243-259 (Britannia monastica, 13-14) ; Idem, Trégor, Goëllo,
Penthièvre. Le pouvoir des comtes de Bretagne du XIe au XIIIe
siècle, Rennes, 2010, p. 283-284.
[9] René Couffon, « Essai critique sur la Vita Briocii », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t.
48 (1968), p. 5-14.
[10] G.
Vallerie-Drapier, Edition critique…,
p. 120 : « quod domni abbatis
coegit imperium ».
[11] S. Morin, « Réflexion sur la réécriture de la
Vie de saint Brieuc… », p. 248.
[12] J.-C. Poulin, L'hagiographie bretonne…, p. 80.
[13] G.
Vallerie-Drapier, Edition critique…,
p. 84, 86, 88. L’édition en question suit l’orthographe du manuscrit de Rouen
qui donne la leçon Cononus pour le
nom du subregulus converti par
Brieuc. Les mauristes, au premier chef Gui-Alexis Lobineau, Les vies des saints de Bretagne, Rennes,
1724, p. 16, l’ont interprété Conan.
[14] Gilbert Hunter Doble, « Saint Brioc, Bishop and
Confessor », The Saints of Cornwall.
Part Four. Saints of the Newquay, Padstow and Bodmin District, Oxford 1965,
p. 90-91 [Cette étude, publiée pour la première fois en 1928, a bénéficié d’une
traduction en français par Louis Kerbiriou sous le titre Saint Brieuc, sa vie et son culte, S-Brieuc, 1930].
[15] Brieuc en effet se déplace en charrette du fait de
son grand âge, qui l’empêche de marcher (G. Vallerie-Drapier, Edition critique…, p. 84 : « Quodam igitur die, beato uiro sedente in
curru psalmosque decantante, non enim iam pre senectute corporis diu pedestris
ualebat incedere »). Or, c’est exactement la situation décrite par
l’hagiographe quand il évoque les derniers épisodes de la vie du saint (ibidem, p. 108 : « Erat siquidem uir sanctus ualde iam senex,
nec nisi uectus curru aut equo longius ualebat incedere »).
[16] Ms Paris, BnF, fr. 22321, p. 620. Les mauristes mentionnent et utilisent à de nombreuses
reprises des copies et collations de textes effectuées par Du Paz. On sait que,
malheureusement, les archives du dominicain ont été dispersées et ne se
retrouvent plus.
[17] G. Vallerie-Drapier, Edition critique…, p. 88 : « Venerabilis deinde uir eiusque socii mare Britannicum nauigantes
recto cursu dextroque nauigio ad regionem deuenerunt Armoricam, nauemque in
portu qui Achim appellatur relinquentes, ad fluuium quemdam Ioudi uocitatum,
perueniunt ».
[18] Ibidem, p.
118 : « gestis ipsius quae ad
nostram peruenire noticiam ».
[19] Ibid., p.
122 : « Nec miretur quod
lectionis series de ueteri codice uerbum e uerbo continuatim non fuerit eruta,
cum omnino fieri eta deprauata admodum libelli scriptura et peregrinȩ linguȩ
maxime prohibuerit idioma ».
[20] On trouve la formule « hypothétique hypotexte », qui
nous a inspiré ce néologisme, sous la plume d’un auteur comme Daniel
Grojnowski, « Procédures et enjeux de la parodie : ‘’Pan et la Syrinx ou
l'invention de la flûte à sept tuyaux’’ de Jules Laforgue », Nineteenth
Century French Studies, vol. 15,
(1987), n°4, étude republiée dans Aux
commencements du rire moderne : l'esprit fumiste, Paris, 1997,
respectivement p. 455 et p. 113. Nous avons déjà fait usage de ce terme à
plusieurs reprises : voir « Trois siècles d’histoire littéraire : le dossier
hagiographique médiéval de Malo », Jean-Luc
Blaise (dir.), Jean de Châtillon, second
saint fondateur de Saint-Malo (Actes du colloque de Saint-Malo, 19 octobre
2013), Saint-Malo, 2014, p. 157-185 ; « Le culte de Colomban en
Bretagne armoricaine : un saint peut en cacher un autre », Eleonora Destefanis
(éd.), L'eredita di san Colombano :
memoria e culto attraverso il medioevo, Rennes, 2017, p. 99-111 ; et
enfin « Retour sur les différents types
d’approche du matériau hagiographique médiéval par les historiens de la
Bretagne depuis le XIXe siècle », Magali Coumert et Hélène Bouget
(éd.), Actes du colloque Enjeux
épistémologiques des recherches sur les Bretagnes médiévales en histoire,
langue, et littérature, Brest, université de Bretagne Occidentale, 12-14
décembre 2017 (à paraître en 2019).
[21] F. Kerlirzin, Les
Vitae médiévales de Saint Tugdual…,
p. 25.
[22] G. Vallerie-Drapier, Edition critique…, p. 80, 82 : « angelus Domini apparuit illi, dicens : ‘’Oportet te, uir sacer, usque
ad Latium transmare peregrinationis laborem arripere ut et aliis sacrȩ religionis ritum, et bonȩ conuersationiss ostendas eremplum’’ ».
[23] J.-C. Poulin, L'hagiographie bretonne…, p. 81.
[24] En 1086, l’évêque de Tréguier, Huon de Saint-Pabutual
(Trigaricensis Episcopus Hugo de sancto
Pabutual) passe un acte en faveur de l’abbaye du Mont-Saint-Michel :
voir Katherine S.B. Keats-Rohan, The
Cartulary of the Abbey of Mont-Saint-Michel, Donington, 2006, p. 125-126.
[25] F. Kerlirzin, Les
Vitae médiévales de Saint Tugdual…,
p. 20, a transcrit Achiniensis, en
conformité avec la leçon des seuls manuscrits modernes qui conservent le texte
de la vita brève. Cependant, cette
forme n’est pas réductible à celles qui figurent dans la version moyenne (Achinensis, Aginensis) : il faut conséquemment substituer m à la place de ni. Quant à la version longue, elle ignore ces
différentes formes au profit de celle dérivée du nom des Osismes (Ocismensis).
[26] R. Couffon, « Essai critique sur la Vita Briocii », p. 14.
[27] Nous avons donné à plusieurs reprises les raisons
d’abaisser à la fin du 1er tiers du XIIe siècle la vita brève, qui serait ainsi, à notre
opinion, la plus tardive des trois hagiographies de Tugdual. Contra : J.-C. Poulin, L'hagiographie
bretonne…, p. 371-381. Réponse par A.-Y. Bourgès, « Joseph-Claude Poulin, À
propos d’un livre récent sur l’hagiographie bretonne : la production du
scriptorium de l’abbaye de Saint-Jacut au Moyen Âge », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 117 (2010), n° 2, p.
153-154.
[28] Yves Chauvin, Premier
et second livres des cartulaires de l'abbaye Saint-Serge et Saint-Bach d'Angers
(XIe et XIIe siècles), t. 1, Angers, 2003, p.
248 : « … Petiit ab eo et a
fratribus reliquias de sanctorum pignoribus quorum copia multa est apud nos,
quod ita obtinuit (…)… dedimus ergo eis optimas reliquias silicet de corpore
sancti confessoris Christi et episcopi Brioci et sancti Godeberti confessoris
atque sanctae Gertrudis virginis quorum corpora apud nos habent ».
[29] Cette dernière reçoit la qualité de « vierge et
martyre » dans une bulle du pape
Eugène IV donnée en 1442 en faveur de l’abbaye : il faut peut-être
conséquemment l’identifier avec sainte Gertrude de Vaux-en-Dieulet, honorée le
1er mai, tout comme Brieuc.
[30] G. Vallerie-Drapier, Edition critique…, p. 118 : « Hoc tantum loquitur quod rex quidam Britannorum, Respoius nomine,
sacratissima illius ossa ad urbem transtulerit Andecauam ibique in quadam
basilica sanctorum Sergii et Bachi martyrum, quȩ iuxta praefatȩ
ciuitatis moenia sita est, honore cum digno recondidit ».
[31] H. Guillotel, « L'exode du clergé breton devant
les invasions scandinaves », Mémoires
de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 59 (1982), p.
291.
[32] Annales de
Saint-Bertin, publiées pour la Société de Histoire de France (série
antérieure 1789) par Félix Grat (+), Jeanne Vielliard et Suzanne Clémencet, avec
une introduction et des notes par Léon Levillain (+), Paris, 1964, p. 63-64 :
« Respogius, filius Nomenogii, ad
Karolum ueniens, in urbe Andegauorum datis manibus suscipitur, et tam regalibus
indumentis quam paternae potestatis dicione donatur, additis insuper ei
Redonibus, Namnetis et Ratense ».
[33] Roman Michalowsky, « Le don d’amitié dans la
société carolingienne et les Translationes
sanctorum », Hagiographie, cultures et sociétés, IVe-XIIe
siècles. Actes du Colloque organisé à Nanterre et à Paris (2-5 mai 1979), Paris (1981) p.
399-416.
[34] Amy G. Remensnyder, Remembering Kings Past. Monastic Foundation Legends in Medieval
Southern France, Ithaca-Londres Cornell, 1996 ; Eadem, « Croyance et communauté : la mémoire des origines des
abbayes bénédictines », Mélanges de l'École
française de Rome. Moyen-Âge, t. 115 (2003), n°1, p. 141-154.
[35] Chantal Senseby, « Pratiques judiciaires et
rhétorique monastique à la lumière de notices ligériennes (fin XIe
siècle) », Revue historique, n°
624 (2004), p. 3-46.
[36] R. Couffon, « Essai critique sur la vita Briocii », p. 14.
[37] Ibidem, p.
13. C’est également le cas des parages
hillionnais.
[38] J.-C. Poulin, L'hagiographie bretonne…, p. 81.
[39] Hubert Guillotel, « Genèse de l’ “Indiculus de episcoporum depositione” »,
Catherine Laurent, Bernard Merdrignac et Daniel Pichot (dir.), Mondes de l'Ouest et villes du monde.
Regards sur les sociétés médiévales. Mélanges en l'honneur d'André Chédeville,
Rennes, 1998, p. 137-138, a proposé de
dater ce texte du milieu du XIIe siècle, « dans le contexte des
derniers sursauts de la querelle métropolitaine » ; pour notre part,
nous inclinons pour une composition antérieure, vers le début du siècle.
[40] A.-Y. Bourgès,
« Les origines de l'évêché de Tréguier… », p. 34-35.
[41] Wilfried Hartmann (éd.), Concilia aevi Karolini DCCCXLIII-DCCCLIX. Die Konzilien der
Karolingischer Teilreiche 843-859, Hanovre, 1984, (MGH, Concilia, 3), p. 193 : « ex quatuor episcopatus septem composuit. Quorum apud Dolum monasterium
unum constituit, quem archiepiscopum fieri decrevit. Monasterium vero sancti
Brioci sedem constituit episcopalem. Similiter etiam sancti Rabutuali (qui
sedes fuit episcopi Trecorensis) ». La forme Rabutuali est une cacographie pour Pabutuali.
[42] Edmond Martène et Ursin Durand (éd.), Thesaurus novus anecdotorum, 3, Paris,
1717, col. 884, 890-891, 902, 917-921.
[43] Jean-Jacques Bourassé (éd.), Cartulaire de Cormery, Tours, 1861, p. 69 : Martino Britannorum praesule.
[44] Sur l’évêque Martin et sa famille, voir A.-Y.
Bourgès, « Les Martin, chanoines de la cathédrale d’Angers au XIe
siècle », Variétés historiques (avril
2017) [en ligne : https://www.academia.edu/32222440].
[45] R. Couffon, « Essai critique sur la vita Briocii », p. 11.
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